1957 : La vie de notre Société

Les Amis de Flaubert – Année 1957 – Bulletin n° 11 – Page 55

 

La vie de  notre Société

Sommaire : La Vie de notre Société

Samedi 2 mars 1957, la Société assiste à la commémoration des Centenaires Fontenelle, p. 55 ‒ Dimanche 3 mars 1957, la Société assiste à la commémoration Francis Yard, p. 55 ‒Dimanche 24 mars 1957, la Société assiste à l’Exposition Fontenelle, p. 55-56 ‒ Jeudi 28 mars 1957, la Société organise à Paris une seconde séance de la Normandie de Madame Bovary, p. 56-57 ‒ Dimanche 12 mai 1957, La Société des Amis de Flaubert organise sa manifestation littéraire annuelle au Pavillon de Croisset et se rend à Jumièges, p. 57 ‒ Samedi 25 mai 1957, la Société des Amis de Flaubert assiste à l’inauguration de la statue de Victor Hugo à Villequier, p. 57-58 ‒ Dimanche 7 juillet 1957, la Société des Amis de Flaubert accomplit un périple littéraire à Yvetot, Étretat, Fécamp et Veules-les-Roses, p. 58-61 ‒ Mercredi 10 juillet 1957, Dimanche 18 août 1957 : Au Pavillon de Croisset, p. 61-62 ‒ Distinctions, p. 62

 

Le Samedi 2 Mars 1957, la Société assiste

à la commémoration des Centenaires Fontenelle

Le samedi 2 mars 1957, l’Académie des Beaux-Arts, Lettres et Sciences de Rouen et la Ville de Rouen, qui avaient organisé en commun le double centenaire de la naissance de Fontenelle (1657) et de sa mort (1757), ont tenu deux magnifiques réunions, l’une au Musée des Beaux-Arts, à 15 heures, où a eu lieu une Exposition Fontenelle avec manuscrits et gravures de l’époque, et l’autre à la Salle Sainte-Croix des Pelletiers, comprenant séance solennelle. Les discours ont été prononcés par M. R.-G. Nobécourt, président de l’Académie de Rouen ; M. André Maurois, de l’Académie Française, et M. André Couderc, de l’Académie des Sciences.

L’ensemble de ces manifestations a été particulièrement réussi.

La Société des Amis de Flaubert, aimablement invitée par l’Académie et par la Ville de Rouen, était représentée à ces cérémonies par M. Jacques Toutain-Revel, président ; M. Lucien Andrieu, secrétaire, et M. René Sénilh, trésorier.

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Le Dimanche 3 Mars 1957, la Société assiste

à la commémoration Francis Yard

Le dimanche 3 mars 1957, la Société a assisté à la cérémonie commémorative qui s’est tenue à Rouen, à l’ancien domicile du poète Francis Yard, décédé le 2 mars 1947 et dont on célébrait le décennaire. Avec un groupe important de fervents de Francis Yard, dont les poèmes et les récits sur la Normandie peuvent être considérés comme les œuvres de toute première qualité, la Société Flaubert s’est rendue sur la tombe du poète (un simple granit planté droit) et à son humble logement de l’ancienne rue de la Rampe (actuellement rue Francis-Yard), à Rouen.

Un mémorial en marbre, sur lequel se trouve incrusté le profil bien connu de Francis Yard (offert par M. Georges Lanfry), a été dévoilé, et M. P.-R. Wolf, directeur de « Paris-Normandie », a, en termes des plus émouvants, évoqué la silhouette et l’œuvre du poète.

La Société était représentée par M. Jacques Toutain-Revel, président ; M. Lucien Andrieu, secrétaire ; M. René Sénilh, trésorier.

Ajoutons que le mardi 26 février, M. Jacques Toutain-Revel, président des Amis de Flaubert, avait eu l’occasion de prendre la parole à la Radio d’État pour évoquer le poète, le qualifiant à juste titre de Virgile de la Normandie.

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Le Dimanche 24 Mars 1957,

la Société assiste à l’Exposition Fontenelle

Le dimanche 24 mars 1957, a eu lieu une visite commentée de l’exposition organisée à l’occasion des bi et tri-centenaires de Bernard Le Bovier de Fontenelle.

M. André Dubuc, président de la Société Libre d’Émulation, qui est probablement l’érudit le mieux documenté sur la question, s’était chargé des commentaires.

Il passa rapidement en revue des différentes pièces exposées, gravures, livres, manuscrits, pièces d’état civil, actes de tabellionnage, instruments scientifiques et tableaux divers.

Parmi les personnes présentes, citons notamment M. Rouault de la Vigne, M. Robert Flavigny et Mlle Elisabeth Chirol, membres de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen ; M. Jacques Toutain, président des Amis de Flaubert.

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Le Jeudi 28 Mars 1957, la Société organise à Paris

une seconde séance de la Normandie de Madame Bovary

On se souvient du grand succès remporté à Rouen, en décembre dernier, de la Conférence de Mme Magné de la Londe (avec projections), sur La Normandie de Madame Bovary. La Société des Amis de Flaubert, qui groupe de nombreux flaubertistes à Paris, avait prié l’éminente conférencière de reprendre et de projeter le même sujet à Paris.

Cette séance a eu lieu le jeudi 28 mars, à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris. Une nombreuse assistance avait répondu à l’invitation qu’avaient lancée pour Paris, mais au nom de la Normandie, les Amis de Flaubert.

Mme Magné de la Londe faisait pour eux la causerie familière, mais charmante, présentée déjà à Rouen sur La Normandie de Madame Bovary. Comme à Rouen, elle détailla un texte parfaitement pur et élégant qui mettait en valeur les citations de Gustave Flaubert, et comme à Rouen, elle fut constamment accompagnée par les projections des paysages normands puisés dans les projections photographiques de la collection Albert Kahn.

À Paris, le climat n’est pas le même. Il se pare d’une tendresse tranquille et confiante pour tout ce qui vient du pays normand. La résonnance sentimentale est autre quand on retrouve de Paris d’anciens souvenirs attachés par exemple aux aspects intérieurs du Théâtre des Arts avec le double escalier, paré d’un tapis rouge, qui donnait accès aux loges, de balcon, souvenirs attachés aussi au profil du pont à transbordeur que les brumes légères rendaient plus fin.

Sur les pas d’Emma Bovary et au vu des clichés en couleurs, c’était bien le cher vieux fleuve d’autrefois qui « arrondissait sa course aux pieds des collines vertes ». Une fleur, un ciel, l’élégance ménagère d’un bonnet, la façade de la gentilhommière de Rodolphe, un vitrail d’église, un chemin creux entre une haie de pommiers fleuris à la couleur des noces, c’était, en effet, de quoi faire revivre aux assistants ce délicieux vertige qui s’emparait de la trop rêveuse Emma lorsque la voiture l’amenait à découvrir la pointe de la flèche à l’horizon des collines.

Aux côtés de M. Jacques Toutain-Revel, président des Amis de Flaubert, et de plusieurs membres du Comité de Direction de la Société, on notait la présence de Me Macqueron, venu également tout exprès de Rouen ; de M. Lindon, maire d’Étretat et avocat général à la Cour d’appel de Paris ; M. Le Pelletier, président des Normands de Paris ; MM. Pierre Labracherie et Henry Lefai, de la Société Flaubert ; M. Robert Delandre, statuaire ; À. Renaudin, directeur de l’Agence de « Paris-Normandie » à Paris.

Tous félicitèrent Mme de la Londe du plaisir qu’ils gardaient de cette évocation en commun d’un roman célèbre. Et comme la conférencière s’était gardée de choisir ses vues à Ry plutôt qu’à Forges-les-Eaux, Yonville-l’Abbaye garda tout le parfum de son secret et tout le calme de son mystère.

André RENAUDIN.

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Le Dimanche 12 Mai 1957, la Société des Amis de Flaubert organise sa manifestation littéraire annuelle

au Pavillon de Croisset et se rend à Jumièges.

Pour y commémorer le souvenir du grand écrivain et de son œuvre, les membres de la Société des Amis de Flaubert, au nombre de plus de cinquante, se sont rendus, dimanche 12 mai 1957, au Pavillon de Croisset.

La cérémonie littéraire, présidée par M. Victor Boutrolle, vice-président de l’Académie des Lettres et Sciences de Rouen, eut lieu dans le jardin du Pavillon, pour se terminer, par la survenue d’une averse, dans le pavillon même, riche du souvenir du grand écrivain.

M. Jacques Toutain, président des « Amis de Flaubert », salua les personnalités présentes.

Puis ce fut une émouvante et attachante incursion dans le passé et dans un pays qui en garde d’extraordinaires vestiges, que nous fîmes avec M. Victor Boutrolle, ranimant par sa vivante et chaude diction les belles pages de Flaubert, ranimant aussi par la description qu’il en fit les paysages prestigieux qu’il venait à son tour de contempler lors d’un récent voyage. Nous n’oublierons pas de longtemps la vision prodigieuse et féerique de Kalbeck, que le vice-président de l’Académie de Rouen fit surgir devant nous.

Après la manifestation, était organisée une excursion à l’Abbaye de Jumièges, où la Société et les participants furent reçus et guidés par M. Georges Lanfry, restaurateur de nos monuments historiques.

Les promesses de ce double pèlerinage furent tenues au-delà des espérances de ceux qui y participèrent. Au nombre de ceux-ci se trouvaient M. Poullain, maire de Canteleu, qui accueillit à Croisset les pèlerins ; M. Poullard, conseiller municipal, représentant M. le Maire de Rouen ; M. Ricaud, premier président de la Cour d’appel, et Mme ; M. Durrieu, procureur général ; M. Lemonnier-Leblanc, conseiller général, et Mme ; Savagnier, premier président honoraire ; Aubry, procureur de la République, et Mme ; M. le conseiller Fouyé, et Mme, Robert Eude, de l’Académie de Rouen ; Dubuc, président de la Société Libre d’Émulation ; Pierre-Pani et Mme ; Sénilh et Andrieu, des « Amis de Flaubert », etc.

M -M.

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Le Samedi 25 Mai 1957, la Société des Amis de Flaubert assiste à l’inauguration
de la statue de Victor Hugo

à Villequier

Il y a un peu plus de vingt ans, les Amis du Vieux Caudebec honoraient, à Villequier, la mémoire de Victor Hugo et se réunissaient en petit comité autour d’un buste du poète.

Ce buste a disparu lors des années de guerre et le Conseil Général de Seine-Maritime a, le 10 janvier 1956, décidé, sur proposition de MM. André Marie, Collet et Vauquelin, de remplacer la stèle disparue et d’aménager la maison des Vacquerie en un Musée du Souvenir.

Le samedi 25 mai 1957, dans ce décor d’un si parfait romantisme que constituent, au débouché de la route ombreuse de Caudebec, les falaises dissimulées sous les frondaisons des arbustes et la Seine, étalant avec superbe, sa puissance tranquille un nouveau monument — œuvre du sculpteur Moirignot — a été inauguré en présence de nombreuses personnalités des Lettres, des Arts et de la politique.

Ce fut une cérémonie d’une haute tenue, au cours de laquelle on entendit des œuvres de musiciens romantiques : Chausson, Corelli, Liszt, Bach ; des discours de qualité, et dit avec intelligence et ; sensibilité par Alain Tocque, le poème où Victor Hugo crie sa douleur : « À Villequier ».

M. Maurice Collet, président de la Commission départementale, accueillit les personnalités, qu’il remercia et rendit hommage à M. Fernand Gregh, de l’Académie Française, qui présidait la cérémonie.

M. André Marie rendit alors, en lettré, un délicat hommage au poète, au père douloureux, à l’exilé, à l’homme politique que fut tour à tour et aussi dans le même temps l’auteur des « Contemplations ».

Et c’est aussi cet aspect humain, totalement humain de Victor Hugo, que M. Fernand Gregh, de l’Académie Française, s’est avec autant de lyrisme que de liberté de ton, attaché à décrire.

Non loin de là, dans le petite cimetière de Villequier, où reposent tant de navigateurs, les premières roses s’effeuillaient lentement sur la tombe de Léopoldine Hugo qui, le 4 septembre 1843, six mois après son mariage d’amour avec Claude Vacquerie, devait, au cours d’une partie de barque, tragiquement périr dans les eaux du fleuve et valoir au monde poétique quelques-unes des plus belles et des plus douloureuses pages de douleur et piété paternelles.

La Société des Amis de Flaubert était représentée par M. Jacques Toutain-Revel, président ; M. Lucien Andrieu, secrétaire, et M. René Sénilh, trésorier.

C. P.

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Le Dimanche 7 Juillet 1957, la Société des Amis de Flaubert accomplit un périple littéraire à Yvetot, Étretat, Fécamp

et VeuIes-les-Roses

Les Amis de Flaubert, qui ne se contentent point de se pencher, même en ces temps de chaleur, sur les sources des romans du grand écrivain, ont accompli, le dimanche 7 juillet, un remarquable périple littéraire au pays de Flaubert et de Maupassant, et à travers ce Pays de Caux illustré avec tant d’éclat par les auteurs de « Madame Bovary » et de « Boule de Suif ».

Partis en grand nombre aux premières heures de la matinée, ils ont après avoir traversé Barentin, la ville aux nombreuses statues, gagné Yvetot et visité la nouvelle église circulaire dont la vaste coupole et les admirables vitraux sont une des merveilles de l’architecture moderne. Puis, après avoir traversé tout le plateau cauchois et descendu les valleuses si bien décrites par Maupassant, ont été accueillis par M. Raymond Lindon, maire d’Étretat, et par ses adjoints.

M. Lindon a fait, devant un auditoire nombreux, composé aussi bien des Amis de Flaubert que ceux de Maupassant et ceux d’Émile Zola (les trois Sociétés étaient représentées par leurs dirigeants), une brillante causerie sur Maupassant, sa famille, ses relations et ses séjours à Étretat, cette plage charmante, villégiature de nombreux hommes de Lettres et artistes d’il y a cent ans et de la Belle époque.

Une double visite eut ensuite lieu aussi bien aux Verguies, villa des parents Maupassant, qu’à la Guillette, villa du célèbre conteur, où les lieux sont demeurés exactement dans l’état où les connurent leurs occupants de l’époque. On retrouva notamment la caloge où s’abritait Guy de Maupassant et son domestique, François Tassart.

Dans l’après-midi, les excursionnistes se rendirent à Fécamp, au domicile de la famille Thurin, d’ascendance maternelle de Guy de Maupassant, puis à Veules-les-Roses, au mémorial Victor Hugo et au lieu où séjourna le célèbre poète (on sait l’amitié qu’il avait pour Flaubert) pendant les années 1883 et 1884.

L’excursion était conduite par M. Jacques Toutain-Revel, président des Amis de Flaubert, entouré de Mme  Alvernhe, vice-présidente des Amis de Maupassant, et de M. Pierre Cogny, secrétaire général de la Société Émile Zola. On notait parmi les nombreux touristes : MM. Andrieu, Sénilh, membres du bureau des Amis de Flaubert ; M. Dubuc, président de la Société Libre d’Émulation ; M. Tilmans, artiste peintre ; M. Fouye, conseiller à la Cour ; M. Henri Canu ; M. Pierre-Pani et le docteur Mongnet, de Bolbec.

M. M.

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De leur côté, les journaux du Havre ont donné de ce beau périple littéraire de substantiels comptes rendus dont nous sommes heureux de publier les extraits suivants :

Du Havre-Libre (lundi 8 juillet 1957).

C’est dans la grande salle d’honneur de la mairie que M. R. Lindon, maire d’Étretat, accueillit, dimanche matin, les membres des Associations des Amis de Gustave Flaubert et de Guy de Maupassant, venus, en un pieux pèlerinage, se recueillir sur les lieux même où le célèbre conteur normand a passé une notable partie de sa vie.

Après quelques paroles de bienvenue, M. Lindon, près duquel avait pris place M. Toutain-Revel, président des Amis de Gustave Flaubert, fit, au cours d’une remarquable conférence, une synthèse de l’histoire de Guy de Maupassant dans le cadre typiquement étretatais.

Après avoir évoqué ces souvenirs avec documents manuscrits et photographiques à l’appui, M. Lindon, dont l’histoire d’Étretat n’a plus de secrets, fit le rapprochement qui existe entre Gustave Flaubert et Guy de Maupassant, puisque c’est à notre grand conteur normand que l’illustre Flaubert demanda un Guide sur la charmante station touristique du Pays de Caux, terminant ainsi une agréable et très instructive conférence.

À son tour, M. Toutain-Revel tint à remercier M. Lindon de l’accueil autant sympathique qu’inoubliable qu’il leur réserva à la maison commune avant d’exalter l’amitié qui devait unir les deux écrivains : Guy de Maupassant et Gustave Flaubert.

À l’issue de cette réunion, les Amis de Guy de Maupassant, sous la conduite du maire d’Étretat, visitèrent « Les Verguies », au seuil duquel les accueillit Mme De Payer, actuelle propriétaire et par ailleurs artiste musicale distinguée, qui, après une courte halte dans les jardins au pied du sapin que planta M. de Maupassant, leur fit visiter les appartements qu’occupa celui-ci.

De là, le cortège se rendit ensuite à la « Guillette » non sans avoir, au préalable, jeté un regard sur la « Ramée », propriété de M. le Président de la République.

Après la visite de la « Guillette » dont Mme Mitchell leur fit les honneurs et que M. Lindon assura les commentaires, ce fut la promenade sur la plage.

Il faisait chaud ! le soleil brillait haut dans le ciel pur ! et c’est pourquoi une sympathique réunion dut rassembler tous les participants, vers 12 h. 15, dans les salons de la mairie.

Ce fut l’occasion pour M. Toutain-Revel de remercier à nouveau M. Lindon pour son accueil chaleureux et de lever son verre à la prospérité de la ville et de son éminent magistrat.

Après avoir déjeuné à Étretat, les Amis de Guy de Maupassant et de Gustave Flaubert se rendirent à Fécamp, où ils furent reçus par M. Gustave Couturier, maire, et à Veules-les-Roses, continuant ainsi le périple du circuit de Maupassant qui, pour n’être point la Route fleurie, n’en est pas moins pour autant d’un très grand intérêt pour tous ceux épris des Arts et des Lettres.

Jean LIBERGE.

Le Havre (lundi 8 juillet 1957).

Dimanche matin, les Amis de Guy de Maupassant et de Gustave Flaubert, sans qu’en dehors de quelques initiés on le sache, ont effectué une sorte de pèlerinage aux lieux tant aimés, célébrés tant de fois par l’auteur de « La Maison Tellier » dans des chroniques et des contes comme « Le Modèle », « Adieu », « La Roche aux Guillemots », « L’Ivrogne »…

C’est vers 10 h. 30 que, venus de lointaines villes, ils étaient dans la salle d’honneur de la mairie, accueillis par le maire, M. Raymond Lindon, qui allait, à leur bénéfice, dire ce qu’il sait de celui qui sut le mieux parler des « Portes », « l’une énorme, allongeant dans la mer sa jambe de géante, l’autre, en face, accroupie et ronde… » Et il en sait long ! Mais ce que M. Lindon voulait souligner davantage, c’est la place énorme que, dans l’œuvre de Maupassant, occupe le Pays de Caux et singulièrement Étretat. C’est très tôt d’ailleurs, il avait 18 ans, qu’il commença par une pièce en vers, la « Légende de la Chambre des Demoiselles à Étretat », à chanter sa patrie d’adoption. Car, en fait, on n’est pas encore d’accord sur son lieu de naissance. On pense qu’il vit le jour au château de Miromesnil, en août 1850, sans en être très sûr. Ce qu’on sait avec certitude, c’est qu’il fut ondoyé avant d’être baptisé l’année suivante dans l’église de Tourville-sur-Arques. Mais ce que, en tout cas, on ne discute pas et qu’on n’a jamais discuté, c’est son amour pour la plage « arrondie en croissant de lune ».

Sa mère y vint pour la première fois en 1859 et, séparée de son mari, prise peu à peu par le charme du lieu, elle y fit l’acquisition de la villa « Les Vergnies », où elle se retira. Guy de Maupassant s’y plut dans ce « petit village », comme l’écrit Paul Morand, « placé entre deux rides, entre la prairie et la mer, si animée avec ses pêcheurs, ses cordiers, son goudron fumant dans les réchauds, ses filets bruns ornés de flotteurs de liège mangé par le sel, dont l’odeur attire les mouettes qui crient comme des poulies ». Il s’y plut à tel point qu’il décrivit, mille fois son cadre dans ses ouvrages ; que plus tard, enfin, lorsque les droits d’auteur de la « Maison Tellier » le lui permirent, il fit bâtir sur un terrain que lui offrit sa mère sa propre maison qu’il nomma « La Guillette ».

Hier donc, après la brillante conférence de M. Lindon qui s’attacha encore à situer la grande amitié qui réunissait Flaubert et Maupassant, après que M. Toutain-Revel, président des Amis de Flaubert, eut répété les exemples qui traduisent cette amitié féconde et qu’il eut montré surtout l’admiration voisine de la variation que Maupassant professait à l’endroit de l’auteur de « Madame Bovary », on se rendit aux deux endroits pieusement conservés.

Ce fut d’abord la visite de la villa « Les Vergnies », sous la conduite de l’actuelle propriétaire, Mme De Payer qui, elle aussi, s’est fait un nom dans la littérature. Sous l’if planté par Maupassant lui-même et que, dit-on, il arrosa chaque jour, sous cet if dont on put emporter de frêles rameaux taillés par le sécateur du garde-champêtre Dupeyroux, M. Lindon lut un poème de Maupassant. Puis certains « pèlerins » allèrent s’asseoir un instant dans le fauteuil où aimait à se reposer le fier normand. Parmi ceux-ci, on reconnaissait MM. Andrieux, secrétaire ; René Sénilh, trésorier des Amis de Flaubert ; Mme André Alvernhe, vice-présidente des Amis de Maupassant ; MM. Cogny, secrétaire général des Amis de Zola ; Dubuc, président de l’Émulation Libre des Écrivains ; Tilmans, artiste peintre ; Mlle Anna Marcher, de l’University of Maryland ; M. Lebon, président du Syndicat d’Initiatives d’Étretat ; M. et Mme Siboulet-d’Etchessary, de Bourges.

Dès lors, on reprit la route vers « La Guillette », la maison qu’avait longtemps rêvée le romancier de « Pierre et Jean » et sur laquelle veille aujourd’hui Mme Mitchell. Là encore rien n’a changé et l’on pourrait s’attendre à chaque pas à rencontrer celui que la Normandie est fière d’avoir fait naître.

Après une courte visite à la plage, les Amis de Maupassant se retrouvèrent autour d’un vin d’honneur servi à la mairie. L’après-midi, ils se rendaient à Fécamp où vécut la famille Maupassant, puis, plus loin, au nouveau mémorial Victor Hugo et à la villa de Paul Meurice.

GRAY-MONVIL.

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Au Pavillon de Croisset

Le Mercredi 10 Juillet 1957

Un groupe d’étudiants Nîmois, venu visiter Rouen, sous la conduite du Syndicat d’Initiatives de Rouen, s’est rendu, le mercredi 10 juillet, au Pavillon Flaubert, à Croisset.

La cinquième journée rouennaise des étudiants Nîmois s’est achevée, ce mercredi 10 juillet, au clair de lune, sous les cyprès qui dominent le jardin de Flaubert, à Croisset.

Roger Parment, vice-président du Syndicat d’Initiatives, prononça l’introduction à cette rencontre chez le grand Flau, rappelant sa vie, sa mort dans l’oubli des Rouennais et brossant pour les jeunes gens un portrait d’Emma Bovary.

Puis, sous la direction souriante et experte de son animateur, M. Arinal, le Groupe folklorique de Haute-Normandie présenta un délicieux récital de chansons et de danses des deux provinces : la Normandie et la Provence. M. Arinal avait, en effet, eu la touchante attention de rechercher les points communs qui unissent, en dépit des distances, les deux folklores.

M. Poulain, maire de Canteleu, porta un toast et invita l’assistance à sabler le Champagne sous les ombrages de ce gueuloir où Flaubert venait se lire à lui-même, à haute voix, les phrases burinées dans son cabinet de travail.

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Le Dimanche 18 Août 1957

Le dimanche 18 août 1957, après un séjour de plusieurs jours à Rouen, un groupe de cinquante universitaires de vingt Nations, patronnés par l’Alliance Française, s’est rendu au Pavillon de Croisset, où les pèlerins ont visité avec le plus vif intérêt le Musée Flaubert et les jardins.

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DISTINCTIONS

M. René Delrieu, Inspecteur d’Académie à Rouen, a été promu, en mai 1957, Officier de la Légion d’Honneur.

M. Delrieu représente à Rouen et dans notre région normande M. le Recteur de l’Université de Caen. Il s’est toujours intéressé à notre Société, dont il est membre, et à ses efforts.

Nous adressons à M. Delrieu nos très respectueuses félicitations.

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M. Pierre Lambert, secrétaire général de la Société J.-K. Huysmans et l’un des lettrés les plus actifs de notre époque, vient d’être promu chevalier de la Légion d’Honneur.

M. Lambert est non seulement un de nos fidèles adhérents, mais il ne cesse de consacrer son activité au service de la mémoire du grand écrivain Huysmans et de l’illustration de son œuvre.

D’origine normande, M. Pierre Lambert, qui exerce à Paris, n’a jamais oublié son pays d’origine. Et c’est pour nous une double raison que de lui adresser nos compliments bien sincères à l’occasion de sa promotion si justifiée.