Nos morts : E. Maynial et R. Martin

Les Amis de Flaubert – Année 1966 – Bulletin n° 29 – Page 40

Nos Morts

Édouard Maynial (1879-1966)

Avec Édouard Maynial vient de disparaître l’un de nos plus anciens adhérents et aussi des plus généreux à l’égard de la trésorerie de notre société. Sa perte sera vivement ressentie par tous ceux qui le connaissaient. Originaire de Moulins (Allier), Édouard Maynial était un ancien élève de l’École Normale supérieure de la rue d’Ulm, de l’École Française de Rome, agrégé de l’Université, iI fut pendant plusieurs années au début de sa carrière professorale, professeur ou Lycée Corneille de Rouen. Il demeurait alors 49, rue Beauvoisine. Pendant longtemps ensuite, il fut professeur de lettres à Paris au Lycée Henri IV. Il demeurait 4, rue de Sèvres, dans le VIe arrondissement. Si son passage dans notre ville le fit pencher plus longuement sur Flaubert et Maupassant, ils n’étaient pas pour lui des inconnus puisqu’avant sa venue dans notre ville en 1906, il avait fait éditer au Mercure de France son premier grand livre : La vie et l’œuvre de Guy de Maupassant.

Lors de la reconstitution de notre société en 1950, il s’y intéressa, y collabora dès le premier numéro et y fit insérer un article : Maupassant, juge de Flaubert.

S’il se montrait parfois susceptible dans le pur domaine des lettres, nous devons le juger comme un homme modeste, trop même, loyal, sincère, scrupuleux dans ses recherches, consciencieux dans ses travaux. (Ses écrits serviront longtemps de base aux recherches modernes des exégètes.

Pressentant des difficultés et la disparition possible des Amis de Maupassant dont il était le président en 1955, il chercha à faire fusionner les deux groupements pour qu’ils bénéficient du même bulletin : ce projet n’eut pas de suite, mais nous nous efforçons de plus en plus, dans ce bulletin, que des articles sur Maupassant y paraissent : Ainsi nous développons ses espoirs.

Malheureusement, à cause de sa vue, Édouard Maynial depuis longtemps n’écrivait plus, mais jusqu’à sa fin, il suivait avec intérêt nos efforts et nous encourageait. Son extrême délicatesse, sa modestie, son éloignement des intrigues l’empêchèrent d’obtenir les récompenses littéraires auxquelles il pouvait prétendre.

Il fut comme l’a souligné les Nouvelles littéraires un « grand seigneur des lettres » qui ne sera pas oublié de ceux qui l’ont approché, de tous ceux qui admiraient l’éclectisme de sa pensée et la générosité de son cœur. Nous sommes certains que ses ouvrages continueront d’être consultés pour leur sérieux et leur esprit : c’est la meilleure récompense accordée aux travailleurs intellectuels après leur disparition.

Aussi, sa veuve qui a tenu à nous faire part de son décès, et sa famille peuvent être assurées de la peine de tous les lecteurs de notre bulletin.

André DUBUC.

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Œuvres d’Édouard MAYNIAL

(Classés par ordre chronologique) 1ère édition

Les tentations de Grazia Deledda (traduit de l’italien) (1905  « Mercure de France »).

La vie et l’œuvre de Guy de Maupassant (1906  « Mercure de France »).

Casanova et son temps (1910  « Mercure de France »).

Lettres de femmes à Casanova (1912  Michaud).

La jeunesse de Flaubert (1913  « Mercure de France »).

L’orphelin » et autres contes (1917  Berger-Levrault).

Les petits réfugiés, Bibliothèque Rose (1919  Hachette).

Les Robinsons de Pompéi (1921  Delagrave).

Les plus belles heures d’amour de Casanova (1923  Éditions Crès).

Une ancienne monographie du duché de Berry (1923).

La vie de J.H. Fabre, le Homère des insectes (1925  Plon).

Précis de littérature française moderne et contemporaine (1926  Delagrave).

Flaubert et son milieu (1927  Nouvelle Revue Critique).

Anthologie des poètes français au XIX siècle (1929  Hachette).

Édition critique des « Fleurs du mal » de Baudelaire (1930  F. Roches).

L’époque réaliste (1931  « Les Œuvres Représentatives »),

Anthologie des romanciers français du XIXe siècle (1931  Hachette).

Contes et récits en prose du XIXe siècle (1932  Hachette).

Textes choisis, introduits et commentés d’André Maurois (1935 Grasset).

Les tragédies de Corneille racontées à la jeunesse (1936  Hachette).

Étude critique des « Trois contes » de Flaubert (1936  Garnier).

Étude critique de « Salammbô » de Flaubert (1936  Garnier).

Étude critique de « L’éducation sentimentale » de Flaubert (1936 Garnier).

Étude critique de « La tentation de Saint-Antoine » de Flaubert (1936 Garnier).

Les tragédies grecques racontées à la jeunesse (1937  Hachette).

Édition critique de « Madame Bovary »  de Flaubert (1937  Garnier).

Étude critique de « Bouvard et Pécuchet » de Flaubert (1938  Garnier).

Les comptes dramatiques de Balzac, en collaboration avec René Bouvier (1938  Sorlot).

Les auteurs français du programme, É. Maynial, L. Joliet, Ch. Bruneau (1939  Delagrave).

Gustave Flaubert (1943  Nouvelle Revue Critique).

Édition critique des « Liaisons dangereuses » (1943, Les Belles Lettres ).

La marquise de Custine (1945  Albin Michel).

Le dernier des grands Mogols en collaboration avec René Bouvier (1947 Albin Michel).

Une aventure dans les mers australes : l’expédition du commandant Baudin

en collaboration avec René Bouvier (1949  Éditions des Deux Rives).

De quoi vivait Balzac ? en collaboration avec René Bouvier (1949 Éditions des Deux Rives).

Molière (théâtre) (édition critique) (1949  Hachette).

Aimé Bonpland, explorateur de l’Amazonie, botaniste de la Malmaison en collaboration avec René Bouvier (1950  Société d’Enseignement Supérieur).

Victor Hugo (poésies choisies) (1950  Hachette).

Correspondance inédite de Guy de Maupassant (1951  D. Wapler).

La fin d’un aventurier. Casanova après les mémoires en collaboration avec Raoul Vèze (1952 « Mercure de France »).

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M. René-Marie MARTIN

M. René-Marie Martin vient de s’éteindre à l’âge de 76 ans au Mesnil-Esnard, près de Rouen, chez ses enfants où il s’était retiré.

On ne peut oublier qu’il fut secrétaire de notre société depuis sa rénovation en 1948 jusqu’en 1953, date où il donna sa démission, sa santé ne lui permettant plus de se dévouer pour « Les Amis de Flaubert » comme il le faisait auparavant, donnant notamment plusieurs articles au bulletin.

René-Marie Martin fut chef du secrétariat de l’hospice général, sacrifiant ses heures de loisir à dactylographier les thèses des étudiants en médecine. Chansonnier et poète, il avait aussi un violon d’Ingres et avec M. Pierre Pani, il fut le subtil auteur de revues, comédies, opérettes qui eurent, en leur temps, un succès mérité.

Il participa à la remise en état du musée de la médecine dans le pavillon des chirurgiens de l’Hôtel-Dieu de Rouen, ressuscitant la chambre où naquit Gustave Flaubert. Couronnement de sa carrière, il assuma les fonctions de conservateur de ce musée et devint l’actif secrétaire des retraités municipaux de la ville de Rouen. Il fut nommé officier des Palmes académiques et fut titulaire de la médaille de vermeil départementale et communale.

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Nos joies

Nous apprenons que notre collègue Claude Chevreuil, auteur du principal article de notre dernier numéro, et qui présida notre réunion à Croisset, vient de se voir attribuer par le Conseil général de l’Aube, son prix littéraire 1966 (1.000 F) pour son étude Flaubert et Nogent-sur-Seine.

Toutes nos félicitations à notre jeune et sympathique collègue.