Éditorial

Les Amis de Flaubert – Année 1965 – Bulletin n° 26  – Page 3

Éditorial

Chaque année, au début d’octobre, les Amis de Zola se regroupent à Médan, dans la maison de campagne du romancier, qui n’appartient plus à ses descendants. Sa veuve l’a léguée, par testament, à l’Assistance publique de Paris, et une trentaine d’enfants déficients s’y trouvent soignés. Les Amis de Zola n’y sont reçus qu’une fois par an. Le cadre intérieur et extérieur a été maintenu autant qu’il a été possible pour sa nouvelle utilisation. Le jardin s’orne maintenant d’un énorme buste du romancier, que l’on aperçoit du train. L’intérieur a été conservé, surtout au rez-de-chaussée. Il est cependant regrettable qu’un musée n’y ait pas été installé, pour les Français d’abord, mais également pour les étrangers qui s’intéressent à son œuvre, et qui, venant en France, seraient heureux de visiter cette maison où Zola a écrit une partie de ses romans. Nous y sommes allés l’an passé en excursion.

Cette année, nous recevrons en mai, les Amis de Zola, à Croisset. Nous souhaitons que les membres de notre société y viennent nombreux, pour les rencontrer et répondre ainsi à la gentillesse de leur accueil. Flaubert et Zola étaient liés d’amitié. Une de ses arrière-petites-filles, étudiante en médecine, comme il est de bonne tradition dans cette famille, me racontait à Médan tenir de sa grand-mère, que son père disait au moment de l’Affaire Dreyfus, alors qu’il sentait ses plus proches amis s’éloigner de lui :

— Si Flaubert vivait encore, lui, au moins, me serait demeuré fidèle dans son amitié.

Flaubert n’abandonnait jamais ses amis dans un mauvais pas. Même s’il avait été antidreyfusard, ce que nous ne pensons pas, car il était profondément voltairien et sensible à l’affaire Callas, il aurait encore manifesté son attachement à Zola.

Il ne partageait pas toutes ses idées littéraires, et il l’a exprimé dans ses lettres, mais il était sensible à sa probité et à sa puissance de travail.

En recevant cette année un des animateurs de ce groupement littéraire, M. Henri Mitterand, qui réédite les romans de Zola dans la collection de la Pléiade, et ceux qui l’accompagneront, nous pensons que tous les Amis de Flaubert de la région rouennaise se feront un plaisir d’entourer leur bureau et de renouer la fidélité amicale qui s’est manifestée tant de fois à Croisset, entre Zola et Flaubert.

André Dubuc.