La tombe de Madame Bovary à Ry.

Les Amis de Flaubert – Année 1958 – Bulletin n° 12 – Page 53

 

La tombe de Madame Bovary à Ry.

Dans le Cerf-Volant (Cahier Littéraire trimestriel, publié à Paris) de janvier 1958, est posée la question suivante :

En septembre dernier, par un jour pluvieux, je me suis arrêté à Ry. Dans l’herbe verte, à gauche du porche de l’église, j’ai lu sur une pierre grise : Delphine Delamare. Pierre et gravure semblent anciennes. Or, dans un guide d’une collection bien informée, éditée en 1952, j’ai lu : « la pierre tombale a disparu ».

Petite énigme que « Les Amis de Flaubert » voudront peut-être m’expliquer ? Car le Bulletin de cette Société parle de notre grand écrivain avec vénération et rectifie, non sans véhémence, les erreurs que l’on commet à ce sujet. Dans l’article qu’il publie relativement à l’exposition du Centenaire de Madame Bovary, je vois que parmi les documents iconographiques exposés figure la pierre tombale de Delphine Couturier, à Ry. La question reste donc posée.

RÉPONSE. — La pierre dont s’agit est une pierre triangulaire, en forme de toit, et qui couvre les tombes familiales. Elle est effectivement déposée à gauche de l’église de Ry, sur le tertre gazonné où elle a été d’ailleurs ramenée tout récemment. Mais ce n’est point la pierre tombale de Delphine Couturier, mais celle de Louise Mutel, la première épouse de Benoist-Eugène Delamare, née à Fresne-le-Plan, le 14 octobre 1807 et décédée à Ry, sans enfants, le 12 décembre 1837.

Cette pierre triangulaire porte sur l’une de ses faces l’inscription suivante : « Souvenez-vous dans vos prières de Madame Delamare née Louise Mutel, à Fresne-le-Plan, le 14 octobre 1807, décédée à Ry le 12 décembre 1897 ».

Et sur l’autre face : « Madame Veuve Grandin née Émilie Mutel, décédée à Ry le 2 février 1891, munie des Sacrements de l’Eglise. Priez Dieu pour le repos de son âme » (1).

La pierre triangulaire en forme de fer de lance, dont plusieurs clichés ont été reproduits (un notamment à l’Exposition Centenaire Bovary au Musée Flaubert de l’Hôtel-Dieu de Rouen : décembre 1956-janvier 1957, et qui était effectivement la pierre tombale de Delphine Couturier, seconde épouse Delamare, décédée à Ry le 6 mars 1848, a disparu comme la tombe elle-même, mise en morceaux, dit-on, lorsque le cimetière fut assaini. Nous n’avons aucune nouvelle précise sur la date d’enterrement et sur le sort de cette pierre tombale.

En résumé, ce que le voyageur du « Cerf Volant » a vu à Ry, en septembre 1957 « par un jour pluvieux », n’est pas la pierre tombale de Delphine Couturier, mais celle de Louise Mutel.

Renseignements recueillis de M. Vérard

président du Comité Bovary de Ry,

et par M. Toutain-Revel, président des Amis de Flaubert.

 

(1) Émilie Mutel, soeur, vraisemblablement, de Louise Mutel.