Fanny de Feydeau

Les Amis de Flaubert – Année 1964 – Bulletin n° 25 – Page 42

 

Échos

Sommaire : À propos de Fanny de Feydeau, p. 42-43– Les souvenirs d’Alfred Maury, p. 43 – Une dédicace de Salammbô, p. 43 – Jaurès et Flaubert, p. 44 – Louise Colet à Villequier, p. 44

 

À propos de Fanny de Feydeau

Vergniaud, petit-fils du girondin, avait été rédacteur au Nouvelliste de Rouen, avant de devenir rédacteur politique de la Correspondance Havas créée par un autre Rouennais. Devenu parisien, il continua d’adresser plusieurs fois par semaine une correspondance particulière, au Nouvelliste. Il écrivait ainsi à la date du 24 juillet 1858 :

« Il est peu de journaux qui n’aient rendu compte d’un roman intitulé  Fanny, dont l’auteur est M. Ernest Feydeau, coulissier à la Bourse de Paris. C’est à l’instar d’un autre coulissier, M. Mario Uchard, jeté aussi dans la littérature… Fanny, que les amis de l’auteur ne craignent pas de mettre sur la même ligne que Madame Bovary, n’est suivant moi qu’une production assez plate, qui spécule sur le scandale pour arriver au succès. C’est l’histoire d’une femme qui après avoir trompé son mari, au profit d’un amant, trompa son amant au profit de son mari, et malgré le titre de l’ouvrage, c’est l’amant qui joue le rôle principal. Pas de style, mais beaucoup d’emprunts à Balzac, à Manon Lescaut, à Madame Bovary, à la Nouvelle Héloïse, voilà Fanny, et vous comprendrez pourquoi j’avais hésité, jusqu’à présent, à vous parler de cette production, à l’égard de laquelle je garderais encore le silence, si le bruit n’était répandu qu’elle allait être l’objet de poursuites du parquet pour atteinte portée à la morale publique. J’avoue pourtant ne pas croire à la rumeur qui ne me paraît mise en circulation qu’afin de compléter la ressemblance avec le roman que j’ai cité plus haut ».

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Les souvenirs d’Alfred Maury

Au début de juin, M. Maurice Paz, avocat à Paris, a fait à l’Académie des sciences morales et politiques, une communication sur Alfred Maury, chroniqueur de Napoléon III et du Second Empire. Il a laissé un énorme manuscrit qu’il a légué à l’Institut et qui demeure inédit : Souvenirs d’un homme de lettres (1817-71). Il fut un ami de Flaubert, le documentant notamment pour Salammbô et la Tentation de Saint-Antoine.

 

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Une dédicace de Salammbô

À une vente du 1er et 2 juin dernier à Paris (Ader-Lefebvre) a été vendue une édition originale de Salammbô (Michel Levy, 1863) avec cet envoi autographe :

À mon ami Alfred Guérard

Salutations ecclésiastiques

G. Flaubert

 

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Jaurès et Flaubert

Jaurès est venu à Rouen en juin 1914, un mois avant sa mort. Ses amis politiques, dont Césaire Levillain, ancien directeur de l’École de commerce de Rouen, fusillé par les Allemands comme résistant, l’avaient conduit au pavillon de Croisset et une petite revue littéraire Rotomagus, devait en donner un compte rendu. Seulement, le seul numéro, s’il a paru devait être lancé le 30 juillet 1914 et personne ne se souvient à Rouen de cette revue. Aucun exemplaire n’est connu.

Jaurès a également donné une conférence à Toulouse, le 12 février 1914 sur « Les idées sociales des grands romanciers français : Balzac, Georges Sand, Flaubert et Zola ». M. Vincent Auriol l’avait fait sténographier. Dans le Midi-Socialiste dont il était alors le rédacteur en chef, il n’est paru qu’un compte rendu signé « Paul d’Oc » où il est seulement dit : « Flaubert reproche à la société d’être sans beauté. Il serait intéressant de le suivre dans ses critiques et ce sera peut-être pour une autre fois. »

Il faut le regretter.

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Louise Colet à Villequier

Le Nouvelliste de Rouen rapporte le 24 août 1859, que la veille, Louise Colet accompagnée de sa fille, venues par le train de Paris, étaient demeurées à Rouen et s’étaient reposées en attendant le bateau de Rouen au Havre, qui devait les conduire à Villequier, chez Auguste Vacquerie, l’ami de Victor Hugo et son futur exécuteur testamentaire, journaliste et écrivain.

Ainsi une fois de plus, Louise Colet passa devant la maison de Flaubert à Croisset. Quelle put être sa pensée volage alors qu’elle devait penser aux années qui s’éloignaient ?