1951 La vie de notre société

Les Amis de Flaubert – Année 1951 – Bulletin n° 2 – Page 41

 

La vie de notre société.

Sommaire :

Conférence Lucien Laumet à Rouen, p. 40 ‒ Inauguration à Rouen de l’Avenue Gustave Flaubert, p. 41 ‒ Organisation à Rouen du déjeuner la Noce à Bovary, p. 41 ‒ Remise du pot à tabac de Gustave Flaubert par la Société des Amis de Huysmans, p. 42 ‒ La bibliothèque Flaubert revient à Croisset, p. 42

 

Conférence Lucien Laumet à Rouen

Le Dimanche 11 Février, dans la grande salle du premier étage du Musée de l’Hôtel-Dieu de Rouen (ancien logement des Flaubert) et en présence d’une très nombreuse assistance, M. Lucien Laumet, préfet de l’Orne, a fait une brillante conférence sur la Sensibilité de Gustave Flaubert.

Le sujet était ardu et la thèse tant soit peu audacieuse, car qui eut jamais pu envisager que Flaubert était un sensible et même un hyper-sensible !

M. Laumet, licencié ès-lettres, connaît admirablement son Flaubert. Il vient de publier un très beau et bon livre sur le sujet qu’il traitait à Rouen. On peut dire que de la vie et de l’œuvre de Flaubert, il sait, sinon tout, du moins non seulement bien des choses, mais qu’il se trompe rarement quand il en parle.

C’est donc affirmer que le sujet fut traité de parole de maître, et que ce fut une belle leçon d’exégèse flaubertienne. L’élite de la population rouennaise assistait à cette manifestation littéraire présidée par M. Jean Mairey, préfet de la Seine-Inférieure et ami personnel du conférencier.

Au début de la réunion, M. R.-M. Martin prononça les quelques paroles d’usage, saluant les deux Préfets.

M. Jacques Toutain les remercia en demandant aux Rouennais de ne point oublier leur grand compatriote.

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Inauguration à Rouen de l’Avenue Gustave-Flaubert

Le Samedi 9 Juin, la Municipalité de Rouen inaugurait la nouvelle avenue Gustave Flaubert (ancienne rue de Crosne dite « hors la ville »). M. Bernard Tissot, adjoint aux Beaux-Arts, présidait la cérémonie à laquelle assistait un nombreux public. Il rappela les quelques difficultés rencontrées par la Municipalité dans ce projet enfin mené à bonne fin, et se déclara fort heureux qu’après une attente de 71 ans, la mémoire et l’œuvre de Gustave Flaubert fussent enfin honorées. À l’issue de la cérémonie d’inauguration, un brillant auditoire remplissant la grande salle du premier étage du Musée de l’Hôtel-Dieu de Rouen, entendit avec un vif plaisir une remarquable conférence de notre Président, M. Jacques Toutain, sur l’Enfance et la Jeunesse de Gustave Flaubert.

Avec une grande abondance de documents et des mots aussi variés que précis, le conférencier fit revivre en une heure brève l’enfance du jeune rouennais dans sa famille, chez le père Mignot, au Lycée Corneille et à Croisset. Le succès de cette double manifestation fut des plus vifs.

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Organisation à Rouen du Déjeuner La Noce à Bovary

Le Jeudi 14 Juin, les Restaurateurs de Rouen, réunis à l’exposition, réalisaient l’opération : Déjeuner de la Noce à Bovary. Ils avaient confié à notre vaillant ami Maurice Arinal (Groupe folklorique de Haute-Normandie) le soin de réunir une vingtaine de jeunes gens et jeunes filles costumés en Normands de 1850. Autour d’une table, on représentait le fameux repas du mariage d’Emma Bovary (voir le roman). Non seulement le cinéma, mais la caméra enregistrait gestes, chansons et paroles. Ce fut un joli succès ! Le film (pris par Pathé-Cinéma) a été reproduit sur tous les écrans de France.

Après ce déjeuner… fictif, vint le déjeuner réel. Avec une exquise cordialité, les restaurateurs, grands et petits de Rouen, conviant le Prince des Gastronomes Curnonsky à présider la fête, avaient invité une cinquantaine de personnalités rouennaises. Ce fut non seulement, là aussi, un joli succès, mais un régal culinaire comme il est rare d’en trouver. Les discours ne manquèrent point. M. R.-M. Martin, secrétaire des Amis de Flaubert, avait savamment préparé un exposé aussi littéraire que gastronomique sur le repas de noce de Les Bovary, ses origines et ses variétés. Il fut écouté avec… fruit et applaudi… chaleureusement. Au dessert, successivement prirent la parole : Me Lagarde, président du Syndicat d’Initiative ; le Président de l’Association Nationale des Hôteliers de France, le Président régional, le Prince Curnonsky, M. Tissot, adjoint aux Beaux-Arts.

À quinze heures, départ en autocar pour le pavillon de Croisset. Les invités furent reçus par la Municipalité de Rouen ; M. Jacques Toutain, président des Amis de Flaubert ; R.-M. Martin, secrétaire ; Mme Jeanne Dupic, conservateur du Pavillon de Croisset ; R. Sénilh, membre du Comité, et de nombreux assistants. Ce fut une jolie fête d’été et l’on se retrouva avec joie autour de la table ronde du Pavillon au bord de l’eau.

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Remise du Pot à tabac de Gustave Flaubert

par la Société des Amis de Huysmans

Le Dimanche 1er Juillet, les Amis de Huysmans sont venus très nombreux à Rouen pour visiter la Normandie et le Pavillon de Croisset. Accueillis à dix heures à Rouen, par M. Jacques Toutain, président, et R.-M. Martin, secrétaire, les Amis de Huysmans groupés autour de Me Maurice Garçon, de l’Académie Française, et Pierre Lambert, leurs Président et Secrétaire, s’embarquèrent aussitôt en un confortable autobus pour gagner l’abbaye de Saint-Wandrille, où on le sait, séjourna quelque temps J.-K. Huysmans. Reçus avec la plus grande affabilité par les Moines de la célèbre abbaye, les visiteurs visitèrent le monastère et (tout au moins les hommes) y déjeunèrent.

Dans l’après-midi, visite rapide à Jumièges et à Saint-Martin-de- Boscherville. Retour par Canteleu et visite du Pavillon Flaubert, à Croisset.

Là, réception solennelle des Amis de Huysmans par les Amis de Fiaubert. Me Maurice Garçon et Pierre Lambert, ainsi que l’abbé Joseph Daoust (un de nos vaillants adhérents) remirent au Musée de Croisset le pot à tabac utilisé par Flaubert et venu entre les mains de J.-K. Huysmans. Il y eut, on le devine, échange de paroles brèves et non dénuées de sincérité et d’émotion.

Les Amis de Flaubert, nombreux, groupés autour de M. Toutain, parmi lesquels on remarquait MM. Tissot, adjoint aux Beaux-Arts ; Martin, secrétaire ; Sénille et Jeanne Dupic, membres du Comité, se réjouirent de la manifestation flaubertienne qui enrichissait le Pavillon. Merci aux vaillants Amis de Huysmans.

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La Bibliothèque Flaubert revient à Croisset

L’Académie Française, après de fructueuses démarches entreprises par notre Société, a décidé que la bibliothèque Flaubert, accrue de la bibliothèque personnelle de Louis Bertrand, retournerait à Croisset. L’affaire — un peu cahotée par d’indispensables formalités administratives, car il s’agit d’une donation mobilière — est en bonne voie, et on peut espérer le précieux retour à Croisset dans quelques mois. La bibliothèque comprend environ 2.000 volumes contenus dans 29 caisses déposées à Antibes. Il y a en outre le corps de la bibliothèque (cinq parties), le fauteuil de Gustave Flaubert, sa table, le « poignard » de Louise Colet, et quelques petits objets ayant appartenu à l’écrivain. Le retour à Croisset de l’illustre mobilier est un geste qui honore au plus haut point l’Académie Française.