Peut-on dire « se lamenter de » ?

Les Amis de Flaubert – Année 1962 – Bulletin n° 20 – Page 39

 

Peut-on dire « se lamenter de » ?

Aristide, dans sa chronique habituelle du Figaro Littéraire (21 avril 1962), usage et grammaire, écrit :

« … Gustave Flaubert a commis quelques fautes de français devenues célèbres. Mais je ne crois pas qu’il faille retenir contre lui l’expression « II se lamentait de sa vocation arrêtée » qu’une lectrice de Saint-Maur a relevée pour moi dans Madame Bovary, page 70 de l’édition du Centenaire. « Se lamenter de me choque, m’écrit-elle. Hatzfeld et Darmesteter ne donnent, qu’un exemple : ils se lamentent sur son sort ».

Littré, Madame, et Robert en donnent depuis plusieurs autres pour illustrer l’emploi pronominal de ce verbe qui signifie d’abord, certes, se répandre en lamentations, ce qui fait attendre la préposition sur et non de. Mais il signifie aussi (par exagération, nous dit Littré) se plaindre beaucoup, après quoi la préposition de est toute naturelle. Et vu l’analogie (Robert) entre se lamenter et se désoler, pourquoi serait-il interdit de se lamenter d’une vocation arrêtée et permis de s’en désoler ?

Flaubert a raison et la phrase incriminée mérite au contraire d’être retenue comme exemple ».