George Sand à Croisset et Flaubert à Nohant

Les Amis de Flaubert – Année 1956 – Bulletin n° 8 – Page 23

 

George Sand à Croisset et Flaubert à Nohant

À première vue, il semble que l’amitié si affectueuse et si solide qui liait l’auteur de Madame Bovary à celui de Lélia ne se soit manifestée que dans leur correspondance. Plus de quatre cents lettres, en effet, réparties assez régulièrement sur un espace de dix ans, attestent l’intérêt et l’attachement jamais défaillants que se vouaient les deux écrivains amis. D’autre part, au cours de quinze années, de 1859, date de leur première rencontre, jusqu’à la mort de Sand, en 1876, les entrevues ont été plutôt rares, se bornant aux brefs moments où ils se trouvaient simultanément à Paris.

Trois fois cependant, on le sait, George Sand a passé quelques jours chez Flaubert, à Croisset, et deux fois, Flaubert lui rendait sa visite à Nohant. Il est peut-être intéressant de reproduire ici le texte complet des notes que G. Sand a jetées sur son Journal au cours de ces journées pleines de charme. Malgré le style peu soigné et les phrases construites avec négligence, on y saisit sur le vif l’atmosphère de cordialité et de confiance qui caractérisait ces séjours (1).

 

SAND À CROISSET, 28-30 Août 1866

Au mois d’août 1866, G. Sand se trouve à Paris pour les représentations des Don Juan de Village, pièce qu’elle avait écrite en collaboration avec son fils Maurice. Le 22, elle fait savoir à Flaubert qu’elle a l’intention de lui rendre visite à Croisset, en revenant d’un séjour chez Alexandre Dumas fils, à Saint-Valéry (2). Flaubert répond aussitôt par un télégramme et une lettre (3), fait préparer une chambre et se hâte d’annoncer la bonne nouvelle à sa nièce, afin qu’elle puisse venir voir la célèbre romancière : « Ta grand’mère a voulu que je t’avertisse de cela, de peur que tu ne sois ensuite fâchée… de n’avoir pas vu Mme Sand »  (4). Un moment, un rhume qui la retient au logis menace de gâter le plaisir, mais il faut croire que le mal s’est retiré à temps, puisque la voilà qui arrive :

Mardi, 28 août (5) : … J’arrive à Rouen à une heure. Je trouve Flaubert à la gare avec une voiture. Il me mène voir la ville, les beaux monuments, la cathédrale, l’hôtel de ville, Saint-Maclou, Saint-Patrice (6) : c’est merveilleux. Un vieux charnier (7) et des vieilles rues, c’est très curieux. Nous arrivons à Croisset à trois heures et demie. La mère de Flaubert est une vieille charmante. L’endroit est silencieux, la maison confortable et jolie et bien arrangée. Et un bon service, de la propreté, de l’eau, des  prévisions, tout ce qu’on peut souhaiter. Je suis comme un coq en pâte. Flaubert me lit le soir une Tentation de Saint-Antoine (8) superbe. Nous bavardons dans son cabinet jusqu’à deux heures.

Mercredi, 29 août : Nous partons à onze heures par le bateau à vapeur, avec Mme Flaubert, sa nièce, son amie, Mme Vasse (9), et la fille de celle-ci, Mme de la Chaussée. Nous allons à La Bouille (10). Un temps affreux, pluie et vent. Mais je reste dehors à regarder l’eau qui est superbe. Et les rives idem. À La Bouille, on reste dix minutes, et on revient, avec la barre, ou le flot, ou le Mascaret, raz-de-marée On est rentré à une heure. On fait du feu, on se sèche, on prend du thé. Je repars avec Flaubert pour faire le tour de sa propriété, jardin, terrasses, verger, potager, ferme, citadelle, une vieille maison de bois bien curieuse qui lui sert de cellier, – la Sente de Moïse (11). La vue d’en haut sur la Seine, le verger, abri excellent tout en haut, le terrain sec et blanc au-dessus, tout charmant, très poétique. Je m’habille ; on dîne très bien. Je joue aux cartes avec les deux vieilles dames. Je cause ensuite avec Flaubert et je me couche à deux heures. Excellent lit ; on dort bien. Mais je retousse ; mon rhume est mécontent : tant pis pour lui.

Jeudi, 30 août : Départ de Croisset à midi avec Flaubert et sa nièce. Nous la déposons à Rouen. Nous revoyons la ville, le port (12), c’est vaste et superbe. Un beau baptistère dans une église de Jésuites (13). Flaubert m’emballe.

Ils sont contents tous les deux de cette visite qui leur a permis de mieux se connaître. « Toi, tu es un brave et bon garçon, tout grand homme que tu es, et je t’aime de tout mon cœur », lui écrit-elle le lendemain de son départ (14). Et Flaubert de répondre : « Vous avez extrêmement plu à tout le monde. C’est comme ça ! on ne tient pas contre l’irrésistible et involontaire séduction de votre personne »  (15). Déjà, ils éprouvent le besoin d’un épanchement plus intime encore. « Vous êtes un être très à part, mystérieux », lui dit-elle peu après. « J’ai eu de grandes envies de vous questionner, mais un trop grand respect de vous m’en a empêchée »  (16).

L’occasion se présentera bientôt. Car voilà que la première représentation de la Conjuration d’Amboise appelle Flaubert à Paris : « Après la pièce de Bouilhet, rien ne vous empêchera, j’espère, de revenir ici avec moi, non pour un jour comme vous dites, mais pour une semaine au moins. Vous aurez votre chambre, avec un guéridon et tout ce qu’il faut pour écrire »  (17). George Sand, qui vient de rentrer à Nohant, après un voyage en Bretagne, accepte de bon cœur : « Je ferai mon possible pour être à Paris à la représentation de la pièce de votre ami, et j’y ferai mon devoir fraternel comme toujours ; après quoi, nous irons chez vous et j’y resterai huit jours… Nous bavarderons, vous et moi, tant et plus. S’il fait beau, je vous forcerai à courir. S’il pleut toujours, nous nous cuirons les os des guibolles en nous racontant nos peines de cœur »  (18).

La première a lieu le 29 octobre 1866, et quelques jours après, Sand et Flaubert partent ensemble pour Croisset :

 

SAND À CROISSET, 3-10 novembre 1866

Samedi, 3 novembre (19) : Départ de Paris à une heure avec Flaubert. Express très rapide. Temps

délicieux, charmant pays, bonne causerie. A Rouen-gare, nous trouvons Mme Flaubert et son autre fils, le médecin (20). À Croisset, tour de jardin, causerie, dîner, recauserie et lecture jusqu’à une heure et demie. Bon lit, sommeil de plomb.

Dimanche, 4 novembre : Temps ravissant. Tour de jardin jusqu’au verger. Travail. Je suis très bien dans ma chambrette ; il y fait chaud. À dîner, la nièce et son mari, la vieille dame Crépet (21), tante du Crépet de Valentine. Elle s’en va demain. Patiences. Gustave me lit ensuite la féerie (22). C’est plein de choses admirables et charmantes ; trop long, trop riche, trop plein. Nous causons encore. A deux heures et demie, j’ai faim ; nous descendons chercher du poulet froid à la cuisine. Nous sortons une tête dans la cour pour chercher de l’eau à la pompe. Il fait doux comme au printemps. Nous mangeons, nous remontons, nous fumons, nous recausons ; nous nous quittons à quatre heures du matin.

Lundi, 5 novembre : Toujours un temps délicieux. Après déjeuner, nous allons nous promener. J’entraîne Gustave qui est héroïque (23). Il s’habille et il me conduit à Canteleu ; c’est à deux pas, en haut de la côte. Quel adorable pays, quelle douce, large et belle vue ! Je rapporte une charge de polypiers de silex (24) ; il n’y a que de ça ! Nous rentrons à trois heures. Je travaille. Après dîner, recauserie avec Gustave. Je lui lis Cadio (25). Nous recausons et nous soupons, d’une grappe de raisin et d’une tartine de confitures.

Mardi, 6 novembre : Il pleut. Nous partons à une heure, en bateau à vapeur, pour Rouen, avec la maman. Je vas (26) avec Gustave au Cabinet d’Histoire naturelle ; reçus par M. Pouchet (27) : sourd comme un pot et malade, et faisant des efforts inouïs pour être charmant. Impossible d’échanger un mot avec lui. Mais de temps en temps, il explique, et c’est intéressant. L’aptéryx (28) ; le longipode ; le nid de quatre-vingts mètres de tour, avec les œufs abandonnés dans le fumier ; les petits qui naissent avec des plumes ; collection de coquilles superbe. Cabinets de M. Pouchet : son araignée vivante, mangeuse d’oiseaux, son crocodile (29). Nous descendons au Musée des Faïences ; jardin, statues, fragments, porte de Corneille (30).

Nous rentrons dîner chez Mme Caroline Commanville (31). Ensuite à la ménagerie Schmidt (32). Superbes animaux apprivoisés comme des chiens. Les fœtus ; la femme à barbe ; une pantomime (foire Saint-Romain) (33). Nous rentrons à minuit et demi à Croisset, avec la maman qui est très vaillante et qui a fait une grande course à pied. Nous causons encore jusqu’à deux heures.

Mercredi, 7 novembre : Temps gris, pas froid. Tour de jardin. Travail à Montrevèche (34). Journée raisonnable. Le soir, Flaubert me lit la première partie de son roman (35). C’est bien, bien. Il lit depuis dix heures jusqu’à deux. Nous causons jusqu’à quatre.

Jeudi, 8 novembre : Même temps gris. Tour de jardin. Travail. Dîner. Causerie. Lecture du roman de Flaubert. Causerie.

Vendredi, 9 novembre : Malade ce matin. Je ne déjeune pas. Beau temps. Le soleil se montre un peu. Je travaille. Je fais ma malle.

Samedi, 10 novembre : Je quitte Croisset, bien portante ou à peu près, à midi et demi. Flaubert et sa mère me conduisent à la gare. Je pars à une heure trois-quarts.

En arrivant à Paris, ce samedi soir-là, Sand apprend la mort de son ami Charles Duveyrier. Malade de chagrin, elle s’épanche à Flaubert dans quelques lettres toutes pleines de mélancolie. « Je vous donne la part de mon cœur qu’il avait », lui écrit-elle. « …Aimez-moi plus qu’avant puisque j’ai de la peine »  (36). Car ils sont bien familiers maintenant, remplis d’admiration l’un pour l’autre, étonnés de se découvrir si différents et de s’aimer tout de même, heureux de s’entendre, malgré leurs conceptions littéraires diamétralement opposées. Écoutons Flaubert dans la première lettre écrite après le départ de son amie : « Sous quelle constellation êtes-vous donc née pour réunir dans votre personne des qualités si diverses, si nombreuses et si rares ? Je ne sais pas quelle espèce de sentiment je vous porte, mais j’éprouve pour vous une tendresse particulière et que je n’ai ressentie pour personne jusqu’à présent. Nous nous entendions bien, n’est-ce pas ?… Nous nous sommes séparés au moment où il allait nous venir sur les lèvres bien des choses. Toutes les portes, entre nous deux, ne sont pas encore ouvertes. Vous m’inspirez un grand respect, et je n’ose pas vous faire de questions »  (37). Et voici son opinion exprimée dans une lettre à Mme Roger des Genettes, et qui semble sincère : « Mon illustre amie, Mme Sand, m’a quitté samedi soir. On n’est pas meilleure femme, plus bon enfant, et moins bas-bleu. Elle travaillait toute la journée, et le soir nous bavardions comme des pies jusqu’à des trois heures du matin. Quoi qu’elle soit un peu trop bienveillante et bénisseuse, elle a des aperçus de très fin bon sens, pourvu qu’elle n’enfourche pas son dada socialiste. Très réservée en ce qui la concerne, elle parle volontiers des hommes de 48 et appuie volontiers sur leur bonne volonté plus que sur leur intelligence »  (38).

C’est à partir de ce séjour-là qu’ils commencent à s’adresser cette correspondance admirable par laquelle, discutant et défendant les questions les plus élevées et les plus diverses, sans jamais pleinement s’accorder, ils ont érigé un des monuments les plus curieux et les plus importants de la littérature française.

L’année s’écoule. Flaubert travaille péniblement à son Éducation Sentimentale ; G. Sand, avec sa facilité ordinaire, continue Montrevèche et Cadio. : Il y a bien, de part et d’autre, quelques projets de visite, que la maladie fait échouer. Deux fois même, en septembre 1867, G. Sand passe tout près de Croisset, pendant un voyage en Normandie, mais Flaubert n’est pas là pour l’accueillir.

En mai 1868 pourtant, elle va se rendre encore aux instances de son ami. Ils ont l’intention de partir ensemble pour Croisset vers le 20, malgré l’inquiétude qu’inspire à Sand la maladie de son amie Esther Lambert (39). Mais voilà que, tout à coup, Flaubert, exaspéré au plus haut point par les bruits de Paris qui l’empêchent de dormir, se résout à quitter la capitale et à retourner à Croisset (40). G. Sand le suivra peu de jours après :

 

SAND À CROISSET, 24-26 mai 1868

Dimanche. 24 mai (41) : …Je voyage avec un militaire qui me réveille en me tapant sur l’épaule pour m’offrir du sucre d’orge. Nous nous quittons bons amis. Flaubert m’attend à la gare et me

force à aller pisser pour que je ne devienne pas comme Sainte-Beuve (42). Il pleut à Rouen, comme toujours. Je trouve la maman moins sourde, mais plus de jambes, hélas ! Je déjeune, je cause en marchant sous la charmille que la pluie ne perce pas : Je dors une heure et demie sur un fauteuil et Flaubert sur son divan. Nous recausons. On dîne avec la nièce, son mari et Mme Frankline (43). Gustave me lit ensuite une farce religieuse (44). Je me couche à minuit.

Lundi, 25 mai : Croisset. Temps superbe. On déjeune et on va en voiture à Saint-Georges (45), par une cavée charmante au milieu des bois. Des tas de fleurs partout : le géranium purpureum superbe ; des polygalas, une scrophulaire. Le Saint-Georges, ancienne abbaye romane très belle ; salle de chapitre très conservée. On va à Duclair (46), où on laisse reposer les chevaux, et on revient par Canteleu où je monte sur le siège pour voir le pays admirable. La descente, enchantée. On dîne avec les mêmes et M. Commanville qui a le front plat. Mme Frankline chante, mal. Nous montons à neuf heures. Flaubert me lit trois cents pages excellentes (47) et qui me charment. Je me couche à deux heures. Je tousse beaucoup. Le tulipier est couvert de fleurs (48).

Mardi, 26 mai : Partie de Croisset à midi avec Gustave. Bibliothèque de la ville, visite à Bouilhet ahuri (49). Départ à une heure et demie. Pionçade jusqu’à Paris… Je vas dîner avec Maxime Du Camp ; il est bien gentil, brave cœur…

À peine G. Sand partie, Flaubert la regrette mélancoliquement : « Je pense à vous », lui écrit-il le 28 mai déjà. « Je m’ennuie de vous et je voudrais vous revoir, voilà… Il faudra s’arranger pour venir ici cet automne passer une quinzaine »  (50). Car il semble qu’il a besoin d’elle pour lui « remonter le moral »  qui est déjà bien bas souvent. Voici comment il s’exprime à ce sujet dans une lettre à Mlle Leroyer de Chantepie : « J’ai eu pendant quelques jours, le mois dernier, la visite de notre amie Mme Sand. Quelle nature ! Quelle force ! Et personne en même temps n’est d’une société plus calmante. Elle vous communique quelque chose de sa sérénité »  (51). Mais l’automne passe, et pas de G. Sand à Croisset ! La visite dont elle vient de nous raconter les détails aura été la dernière !

D’autre part, Flaubert aussi décline les invitations. En avril 1868 déjà, il lui a écrit : « Je serais perdu si je bougeais d’ici la fin de mon roman. Votre ami est un bonhomme en cire ; tout s’imprime dessus, s’y incruste, y entre. Revenu de chez vous, je ne songerais plus qu’à vous, et aux vôtres, à votre maison, à vos paysages, aux mines des gens que j’aurais rencontrés, etc. Il me faut de grands efforts pour me recueillir ; à chaque moment je déborde »  (52). Pour la même raison, il refuse d’assister au baptême des petites-filles de G. Sand, en décembre 1868, fête à laquelle on l’invite avec instance : « Si j’allais chez vous à Nohant, j’en aurais ensuite pour un mois de rêverie sur mon voyage. Des images réelles remplaceraient dans mon pauvre cerveau les images fictives que je compose à grand’peine. Tout mon château de cartes s’écroulerait »  (53). Le roman avant tout en effet, avant l’amour, avant l’amitié, avant le bonheur personnel ! C’est comme ça chez Flaubert, hélas ! L’Éducation Sentimentale achevée, voilà un autre empêchement : la mort de son ami le plus intime, son alter ego, Louis Bouilhet. Flaubert va se mettre en quatre, sans succès d’ailleurs, pour faire jouer une de ses pièces posthumes : Mademoiselle Aïssé (54).

Enfin, il promet sa visite pour Noël 1869. Sand, devenue sceptique, lui rappelle cette promesse tous les jours, avec parfois un peu d’ironie malicieuse : « Lina (55) me charge de te dire qu’on t’autorisera à ne pas quitter ta robe de chambre et tes pantoufles. Il n’y a pas de dames, pas d’étrangers. Enfin, tu nous rendras bien heureux et il y a longtemps que tu promets… »  (56). Cette fois-ci pourtant, c’est pour de bon :

 

FLAUBERT À NOHANT, 23-28 décembre 1869

Jeudi, 23 décembre (57) : … Flaubert et Plauchut (58) arrivent à cinq heures et demie. On s’embrasse, on dîne, on cause, on joue du python (59) et des airs arabes. Flaubert raconte des histoires. On se quitte à une heure.

Vendredi, 24 décembre : Pluie et neige toute la journée. On est gai… Je descends déjeuner avec les autres à onze heures. Flaubert donne aux fillettes (60) des étrennes qui les charment. Lolo porte son bébé toute la journée. Elle joue dans ma chambre où je reçois Flaubert et Plauchut. Et elle fait leur admiration. Elle a sa belle toilette ; Titite aussi. Tous les jeunes gens (61) viennent et dînent. Après, les marionnettes, la tombola, un décor féerique. Flaubert s’amuse comme un moutard. Arbre de Noël sur le théâtre. Cadeaux à tous. Lolo s’amuse ; elle est charmante et va se coucher sagement. Lina chaude et ravie. On fait Réveillon splendide. Je monte à trois heures.

Samedi, 25 décembre : On déjeune à midi. Tout le monde est resté, sauf Planet. Flaubert nous lit de trois à six heures et demie sa grande féerie (62), qui fait grand plaisir, mais qui n’est pas destinée à réussir. Elle nous plaît fort ; on en cause beaucoup. Comme on dîne tard, Lolo dîne avec sa sœur. Je l’ai à peine vue aujourd’hui. On est très gai ce soir. Flaubert nous fait crever de rire avec l’Enfant prodigue (63).

Dimanche, 26 décembre : Beau temps bien froid. On sort au jardin, même Flaubert qui veut voir la ferme. Nous allons partout. On lui présente le bélier Gustave. On cause au salon, on est calme. Les fillettes charmantes. René et Edme s’en vont. À trois heures, Maurice se décide à jouer avec Edme une improvisation, qui est charmante. Le premier acte admirablement réussi, le second trop long ; mais très comique encore. Flaubert rit à se tordre. Il apprécie les marionnettes. Edme est excellent, plein d’esprit. Je monte à deux heures.

Lundi, 27 décembre : Il neige sans désemparer. Fadet (64) ne veut pas mettre la patte dehors. On déjeune à midi. Lolo danse toutes ses danses. Flaubert s’habille en femme et danse le cachucha (65) avec Plauchut. C’est grotesque ; on est comme des fous. Visite de M. et Mme Duvernet (66) qui nous calme. Visite du docteur. Edme et Antoine (67) parlent. Nous passons sagement la soirée à causer. Adieux de Flaubert.

Décidément, Flaubert est conquis par le monde de Nohant. « Pendant toute la route, je n’ai pensé qu’à Nohant », écrit-il le 30 décembre « Je ne peux pas vous dire combien je suis attendri de votre réception. Quels braves et aimables gens vous faites tous. Maurice me semble l’homme heureux par excellence, et je ne puis m’empêcher de l’envier, voilà ! Bécotez de ma part Mlle Lolo, dont je m’ennuie extrêmement. Mes compliments à Coq-en-bois (68) et à tous les « chers lubriques »  dont j’ai partagé les festins. Et puisque c’est le moment des souhaits de bonne année, je vous souhaite à tous la même continuation, car je ne vois pas ce qui vous manque »  (69).

Les événements de 1870-71 empêchent provisoirement Flaubert de faire un nouveau séjour en Berry. Quant à G. Sand, elle vieillit peu à peu ; souvent malade, elle n’aime plus tellement les voyages ; elle préfère rester tranquillement dans son intime Nohant, au milieu d’une famille et d’amis qui l’adorent. Elle fait pleuvoir les invitations sur la tête de Flaubert qui, de plus en plus maussade et misanthrope, se dérobe toujours. Sand le lui reproche affectueusement : « Triste ou gai, je t’aime et je t’attends toujours, bien que tu ne parles jamais de venir nous voir et que tu en regrettes l’occasion avec empressement ; on t’aime chez nous quand même ; on n’est pas assez littéraire pour toi, chez nous, je le sais ; mais on aime et ça emploie la vie »  (70).

Il promet à la fin de venir en janvier 1873, avec son grand ami Tourgueneff. Mais le temps s’écoule ; Flaubert est retenu au logis par une grippe tenace. Et quand il est guéri, voilà que l’écrivain russe, « poire molle », comme le caractérise Flaubert, ne fait que différer la visite de jour en jour. Enfin, ils font le « serment solennel »  de partir le 12 avril, veille de Pâques. Mais c’est Flaubert seul qui entreprend le voyage, et Tourgueneff, étant encore retenu à Paris, n’arrivera que le 16 :

 

FLAUBERT A NOHANT. 12-19 avril 1873

Samedi, 12 avril (71) : …Flaubert arrive pendant le dîner. Il a plutôt maigri qu’engraissé. Plauchut,

qui se croit mince, est aussi gros que lui. On joue au domino ; Flaubert y joue bien, mais ça l’étouffe. Il aime mieux causer avec feu. Plauchut, démocrate en chambre, soutient la bordée ; Maurice va de l’un à l’autre. J’écoute.

Dimanche, 13 avril, (jour de Pâques) : Enfin, le soleil est revenu, il fait beau. Lina fête le printemps à déjeuner : il y a des fleurs sur la nappe et on mange du poussin. On va au jardin, à la ferme, aux étables, à Gustave (72), à toutes les bêtes. Flaubert fouille la bibliothèque et ne trouve rien qu’il ne connaisse. René et le Docteur viennent dîner ; après, on danse. Flaubert met une jupe et essaie le fandango (73). Il est bien drôle, mais il étouffe au bout de cinq minutes. Il est bien plus vieux que moi. Pourtant, je le trouve moins gros et moins fatigué d’aspect. Toujours trop vivant par le cerveau au détriment du corps. Notre vacarme l’assourdit. Plauchut est comme fou. Maurice a été dans la brande avec Aurore. Ils ont découvert une mardelle (74), enfin ! Elle est ivre d’air et de plaisir. Ce soir, elle danse. Domino avec les jeunes gens. Vers minuit, Maurice épate Flaubert avec ses papillons (75).

Lundi, 14 avril : Très beau temps, trop chaud à midi. Jardin. Leçon de Lolo (76), qui est enrhumée du cerveau et qui a ce soir un petit mouvement de fièvre après dîner. Flaubert nous lit son Saint-Antoine (77), de trois à six et de neuf à minuit. C’est splendide. René et le Docteur sont venus et dînent. Ferri (78) arrive au beau milieu de la lecture, entend avec grand plaisir deux chapitres et va dîner chez Angèle (79), pour revenir demain matin. René est enchanté, le Docteur très intéressé, moi tout à fait saisie et satisfaite, Plauchut épaté et comme roué de coups, Maurice très empoigné, jusqu’à avoir mal à la tête assez fort.

Mardi, 15 avril : Très beau temps. Journée dehors à causer au jardin tout en fleurs, sans trop de rien, c’est-à-dire sans rien de trop au ciel et sur la terre. Ferri est venu déjeuner avec nous. Il est toujours charmant ; il s’en va à deux heures. Je reste encore avec Flaubert à causer jusqu’à quatre heures. Je donne la leçon à Lolo. Le soir, on cause, on rit.

Mercredi, 16 avril : Journée grise, très chaude, mais très agréable. Nous partons pour la brande à midi ; nous allons tous voir la mardelle que Maurice a découverte avec Lolo. C’est un grand trou où se rend une eau tourbeuse ; c’est tapissé de grandes fougères sèches sous lesquelles poussent au fond des herbes fraîches, des viola corrina, pulicaires, primevères et de jeunes arbres. Promenade à pied dans les genêts autour d’un joli bois de pins. Les orchis commencent à fleurir ; ce rose est charmant. Lolo marche comme un petit homme et Titite pas mal. On rentre pour s’habiller et dîner. Tourgueneff arrive à la fin. Il va bien ; il est ingambe et rajeuni (80). On cause jusqu’à minuit.

Jeudi, 17 avril : Mauvais temps. Je ne sors pas ; les enfants non plus. Leçon d’Aurore. Causerie avec Tourgueneff et Flaubert. Tourgueneff nous lit une drôlerie très animée. Les jeunes gens viennent dîner. On mange la dinde truffée, le pair de Plauchut. Après, on saute, on danse, on chante, on crie, on casse la tête à Flaubert qui veut toujours tout empêcher pour parler littérature. Il est débordé. Tourgueneff aime le bruit et la gaîté ; il est aussi enfant que nous. Il danse, il valse. Quel bon et brave homme de génie ! Maurice nous lit la Balade à la Nuit, on ne peut mieux. Il a grand succès. Il épate Flaubert à propos de tout.

Vendredi, 18 avril : Joli temps. Il a plu considérablement. La fosse a monté une marche. Tout fleurit, les lilas, les cragaegi (81) ; les arbres de Sainte-Lucie passent déjà. Jardin tout le monde. Leçon de Lolo. Causerie de Flaubert bien animée et drôle, mais il n’y en a que pour lui, et Tourgueneff, qui est bien plus intéressant, a peine à placer un mot. Ce soir, c’est un assaut jusqu’à une heure. Enfin, on se dit adieu. Ils partent demain matin. Plauchut reste pour m’attendre.

Samedi, 19 avril : On, vit avec le caractère plus qu’avec l’intelligence et la grandeur. Je suis fatiguée, courbaturée, de mon cher Flaubert. Je l’aime pourtant beaucoup et il est excellent, mais trop exubérant de personnalité. Il nous brise. Il pleut à verse depuis midi. Je donne la leçon, à Lolo. J’écris des lettres ; je ne sors pas. Ce soir, on danse, on fait du bruit, on joue aux dominos, on est bête avec délices. On regrette Tourgueneff qu’on connaît moins, qu’on aime moins, mais qui a la grâce de la simplicité vraie et le charme de la bonhomie.

Est-ce à dire que Flaubert se soit peu amusé à Nohant ? Voici ce qu’il écrit à son amie, quelques jours après son départ : « Il n’y a que cinq jours depuis notre séparation et je m’ennuie de vous comme une bête. Je m’ennuie d’Aurore et de toute la maisonnée, jusqu’à Fadet. Oui, c’est comme ça ; on est si bien chez vous ! vous êtes si bons et si spirituels ! Pourquoi ne peut-on vivre ensemble ? Pourquoi la vie est-elle toujours mal arrangée ? Maurice me semble être le type du bonheur humain. Que lui manque-t-il ? Certainement il n’a pas de plus grand envieux que moi »  (82).

Mais c’est bien la dernière fois que Flaubert est allé chez son amie à Nohant, malgré plusieurs invitations pressantes. Ils ne se reverront plus qu’à Paris, le mois suivant. Et puis, c’est tout. Elle meurt, la « bonne dame de Nohant », le 8 juin 1876, et parmi les amis venus de Paris pour assister à son enterrement, se trouve Flaubert, « pleurant comme un veau ». « Il fallait la connaître comme je l’ai connue », écrit-il peu après à Mlle Leroyer de Chantepie, pour savoir tout ce qu’il y avait de féminin dans ce grand homme, l’immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie. Elle restera une des illustrations de la France et une gloire unique »  (83). Aurait-il pu mieux exprimer l’admiration, le respect, la tendresse qu’il avait voués à celle qu’il appelait sa « chère maître » ?

A.-F.-J. Jacobs.

(1) Nous avons pu copier ces passages à la Bibliothèque Nationale, grâce à la bienveillance de Mme Cordroc’h, bibliothécaire au Département des Manuscrits ; qu’elle veuille bien accepter nos vifs remerciements. Une partie importante de ces relations a été publiée par M. André Maurois dans son beau livre Lélla ou la Vie de George Sand, Paris, Hachette, 1952. Nous remercions l’auteur qui a bien voulu nous permettre de reproduire ces passages pour rendre notre récit aussi complet que possible. Pour l’annotation de cet article, enfin, nous devons plusieurs renseignements à M. Jacques. Toutain, Président des Amis de Flaubert, dont on connaît le zèle infatigable pour rendre service aux admirateurs du grand maître de Croisset.

(2) Cf. Correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert, Paris, Calmann-Lévy, s. cl. (1916), p. 10, lettres n°  XII et XIII.

(3) Œuvres complètes de Gustave Flaubert. Correspondance, t. V, 1929, lettre n° 862.

(4) Ibid. n° 861.

(5) Agenda de G. Sand, 1866. Bibl. Nat., Département des Manuscrits, nouv. acq. fr. 24.828.

(6) Saint Maclou, église de style gothique flamboyant, de pierre entièrement sculptée, une des merveilles de Rouen ; Saint-Patrice, église gothique, connue surtout par ses vitraux magnifiques.

(7) Ancien cimetière situé à côté de l’église Saint-Maclou et dont les bâtiments existent toujours (Aître Saint-Maclou).

(8) Il s’agit évidemment de la version de 1806.

(9) Mme Vasse (G. Sand écrit Mme Vaas) était une amie d’enfance de Mme Flaubert. Une de ses filles, Coralie, était l’épouse de l’officier M. de la Chaussée.

(10) Village situé sur la Seine, â dix-huit kilomètres au Sud-Ouest de Rouen.

(11) Petit chemin rocailleux menant de Croisset à Canteleu et passant près de la propriété de Flaubert. Il a disparu lorsqu’on a construit l’usine qui se trouve actuellement sur l’emplacement de la maison Flaubert.

(12) Dans son Agenda, George Sand écrit bien lisiblement le pont, ce qui est évidemment une erreur.

(13) Il y a dans l’église Saint-Romain des fonts baptismaux dont le dôme en bois est orné de bas-reliefs de la Renaissance, représentant des scènes de la Passion.

(14) Corr., G.S.-G.F., p. 11, n° XIV.

(15) Corr. de Fl. Supplément (Éd. Jacques Lambert), t. II, n° 318.

(16) Corr. G.S.-G.F., p. 13, n° XVI.

(17) Corr. de Fl. (Éd. Conard), t. V, n° 868.

(18) Corr. G.S.-G.F., p. 18, n° XVIII.

(19) Agenda de G. Sand, 1866. Bibl. Nat., Dépt des Mss, n. a. fr. 24.828.

(20) Achille Flaubert, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Rouen. Il était de neuf ans plus âgé que Gustave.

(21) Femme d’un magistrat de Rouen et mère d’Eugène Crépet, qui était l’ami de Baudelaire et de Flaubert.

(22) Le Château des Cœurs, fait en collaboration avec Louis Bouilhet et  le comte d’Osmoy. Malgré de nombreuses démarches de la part de Flaubert, la pièce ne fut jamais jouée.

(23) On sait le peu de goût que Flaubert éprouvait pour la promenade et l’exercice physique.

(24) Squelette calcaire ou corné sécrété par les polypes.

(25) Roman dialogué, publié dans la Revue des Deux-Mondes, du  1er septembre au 15 novembre 1867, paru en volume en avril 1868. Paul Meurice l’adapta à la scène ; la première représentation eut lieu à la Porte Saint-Martin, le 3 octobre 1868.

(26) Sand n’écrit presque jamais « je vais »  dans sa prose familière.

(27) Félix-Archimède Pouchet, médecin et naturaliste, directeur du Muséum d’Histoire naturelle à Rouen, membre de l’Académie des Sciences. Son fils, Georges Pouchet, médecin et naturaliste comme son père, était un ami assez intime de Flaubert.

(28) Kiwi, genre d’oiseau propre à la région austro-zélandaise.

(29) Citons ici, à titre de curiosité, un fragment inédit de la lettre de Flaubert à Sand du 27 décembre 1866. (Corr. Éd. Conard, T. V, n° 867. L’autographe est conservé dans la Coll. Spœlberch de Lovenjoul, à Chantilly) : « Ah, j’oubliais une commission : le père Pouchet m’a chargé de vous dire que : Il était tellement troublé par votre présence, qu’il avait oublié de vous dire que non seulement il admirait vos œuvres démesurément, mais encore celles de votre fils, etc. Quand il veut s’égayer, il ouvre Masques et Visages. Et il est revenu sur sa barbe qui n’était pas faite ce jour-là ». Quant au livre de Maurice Sand, Flaubert fait évidemment allusion aux Masques et Bouffons (Comédie Italienne), Paris, Michel Lévy.

(30) L’ancien « Musée des Faïences »  est devenu depuis le « Musée des Antiquités », les faïences ayant été transposées dans un nouveau musée, dit « Musée des céramiques ». Dans le jardin qui entourait le Musée des Faïences, on avait mis beaucoup d’antiquités rouennaises (pierres et statues) ; à l’intérieur du Musée, se trouvait (et se trouve encore) une porte en bois de chêne provenant de la maison de Pierre Corneille, à Rouen.

(31) Nièce de Flaubert. Sand orthographie « Comenville ».

(32) La Chronique de Rouen des 1er et 15 novembre 1866 signale la ménagerie Schmidt, installée au Cirque Sainte-Marie de la foire Saint-Romain et comprenant treize lions, un tigre de Bengale, léopards, hyènes, ours noirs et blancs, un énorme éléphant, reptiles et crocodiles.

(33) C’est probablement à cette occasion que Flaubert et G. Sand virent la Tentation de Saint-Antoine dans la baraque du père Legrain.

(34) Pièce que G. Sand voulait tirer du roman du même titre, paru en 1852. En mars 1867, elle renonça à ce projet (cf. lettre à Flaubert du 4 mars 1867, Corr. G.S.-G.F., p. 75).

(35) L’Éducation Sentimentale.

(36) Corr. G.S.-G.F., lettres XXIV et XXVII, pp. 27 et 31.

(37) Corr. Éd. Conard, T. V, n° 876.

(38) Ibid., n° 875.

(39) Femme du peintre Eugène Lambert. Elle était sur le point d’accoucher, mais des complications rendaient l’événement précaire.

(40) On peut lire le récit amusant de cette terrible journée dans une lettre aux Goncourt. Corr., Éd. Conard, T. V, n° 968.

(41) Agenda de G. Sand, 1868. B. N., Dt des Mss, n. a. fr. 24.830.

(42) Sainte-Beuve souffrait à ce moment d’une maladie de vessie.

(43) Mme Frankline Grout, amie de Caroline Commanville, la nièce de Flaubert. (Sand écrit, « Franqueline » ).

(44) S’agirait-il déjà de la Vie et Travaux du R.P. Cruchard ? Ou plutôt de L’Enfant prodigue ?(Voir ce que Sand dit le 25 décembre 1869).

(45) Il existe dans le village de Saint-Martin-de-Boscherville une église célèbre du 13e siècle (art roman dans sa plénitude), intitulée Abbaye de Saint-Georges-de-Boscherville. L’église est encore solide, mais il ne reste de l’Abbaye qu’un petit cloître et quelques salles.

(46) Petite ville, située sur la Seine, à vingt kilomètres à l’Ouest de Rouen.

(47) De l’Éducation Sentimentale.

(48) Ce tulipier intéressait hautement G. Sand. À sa première visite, elle l’avait déjà remarqué, et après son retour à Paris, elle en avait réclamé quelques feuilles. (Cf. Corr. G.S.-G.F., pp. 11 et 12).

(49) Bouilhet était conservateur de la Bibliothèque de Rouen depuis mai 1867.

(50) Corr., Suppl., T. II, n° 386.

(51) Corr., Éd. Conard, T. V, n° 974.

(52) Ibid., n° 966.

(53) Ibid., n° 1005.

(54) La pièce ne devait être jouée que le 6 janvier 1872.

(55) Épouse de Maurice, le fils de G. Sand.

(56) Corr. G.S.-G.F., p. 190, n° CXL.

(57) Agenda de G. Sand, 1869. B. N., Dt des Mss, n. a. fr. 24.831.

(58) Edmond Plauchut, ami intime de G. Sand.

(59) Plaisanterie pour « serpent, instrument de musique.

(60) Maurice Sand avait épousé, en 1862, Lina Calamatta, fille du graveur italien Luigi Calamatta. Ils avaient deux filles, Aurore (Lolo), née le 9 janvier 1866 etGabrielle (Titite), née le 12 mars 1868. C’était surtout Aurore que Sand adorait.

(61) Ainsi sont désignés ordinairement, dans les écrits familiers de G. Sand, ses nouveaux amis, souvent très jeunes encore, habitant La Châtre et les environs de Nohant. À ce cercle appartiennent, entre autres, Maxime de Planet et les petits-neveux de Sand, René, Edme, et Albert Simonnet. Ils venaient souvent la voir pour, égayer sa vieillesse.

(62) Le Château des Cœurs.

(63) Voir la note 44.

(64) Le chien de Nohant.

(65) Danse espagnole très populaire.

(66) Anciens amis de G. Sand, habitant La Châtre.

(67) Antoine Ludre, fils de l’avoué de G. Sand et un des « jeunes gens ».

(68) Personnage du théâtre cles marionnettes.

(69) Corr. Suppl., T. II, n° 475.

(70) Corr. G.S.-G.F., p. 339, n° CCLX.

(71) Agenda de G. Sand, 1873. B. N., PDt des Mss, n. a. fr. 24.835.

(72) Le bélier.

(73) Danse espagnole d’un caractère voluptueux.

(74) Mardelle, syn. de Margelle. Nom donné dans le Berry aux effondrements tronconiques produits par le passage des eaux souterraines à travers l’argile à silex et que l’on a attribués d’abord à la main de l’homme. (Larousse du XXe siècle).

(75) Maurice Sand avait publié en 1806 Le Monde des Papillons (Paris, Rothschild).

(76) Sand tenait à instruire elle-même sa petite-fille. Elle ne se privait que rarement de ce plaisir, même quand elle était malade ou qu’il y avait des visiteurs.

(77) Terminé en 1872 déjà, mais publié seulement en 1874.

(78) Le Général Ferri-Pisani, attaché à la Maison du Prince Jérôme Bonaparte, grand ami de G. Sand.

(79) Mme Angèle Périgois, née Néraud, amie de G. Sand, habitant non loin de Nohant.

(80) On sait que Tourgueneff souffrait très souvent de la goutte.

(81) Aubépines.

(82) Corr., Éd. Conard, T. VII, n° 1367.

(83) Ibid., n° 1383.