Deux lettres de Louise Colet

Les Amis de Flaubert – Année 1964 – Bulletin n° 25 – Page 36

 

Deux lettres de Louise Colet

M. Jean Fontaine, inspecteur des P.T.T. à Rouen, a eu la bonne fortune de trouver dans un volume non coupé des Amants de Mantes deux lettres de Louise Colet, malheureusement non datées et dont on ignore les destinataires. Il vient de les offrir à la Bibliothèque Municipale de Rouen. Nous les publions, dans l’espoir qu’un de nos lecteurs pourra éclaircir ces deux points.

24, rue Fontaine-Saint-Georges.

Monsieur,

Voilà bien longtemps que je ne vous ai vu et que je n’ai pas eu de vos nouvelles. Mais comptant toujours sur vos sentiments bienveillants, je viens vous demander de me rendre un petit service. Avant de faire mon voyage dans le Midi, c’est-à-dire les premiers jours du mois d’août, je vis M. Charpentier, il me dit alors qu’à mon retour il mettrait sous presse le volume de mes poésies ; ce devait être fin septembre. Je n’arrivais que les premiers jours d’octobre et j’appris chez moi que plusieurs libraires étaient venus me demander. Je pensai que M. Charpentier était du nombre ; je lui écrivis pour m’en informer. Il me répondit qu’il n’était pas venu, mais qu’il viendrait bientôt pour s’entendre avec moi au sujet de cette publication. Ne le voyant pas venir, je passai chez lui, il me promit alors positivement qu’il mettrait sous presse au mois de décembre. Cette époque est arrivée, Monsieur, et je vous avoue qu’il m’en coûte un peu de rappeler de nouveau à M. Charpentier la promesse qu’il m’a faite. Je crains qu’il ne me réponde par un nouveau délai ; peut-être quelqu’un met-il obstacle à sa bonne volonté et l’empêche-t-il de publier ce volume ?

Vous avez bien voulu, Monsieur, servir d’abord d’intermédiaire à ce projet de publication et j’ai recours à vous pour vous prier de découvrir l’intention de M. Charpentier. S’il renonçait à son dessein, je voudrais au moins en être avertie. À Nîmes et à Aix, on attend ce volume de poésies ; le placement de plus de cent exemplaires est assuré immédiatement. Mais il faudrait pourtant que la publication ne fût point remise de mois en mois. Si vous avez la bonté de parler à M. Charpentier, faites-le, je vous en prie, comme si nous eussions causé de cela tout naturellement.

Pardonnez, Monsieur, cette fastidieuse lettre et recevez avec mes remerciements l’expression de mes sentiments distingués.

Louise Colet.

Dimanche.

***

Vendredi matin.

Monsieur.

Je vous serai bien reconnaissante si vous pouviez m’accorder trois stalles pour la représentation de ce soir. Je compte sur votre bienveillance pour ne pas refuser, si la chose est possible.

Recevez à l’avance, Monsieur, mes remerciements et l’expression de mes sentiments distingués.

Louise Colet.

Papier portant la lettre L.