Quelques billets de Daudet et Maupassant

Les Amis de Flaubert – Année 1965 – Bulletin n° 27 – Page 39

 

Après la mort de Flaubert :

Quelques billets de Daudet et Maupassant

      L’un de nos membres, M. Rivette, pharmacien à Rouen, a eu la gentillesse de nous communiquer ces trois lettres qu’il possède et que nous publions avec plaisir. Elles ne sont pas datées, selon l’usage du temps. Celle de Daudet est adressée à Charles Lapierre, directeur du Nouvelliste de Rouen, ami de Flaubert, celui qui prononça quelques mots de remerciement devant sa tombe, au nom de sa famille et de ses intimes. Les deux autres lettres de Maupassant furent vraisemblablement adressées à la nièce, Caroline Commanville. Elles sont toutes trois de 1880. Ajoutons que le masque de Flaubert est aujourd’hui au Musée Carnavalet. À notre sens, il serait mieux exposé au Pavillon de Croisset, auprès de celui de sa mère.

Cher Monsieur Lapierre,

Pouvez-vous, savez-vous quelqu’un qui pourrait obtenir des Comanville le masque de Flaubert pour quelques jours. M. Leduc voudrait faire le buste de son grand compatriote, et l’exposer à Rouen s’il est réussi.

C’est une idée fixe chez ce garçon qui a du talent, et cela ne peut gêner en rien nos projets ultérieurs de monument. Je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien vous intéresser à ce désir d’artiste.

Mon meilleur souvenir.

Alphonse DAUDET.

Sans date

Chère Madame et amie,

Le sous-comité se réunit vendredi prochain à 2 heures chez Tourgueneff. Comme il m’est impossible d’aller vous voir d’ici-là, je vous serais infiniment obligé de vouloir bien m’envoyer un résumé de tout ce qui a été fait jusqu’ici, délibérations et vote du Conseil général et Conseil municipal, montant de la souscription. Engagements pris etc.

Hugo fait le mort. Tourgueneff lui a écrit et il n’a pas répondu. C’est le dit Hugo qui par des prétentions et des chicanes indignes de lui a arrêté les travaux du comité du monument de Mme Sand. Pourvu qu’il ne recommence pas.

Recevez, bien chère Madame et amie, l’expression de mes sentiments de dévouement fraternel.

Guy DE MAUPASSANT.

Sans date

Paris, mercredi.

Chère Madame et amie,

Nous avons oublié dans le comité une personne qu’il me paraît indispensable d’y faire entrer. C’est le comte d’Osmoy, un des plus vieux amis de Flaubert, son collaborateur au Château des Cœurs, un des rares qui soient venus aux funérailles, et qui était membre avec Flaubert, du comité pour le monument de Bouilhet.

Toutes ces raisons, (et surtout la dernière) me paraissent déterminantes.

Je suis en train de déménager, et je vous écris sur un coin de table de café ; aussi je vous prie d’excuser la brièveté de ma lettre.

Une prompte réponse s’il vous plaît. D’Osmoy représentera le côté politique, et peut amener pas mal d’argent.

Agréez, chère Madame et amie, l’assurance de mes sentiments les plus dévoués et les plus affectueux. Dites mille choses de ma part à ma charmante cousine, si elle est encore près de vous.

Guy DE MAUPASSANT.