Au pays natal de Maupassant

Les Amis de Flaubert – Année 1964 – Bulletin n° 24 – Page 50

 

Les Méthodes Actives

De l’École de chez nous (tome II, Éditions Subervie, Rodez) nous tirons cette narration d’une élève de Sauqueville près d’Offranville (S.-Mme) Danièle Liska, 13 ans.

Au pays natal de Maupassant

« Sur la route nationale Rouen-Dieppe, entre Sauqueville et Saint-Aubin- sur-Scie, une plaque porte cette inscription : « Château de Miromesnil, lieu de naissance de Maupassant ». C’est là en effet à « Miromesnil en la vallée de Sauqueville » comme on disait autrefois, qu’est né le grand écrivain normand, ainsi qu’en témoigne son acte de naissance enregistré en la mairie de Tourville-sur-Arques, le 5 août 1850, à six heures du soir. L’enfant a été déclaré sous les prénoms de Henry, René, Albert, Guy, le dernier étant devenu le prénom usuel.

Je connais bien ce beau château de Miromesnil à la façade en briques roses qui date du XVIIe siècle, puisqu’il est du style Louis XIII. Je l’ai admiré l’été dernier, alors qu’il était tout fleuri au milieu de pelouses tondues. Guy de Maupassant, dont la famille avait loué le château comme résidence d’été, y est né dans une chambre de la tourelle ouest et l’a quitté à l’âge de trois ans. Je connais aussi la jolie petite chapelle Saint-Antoine, qui se cache sous les grands hêtres qui entourent le château. C’est dans cette chapelle que Guy de Maupassant a été ondoyé le 23 août 1850, et il a été baptisé en l’église paroissiale de Tourville-sur-Arques, le 17 août 1851. J’ai vu aussi le monument élevé à sa mémoire par les soins des « Amys du Vieux-Dieppe » et de l’instituteur d’alors de Tourville-sur-Arques, M. Gabriel Langlet. C’est un joli banc rustique en pierre en forme d’hémicycle, derrière lequel se dresse un fût de colonne surmonté du buste de l’écrivain. J’ai vu également la photographie de Guy de Maupassant sur un très beau livre que M. Maurice d’Hartoy a offert à M. et Mme Dubos, livre dont il est l’auteur et intitulé Guy de Maupassant inconnu. Conseils à une femme de lettres ».

À l’école, ce mois-ci, les petits apprennent une poésie de Guy de Maupassant : La chanson du clair de lune. Maman m’a bien recommandé de ne pas oublier de parler de sa vivante description du marché de Goderville « Sur toutes les routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes s’en venaient vers le bourg, car c’était jour de marché ». Je connais aussi une poésie de lui : Nuit de Neige. Il en a écrit bien d’autres et des romans comme Pierre et Jean, Bel Ami, Une vie, mais surtout, c’est comme le dit M. d’Hartoy « un illustre conteur normand ». Notre instituteur nous a lu en classe La ficelle et nous avons bien ri quand il a pris l’accent cauchois. Et, à cause de son œuvre si  abondante et si puissante, M. O. Mureau l’appelle « un magicien du verbe,un géant qui a traversé la littérature française comme un météore ». C’est pourquoi il est tout comme son illustre parrain Flaubert, l’auteur de Madame Bovary, une des gloires de notre province et une des gloires de notre pays. »

D’un village voisin du pays natal de Maupassant, cette description d’une jeune fille de 13 ans, animée par des maîtres qui sont fiers de leur pays cauchois, méritait largement cette publication dans notre bulletin.