Le portrait de Mme Edma Roger des Genettes

Les Amis de Flaubert – Année 1958 – Bulletin n° 13 – Page 37

 

Au Pavillon Flaubert de Croisset

Le portrait de Mme Edma Roger des Genettes

Le portrait de Mme Edma Roger des Genettes, du peintre Lefébure, qui fut, il y a plusieurs années, donné au Musée de Croisset, par Pol Neveux, de l’Académie Goncourt, vient, après une longue éclipse, de regagner le Pavillon Flaubert. (Voir Paris-Normandie du samedi 10 mai 1958).

On sait les tendres sentiments qui unissaient la petite-fille du Girondin Valazé, l’épouse de Charles-Roger des Genettes, et Gustave Flaubert. L’un et l’autre n’ont point caché ces sentiments, encore que le romancier désignait parfois sa gracieuse partenaire du nom plutôt irrévérencieux de : « La mère Roger ».

Mme Roger des Genettes habita, à la fin de sa vie, Villenauxe-la-Grande, dans l’Aube, non loin de Nogent-sur-Seine et aux confins de la Champagne. Ses derniers jours furent attristés par une grande misère, et sa maison même, où elle demeura et mourut, fut malencontreusement déformée pour ne point dire anéantie.

Réjouissons-nous de ce précieux retour et souhaitons que les autres souvenirs qui, avant la guerre de 1939, garnissaient abondamment le Pavillon, y soient prochainement réinstallés à leur tour.

Sur le même sujet : En regardant deux yeux bleus, L’Écho de la Mode du 14 septembre 1958 (n° 37), et sous la rubrique « Noté sur mon bloc », publie le bref écho suivant :

« Étant chez les amis à Rouen, j’ai voulu retourner dans ce fameux « pavillon de Croisset », seul vestige de la maison où Flaubert écrivit Madame Bovary et Salammbô. J’ai revu avec plaisir le portrait de Flaubert enfant, des autographes, une mèche de ses cheveux, son mouchoir, le verre dans lequel il but quelques gouttes d’eau peu avant sa mort. Mais il y avait quelque chose de nouveau : une toile représentant un visage de femme, cheveux bruns, séparés par une raie au milieu, un nez long et droit, aux narines épanouies, signe de sensibilité, aux yeux bleus, d’un vrai bleu de fumée de cigarette.

» — Qui est-ce ? ai-je demandé.

» — Le portrait de Mme Roger des Genettes, qui tenait salon au siècle dernier, salon fréquenté jusqu’à sa mort par les plus illustres écrivains et notamment Victor Hugo et Flaubert. À tous ceux qu’elle accueillait, elle a donné un réconfort précieux.

» Et je regarde ce portrait avec attendrissement ».