Inondations – Mariage – Faustine de Bouilhet

Les Amis de Flaubert – Année 1958 – Bulletin n° 12 – Page 52-56

 

Sommaire : Les inondations de la Seine à Rouen en septembre-octobre 1866, p. 54 ‒ Le mariage de la fille du Préfet en 1869, p. 55 ‒ 14 novembre 1866 : lettre de Flaubert à George Sand à propos d’un Conseiller à la Cour d’Appel, p. 55 ‒ Faustine et La Conjuration d’Amboise de Bouilhet ont-ils été représentés à Rouen ? p. 56

Inondations

III. — En septembre-octobre 1866, il y a eu des inondations de la Seine, Est-ce que Rouen (et Croisset) ont souffert de ces inondations ? Les journaux de Rouen en parlent-ils ?

RÉPONSE. — Il est exact qu’en septembre-octobre 1866, il y a eu, mais dans toute la France de l’Ouest et principalement dans la région de la Loire, de sérieuses inondations. Il a été ouvert (voir Le Moniteur de l’époque) une souscription nationale. L’Empereur s’est inscrit pour 100.000 francs, l’Impératrice pour 50.000 francs, le Prince impérial pour 10.000 francs. Sollicitée, la Ville de Rouen a souscrit 5.000 francs et chacun des maire et adjoints pour 300 francs. Le département de la Seine-Inférieure a centralisé, pour notre région, les souscriptions.

Les inondations n’ont affecté que sommairement Rouen et Croisset. La crue de la Seine est d’ailleurs annuelle, bien qu’en général plus tardive, de janvier à Mars. Les journaux de Rouen de fin septembre (notamment 26 septembre) et du début octobre 1866 parlent, mais à titre épisodique, des inondations dans la région rouennaise qui ont été certainement moins graves que dans le bassin de la Loire.

Mariage

IV. — En janvier 1869, Gustave Flaubert assiste au mariage de la fille du Préfet. Les journaux de Rouen en ont-ils parlé ? Qu’en est-il de ce mariage ?

RÉPONSE. — Le jeudi 7 janvier 1869, Mlle Marie Leroy, seconde fille de M. le baron Leroy, préfet de la Seine-Inférieure et sénateur, épousait M. Henry Faton de Favernay, sous-préfet de l’arrondissement de Mayenne. Le contrat de mariage avait été établi par Me Guébert, notaire à Rouen, le 6 janvier, et le mariage civil avait été célébré le jour même, jeudi 7 janvier, à onze heures, par M. Lefort, adjoint. Le mariage religieux eut lieu à la Madeleine, à onze heures trente. Les journaux de Rouen relatent, en termes flatteurs, la cérémonie (voir notamment le Journal de Rouen du vendredi 8 janvier 1869).

La famille Flaubert assistait à la cérémonie. Le contrat de mariage, reçu comme dit ci-dessus par Me Guébert, notaire, le 6 janvier 1869, porte un nombre très important de signatures, parmi lesquelles celle des Flaubert.

V. — le 14 octobre ou plutôt le 14 novembre 1866, Flaubert écrit à George Sand pour lui dire qu’il va envoyer sa nièce chez un Conseiller à la Cour d’Appel pour plaider la cause d’un protégé de George Sand et ajoute : « Le seul Conseiller de notre connaissance intime est aujourd’hui de noce et par conséquent inabordable… ». Dans cette même lettre il dit qu’il a « un ami fort lié avec le Président… ». Quel est ce Conseiller ? Quel est cet ami ? Quel est ce Président ? Et quel est ce mariage ?

RÉPONSE. — Les seules indications trouvées sont celles-ci. Le 14 octobre 1866 était un dimanche ; il n’y eut pas de mariage ce jour-là et la lettre semble pouvoir être datée du 14 novembre 1866. Le 17 novembre 1866 a été célébré à Rouen le mariage de François Merry-Delabost, docteur en médecine (famille très connue à Rouen et qui a laissé une belle descendance) avec Mlle Émilie Wasson, fille d’un industriel de Rouen. Le contrat de mariage a été signé le 14 novembre 1866, chez Me Le Prévost de la Moissonnière, notaire à Rouen ; parmi les témoins au mariage figure le Docteur Achille Flaubert, frère de Gustave, alors chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu, et M. Édouard Couvet, avocat général à la Cour Impériale de Rouen. Est-ce le « Conseiller » dont parle Flaubert à George Sand ? Nous ne saurions le dire. Parmi les Conseillers à la Cour d’Appel siégeant à l’époque (1866), trois noms doivent retenir l’attention :

Celui de Clogenson, que la famille Flaubert connaissait depuis 1856 ; mais il y a lieu de remarquer qu’il cessa ses fonctions à cette époque (1856) et qu’en 1866, il était Conseiller honoraire.

Celui de Censier, à l’époque envisagée (1866), Conseiller en exercice, que la famille Flaubert connaissait depuis février 1861 et qui vint dîner pour la première fois à Croisset le 29 juin 1868 (voir la correspondance Flaubert).

Et surtout celui de Alexandre Heuzey, qui fut le père de Léon Heuzey, le professeur helléniste de l’Institut de France, ami intime de Gustave Flaubert, Alexandre Heuzey était non seulement lié avec la famille Flaubert, mais il en était apparenté. Son nom figure d’ailleurs sur la lettre de faire part du décès de Gustave Flaubert (8 mai 1880). Il était Conseiller à la Cour d’Appel de Rouen en 1866.

Le Président de la Cour d’Appel était Boivin-Champeaux.

 

Pièces de Bouilhet

VII. — Est-ce que Faustine, de Louis Bouilhet, et la Conjuration d’Amboise ont été, après Paris, représentées à Rouen ?

RÉPONSE. — Faustine a été représentée à Paris, le 20 février 1864 (Porte Saint-Martin), et n’a pas été représentée à Rouen. La Conjuration d’Amboise a été représentée à Paris (Odéon) le 30 octobre 1866 (ce fut un gros succès : 105 représentations) et jouée à Rouen (Théâtre des Arts) le samedi 8 décembre 1866 (14 représentations). On sait la part importante prise par Gustave Flaubert et « quarante rouennais » pour assurer le succès de la Conjuration d’Amboise.

(Renseignements recueillis par M. le chanoine Letellier, auteur d’un Louis Bouilhet, et par M. René Sénilh, trésorier de la Société).