1959 Comptes rendus littéraires

Les Amis de Flaubert – Année 1959 – Bulletin n° 14 – Page 61

 

Comptes rendus littéraires

Eulalie fut-elle aimée par Flaubert ? p. 61‒ Un Essai sur Flaubert par V. Tchalmaïev, dans Études Soviétiques, n° 98, mai 1956, p. 61-62 ‒ Madame Bovary. Étude et analyse par René Dumesnil, 1958, p. 62-63

À la Radiodiffusion française, p. 63-64

Bibliographie, p. 70-71

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Compte rendus littéraires p. 61

Eulalie fut-elle aimée par Flaubert ?

Sur un sujet déjà connu — les amours d’Eulalie Foucaud avec Gustave Flaubert — M. Émile Henriot, dans Historia de décembre 1958, n° 145, a publié un intéressant article. On sait qu’Eulalie Foucaud, dite Foucaud de Lenglade, fut « connue » de Gustave Flaubert, à Marseille, en septembre 1840. M. Émile Henriot reprend, à son compte, cette indication qu’Eulalie Foucaud est, peut-être, inhumée au Cimetière Monumental de Rouen « sous une dalle qui porte son nom : Eulalie ».

Encore une énigme !

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Un Essai sur Flaubert, par V. Tchalmaïev,

dans Études Soviétiques, n° 98, mai 1956

Avec quelque retard, signalons un bref mais vivant article au chapitre Liens culturels franco-soviétiques de cette Revue. C’est surtout une critique littéraire de l’ouvrage paru à l’époque (1956) d’Alexandre Ivachtchenko, intitulé : Gustave Flaubert, Contribution à l’histoire du réalisme en France, ouvrage de 500 pages, grand format, comprenant quatre chapitres consacrés respectivement à l’analyse des romans : Madame Bovary — Salammbô — L’Éducation Sentimentale, et le quatrième chapitre, consacré à la « Méthode de Flaubert ».

Alexandre Ivachtchenko admire l’œuvre de Flaubert (sauf les chapitres de L’Éducation Sentimentale, où l’écrivain ne paraît guère aimer la Révolution de 1848 — mais cela s’explique, dit l’écrivain soviétique, car Flaubert, qui détestait les bourgeois aux « idées reçues », demeura longtemps leur prisonnier, étant lui-même de famille bourgeoise — et son style. Le critique russe rappelle que Flaubert, au dire de Maupassant, déclarait qu’il n’est qu’un seul mot, substantif ou adjectif, pour décrire une chose, qu’un véritable écrivain doit connaître et divulguer ce mot et que toute entorse à cette règle ne peut qu’affaiblir le style.

L’article de V. Tchalmaïev est un excellent éloge de Flaubert et de son œuvre.

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MADAME BOVARY, de Gustave Flaubert — Étude et Analyse, par René Dumesnil — Collection Les Chefs-d’œuvre de la Littérature expliquée — Éditions MELLOTTÉE, Paris, 1958.

Dans cette Collection, vient de paraître un important ouvrage de M. René Dumesnil, qui donne en larges extraits une partie du texte du célèbre roman.

L’ouvrage est divisé en trois grandes parties, comprenant chacune plusieurs chapitres. La première traite de la genèse de l’œuvre ; la seconde évoque l’œuvre en elle-même et contient des extraits parfaitement découpés du roman : le troisième situe Madame Bovary devant les contemporains et la postérité. C’est un solide travail d’exégèse qu’on a intérêt à lire et à conserver.

Il y a bien, notamment dans la première partie, quelques erreurs de lieux ou de dates, facilement corrigibles au cas éventuel d’une nouvelle édition et que nous relevons au hasard de la lecture. Ry est indiqué comme situé sur le canton de Buchy, alors qu’il est situé sur celui de Darnétal, page 64. – Delphine Delamare, quand elle se maria, avait 17 ans 1/2, comme née le 17 février 1822, alors que le mariage eut lieu le 7 août 1839 et non pas, « dans sa vingt-troisième année », comme indiqué page 67. — Louis Campion ne s’est pas suicidé sur les boulevards parisiens en 1852 (page 67), mais est mort de tuberculose pulmonaire, à l’Hôpital de la Charité, à Paris, le 5 janvier 1868, et rien n’indique dans sa courte vie qu’il fut, tel Rodolphe, amoureux ou même l’amant de Delphine Delamare. — Le « clerc de notaire » non nommé est en réalité le sieur Narcisse-Stanislas Bottais, qui fut clerc de l’étude Leclerc, à Ry, jusqu’en 1843, puis notaire à Formerie (Oise), de 1843 à 1884 et mourut à Beauvais, non pas en 1905, comme indiqué page 68, mais le 23 octobre 1888, et duquel rien n’indique qu’il fut tel le Léon du roman, amoureux de Delphine Delamare. — Les deux tableaux de Joseph Court qui se trouvent au Musée des Beaux-Arts de Rouen ne représentent pas Delphine Delamare, mais Mme Joseph Court, l’épouse du célèbre peintre, grand ami des Flaubert, et il est peu probable que Flaubert s’en soit inspiré pour peindre Emma (pape 72), ce qui n’eût pas été flatteur pour le peintre. Enfin, si Louise Pradier eut une existence romanesque certaine, les ennuis financiers de Emma Bovary (pour lesquel Flaubert consulta l’avocat rouennais Nion et le notaire parisien Duplan) et qui donnèrent tant de mal à l’écrivain, n’ont que peu de rapports avec les malices de l’épouse du grand sculpteur Pradier, qui se contentait d’imiter la signature de son époux.

Toutes ces petites remarques, strictement objectives, ne sauraient diminuer un ouvrage dont il faut se plaire à reconnaître la valeur d’exégèse, la richesse documentaire et l’opportunité de parution.

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Bibliographie

I. OUVRAGES.

Gustave FLAUBERT. L’Éducation Sentimentale. Edition établie et accompagnée d’une iconographie par René Dumesnil (Club des Libraires de France. Collection Livres de Toujours – 31), Club des Libraires de France, 1958.

Un Essai sur Flaubert, par V. Tchalmaiev, dans Études Soviétiques, n° 98, mai 1956.

Madame Bovary. — Gustave FLAUBERT. — Étude et analyse par René Dumesnil. Collection « Les Chefs-d’œuvre de la Littérature expliquée »,Édition Mellottée, Paris, 1958.

II. ARTICLES.

BILLY (André). — Flaubert était aussi Champenois. Figaro Littéraire, 12 juillet 1958.

BOSQUET (Gaston). —En marge de Madame Bovary. – Delphine Delamare s’est-elle suicidée ? — La Presse Médicale, 30 avril 1958.

COTTIN (Madeleine). — Sur un manuscrit de Flaubert : Passion et Vertu entré à la Bibliothèque Nationale. — Bulletin des Bibliothèques de France, mai 1958.

ENGSTROM (Alfred-G.). — Vergil, Ovid and the cry of fate in Madame Bovary. — Philological Quarterly, Janvier 1958.

GlRODON (Jean). — Eça de Queiroz. Flaubert et Anatole France (les sources françaises de l’œuvre de Eça de Queiroz). Bulletin des Études Portugaises et de l’Institut Français au Portugal, 1957 (1958).

GUISAN (Gilbert). — Flaubert et la Révolution de 1848. — Revue de l’Histoire Littéraire de la France, Avril-Juin 1958.

LAMBIOTTE (Auguste). — Les exemplaires sur grand papier de Salammbô et de l’Éducation Sentimentale. — Le Livre et l’Estampe, numéros 13 et 14. Voir aussi le présent Bulletin des Amis de Flaubert, n° 14.

STOLTZFUS (Ben F.). — The nemotic love of Frédéric Moreau. — French Review, mai 1958.

WATANABÉ (Takaaki). — Flaubert dans ses œuvres de jeunesse (en japonais. Résumé analytique en français). Regards. Revue de la Littérature et de la Langue française. Université de Tohoku, n° 2, 1958.

HENRIOT (Émile). — Eulalie fut-elle aimée par Flaubert ? — Revue Historia, n° 145, décembre 1958.

MARCEAU (Félicien). — Emma Bovary femme fatale. La raseuse. Revue de Paris, janvier 1959.