Assemblée générale du 16 septembre 2023

Assemblée générale de l’association des Amis de Flaubert et de Maupassant
16 septembre 2023

Rapport moral

Vie de l’association des Amis de Flaubert et de Maupassant
pour l’année 2022-2023

Après une année civile consacrée au bicentenaire de la naissance de Flaubert, et plus qu’une année, puisque nous avons débordé sur le premier semestre 2022, dans la mesure où nous avions dû attendre le déconfinement pour commencer l’année 2021, la saison 22-23 a été consacrée pour l’essentiel à Maupassant.

Avec une exception cependant pour commémorer un autre bicentenaire, celui de Maxime Du Camp, né quelques mois après Flaubert, le 8 février 1822. Gilles Cléroux a réuni quelques spécialistes de l’auteur. Il est devenu au fil des ans l’un des meilleurs spécialistes de Du Camp, qui mérite mieux que la périphrase de présentation habituelle : « l’ami de Flaubert », et le compagnon de voyage en Orient. Certes, Flaubert a été « la grande affaire » de la vie Du Camp, selon les termes de Daniel Oster dans la préface à sa réédition des Souvenirs littéraires parue chez Aubier. Le but de la journée était de lui rendre la place qu’il a occupée au xixe siècle dans le monde des lettres et de l’édition, et d’étudier ses multiples vies : il a pratiqué de nombreux genres littéraires, la poésie, la nouvelle, le roman, l’essai sociologique, les mémoires et la chronique journalistique ; il a voyagé ; il a été un homme politiquement engagé, en 1848 et auprès de Garibaldi ; il dirigeait la Revue de Paris quand Madame Bovary a paru en feuilleton ; il a été un photographe pionnier et le premier à publier un album de photographies en langue française, ses propres clichés pris en Egypte, Nubie, Palestine et Syrie pendant le voyage avec Flaubert. Ainsi que l’écrivait Gilles Cléroux a dans l’appel à communication de cette journée (1er octobre 2022), « deux cent ans après sa naissance, cette journée tâchera de restituer à Maxime Du Camp toute la richesse d’une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît ».

Maupassant a fait l’objet de cinq événements pendant toute l’année : ils ont pris des formes variées :

– d’abord une journée d’études sur Maupassant et l’éducation (15 octobre), proposée et organisée par Françoise Mobihan, qui avait suggéré cette idée depuis longtemps, mais la Covid nous avait contraint à repousser sa réalisation. Comme pour la journée sur Flaubert au collège royal, celle sur Maupassant et l’éducation s’est tenue en collaboration avec le Musée national de l’éducation, et dans les locaux du centre de ressources rue de Bihorel. L’éducation de Maupassant est un bon exemple de scolarité alternée, entre la famille et les institutions, privées et publics. On connaît assez bien les années de collège et de lycée à l’Institution ecclésiastique d’Yvetot, dont Maupassant a été renvoyé pour « irréligion et scandales divers » avant la fin de la classe de rhétorique, en mai 68 (1868), mais on disposait de peu d’informations sur son passage au collège du Havre : dans sa biographie, Marlo Johnston restait dans le vague, faute de documents. On en sait un peu plus aujourd’hui sur ce trimestre havrais, le dernier de la classe de troisième, en 1886, grâce à des lettres de Laure de Maupassant, présentées par Benoit Reverdy, président des Amis de la Guillette. Maupassant terminant sa rhétorique à Rouen et suivant la classe de philosophie jusqu’au bac au lycée Impérial, c’était une invitation à aller regarder dans les archives de ce lycée. Plus largement, le titre « Maupassant et l’éducation » invitait à interroger les rapports de maîtres et d’élèves, et les idées qu’il se faisait sur l’enseignement, lui qui a travaillé au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts…

La journée s’est terminée par une visite à la Bibliothèque municipale, où étaient exposées les pièces conservées dans cette bibliothèque et au Munaé : pour rester dans notre période, des poèmes de jeunesse, en particulier « Sur la mort de Bouilhet », des notes de géographie et un devoir de géométrie, mais aussi de fragments d’Une vie, des lettres, et des manuscrits de nouvelles et chroniques.

– Il y avait bien longtemps que nous voulions inviter Thierry Selva, le créateur du site « Maupassant par les textes », site que nous avons l’occasion d’utiliser régulièrement, car il présente la totalité des textes numérisés, y compris la correspondance, et tous ces textes sont interrogeables avec un moteur de recherche très performant. Aux textes de Maupassant, Thierry Selva a récemment ajouté des biographies sur l’auteur, en particulier celle de Marlo Johnston, interrogeable avec un accès limité au texte publié chez Fayard, évidemment sous droit, mais le résultat de la requête affiche le mot dans la phrase et donne la page pour s’y reporter.

Autour de Thierry Selva, nous avons réuni sous forme de table ronde plusieurs utilisateurs qui ont pu témoigner de la fécondité du site pour leurs lectures et leurs recherches. À cette journée (26 novembre), a été également convié Thierry Ottaviani, auteur d’un récent Maupassant et la Corse (Éditions Maïa, 2021), avec une petite idée derrière la tête : lui suggérer de nous aider à organiser un voyage en Corse, en croisant les chemins de nos deux voyageurs, puisque Flaubert comme Maupassant ont visité l’île.

– Troisième événement : un colloque international, sur le thème « Sur les pas de Guy de Maupassant au Maghreb », coorganisé à Sfax avec Arselène Ben Fahrat, que nous avons reçu à plusieurs reprises ici-même. Avant une communication que Marlo Johston a présentée ici en 2000, on pensait que Maupassant avait effectué quatre voyages au Maghreb, deux en Algérie et deux en Tunisie, mais elle a pu montrer, en redatant des lettres et en corrigeant des témoignages erronés, qu’il n’y avait eu que trois voyages dans les pays d’Afrique du Nord : en Algérie pendant les mois de juillet et août 1881 (chroniques recueillies dans Au soleil en 1884) ; de novembre 1888 à janvier 1889 en Algérie et en Tunisie (La Vie errante, 1890), et en octobre-novembre 1890 à nouveau en Algérie. Pendant trois jours, au début du mois de mars (1er-4 mars 2023), une trentaine d’intervenantes et d’intervenants, venus de Tunisie, de France, mais aussi du Maroc et du Gabon, ont refait le chemin à travers les chroniques, les lettres et les récits de voyage, avant d’aller voir sur place les lieux que Maupassant a visités, Kairouan et Sousse. Il ne manquait que Carthage. Notre association peut se réjouir d’avoir contribué à l’organisation de ce colloque, dont les actes paraîtront à l’université de Sfax, avec notre logo, la fameuse grenouille encrier, et notre soutien.

– Le quatrième événement a pris la forme d’une lecture théâtralisée, à Ry, coorganisée avec le comité Bovary (8 avril). Ry et Bovary, nous sommes plutôt du côté de Flaubert. Le comédien André Salzet avait donné une lecture de Madame Bovary lors du festival de Ry en 2022, une lecture « mise en espace », texte récité et théâtralisé à minima, si convaincante que, lorsque nous avons su qu’il avait aussi un « Boule de suif » à son répertoire, nous nous sommes entendus avec nos amis de Ry pour le faire venir pendant notre année « Maupassant ». À cette occasion, Gilles Cléroux, vice-président des Amis de Flaubert et de Maupassant a donné une conférence sur « Maupassant, l’athlète de la littérature ». On connaît le rameur, le canotier, et nous en reparlerons l’année prochaine, mais Maupassant a pratiqué de nombreux autres sports : c’était un « sportman » accompli, comme on disait.

– Enfin, cinquième et dernier événement : une journée d’étude sur les Soirées de Médan un samedi de la mi-mai et un voyage à Médan le dimanche qui a suivi (13 et 14 mai). Nous rêvions depuis longtemps de visiter la maison de Zola, mais elle a été fermée pour travaux de restauration, et en raison de la construction, à côté, d’un musée consacrée à Dreyfus. L’idée d’une collaboration entre notre association et la Société des Amis de Zola est partie de Catherine Botterel, et ensuite tout s’est fait très vite et très facilement. Les zoliens, conduits par Alain Pagès, accueillis à l’Hôtel littéraire Flaubert, sont venus en nombre parler du recueil des Soirées de Médan, et de ses six auteurs, dont Maupassant, qui fait avec « Boule de suif », une entrée fracassante dans le monde des lettres. Le lendemain, nous avons visité la maison de Zola et le Musée Dreyfus avec les meilleurs guides : Martine Leblond-Zola, arrière-petite-fille d’Émile Zola, et Philippe Oriol, qui consacre sa vie à l’affaire Dreyfus. Outre la qualité des communications (qui vont paraître bientôt en ligne sur le site Fabula, avec le double seau Société Émile Zola et Amis de Flaubert et de Maupassant), nous retenons que la journée et le voyage marquent un retour à une jauge d’avant la Covid : une cinquantaine d’auditeurs, et un car de cinquante places remplis le lendemain. De retour dans une île loin de Rouen, l’un des participants nous a adressé le message suivant :

De retour sur notre île, mon épouse et moi-même souhaitons vivement vous remercier pour le colloque sur Les Soirées de Médan.

Merci pour votre organisation impeccable : la salle, le déroulé de la journée, les restaurants, l’hôtel (Ah ! l’hôtel Flaubert !…), le transport vers Médan, tout était vraiment parfait.

Merci encore à vos membres qui nous ont accueillis avec une très grande gentillesse, une très grande chaleur et une vraie estime.

Nous avons été très heureux de connaître toutes ces personnes et nous en gardons un souvenir plein d’émotion.

Pour nous, Rouen et la Normandie étaient une terra incognita géographique (pas littéraire…  bien sûr) ; aujourd’hui c’est une ville magnifique et vivante qui abrite des gens merveilleux.

Et ce n’est pas un simple dithyrambe. C’est le fond de nos pensées.

Voilà qui fait chaud au cœur et nous donne envie de continuer ! Les actes des journées sur Maxime Du Camp, sur Maupassant et l’éducation et sur le site de Thierry Selva paraîtront dans le numéro 44 de nos Cahiers, en septembre 2024, après le 43 dirigé par Guy Pessiot et consacré à la maison de Croisset (au début de l’année 2024), le dernier des trois hors-séries sur Flaubert issus de nos travaux pendant le bicentenaire.

Parmi les activités, physiques et intellectuelles, signalons la saison II en Bretagne, rapidement, car elle n’était pas prise en charge cette année par les Amis de Flaubert et de Maupassant, contrairement à celle de l’année dernière, mais c’était le même organisateur, Gilles Cléroux, et les participants étaient majoritairement membres de notre association. Un œil sur la route et l’autre sur le livre, nous avons nous aussi cheminé par les champs et par les grèves, de Brest jusqu’à Morlaix. La saison I, l’été dernier, nous avait conduits de Vannes à Brest ; cette année de Brest à Morlaix.

Nos statuts prévoient que « l’assemblée générale décide du montant de la cotisation annuelle des adhérents et du montant minimum de celle des bienfaiteurs ». Notre cotisation n’a pas bougé depuis 2018. Le conseil d’administration propose de porter à 35 € la cotisation individuelle, 50 € pour un couple, 12 € pour un.e étudiant.e et 50 € minimum pour être membre bienfaiteur.

Les deux rapports, moral et financier, sont adoptés à l’unanimité des membres présents et représentés. Les nouveaux tarifs des cotisations sont adoptés à l’unanimité.

Le Président Le Trésorier
Yvan Leclerc Jean-Luc Brière