Lettre du philosophe Alain à Charles Salomon

Les Amis de Flaubert – Année 1962 – Bulletin n° 20 – Page 38

 

Lettre du Philosophe Alain, à Charles Salomon,

du 16 Juin 1916

Du Bulletin de l’Association des Amis d’Alain (n° 14, octobre 1961) :

Alain était alors soigné dans un hôpital pour une entorse et lisait beaucoup.

…Dans Madame de Bovary (ainsi disent les militaires, sans exception), il y a de belles choses : trop peu. J’en copie une ici (page 190). C’est après la lettre du papa Rouault : « …Les fautes d’orthographe s’y enlaçaient les unes aux autres et Emma poursuivait la pensée douce qui caquetait tout au travers, comme une poule à demi-cachée dans une haie d’épines… » Encore, voyez, comme c’est bon de copier, la fin est traînante. Mais ce regard est beau. Rares, je dis, ces belles choses. Je vois pourquoi il y a trop d’esprit (voir Bouvard et Pécuchet). Aussi, semblable à Zola, presque partout il écrit en journaliste : style de gendarme (page 191) …et il manqua consécutivement à trois rendez-vous… « L’arrivée à Youville (Yonville) est un commencement au milieu du livre. L’enfance de Charles écourtée. Emma, ce n’est rien. C’est une brune qui aime d’après les lieux communs. Pécuchet femelle. Telles sont mes pensées de cette heure.