Les Exemplaires sur grand Papier de Salammbô

Les Amis de Flaubert – Année 1959 – Bulletin n° 15 – Page 46

 

Les Exemplaires sur grand Papier de Salammbô

Dans le Bulletin n° 14 des Amis de Flaubert, M. Auguste Lambiotte, un de nos fidèles adhérents, a publié un remarquable article sur Les Exemplaires sur Grand Papier de Salammbô et de L’Éducation Sentimentale.

À ce sujet, M. Pierre Macqueron, arrière-petit-fils de Jules Sénard, communique qu’il est en possession d’un des 25 exemplaires sur papier de Hollande de Salammbô, dédicacé par G. Flaubert à son illustre défenseur Jules Sénard.

Il écrit en ces termes à M. Lambiotte.

Le 3 Juin 1959.

Monsieur,

Je savais déjà par mon parent, M. Jean Joubert, que vous vous intéressiez aux exemplaires de Salammbô en grand papier, et je vois dans le Bulletin des « Amis de Flaubert » que vous donnez une liste de ceux dont vous connaissez l’existence.

Je suis possesseur d’un des 25 exemplaires sur papier de Hollande, dédicacé à mon arrière-grand-père, Me Sénard, dans les termes suivants : « À Me Senard, qui est la cause du succès de ma première œuvre, j’offre la seconde avec reconnaissance et humilité, en lui envoyant une longue poignée de main.

» Son tout dévoué et bien affectionné,

» G. Flaubert ».

Cet exemplaire a failli être détruit au cours de la dernière guerre.

Je l’avais déposé dans mon coffre-fort de la Succursale du Crédit Lyonnais de Rouen, pensant qu’il serait en sécurité, mais au cours du mois de mai 1944, la Ville de Rouen a subi des bombardements sévères. Lors de l’un d’eux, la Succursale du Crédit Lyonnais a été très éprouvée. Son directeur et plusieurs employés ont été tués. Les coffres-forts ont été bousculés et le mien est resté plusieurs jours dans l’eau.

Dès qu’il a pu être relevé, j’en ai retiré le volume en question et avec le concours de mes enfants, je l’ai soigné page à page. Actuellement, il est presque intact et spécialement la dédicace n’a pas souffert.

Je vous indique que je descends de Me Senard de la façon suivante : une de ses filles a épousé mon grand-père, Frédéric Baudry, qui était à la fin de son existence, Conservateur de la Bibliothèque Mazarine et membre de l’Institut. Ma mère était la fille de M. et Mme Frédéric Baudry.

Je me félicite de cette occasion d’entrer en rapport avec vous et je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

P. Macqueron.