À la Radiodiffusion française

Les Amis de Flaubert – Année 1959 – Bulletin n° 14 – Page 63

À la Radiodiffusion française

À fin décembre 1958, nous apprenions que les émissions normandes À l’Écoute de la Normandie qui passaient régulièrement tous les mardis matins, de 8 h. 10 à 8 h. 30, sur la Chaîne Nationale France I (ex-Paris-Inter), seraient supprimées (remplacées par d’autres émissions musicales, commerciales ou autres… genre Radio-Luxembourg) et refoulées sur les postes régionaux : Louvetot et Caen.

Avec plusieurs Sociétés littéraires, la Société des Amis de Flaubert protestait contre cette éviction de la Chaîne Nationale, décidée par les Services parisiens de la Radiodiffusion Française, lesquels, une fois de plus d’ailleurs, faisant fi de la province — cette province qu’ils ont toujours considérée un peu comme la lune ! — et étouffant sa voix au profit d’une quelconque musique enregistrée.

Le refoulement sur les postes régionaux Caen et Louvetot était d’autant plus une éviction certaine que ces postes ne permettent pas d’être captés au-delà de la Normandie (pour Louvetot, à cause de ses ondes moyennes ; pour Caen, à cause de sa modulation de fréquence qui nécessite des récepteurs spéciaux).

« Paris-Normandie » (où nous comptons avec M. Yvon Pailhès un jeune et vaillant, défenseur de la province normande) accepta d’insérer notre protestation, le mardi 23 décembre 1958. Elle était conçue en ces termes :

« Attachée au régionalisme et à la diffusion de toutes activités provinciales, normandes surtout, la Société des Amis de Flaubert regrette que les émissions radiophoniques « À l’Écoute de la Normandie » soient désormais exclues de la Chaîne d’intérêt national France I (Paris-Inter) pour être refoulées sur les deux seuls postes normands Caen et Louvetot, pratiquement inaudibles de France et d’Outre-Mer.

La Normandie, avec sa floraison littéraire et artistique intense et de tous temps, mérite toute autre chose que cet ostracisme de la capitale et souhaite vivement que cette décision prise récemment par la Radio-diffusion Française soit reconsidérée par l’Administration responsable ».

Une lettre fut écrite à M. Christian Chavanon, directeur de la Radiodiffusion Française (23 décembre 1958) et communiquée aux députés de la région rouennaise. MM. Marie, Dusseaulx, Morisse, Tony-Larue.

Par lettre du 5 janvier 1959, M. A.-C. Brun, directeur des Services Artistiques de la Radiodiffusion Française, voulut bien nous répondre :

« 1° Que l’émission à l’Écoute de la Normandie était effectivement supprimée sur Chaîne Nationale France I, à dater du 1″ janvier 1959 ;

» 2° Qu’elle ne pouvait être reprise sur Chaîne Nationale France II — on y avait paraît-il songé — à cause des engagements actuels dans le domaine de l’Information ;

» 3° Que l’émission à l’Écoute de la Normandie serait diffusée chaque jeudi, de 12 h. 10 à 12 h. 30 (20 minutes de durée comme autrefois sur France I, Chaîne Nationale) après l’émission des informations normandes de 12 heures à 12 h. 10, ces deux émissions assurées par les deux postes émetteurs, normands Caen et Louvetot ;

» 4° Qu’il était créé, à dater du 1er janvier 1959 et sur France II, une grande émission nouvelle intitulée : « Ce matin en France », durant toute la matinée de chaque mercredi, de 9 h. 16 à 11 h. 53, où, il va sans dire, la Normandie figurera périodiquement à l’égale des autres régions ;

» 5° Qu’il était créé, à dater du 1er janvier 1959 et sur France II, chaque jeudi, de 19 h. 13 à 19 h. 40, sous le titre : « En direct de… » une émission hebdomadaire dont le principe est de permettre à des éléments régionaux de participer directement aux programmes centraux ».

Si ces deux émissions, effectivement (tout au moins en leur principe), paraissent réservées aux activités provinciales, il n’en demeure pas moins que l’émission hebdomadaire normande : À l’Écoute de la Normandie (encore qu’il n’est pas impossible d’admettre que les programmes en eussent dû être améliorés) est supprimée sur Chaîne Nationale ; que la voix de la Normandie — c’est exactement contre quoi nous protestons — pendant cette brève audience de vingt minutes par semaine, accordée autrefois sur France I, ne se fera plus entendre pour les auditeurs situés au-delà de la Normandie (et ils sont légion, qu’ils soient Normands ou non !), puisque du point de vue technique, les deux seuls postes émetteurs chargés désormais de diffuser la voix de la Normandie sont : Caen, dont la modulation de fréquence nécessite hors Normandie des récepteurs spéciaux ; dont ne sont point munis les appareils usuels, et Louvetot, dont les ondes moyennes ne permettent pas la captation au-delà de la région normande.

La voix de la Normandie — et d’ailleurs les autres voix des autres provinces — est étouffée ; c’est contre quoi nous protestons. Une fois de plus, Paris méconnaît la province et les éléments compensateurs (Ce matin en France, tous les mercredis. — En direct de…, tous les jeudis), alors surtout qu’ils ne sont basés sur aucun statut réel, aucune garantie tangible ne peuvent pas remplacer l’émission normande qui frappait avec le plus grand profit toutes les oreilles du monde.

Jacques Toutain-Revel.

N. B. — Ajoutons que MM. Roger Dusseaulx et André Marie, députés de la Seine-Maritime et plus spécialement de la région Rouennaise, avaient bien voulu intervenir vigoureusement auprès des services centraux de la Radiodiffusion Française. Nous les en remercions. Pas de nouvelles des autres parlementaires !

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À la Radiodiffusion Française p. 69

Notre Président M. Jacques Toutain-Revel, invité par les soins de M. Alex Surchamp et de M. Yvon Pailhès à dire quelques mots sur les activités de la Société des Amis de Flaubert, a eu les honneurs de l’interview de la Radiodiffusion Française, le mercredi 25 mars dernier.

M. Toutain-Revel a rappelé sommairement les origines de la Société, ses activités, les buts recherchés, et a indiqué la portée actuellement mondiale du grand nom de Flaubert et de son œuvre. Cet interview sera diffusé sur la chaîne nationale.

Avant le court colloque de notre Président, M. René Herval, Président des Écrivains Normand avait, lui aussi en quelques mots, indiqué l’importance et la qualité de la littérature normande.