1961 La vie de notre Société 2

Les Amis de Flaubert – Année 1961 – Bulletin n° 19 – Page 67

 

La Vie de notre Société

Sommaire : Manifestation du Souvenir sur la tombe d’Albert Lambert, p. 67  ‒ Visite-Conférence à l’Exposition de la Société libre d’Émulation, p. 70 ‒ Mercredi 10 mai 1961 : la Société des Amis de Flaubert a tenu à Croisset sa Manifestation littéraire annuelle, p. 71 ‒ Excursion littéraire à Trouville-Deauville. Évocation de Gustave Flaubert et de L’Éducation sentimentale, p. 71-73 ‒ Notre Société demande un arrêt des Autobus et des Autocars devant le pavillon Flaubert de Croisset, p. 73-74 ‒ Notre Société demande que soit évité devant le Pavillon de Croisset un constant encombrement de voitures des usagers des usines de la rive gauche, p. 74

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Manifestation du Souvenir sur la Tombe d’Albert Lambert

Le mercredi 1er mars 1961 — à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du grand tragédien Albert Lambert fils, né à Rouen et décédé à Paris — s’est tenue à Rouen, au Cimetière Monumental une Cérémonie du Souvenir, devant la tombe de la famille Lambert et où se trouve inhumé le grand tragédien, doyen de la Comédie Française.

Les plus hautes personnalités littéraires et artistiques de Rouen étaient présentes à la Cérémonie qui fut émouvante et brève.

Le souvenir des Lambert, père et fils, est tellement lié à la Société des Amis de Flaubert — l’un ou l’autre et même parfois l’un et l’autre assistaient aux manifestations annuelles de la Société — que notre Société a cru opportun de s’associer au pieux hommage rendu à la mémoire d’Albert Lambert.

M. Jacques Toutain-Revel, président de la Société, assistant a la cérémonie, a déposé sur la tombe une gerbe de fleurs.

 

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Visite-Conférence à l’Exposition de la Société Libre d’Émulation

Le mardi 18 avril 1961, la Société Libre d’Émulation a tenu sa réunion mensuelle à l’Exposition Flaubert-Bouilhet.

La visite a été entièrement guidée par M. André Dubuc, président de la Société Libre qui, avec le plus grand talent et la plus complète érudition, a commenté cette manifestation littéraire devant un public particulièrement attentif.

 

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Le Mercredi 10 Mai 1961, la Société des Amis de Flaubert a tenu à Croisset

sa Manifestation Littéraire annuelle

Le mercredi 10 mai 1961, la Société des Amis de Flaubert a tenu, à Croisset, sous la présidence de M. Pierre Chanlaine, président de la Société des Écrivains Combattants, sa manifestation littéraire annuelle.

Cette cérémonie s’est tenue à l’usage dans d’excellentes conditions devant un public choisi d’amis du grand Écrivain et d’admirateurs de son œuvre.

Deux allocutions ont été prononcées : l’une par M. Jacques Toutain-Revel ; l’autre par M. Pierre Chanlaine :

II y a un siècle, Flaubert publiait Salammbô. Ce fut pour M. Toutain l’occasion d’évoquer la longue, la dure, l’éclatante genèse du grand roman ; il dit les huit mois de travail passés sur le chapitre VII et les phrases sonores hurlées dans le « gueuloir » ; il évoqua les scrupules du grand écrivain : « Quand on lira Salammbô, j’espère qu’on ne pensera pas à l’auteur ». Il rappela combien, pour une fois, Flaubert s’était trompé, puisque tout ce paysage est encore imprégné de sa présence.

M. Toutain conclut sur un vif hommage rendu à M. Pierre Chanlaine.

Dimanche était la veille du 81e anniversaire de la mort de Flaubert. M. Pierre Chanlaine évoqua donc ce 8 mai 1881, puis il analysa avec une finesse faite de clarté et d’admiration, l’art de l’écrivain ; il souligna la fusion, chez lui féconde, du lyrisme et de la tristesse, du souci d’exactitude et de l’imagination créatrice, de l’art descriptif, somptueux, touffu et du récit portant sa pleine charge d’émotion. Tout cela chez un homme qui, s’ennuyant dans son siècle, se tourna volontiers vers le passé tout en sachant s’intégrer à son époque et réaliser cette œuvre exemplaire.

Flaubert évoqué par le verbe le fut ensuite par les témoignages tangibles réunis à l’intérieur du Pavillon que visitèrent ses amis.

Après la manifestation a pris corps une très intéressante excursion à la Neuville-Champ-d’Oisel où est inhumée la famille Le Poitevin et particulièrement Alfred Le Poitevin, l’ami de jeunesse de G. Flaubert, l’auteur de Bélial, celui dont la perte prématurée, en 1848, causa à Flaubert une peine profonde. On se recueillit sur les tombes, on visita l’église puis le cortège, en regagnant Rouen, s’arrêta à Bonsecours devant la tombe de J.-M. de Heredia.

 

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Excursion Littéraire à Trouville-Deauville.

Évocation de Gustave Flaubert et de l’Éducation Sentimentale

Le dimanche 2 juillet 1961, la Société des Amis de Flaubert avait organisé un périple littéraire et touristique dans la région de Trouville-Deauville qui a remporté le plus grand succès.

Les participants à l’excursion étaient nombreux. Après un premier arrêt à Beuzeville (Eure), où les voyageurs, reçus par M. le chanoine Le Prieur, admirèrent les admirables vitraux du maître Decorchemont et entendirent de la musique d’orgue jouée par Monique Devernay, ils joignirent la salle des fêtes de Deauville où se tint l’Évocation Sentimentale de Flaubert, suivant le titre exact et heureux choisi par le Docteur Galérant, auteur du scénario.

La presse, qui assistait à cette réunion, relate ainsi la cérémonie :

À Deauville, dans l’élégante salle des fêtes, les Amis de Flaubert, venus de Rouen, ont assisté, hier matin, à la première représentation d’une conférence hors-série, écrite par le Dr Galérant, dite et jouée par Jean Chevrin et les comédiens de Bellegarde.

Cette « évocation sentimentale » de l’auteur de Madame Bovary était illustrée de nombreuses photographies, de portraits et de reproductions de ses manuscrits. Comme ces images se succédèrent sans interruption pendant que se déroula le texte enregistré sur un magnétophone, c’est à un véritable film que les Amis de Flaubert assistèrent.

Le conférencier, pour sa part, suivait paisiblement le spectacle dans le fond de la salle. Il en était ainsi témoin, au même titre que les autres Flaubertistes. Il n’en apprécia que mieux l’intérêt porté à son ouvrage par ses invités.

Le Dr Galérant avait circonscrit son évocation à la période de la vie de Flaubert qui se rattache à Deauville et à Trouville.. Il utilisa fréquemment les textes de Flaubert, puisés, les uns dans sa correspondance, les autres dans ses œuvres de jeunesse. Il eut également recours aux confidences écrites de ses amis, éventuellement de ses amies.

Le Dr Galérant fit surgir avec délicatesse la précieuse figure d’Élisa.

Flaubert avait vingt-trois ans. Pour elle, il rêva gloire et fortune. Quand il obtint tout cela, Élisa n’était plus là. Nous avons plus loin entrevu Louise Collet, belle et intelligente, Poétesse couronnée par l’Académie Française pour des vers de la meilleure veine.

Ultime silhouette féminine de cette évocation qui fut aussi sentimentale qu’elle avait promis de l’être, apparut Mme Schlésinger. Elle dut se retirer dans le Wurtemberg, loin de « l’ami », loin de Deauville. Les forêts d’au-delà du Rhin, lui rappelaient amèrement les bois de Saint-Gatien. Sa fille épousa un homme du pays. Son fils rentra en France. Sa solitude lui pesa beaucoup. Ce passage toucha profondément l’auditoire.

Tout cela était interprété avec sensibilité par Jean Chevrin et ses comédiens de Bellegarde. J’ai cru reconnaître au hasard les voix de Françoise Saint-Cyr et de Daniel Lesur.

Les documents photographiques de M. G. Weisberger avaient été judicieusement sélectionnés. Il les projeta dans les meilleures conditions pour le public. L’ensemble présente une remarquable continuité.

M. Toutain, président des Amis de Flaubert, remercia toutes ces personnalités. Il y eut un mot de gratitude pour M. Fossorier, maire de Deauville et pour M. Groepler, qui avait prêté le matériel nécessaire à la réalisation technique de ce « film » d’un genre nouveau.

Les Amis de Flaubert quittèrent la Côte de Grâce, heureux d’avoir flâné sur les pas de Flaubert, un maître qu’ils auraient peut-être étonné parfois, mais un maître qu’ils servent avec dévotion et une efficace fidélité.

Roger Parment.

Paris-Normandie, lundi 3 juillet 1961.

 

Après la manifestation littéraire et le déjeuner pris au gré de chacun, les touristes se rendirent au chalet Guttinguer, situé en pleine forêt de Saint-Gatien-des-Bois, près de Pennedepie et à 5 kilomètres de Honfleur — c’est dans ce rustique chalet tout en bois et dans un site enchanteur que se réunissaient autour d’Ulric Guttinguer, le poète romantique bien connu, les hommes de lettres de son époque, depuis Victor Hugo jusqu’à Théophile Gautier, sans oublier les deux Dumas et Gustave Flaubert.

L‘excursion conduisait alors au Carrefour des Rats (sur la route de Pont-l’Évêque à Honfleur) ou de la Porte Rouge où Gustave Flaubert eut sa première attaque nerveuse en janvier 1844.

De ce carrefour, on descendit à Pont-I’Évêque où, fort aimablement reçus par le Docteur Bureau, maire de Pont-l’Évêque, on admira le charmant Hôtel de ville, style Louis XIII. M. le Docteur Bureau conduisit alors le pèlerinage à la ferme de Geffoses qui appartenait à Mme Flaubert mère de l’écrivain, ferme décrite par Gustave Flaubert dans sa célèbre nouvelle Un Cœur Simple et sur le territoire de laquelle vécurent Madame Aubin et sa servante Félicité.

L’excursion ramena à Rouen, en fin de soirée, les participants qui, au cours d’un fructueux périple avaient évoqué si heureusement la mémoire du grand écrivain en des lieux où se déroula la plus grande partie de sa jeunesse tourmentée.

Terminons enfin ce bref compte-rendu, en adressant tout spécialement au Docteur Galérant notre reconnaissance la plus justifiée pour le remarquable travail d’exégèse si magnifiquement réalisé par lui.

 

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Notre Société demande un arrêt des Autobus et des Autocars devant le

Pavillon Flaubert de Croisset

Sur la suggestion de nombreux Flaubertistes adhérents ou non de notre Société, notre président a adressé deux requêtes (en date l’une et l’autre du 12 juillet 1961), la première à M. le Directeur de la Compagnie des Tramways et Autobus de Rouen, la seconde à M. le Directeur de la Compagnie Normande d’Autobus de Normandie, pour leur demander de réserver un arrêt facultatif devant le Pavillon Flaubert de Croisset

La Compagnie des Tramways et Autobus de Rouen a répondu ce qui suit :

19 juillet 1961.

« Vous avez bien voulu nous demander de mettre un arrêt facultatif devant le Pavillon de Croisset. En réalité cette desserte sort de notre zone de coordination et nous faisons seulement deux allers et retours par jour, pour desservir Dieppedalle aux heures matinales et tardives d’entrée et de sortie des ouvriers.

Nous ne pensons donc pas que cet unique service quotidien serait de nature à intéresser les touristes et nous croyons que le mieux serait que vous vous adressiez à la C. N. A. dont c’est en réalité la zone de desserte.

Veuillez agréer…

La Compagnie Normande d’Autobus a répondu ce qui suit :

« Nous accusons réception de votre lettre du 12 courant, nous demandant d’envisager la création d’un arrêt facultatif à Croisset, à proximité du Pavillon Flaubert.

Malgré tout l’intérêt que nous portons à votre Société, et notre désir de vous être agréable, nous ne pouvons répondre favorablement à votre demande : les arrêts supplémentaires ainsi créés soulèvent les protestations des usagers qui voient allonger sans cesse le temps de parcours.

Le Pavillon se trouve à environ 350 mètres de la station de la mairie et il existe un arrêt intermédiaire à environ 100 mètres de la mairie, c’est-à-dire qu’en fait, les touristes n’ont que 250 mètres à faire pour accéder à ce Pavillon.

Veuillez agréer…

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Notre Société demande que soit évité devant le Pavillon de Croisset un

constant encombrement de voitures des usagers des usines de la rive gauche

Notre Société dont le constant souci est de donner au Pavillon de Croisset une physionomie digne du Grand Souvenir qui y habite, a eu son attention attirée par le fait — peut-être compréhensible en soi, mais fâcheux de conséquences — que de nombreux agents des usines de la Rive Gauche de la Seine, et domiciliés sur la Rive Droite (notamment à Canteleu) laissaient stationner en permanence, tout au moins le jour, leurs voitures automobiles, ce qui leur permet peut-être de joindre en quelques pas la vedette automobile qui assure le trajet fluvial entre les deux rives, mais ce qui a le redoutable inconvénient de faire un parc automobile exactement devant le Pavillon, empêchant pratiquement les voitures des touristes d’y accéder et d’y stationner pendant le temps de la visite ; et aussi de donner une impression fâcheuse du paysage au long du fleuve qu’on souhaiterait, pour les raisons aisées à comprendre, évoquer vraiment le Croisset de Flaubert.

Le garage de ces voitures d’agents des usines qui doit, à l’évidence être prévu, pourrait se situer quelques mètres plus en aval ou en amont, ce qui réglerait ce double problème urbaniste et touristique.

Prévenue qu’un arrêté municipal réglerait aisément la question, notre Société a cru utile d’attirer l’attention en ce sens de M. le maire de Canteleu-Croisset (lettre du 3 juillet 1961), en lui signalant que l’administration des Ponts et Chaussées aurait déjà laissé entendre la chose fort possible, et s’offrant même à le réaliser dès que l’Arrêté dont il s’agit serait pris.

Pas de réponse à ce jour à notre lettre. Gardons l’espoir que notre requête sera entendue.

 

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Le courrier de nos adhérents

De M. A. Géniaux, de Nantes (27 novembre 1960)

J’ai lu avec grand intérêt les deux articles de Daniel Brizemur sur Mlle Sophie Leroyer de Chantepie (Bulletins 16 et 17) qui fut une correspondante de Flaubert et le fut aussi de la famille des Mangin, de Nantes, directeurs du National de l’Ouest, puis du Phare de la Loire.

Ces Mangin furent amis de Flaubert, en résidence surveillée à Nantes (1852-1853) ; du Docteur Ange Guépin (1808-1875), et de Borzillon ( ?), d’Angers. Ils étaient un peu plus « à gauche » que lui, d’où brouilles passagères. J’ai, bien connu le dernier de la lignée Marcel Giraud-Mangin, licencié ès-lettres, directeur de la Bibliothèque Municipale et auteur. J’ai eu par ses papiers de famille quelques notes sur Mlle de Chantepie que je vous reproduis :

1863. — Compte rendu d’un livre de Mme Niboyet.

1865. — J’habite Angers (elle parle du théâtre). Mlle Musson se rend à Nantes.

1866. — Je vous envoie mes bons vœux pour vous et pour

Mmes Céline, Rosalie et la chère Gabrielle. (Céline est une sœur de Évariste Mangin et Gabrielle est sa fille).

1867. — Voilà M. Bordillon accablé d’éloges. Ses croyances religieuses étaient entièrement opposées au catholicisme et il disait que ses obsèques seraient civiles. On lui fait pourtant de belles cérémonies catholiques.

1876. — Je prends part au grand malheur qui vous accable à nouveau. Vous allez avoir, vous, cher Évariste, une tutelle à remplir.

Je guette toujours les Fleuriot, à Nantes, afin de les rattacher à la famille de Flaubert.

Recevez mes meilleurs sentiments.

A. Gernoux.

De M. Maurice Haloche (30 avril 1961)

« Je vous enverrai un « papier » sur Hippolyte Taine et un autre sur Jules Michelet qui, vous le savez, eurent des rapports suivis avec Flaubert. Je participerai ainsi à l’intérêt croissant du Bulletin. Je viens de recevoir le Bulletin 18, qui m’a permis de constater que je ne suis pas oublié à Rouen, puisque vous avez bien voulu y publier quatre Échos que je vous ai adressés naguère. Grand merci !

De M. Jean Selleron (2 mai 1961)

Je tiens à vous remercier de m’avoir envoyé le Bulletin 18 de la Société des Amis de Flaubert. La lecture de ce Bulletin atteint son but : on aime mieux Flaubert qui menait le combat contre l’inébranlable sottise qui fait tant de mal aux écrivains et aux poètes.

Soyez assuré…

Merci, merci, chers adhérents et amis, de cette correspondance, si précieuse pour nous.

Aidez-nous !

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Visite à Rouen de Miss Lena L. Mandell, du Wheaton College à Norton (États-Unis d’Amérique)

Miss Lena L. Mandell, professeur au Wheaton College de Norton (États-Unis d’Amérique), avec laquelle notre Société était en correspondance, nous fait l’agréable surprise de venir à Rouen le 18 août 1961, nous rendre une visite qui nous a paru bien brève et se documenter sur G. Flaubert et sur les activités de notre Société. Notre Président s’est fait un devoir et un plaisir de recevoir Miss Mandell (qui avait déjà eu l’heureuse occasion de venir à Rouen il y a quelques années) et de lui donner les renseignements sollicités. Notre aimable visiteuse se propose de faire mieux connaître Flaubert aux États-Unis et en particulier de placer le Bulletin de la Société dans les grandes Bibliothèques publiques d’Amérique.

Nous remercions vivement Miss Mandell de la sympathie qu’elle a bien voulu témoigner à nos efforts littéraires.

 

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Bulletins à réimprimer

Notre Société, sur de nouvelles demandes à ce sujet, envisage toujours de réimprimer les premiers Bulletins et notamment les numéros 1 à 5 inclus.

Elle ne peut le faire que si le nombre des souscripteurs atteint la centaine.

Nous n’avons actuellement qu’à peine la moitié de ce chiffre.

Souscripteurs amis, hâtez-vous de vous faire connaître.