5 août 1850
Naissance au château de Miromesnil, commune de Tourville-sur-Arques, près de Dieppe.

1854
La famille s’installe au château de Grainville, commune de Grainville-Ymauville.

19 mai 1856
Naissance d’Hervé, frère de Guy.

1858
Acquisition de deux terrains contigus à Étretat, rue Notre-Dame.

1859
Ajout d’un autre terrain pour permettre la construction d’une villa : Les Verguies, qui deviendra le domicile de la famille.
En octobre, Guy entre au lycée Napoléon (aujourd’hui lycée Henri IV) à Paris, mais il n’y restera que pendant une seule année scolaire.

1860
Guy rentre de Paris pour les grandes vacances et va directement chez sa grand-mère à Fécamp. À la rentrée sa mère s’occupera de son éducation comme avant l’année passée au lycée.

1861
Séparés de fait en décembre 1861, les parents de Maupassant règlent leurs affaires financières par « un simple acte sur papier timbré » (devant un juge de paix, sans doute un acte sous seing privé), vers février-mars 1862. Laure de Maupassant, Guy et Hervé restent à Étretat aux Verguies. Gustave de Maupassant habite à Paris, 37 rue Pigalle.

1863
Octobre. Guy est élève à l’Institution ecclésiastique d’Yvetot.

1866
Retiré par sa mère au début du Carême, il ne rentre à l’Institution qu’en octobre.
16 mars. Décès de sa grand-mère, Mme Le Poittevin, dans sa maison d’Étretat.

1868
25 mai.
Il est renvoyé d’Yvetot pour « irréligion et scandales divers ».
Il termine l’année de rhétorique à Rouen et il y fait la connaissance de Louis Bouilhet.
5 août. Maupassant assiste au mariage de son cousin Louis Le Poittevin avec Lucie Ernoult.
Septembre. Il porte secours au poète anglais Algernon Charles Swinburne, qui risque la noyade. Swinburne et son ami Georges Powell qui l’héberge, invitent Maupassant à déjeuner.

1869
Juillet.
Mort de Louis Bouilhet. Baccalauréat.
Novembre. Maupassant s’inscrit à la Faculté de Droit de Paris, mais pendant cette première année, il reste en Normandie la plupart du temps.

1870
19 juillet.
Déclaration de guerre. Maupassant est appelé, comme toute la classe de 1870, le 10 août. Il sert dans l’Intendance à Rouen, et en décembre, allant par Honfleur au Havre par un temps glacial, il assiste à la déroute de l’armée française.

1872
Libéré vers la fin 1871 de cinq ans de service militaire par l’achat d’un remplaçant, Maupassant devient, au printemps 1872, aspirant surnuméraire au ministère de la Marine (sans recevoir de traitement). Il habite une chambre sombre au rez-de-chaussée, au 2 de la rue Moncey. Le loyer de 250 francs est payé par son père, qui habite au 37 rue Pigalle

1873-1874
Il fréquente régulièrement Flaubert rue Murillo et y rencontre Zola, Goncourt, Daudet, Tourguéniev et d’autres écrivains.
1873 marque le début de ses années de canotage sur la Seine, d’abord à Argenteuil, puis à partir de 1874 à Bezons.

1875
Il publie son premier conte, La Main d’écorché, sous le pseudonyme de Joseph Prunier dans l’Almanach lorrain de Pont-à-Mousson de 1875.
15 janvier. Mort de Jules de Maupassant, grand-père de Maupassant.
Janvier-mars. Il publie trois poèmes sous le pseudonyme de Guy de Valmont (nom d’un aïeul) dans une revue éphémère.
19 avril. Première représentation dans l’atelier de leur ami Maurice Leloir d’À la feuille de rose, maison turque, « pièce lubrique » de Maupassant et de son ami Robert Pinchon.
Au dernier trimestre de l’année il consulte le docteur Jules Ladreit de Lacharrière, ce qui place en 1875 le début probable de l’infection par la syphilis.

1876
Juillet.
Déménagement de la rue Moncey au 17 rue Clauzel.

1877
Début de l’année, formation du groupe de Médan.
Janvier. Diagnostic de la syphilis, contractée probablement pendant l’été 1875. Traitement par le mercure et l’iodure de potassium.
16 avril. Dîner au restaurant Trapp, offert par le « groupe des cinq » et Octave Mirbeau à Flaubert, Goncourt, Zola et Charpentier.
17 mai. Représentation d’À la Feuille de rose dans l’atelier du peintre Becker.
Décembre. Maupassant fait le plan d’un roman, Une vie, qu’il commencera à rédiger en 1878.

1878
18 décembre. Il réussit, grâce à l’aide de Flaubert, à entrer au ministère de l’Instruction publique où il sera attaché d’abord au cabinet du ministre.

1879
4 février.
Le ministre Bardoux est remplacé par Jules Ferry et Maupassant devient secrétaire de Xavier Charmes.
19 février. Première représentation au Théâtre Déjazet (Troisième Théâtre-Français) de sa pièce Histoire du vieux temps.
Septembre. Voyage en Bretagne.

1880
14 février.
Maupassant comparaît devant le juge d’instruction d’Étampes, accusé d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs pour la publication, en 1879, à son insu, de son poème Au bord de l’eau dans La Revue moderne et naturaliste. Grâce au soutien de Flaubert, notamment à une lettre ouverte dans Le Gaulois, l’affaire se termine par un non-lieu.
17 avril. Les Soirées de Médan, Charpentier ; succès éclatant de Boule de suif.
27 avril. Des vers, Charpentier.
8 mai. Mort de Gustave Flaubert à Croisset.
31 mai. Début de la collaboration de Maupassant au Gaulois.
1er juin. Maupassant demande au ministre un congé de trois mois avec traitement, pour raison de santé, demande renouvelée en septembre (il obtiendra ensuite un congé sans traitement et sera rayé des cadres du ministère en 1882).
Début juin. Il s’installe à Sartrouville, au bord de l’eau, pour y travailler, et gardera, avec son ami Fontaine, cette location pour trois ans.
Début septembre. Voyage en Corse pour rejoindre sa mère à Ajaccio.
Fin de l’année ou début 1881. Emménagement au 83 rue Dulong.

1881
19 ou 21 avril,
La Maison Tellier, Havard.
Juillet-août. Voyage en Algérie, d’abord dans le sud oranais comme envoyé du Gaulois, ensuite dans le désert au sud d’Alger ; retour par la Kabylie.
Début septembre. De Bône, Maupassant se rend en Corse, retrouve sa mère à Erbalunga, puis il part avec elle pour l’Italie où ils visitent Florence et Gênes.
Retour à Paris à la mi-octobre.
29 octobre. Début de sa collaboration au Gil Blas, sous le pseudonyme de Maufrigneuse.

1882
Mars.
Maupassant achète à sa mère le jardin potager du Grand Val, à Étretat.
Vers le 24 avril. Avec l’aide de Mme Adam et de Tourgueneff, il réussit à différer son service militaire pour ne pas interrompre son travail sur Une vie.
Avril-mai. Lettres de rupture avec Paule Parent Desbarres [G. d’Estoc] à cause de ses lettres anonymes.
Début mai. Maupassant passe au moins quinze jours à Menton auprès de sa mère malade.
Mi-mai.
Mademoiselle Fifi (sept contes), Bruxelles, Henri Kistemaeckers.
Juillet-octobre. Maupassant passe presque tout son temps à Étretat où il termine Une vie.

1883
13 janvier.
Madame Thomassin, pièce en un acte, représentée pour la première fois au Théâtre Cluny, sous le seul nom de William Busnach. La pièce ne réussit pas. Il s’agit en fait d’une collaboration (Busnach l’a affirmé à Jules Claretie, et le nom de Maupassant paraît sur le registre du théâtre pour recevoir des droits d’auteur). Maupassant, cependant, niera toujours en être l’auteur.
Mars. Début de la construction de la villa « La Guillette ».
16 mars. Mademoiselle Fifi, Havard, nouvelle édition augmentée de onze contes.
10 avril. Une vie, Havard, prépublié en feuilleton dans Gil Blas.
Hachette refuse de vendre ce roman dans les librairies des gares et le 20 avril, Maupassant fait paraître une pétition contre cette censure dans Le Figaro et L’Intransigeant.
Début juin. Les Contes de la Bécasse, Rouveyre et Blond. Maupassant fait treize jours de service militaire, en tant que réserviste, à Rouen.
Début juillet. Cure à Châtel-Guyon.
Novembre. Clair de lune, Monnier, édition illustrée.
Novembre. Maupassant embauche un valet cuisinier, le Belge François Tassart, qui restera à son service jusqu’en 1892.

1884
Janvier.
Au soleil, Havard, récit de son voyage en Afrique.
Vers le 20 janvier, Maupassant part pour Cannes, où il séjournera jusqu’au 15 avril.
25 avril.
Miss Harriet, Havard.
22 mai. Réédition de Des vers chez Havard, en édition de luxe.
11-13 juillet. Emménagement au 10 rue de Montchanin, maison que son cousin Louis Le Poittevin avait fait construire en 1881. Maupassant habite au rez-de-chaussée.
16 juillet. Les Sœurs Rondoli, Paul Ollendorff.
27 octobre. Yvette, Havard.

1885
14 mars. Contes du jour et de la nuit, Marpon et Flammarion, livre illustré, annoncé comme « nouveauté » dans le feuilleton du Journal de la librairie.
Début avril, Maupassant part pour l’Italie et la Sicile.
15 mai. Bel-Ami, Havard, 2e roman, prépublié en feuilleton dans Gil Blas. Maupassant est en Sicile, d’où il ne rentrera qu’au début de juin.
27 juin. Contes et nouvelles, Charpentier, volume qui inclut Boule de suif, seule réédition en librairie de ce conte du vivant de l’auteur.
23 juillet. Maupassant arrive à Châtel-Guyon pour une nouvelle cure et il y restera tout le mois d’août pour préparer son troisième roman Mont-Oriol.
3 septembre. Arrive à Étretat pour la chasse sur un terrain loué, les Loges.
23 novembre. Monsieur Parent, Ollendorff.

1886
Début de l’année.
Toine, Marpon et Flammarion, recueil illustré; déjà prêt en novembre 1885, la sortie du livre a été retardée pour paraître après Monsieur Parent.
19 janvier. Mariage d’Hervé avec Marie-Thérèse Fanton d’Andon à Grasse. Il loue la villa « Le Bosquet » à Antibes et y reste avec sa mère jusqu’au début d’avril.
5 mai. La Petite Roque, Havard.
Juin-juillet, Maupassant loue une maison au bord de l’eau à Chatou.
1re quinzaine d’août.
Voyage en Angleterre, invité par Ferdinand de Rothschild à séjourner une semaine à Waddesdon Manor, près d’Aylesbury. Maupassant passe ensuite quelques jours à Londres et visite Greenwich et Oxford.
11 septembre. Grande fête à Étretat, préparée par Maupassant et ses amis.
Vers le 23 septembre. Maupassant rentre à Paris afin de passer six jours à Saint-Gratien chez la princesse Mathilde avant son départ pour Antibes.
13 octobre. À Antibes, Chalet-des-Alpes, acquisition d’un yacht, le cotre Bel-Ami.

1887
7 février. Mont-Oriol, Havard, 3e roman, prépublié en feuilleton dans Gil Blas.
23 février, 5 h 57. Tremblement de terre qui endommage les murs du Chalet-des-Alpes ; Maupassant passe la majeure partie de son temps sur le Bel-Ami jusqu’à son retour à Paris.
Début avril. Les Contes de la Bécasse, réédition par Havard, recueil repris de Rouveyre et Blond.
29 avril. Maupassant rentre à Paris.
17 mai. Le Horla, Ollendorff.
7 juillet. Maupassant fait une ascension dans un ballon baptisé Le Horla, descente à Heyst (Belgique) le matin du 8 juillet.
Mi-juillet. À Étretat, Maupassant travaille sur Pierre et Jean et Le Roman. Les travaux d’agrandissement de « La Guillette » sont terminés en juillet.
Septembre. Maupassant reçoit les premières nouvelles de la maladie d’Hervé, qui l’obligent à partir pour Cannes vers le 10 octobre.
Mi-octobre. Maupassant signe le bail de la « Villa Continentale » à Cannes où il reste tout l’hiver, mais il fait plusieurs courts séjours à Paris.

1888
7 janvier.
L’étude Le Roman paraît en prépublication dans le supplément littéraire du Figaro, avec des coupures pratiquées par la rédaction sans l’accord de l’auteur. Maupassant intente un procès au journal ; un arrangement a finalement lieu entre les parties, rendu public dans Le Figaro du 1er juillet.
8 janvier. Pierre et Jean (et Le Roman), Ollendorff, 4e roman, prépublié en feuilleton dans la Nouvelle Revue.
25 janvier. Maupassant accompagne Hervé à l’asile de Ville-Évrard où il sera interné, puis il revient à Cannes.
20 février. Hervé sort de l’asile et rentre à Antibes; diagnostic : « paralysie générale progressive à la première période ».
Avril. La nouvelle Le Rosier de Madame Husson paraît seule en édition de luxe chez Quantin ; un recueil portant le même titre paraîtra en octobre.
Vers la mi-avril. Maupassant quitte Cannes sur le Bel-Ami ; le 21, il est à Toulon, allant à Marseille, et il arrive à Paris avant la fin du mois.
21 mai. Déguisé en nègre, Maupassant accompagne Mme Pasca au bal d’Henri Cernuschi.
Mai à mi-juillet. Maupassant divise son temps entre Paris et Poissy (Hôtel de l’Esturgeon), où se trouvent ses bateaux.
24 juin. Clair de lune, réédition par Ollendorff du recueil publié par Monnier (5 contes supplémentaires).
30 juin. Sur l’eau, Marpon et Flammarion, récit de voyage sur le Bel-Ami, illustré par Édouard Riou.
7 juillet. Maupassant se fait photographier par Nadar.
25 juillet. Départ pour Étretat où Maupassant reste deux mois, mais à cause du temps très froid et de ses migraines incessantes, son 5e roman n’avance pas.
21 septembre. Départ pour Aix afin de se soigner, séjour à la Maison de Varicourt, où sa mère le rejoindra.
Vers le 21 octobre, retour à Paris avant d’aller à Alger.
5 novembre. Maupassant part pour son deuxième voyage en Afrique. Après avoir séjourné à Alger et à Hammam Righa, il arrive le 10 décembre à Tunis. Il fait une expédition dans le sud, qui donnera lieu à l’article Vers Kairouan, publié le 1er février 1889 dans la Revue des Deux Mondes. Au cours de ce voyage, Maupassant donne sa démission du Gil Blas, et commence une collaboration à L’Écho de Paris. À Tunis, il réussit enfin à terminer Fort comme la mort.

1889
14 janvier
. Départ de Tunis pour Marseille.
23 janvier. À Marseille, achat d’un yacht, le yawl Zingara qui deviendra le second Bel-Ami. Retour à Cannes à bord de ce yacht.
23 ? février. Retour à Paris.
15 mars. La Main gauche, Ollendorff.
6 mai. Ouverture de l’Exposition Universelle de 1889 (fermeture fin octobre).
15 mai. Fort comme la mort, Ollendorff, 5e roman, prépublié en feuilleton dans la revue Les Lettres et les Arts.
15 mai. Maupassant assiste à la première représentation d’Esclarmonde, opéra de Massenet.
2 juin. A Cannes, Maupassant déjeune à « La Réserve » avec sa mère et Hermine Lecomte du Noüy. Il fait deux voyages à Cannes entre les mois de juin et d’août, en raison de la maladie de son frère (la date du second voyage n’est pas connue).
21 juin-juillet. Maupassant loue la Villa Stieldorff au bord de l’eau à Triel pour travailler sur L’Âme étrangère (nouvelle devenue petit roman), mais son travail sera interrompu par la détérioration de la santé de son frère, interné à l’asile de Bron le 11 août.
21 août. Maupassant arrive à Lyon pour voir son frère à l’asile de Bron.
1er septembre. Maupassant est à San Remo sur le Bel-Ami, début du voyage en Italie.
26 septembre. Maupassant arrive à Florence, avec l’intention d’y rester dix ou quinze jours. Au cours de ce séjour, il souffre d’hémorragies intestinales et de fièvre. En octobre, il rentre à Cannes plus tôt que prévu.
Début novembre. À Paris, Maupassant écrit : « Revenu à Paris malade, resté au lit quatre jours, reparti pour la Normandie, revenu ici, et me mettant en route demain pour le mont St. Michel »…
11 novembre, le matin. Maupassant est au Mont Saint-Michel pour préparer Notre cœur.
13 novembre. Il arrive à Bron pour assister à la mort d’Hervé. Resté auprès de sa mère à Cannes puis à Grasse, Maupassant rentre à Paris vers la fin du mois.
5 décembre. Maupassant est « en plein déménagement ». Il quitte l’appartement de la rue de Montchanin et s’installe au 14 avenue Victor-Hugo, où il ne restera que quelques mois, gêné par les bruits nocturnes d’une boulangerie installée au sous-sol.

1890
Janvier.
Le propriétaire du nouvel appartement refuse de résilier le bail. Devant l’impossibilité d’y travailler, Maupassant met l’affaire dans les mains de son avoué Ernest Jacob qui s’adressera aux tribunaux. Il part pour Cannes vers le 16 janvier, se logeant à la Pension « Marie-Louise » où se trouve déjà sa mère.
4 mars. La Vie errante, Ollendorff, le troisième récit de voyage.
19 mars. Maupassant rentre à Paris et il est bientôt obligé de louer un appartement meublé pour pouvoir dormir, vraisemblablement avenue Mac-Mahon. Un expert désigné par le tribunal constate le bruit et l’affaire de l’appartement est bientôt réglée ; le bail est résilié le 1er octobre et entre-temps Maupassant a pu sous-louer ; il n’a payé aucuns frais judiciaires, mais n’a reçu aucune indemnité.
9 avril. L’Inutile beauté, Havard.
10 avril. Maupassant va à Rouen pour assister au Vénitien, opéra de son ami Albert Cahen d’Anvers, mais la première représentation étant remise au 14 avril, il rentre à Paris le lendemain car il travaille sur Notre cœur.
1er-3 mai. Court séjour à Fontainebleau pour Notre cœur.
Fin mai. Maupassant découvre avec étonnement que son portrait figure dans une nouvelle édition des Soirées de Médan, et que le dessin est aussi exposé au Salon du Champ de Mars ; l’éditeur Charpentier ne lui avait rien dit, ni pour l’édition ni pour le portrait. M. Jacob s’occupe de l’affaire, mais il n’y aura pas de poursuites judiciaires.
2e semaine de juin. Départ pour Nice où Maupassant passe huit jours chez sa mère.
Mi-juin. Notre cœur, Ollendorff, 6e roman. Ce roman fut publié en feuilleton dans la Revue des Deux Mondes à partir du 15 mai.
19-25 juin. Séjour à Aix-les-Bains, Grand Hôtel de l’Europe.
5 juillet. Installation au 24, rue Boccador, mais Maupassant passe ses journées dans son nouvel appartement un peu avant cette date. Avant de partir faire une cure, à la demande du directeur de théâtre Victor Koning, il accepte de refaire la pièce que Jacques Normand avait tirée de son conte L’Enfant, qui deviendra Musotte.
Vers le 18 juillet, départ pour faire une cure à Plombières, où Maupassant remanie sa pièce La Paix du foyer (titre d’origine de La Paix du ménage) en la renommant Un duel au canif.
Mois d’août. Après sa cure, Maupassant part pour Gérardmer, dans les Vosges, où il passe quelques jours dans le Chalet Cahen, avec les familles Cahen d’Anvers et Kann. Il va ensuite à Étretat, afin de surveiller une maison de sa mère, car les locataires ne paient pas leur loyer. Composition du poème Vénus et Mars.
28 août, Paris. Maupassant propose à sa mère de venir le rejoindre à Aix-les-Bains. Il voit Gabriel Mourey à propos de la préface à la traduction des poésies d’Algernon Swinburne.
Début septembre, arrivée à Aix-les-Bains, où Maupassant est logé avec sa mère dans la Maison Bogey. Il y prépare le roman L’Angélus, dont certaines scènes se passent à Aix, et aussi la nouvelle/petit roman L’Âme étrangère, située également à Aix.
Du 25 septembre à la mi-novembre, troisième voyage en Afrique, en compagnie de Marie et Édouard Kann, de la nièce de Marie, Ida Rubinstein (homonyme de la danseuse), et de Pierre Pichot, directeur de la Revue britannique.
23 novembre. Inauguration du monument de Flaubert à Rouen. Edmond de Goncourt observe la santé dégradée de Maupassant.
1re quinzaine de décembre. Séjour à Nice pour voir sa mère.
19 décembre. Il écrit au Dr Cazalis qu’il est « en plein travail et la pensée seule d’une visite avant une heure m’empêche d’écrire une ligne », ce qui marque la rédaction de L’Angélus, son 7e roman.

1891
Janvier.
Vers la fin du mois, le travail sur L’Angélus est interrompu par les préparations d’Un soir de noces, pièce tirée de son conte L’Enfant par Jacques Normand, et écrite en collaboration. Le titre deviendra d’abord Babiole, puis Musotte.
Février. Les répétitions de la pièce commencent au Théâtre du Gymnase, mais Maupassant et le directeur de théâtre Victor Koning s’entendent mal, le directeur s’emportant facilement et l’auteur étant très irritable.
22 février. Guy écrit à sa mère que les répétitions marchent bien, mais il évoque « une fatigue nerveuse du cerveau, car aussitôt que j’ai travaillé une demi-heure, les idées s’embrouillent et se troublent en même temps que la vue, et l’action même d’écrire m’est très difficile, les mouvements de la main obéissant mal à la Pensée ».
4 mars. Première représentation de Musotte au Gymnase, pièce acclamée le lendemain par les critiques dramatiques. Même après le grand succès de la pièce les disputes avec Koning continuent sur la nature de la publicité et les représentations en province.
12 mars. Maupassant a une bronchite, puis il consulte un spécialiste du système nerveux, le docteur Dejerine, mais on ne sait de cette consultation qu’une version racontée par Guy à sa mère, qui fait mention de neurasthénie et de surmenage intellectuel. Il a également des accidents nerveux, non précisés, qu’il pense venir des dents car il a la joue enflée. Vers la fin du mois il voit le dentiste du Dr Cazalis, puis un autre dentiste, mais son état de détresse mentale et l’inflammation du maxillaire le décident à quitter Paris.
2 avril. Il part pour Nice voir sa mère et sa nièce Simone (quatre ans d’âge), pensant y rester six semaines. Il passe des après-midis sur le yacht Bel-Ami, dont un accompagné de son ami Léon Fontaine et du couple Marie et Édouard Kann. En avril semble se placer la composition d’une chronique, Les Yachts français, jamais terminée. Deux pages et demie sont connues, où il évoque la joie des nuits sombres, « la barre dans la main, lisant sa route sur le compas éclairé qui brille ». Il est probable que ce fragment est le dernier texte de Maupassant.
Vers la fin d’avril. Il écrit à son éditeur Ollendorff : « Je ne puis fixer aucune date pour L’Angélus, puisque je suis incapable de travailler. Je ne continue pas non plus mon Voyage en Afrique, dont je n’ai fait que ce qui a paru. Il faut que je me repose. » Sa santé se détériore, il n’arrive pas à dormir et le médecin de sa mère, le Dr Balestre, vient le voir.
Début mai. Il rentre à Paris « avec précipitation » à cause des « accidents incompréhensibles », et le Dr Balestre envoie une lettre au Dr Grancher. Maupassant pense qu’on lui donne trop de médicaments : « Je suis paralysé par l’opium, la quinine, l’antipyrine, etc. » Il blâme la cocaïne utilisée pour l’extraction d’une dent à Nice pour « des hallucinations, comme en rêve, lorsque, très éveillé je ferme les yeux ». Le mois de mai est ponctué d’hallucinations et de douleurs de l’estomac, le ventre, les mâchoires, qui lui donnent des nuits terribles. Il écrit souvent au Dr Grancher, et un jeune médecin, le Dr Gaston Despaigne, vient le voir à domicile. Son état est variable, car il se promène aussi au Bois de Boulogne et croit que sa santé revient.
30 mai. Ce jour-là il écrit trois fois au Dr Grancher : « Aujourd’hui, comme cette nuit, aussitôt que je ferme les yeux, les hallucinations recommencent, défilé de figures impossibles à chasser. Je perds alors instantanément la direction de ma pensée : c’est-à-dire que je ne peux plus songer une seconde, aux choses, aux sujets, aux gens dont je voudrais occuper mon esprit, et cela d’une façon irrésistible. »
4 juin. Il écrit à Hermine Lecomte du Noüy qu’il aura une consultation de trois médecins, qui lui conseillent de passer quatre ou cinq mois dans une solitude absolue. Il est parti en fait pour Nice voir sa mère, sa belle-sœur Marie-Thérèse et sa nièce Simone.
15 juin. Départ de Nice sur le Bel-Ami pour Marseille, avec l’intention de visiter en route son père à Sainte-Maxime. Il désirait aller jusqu’à Séville et Tanger mais le mauvais temps, et sûrement son état de santé, lui font abandonner l’Espagne et Marseille.
2 juillet. De Saint-Raphaël, Maupassant annonce qu’il quitte le yacht et se dirigera avec François à Luchon aux Pyrénées, pour prendre des douches froides. En route, se sentant mieux, il visite Arles, Tarascon, Avignon, Nîmes, Sète et enfin prend le train pour Toulouse.
13 juillet. Arrivés à Luchon, maître et valet font des excursions dans les environs, puis suit une tentative des bains de Luchon, qui sentent le soufre. Dans une chambre comme le fond d’un volcan, le médecin lui donne une douche avec de l’eau chaude et de l’eau froide mais Maupassant se sent mal et se sauve en détresse. Au Dr Grancher il écrit : « Cette vie errante de gargote en gargote avec une nourriture de table d’hôte et de mauvais lits m’exaspère. » Il ne sait pas où aller mais se décide pour Divonne, près de la frontière suisse. Rien n’est connu de ce long voyage.
Vers le 20 juillet. À Divonne, Maupassant s’installe à Vésenex, d’où il va à travers des champs deux fois par jour pour aller à la piscine (température de six degrés) ou prendre des douches.
24 juillet. Il écrit au Dr Grancher : « Mon état s’aggrave de jour en jour. Je me sens inguérissable. Ma vie est atroce. J’ai la sensation d’un homme qui crève. »
28 juillet. Il part pour essayer Champel, à dix minutes de Genève, recommandé par Taine, mais il n’y reste que trois jours. Il y rencontre le poète Auguste Dorchain, qui se souvient d’un Maupassant qui lui parle « avec une lucidité, une logique, une éloquence, une émotion extraordinaire » de son roman L’Angélus. Mais au cours de ces trois jours, le poète observe une volubilité de langage et de très grosses exagérations de chiffres et de ses exploits, typiques d’une phase de sa maladie appelée alors la folie des grandeurs.
1er août. De retour à Divonne, cette fois au Chalet du Mont Blanc, il reprend des douches et des jets glacés.
6 août. Maupassant écrit à Jacques Normand, lui racontant sa visite à la maison de Voltaire à Ferney sur le tricycle Humbert qu’il vient d’acheter. Très expansive, la lettre raconte son plaisir dans l’eau glacée de la piscine. Pendant quinze jours environ de beau temps, il profite des activités physiques et sa santé semble être bonne. Il se croit guéri et le Dr Grancher vient le voir, très surpris par l’amélioration. Puis tout change, la pluie arrive, ses douleurs aussi, mais aucune lettre n’est datée.
Dernière quinzaine d’août. La chronologie de ces semaines est difficile à établir ; les événements sont certains mais pas toujours l’ordre. Maupassant fait un court voyage à Paris, à cause de douleurs intolérables à la mâchoire. Il voit le professeur Magitot, qu’il connaît déjà, et deux chirurgiens, M. Terrillon et M. Lannelongue (un collègue du Dr Grancher), mais tous s’opposent à l’extraction d’une autre dent. Ce séjour ne semble durer que quelques jours et il rentre à Divonne. À Genève il voit le professeur de médecine dentaire, résultant en l’extraction d’une dent en dépit des avis des médecins parisiens. Au Dr Cazalis il écrit : « Il me faut de la chaleur et de l’exercice et je ne peux pas en faire, avec le sentiment d’accablement où je suis tombé. » Vers la fin d’août il semble accepter une invitation de la baronne Julie de Rothschild, qu’il connaît bien, à déjeuner un lundi à son château de Pregny, près de Genève, et il part sur son tricycle par un beau soleil. On ne sait pas exactement ce qui est arrivé, mais il semble que Maupassant a fait une erreur de date car la baronne n’était pas chez elle. Selon François, son maître décide de rentrer tout de suite, et en route, accablé par la chaleur torride, un étourdissement le fait tomber de la machine. Après un repos sous un hangar il se met en route pour Divonne. Le résultat de sa chute était qu’il s’était luxé deux côtes.
2 septembre. Maupassant vient d’arriver à Aix, à la villa Bernascon. Il a très mal à sa contusion, mal à la gorge et il tousse souvent, ce qui aggrave les douleurs des côtes. Il voit souvent le Dr Cazalis à Aix, et il lui écrit chaque jour des lettres de détresse décrivant son état. Un confrère le rencontre chez Cazalis et se rappellera : « Malgré un régime sévère, malgré son apparence de vigueur physique, on le sentait atteint. » Son intelligence était comme voilée, il ne parlait que de ses souffrances, et il arrivait aussi « que sa langue hésitante trahissait la pensée incertaine et n’achevait pas le mot commencé ».
Mi-septembre ? Il n’est pas possible de préciser la date de son arrivée à Cannes, où en dépit de son état Maupassant a pu faire avec plaisir des excursions sur le Bel-Ami.
30 septembre. Dans une dépêche à sa mère, il annonce : « Je me porte admirablement », ce qui était loin de la vérité. Il a dû garder le lit pendant huit jours avec de terribles rhumatismes et des douleurs au ventre. Au cours des semaines passées à Cannes il a loué du 15 octobre au 15 mai le Chalet de l’Isère, maison en plein soleil avec un jardin, puis il part pour Paris.
7 octobre. Arrivée rue Boccador. Se sentant un peu rétabli, il s’occupe de ses affaires, aidé par M. Jacob, son avoué, et par son ami et avocat Émile Straus. Il y a de quoi faire, dont une longue lettre à écrire à un monsieur qui lui demande de poursuivre un de ses amis de jeunesse, ce qui l’oblige à récapituler les faits. On ressent à chaque ligne sa difficulté d’écrire, mais avec détermination il parvient à s’exprimer, soutenant la cause de la justice.
17 octobre. Ce jour-là Maupassant déjeune chez la Princesse Mathilde, qui raconte à son neveu le comte Primoli : « Dieu, qu’il est changé ! Cela m’a fait beaucoup de peine. Il bredouille en parlant, exagère les moindres choses et se croit guéri ! » Ce serait le même jour que la comtesse Benedetti rappelle : « À peine à table, il paraît étrange – ceux des invités qui ignoraient les inquiétudes de son entourage comprirent pourtant de suite qu’il se passait quelque chose, qu’un malheur planait, l’angoisse gagnant bientôt tous les convives. » La princesse se lève enfin, sans prendre le dessert, « au grand soulagement de nous tous qui tremblions littéralement d’émotion devant cette catastrophe imminente ». Maupassant semble parfois être inconscient de sa détérioration intellectuelle, mais certaines lettres montrent qu’il en était très sensible. Il a dit à sa mère qu’il quitterait Paris vers le 24-25 octobre, mais ce ne fut pas possible car il était repris par toutes ses misères physiques, et François reprend son rôle de garde-malade, parfois jusqu’à 4 heures du matin.
28 octobre. Tout d’un coup Maupassant propose un nouveau volume à Ollendorff, un livre de critique avec des portraits de Flaubert, Bouilhet, Tourgueneff et Zola. Les matériaux existaient, mais il était bien incapable de le préparer.
5 novembre. L’affaire du journal Le Star resurgit et Maupassant écrit à M. Jacob. Ce journal new-yorkais avait annoncé en janvier 1891 un conte écrit par Maupassant spécialement pour lui, Father and Son. An inherited Love, mais il n’avait pas écrit une ligne du conte, ni signé le traité mentionné. C’était une adaptation de Hautot père et fils dans une version plus longue dont Maupassant n’avait pas écrit une ligne. Peu après ce jour-là, les dernières préparations terminées, a lieu le départ final de l’appartement de la rue Boccador pour Cannes, mais la date exacte n’est pas connue.
19 novembre. Suivant des tempêtes à Cannes, il envoie une dépêche à sa mère à Nice : « Je vais tout à fait bien », ce qui semble être vrai car le temps était devenu très beau et il a fait des promenades sur le Bel-Ami. Aussi en novembre M. Jacob poursuit l’affaire du Star, qui a tiré un long roman du conte de Maupassant Un Testament, et il reçoit des lettres efficaces de l’auteur qui parlent de plagiat.
24 novembre. Le Dr Daremberg, un ami qui habite à Cannes, avait écrit au Dr Grancher que les accidents cérébraux avaient augmenté et Maupassant répond : « Non ils sont ce qu’ils ont toujours été. Un chantonnement imbécile d’une espèce d’écho qui me répète ce que je vois et que je dis et mille choses inutiles. » C’est une lettre assez optimiste.
Début décembre. Tout change. Maupassant a passé « une nuit de détraquement cérébral épouvantable, mon cerveau haletait d’une douleur horrible. La sueur coulait du front comme d’une source ce matin je suis tombé dans mon escalier et tantôt dans mon jardin ». Surtout il est obsédé par le sel : « J’ai découvert hier, jour de souffrances odieuses, que tout mon corps, chair et peau, étaient imprégnés de sel. »
2 décembre. Lettre à Mme Cahen d’Anvers, sœur de Marie Kann : « Je serai mort dans quelques jours, c’est la pensée de tous les médecins d’ici pour avoir fait la bêtise sur le conseil du docteur Levenberg de me laver pendant huit jours les fosses nasales avec de l’eau légèrement salée. » Ces lavages salés avaient eu lieu avant de partir de Paris.
5 décembre. Il écrit des lettres à M. Jacob, une à Théodore Child (qui suivra l’affaire du Star aux États-Unis), et une à son éditeur Havard, sans mention de sa maladie, à l’exception de ces mots adressés à M. Jacob : « Je suis tellement malade que j’ai bien peur d’être à la mort dans quelques jours par suite d’un traitement qu’on m’a fait suivre. » Il écrit plus librement aux médecins. Au cours des premiers jours de décembre il existe des lettres et des fragments sans date, comme cette plainte : « Certains chiens qui hurlent expriment très bien mon état. C’est une plainte lamentable qui ne s’adresse à rien, qui ne va nulle part, qui ne dit rien et qui jette dans les nuits, le cri d’angoisse enchaînée que je voudrais pouvoir pousser… » Et il constate : « Le cerveau usé et vivant encore, je ne peux pas écrire. Je n’y vois plus. C’est le désastre de ma vie… »
14 décembre. Maupassant signe son testament, devenu très nécessaire au vu de la détérioration récente, et il lui a fallu plusieurs jours pour l’achever. L’après-midi de la signature a lieu une promenade sur le Bel-Ami avec son éditeur Ollendorff et Georges Ohnet, venus le voir. Le lendemain certains journaux parisiens annoncent que Maupassant est gravement malade et qu’on a dû le conduire dans une maison de santé. Il s’ensuit trois jours de sensationnalisme dans la presse, et il est lui-même au courant : « L’agence Havas a même annoncé mon terrible mal. Il est affiché dans la gare d’ici, en tête du journal local et il est vrai. Les journaux de Paris le racontent en détail – et tout est vrai. »
À l’approche de Noël la détérioration continue et le Dr Daremberg demande à François de désarmer les deux revolvers. François savait que Maupassant avait montré des intentions de suicide, et le médecin reconnaissait également qu’il y avait un risque pour l’entourage. Depuis au moins le jour de Noël, un des marins, à tour de rôle, couchait chaque nuit au chalet.
26 décembre. Ce jour-là Maupassant fait une promenade sur la route de Grasse. En dix minutes il est de retour, appelant très fort François. Sur la route il a vu une ombre, un fantôme, et il a eu peur mais ne voulait pas l’avouer. Évidemment c’était une hallucination, mais cette fois il ne l’a pas reconnu pour ce que c’était, un signe de la démence.

1892
1er janvier.
Maupassant va à Nice chez sa mère, mais les témoignages sont contradictoires : est-ce un déjeuner ou un dîner, et qui était présent ? Le plus crédible est qu’au cours du déjeuner, en présence de sa mère, de Marie-Thérèse et sa fille Simone et de sa tante Virginie d’Harnois, Maupassant a tenu des propos réellement délirants, en parlant des conseils reçus de son médicament Podophylle, devenu pour lui une personne. Le repas se termine dans le silence et il repart pour Cannes. Le soir, François le décrit montant à sa chambre et s’endormant à minuit et demi.
2 janvier. À deux heures un quart François, comme Raymond, entend du bruit. Ils trouvent Maupassant debout, devant la fenêtre qu’il venait d’ouvrir, la gorge ouverte. Ayant pris les deux revolvers (déjà rendus inefficaces), il a tiré des coups sans résultat, puis il a pris un couteau à papier japonais et s’est coupé la gorge. Tout seul avant l’arrivée de François et Raymond, il n’y avait pas de témoin de ses actes et aucun moyen de deviner ses intentions. Il y a trois versions de ses mots cette nuit-là : « Voyez, François, ce que j’ai fait. Je me suis coupé la gorge, c’est un cas absolu de folie » ; « Vous voyez ce que j’ai fait, François. C’est le Podophylle qui m’a conseillé ça », et au Dr Valcourt, arrivé pour faire la suture de la plaie : « Mon cher ami, j’ai voulu me tuer, c’est insensé. »
3-5 janvier. L’état de démence persiste. Comme avait écrit le Dr Daremberg, « Depuis le premier janvier, le délire est constant, tantôt calme, tantôt furieux. C’est venu tout d’un coup ». Le 4 janvier « il a eu un accès de délire furieux, voulant tuer tout le monde », et on a dû l’attacher avec des bandes et des cordes. Le père de Maupassant arrive de Sainte-Maxime et signe une demande d’internement, comme aussi sa tante Virginie d’Harnois de Blangues.
6 janvier. Le long voyage dans le train commence dans l’après-midi, avec François et un gardien envoyé de l’asile, qui n’arrivera à Paris que le matin du 7 janvier. Le Dr Cazalis et Paul Ollendorff étaient à la gare pour accompagner Maupassant à l’asile du Dr Blanche à Passy.
Maupassant y restera dix-huit mois, recevant des visites des amis fidèles, comme son éditeur Paul Ollendorff et Albert Cahen d’Anvers, de plusieurs amis médecins et de quelques autres.

1893
6 mars. Première représentation de la pièce La Paix du ménage à la Comédie-Française, sans que Maupassant le sache. Dumas fils et Paul Ollendorff avaient tout fait pour monter la pièce en conformité avec les idées de l’auteur.
L’état physique de Maupassant se détériore, et au printemps le Dr Meuriot observe que la paralysie générale avait gagné les jambes, puis le 25 mai on note : « Convulsions épileptiformes, ne se tient plus debout. » Au mois de juin l’Académie décerne à Maupassant, pour son œuvre, le prix Vitet. On avertit la famille qu’il était resté dans le coma cinq jours entre le 28 juin et le 2 juillet, et Mme d’Harnois se met en route pour Paris.
Le matin du 6 juillet les convulsions persistent, puis à onze heures quarante-cinq son cœur s’arrête. Son décès a lieu un mois avant le quarante-troisième anniversaire de sa naissance.
8 juillet. Les obsèques se déroulent dans l’église de Saint-Pierre de Chaillot. La famille est représentée par deux cousins, le Dr Huchard et Raoul Jay, les gendres de Mme d’Harnois. L’état de santé des parents de Guy ne permet pas leur présence ; son père a eu une hémiplégie au printemps et sa mère n’est plus capable de voyager.

1899
Le Père Milon, Ollendorff. Une publication de vingt-deux contes, dont la majorité, publiés dans la presse, n’avaient pas été inclus par Maupassant dans ses recueils pour diverses raisons. Aucune prépublication n’est connue pour Le Colporteur et Après.

1900
Le Colporteur, Ollendorff. Un recueil de contes comme ceux inclus dans Le Père Milon, mais Le Colporteur, Cri d’alarme, Étrennes et Après ont déjà paru dans Le Père Milon en 1899.

1921
Revue de Paris, 15 novembre et 1er décembre, publication de la longue nouvelle inédite Le docteur Héraclius Gloss.

 

Marlo Johnston