L’Éducation Sentimentale dans les carnets de notes de Flaubert

Les Amis de Flaubert – Année 1969 – Bulletin n° 34, page 21

 

L’Éducation Sentimentale
dans les carnets de notes de Flaubert

Dans son ouvrage bien connu « Flaubert et ses projets inédits » (1), Mme Marie-Jeanne Durry, professeur à la Sorbonne, a publié la plus grande partie de plusieurs carnets conservés à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, réinstallée depuis peu de mois, dans l’hôtel Lamoignon luxueusement aménagé pour son nouvel usage.

Ces carnets de Flaubert sont au nombre de 27, répartis en deux séries (20 pour les notes de lecture et 13 pour les voyages). Malheureusement, 5 carnets de lecture (2, 9, 10, 11, 13) et le carnet n° 13 (voyages) étiquetés ainsi précédemment, sont en déficit, selon le vocabulaire consacré.

Que sont-ils devenus et que contenaient-ils ? Égarés, détruits, conservés discrètement dans d’autres mains, toutes les hypothèses sont possibles et le mystère demeure certain. M. Bergogne, qui a dressé l’inventaire manuscrit mis à la disposition des chercheurs n’a pas eu à les cataloguer. Ils ne sont donc pas venus à cette bibliothèque, lors du don fait par sa nièce. Alors ?

Il est curieux de constater qu’aucun des carnets ne fait la moindre allusion à la préparation de Madame Bovary et des excursions qu’il a pu faire à son sujet, ce qui pose un problème troublant pour les diverses suppositions avancées. Par contre, pour l’Éducation Sentimentale, il en est tout autrement. Plusieurs de ces carnets donnent des détails fort intéressants à son sujet. Il faut reconnaître que Flaubert n’était pas ordonné dans leur utilisation, autant que nous l’aurions souhaité. Il les laissait, les reprenait quelques mois ou années plus tard, si bien qu’ils apparaissent comme une sorte de mélanges dans le temps. Flaubert y a écrit le plus souvent au crayon, parfois étant en voiture, employant des abréviations personnelles, quelquefois déroutantes. Il les a relus, soulignant à l’encre des parties qui l’intéressaient. Il a écrit dessus pour être compris de lui seul, et non pour les curieux de la postérité.

En publiant donc, dans notre bulletin, les détails que nous y avons trouvés, comme pouvant se rattacher à l’Éducation Sentimentale, que nous avons recopiés au cours de nos brefs passages dans cette bibliothèque parisienne, nous n’avons eu qu’un seul dessein : Apporter à nos lecteurs des éléments souvent inconnus, à l’occasion de son centenaire. Nous avons volontairement éliminé les commentaires. Même à l’état brut et dans leur désordre naturel, il nous a semblé qu’ils seraient utiles et agréables, aux chercheurs, aux étudiants, aux amateurs éloignés de la capitale qui ne peuvent consulter eux-mêmes ces carnets fort attachants. Que notre espérance les satisfasse !

A. DUBUC.

(1) M. J. Durry : Flaubert et ses projets inédits (Paris, Nizet, 1950, 416 pages). La partie consacrée à l’Éducation Sentimentale s’étend de la page 123 à200, avec trois chapitres : Mœurs parisiennes, Le roman de Me Dumesnil, Me Moreau (roman). Cet ouvrage est devenu rare et mériterait une réédition.


Carnet 2

Série lecture.

Carnet cartonné marron rouge foncé (154 x 230 mm) papier 50 feuilles ;

revers couverture, étiquette ; Fournitures générales de bureaux

(Simon, papetier, 2, rue Grand-Pont 77 et 79, Rouen) écrit à l’encre noire.

 

F° 2 Notes générales, lectures etc… (octobre 1859)

F° 3 v° — L’artiste (qui, barré) non seulement porte en soi, l’Humanité mais il en reproduit (toute son, barrés) l’histoire dans la création de son œuvre. D’abord du trouble ordinaire, une vue générale, les aspirations, l’éblouissement, tout est mêlé (époque barbare — puis l’analyse, le doute, (la méthode, la disposition des parties, l’ère scientifique — enfin il (faut, barré) revient à la synthèse (première plus chargée) dans l’exécution). (Mais barré) Si l’Humanité doit se développer (comme, barré) à la manière d’une œuvre conçue par la Providence, comme elle est loin encore (miséricorde) de cette troisième phase !

F° 4 — l’art est dans la recherche de l’inutile, il est dans la spéculation ce qu’est l’héroïsme dans la morale.

— c’est pr cela que les vrais (souligné à l’encre) artistes sont ceux où l’art excède (souligné à l’encre). Mais le « vrai artiste » est-il tout ce qu’il y a de plus gd dans l’art.

F° 5 — La littérature n’est pas une (barré) chose abstraite. Elle s’adresse à l’Homme tout entier, tel mot qui semble hasardé (ou, barré) tel passage (immoral agace, barrés) libertin n’est peut-être coupable que d’agacer nos nerfs ? Cela explique la fureur de (certaines, barrés) gens contre certains livres (et les Procès de Presse ?) Ce n’est (pas barré) jamais le fonds qui les (imite, barré) scandalise, (la magistrature, barrés) mais la forme, le sigle, peut avoir des inconvenances en soi ; on trouve un certain caractère de débauche aux épithètes violentes, aux situations franches, à la couleur (crue, barré) vraie —

— La (guerre, barré) critique est la dixième muse et la Bonté la quatrième grâce

F° 5 v° — Le grand roman social (maintenant que les rangs et les Castes sont perdus) doit représenter la lutte ou plutôt la fusion de la Barbarie et de la Civilisation. La scène doit se passer au désert et à Paris, en Orient et en Occident, opposition des mœurs, de paysage et de caractères, tout y paraît — et le héros principal devrait être un Barbare qui se civilise près d’un civilisé qui se barbarise

F° 6 — La Poésie ne sort pas du monde organique, quoi qu’on en dise — littérature industrielle, utilitaire, humanitaire etc… est sans beauté et sans entrailles. Il lui faut une base sensible et une surface plastique — en ce sens rien de plus poétique que le Vice et le Crime. (Voilà pourquoi, mots barrés) aussi les livres vertueux sont (si barré) -ils ennuyeux et (si barré) faux. Ils reconnaissent (l’essence et le fonds éternel de l’homme  mots barrés) la vie (particulière individuelle sans frein, mots barrés), le moi rejaillissant contre tous, (l’individu barré) l’homme ou contre la société ou en dehors d’elle, qui est le vrai homme organique. Voilà pr.quoi il est peut-être si difficile de faire rire des vices. (La Comédie, barré). Notez que Molière ne s’est jamais attaqué qu’aux ridicules (Harpagon fait peur, Arnolphe fait pleurer, Tartuffe épouvante etc…) le ridicule à la bonne heure, donc transitoire, conçue par l’homme, inventée par lui ! qui vient de l’esprit et qui y retourne (Je ne connais que, barré) comme personnages vicieux, je ne connais que ceux du Mquis de Sade qui fassent rire (et ce n’était pas l’intention de l’auteur bien au contraire) Mais ici le crime arrive à être un ridicule (qui rejaillit sur, barré) car la nature (étant, barré) est tellement exaltée, poussée à outrance qu’elle (est, barré) devient impossible et disparaît. On n’a plus qu’une conception (et non, barré) des êtres (humains, barré) fantastiques (et qui, barré) donnés pr humain et en opposition avec l’humanité.

F° 6 v° — Conseil : — « Vous êtes un romantique. Plus vous irez, tâchez de l’être de moins en moins. » (Conversation de Ste Beuve ; samedi 17 mars 1860 — à propos de St Amant. La phrase était mieux écrite que cela.)

F° 8 Le don de l’observation ne peut appartenir qu’à un honnête homme. Car pr voir les choses en elle-même, il faut n’y porter aucun intérêt personnel.

F° 9 — Si le romantisme de 1830 (Hugo, Lamartine etc…) n’a pas été plus fécond, c’est qu’il n’est peut-être remonté à la Tradition, à la Renaissance que superficiellement. Gothique (d’inspiration, barré) de couleur et catholique par genre (souligné à l’encre) il a dédaigné ou méconnu le naturalisme qui le déborde maintenant, mais qui n’a pas encore son poète ni sa forme.

F°12 — «  Y-a-t-il rien de plus joli qu’un jeune homme qui a reçu de l’éducation, de l’instruction qui peut aller dans les sociétés et causer de tout — Ah oui — Ah oui ! » phrase entendue dans un cabaret à Gd-Couronne.

— l’art de gouverner consiste à (faire taire, barré) diriger l’opinion publique (définition libérale).

L’art de gouverner consiste à faire taire l’opinion publique (définition monarchique)

— L’observation et le trait (mots soulignés à l’encre) sont deux qualités littéraires qu’il est bien de mépriser, mais qu’il est bon d’avoir.

F° 15 — Aujourd’hui 4 nov. 1862, été à l’église St-Martin à l’enterrement du père de Barrière — gens de lettres et cabotins — à cette heure que le bonhomme est enterré fraîchement tous les assistants sont dans les cafés ou avec du fard aux joues sur les planches des théâtres à débiter des gaudrioles

J’étais entre les deux Levy devant moi, Théod. de Banville et Maurice Sand, plus loin Paulin, Numer et Taillade, à ma gauche de l’autre côté, Sardou et Déjazet fils — La Ferrière seul au milieu des chaises, etc…

Il a fallu attendre la fin de deux enterrements — rien de religieux — cela se précipite comme des ballots dans une maison de roulage. L’église est éclairée au gaz comme un café. Casino catholique, ça ne sent même plus le jésuite. C’est administratif et chemin de fer — rien pour le cœur, rien pr la poésie, rien pour la religion, toute la hideur du monde moderne est là.

C’est peut-être, après tout, une transition pr amener l’effacement complet des funérailles qque chose comme une crémation instantanée. On escamotera la mort dans ce qu’elle a de pire. La tendresse humaine y perdra un certain lien que l’on a (à cause du fil coupé patriotiquement) entre ceux qui ne sont plus et vous. Le drame s’en va de ce monde.

F° 37 — Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise — Ne plus l’aimer, signe de décadence.

F° 47 v° — Aujourd’hui 12 décembre 1862, anniversaire de ma 41e année, été chez M. de Lesseps, porter un exemplaire de Salammbô pr le bey de Tunis. Chez Janin, déjeuner avec Ad. Delessert — chez H. Berlioz au palais royal, chez le Pr — acheté deux carcels — reçu une lettre de R. et m’être mis sérieusement au plan de la 1ère partie de mon roman moderne parisien ? ? ? … (encadré par Flaubert).


Carnet 6.

Série lecture.

Carnet de cuir brun avec fermoir (90 x 147 mm) 107 feuillets

Etiquette : (Cabisson et Bronne. 29, rue Joubert, Paris) pr. 3 F 75

écrit couv. recto : plus euphoriquement que le haut.

F° 2. — R. des 2 M (revue des Deux Mondes) tables.

Le lendemain de la victoire ; scènes socialistes, 15 juillet-1er août 1849. Revue des Deux Mondes. L. Veuillot.

Lettres — Ste Beuve sur Nisard (1er septembre 1836) — Janet : id. (1er octobre 1866) — Villemain (1er mai 1854) — Planche, vol. III-IV, 1831 — (1er mars 1834) — (1er  7bre 1835) — (15 8bre 1850)

Sur Géruzez — (15 8bre 1839, 15 août 1843).

F°2 v° — Mme de Duras, Ste Beuve (1er juin 1834) — Népopucème Lemercier, La Bible (15 février 1840)

J. de Maistre — Ste Beuve (15 juillet et 1er août 1843 — id. (1er mai 1839)

Théâtre.

Planche (soul. encre) (19 9bre et 1er Xbre 1834 — 1er avril 1835) — (1er avril 1837) — (15 fév. 1838) — (15 fév. 1832)  (1er mars 32) — (15 février 33)  (15 9bre 35)  (1er avr. 37) — (15 mai 35).

F° 3sur Béhan matière 1° g 4a — E. sur Lungru (1er janvier 44) d° (1er sept. 45) [Comprendre :  — Sur Balzac : Molènes, 1er  9bre 1840 — E. Sue : Limayrac, (1er janvier 44), id. (1er sept. 1845)]

Art esthétique.

v. p. 237 et 271 bas de la page.

Foissac. sign. philo, de l’au. (1er mars 1860) [Comprendre : Foissac. hyg. philos de l’âme. (1er mars 1860]

Politique.

Châteaubriand (15 avril 35) — sur la propriété, de Thiers.

abbé Broglie (15 nov. 48) p. 323.

F° 3 v° — donation, p. 369

F° 5 — St Marc Girardin (cours de littérature dramatique)

— St Marc approuve Timanthe (soul. à l’encre) voilà l’autre, l’examen, manque à l’agitation, l’art défiguré —  [Comprendre : qui voila la tête d’Agamemnon parce que « l’agitation » l’eût défigurée.]

je ne défends pas au poète dramatique de mettre les [suicides] sur la scène, tout ce qui est de l’homme appartient à la littérature.

— L’amour paternel ne doit pas être une passion, mais un devoir.

— Huet, Lafontaine, Fénelon et J. Jacques Rousseau l’histoire [Comprendre : lisaient l’Astrée]  et en faisaient gd cas.

— théocrite et autres [Idylles] (soul. à l’encre) XIIe et XIIIe n’ont guère été traduites parce qu’il faut en les traduisant les épurer et surtout en changer le sujet.

F° 5 v° — « Racan est de l’école des matheus [Comprendre : de Malherbe] c’est-à-dire de l’école qui a fixé (soul. à l’encre) la langue.

F° 6 — Quintilien (soul. à l’encre) instit. oratoire — Libentissime homines audicat la quae drière po. noluissent (L.L. 12) [Comprendre : Libentissime homines audirent ea quae dicere ipsi noluissent (L.L. 12) .]

—  les métaphores sont trop hardies du plager cet dicame si Quierclicet, , c’est que les gras appelaient demander grâce à l’hyperbole

[Comprendre : Si les métaphores sont trop hardies, employer « ut dicam, si dicere licet » c’est que les Grecs appelaient demander grâce pour l’hyperbole]

mots devenus obscènes (soul. à l’encre) à éviter ductare exercitum, patrare bellum.

F° 6 v° — Quintilien se prononce contre la campagne. La vue de la nature distrait — Cinna mit 9 ans à composer sa Smyrna. Isocrate 15 a son panégyrique.

— L’enfant qui aura de l’esprit est bon

— condamne absolument le fouet

— Les maîtres abusent de ce châtiment pr. leurs vices personnels

F° 7 Génin (il s’agit de l’ancienne prononciation ouère pour oir)

F° 8 — Planche

V. Hugo « il faut plaindre les peuples qui ont besoin de pareils spectacles. » G. Planche sur Marie Tudor. R. des 2m. 1833.

Ils (Dumas et Hugo) préfèrent certaines portions de la réalité. L’idée de beauté, ses contours, la divine harmonie de lignes ne conviennent pas à leurs entreprises (R. des 2m 1834)

critique de Ruy blas, prendre des extraits — 1838, p.16.

F° 8 v°  Les royautés littéraires 1834, I : Jugements sur Lamartine, Vigny, Béranger, Hugo etc… — Histoire de France de Michelet « lecture dangereuse » copier  la fin du paragraphe. p. 555 sur ch. VI (de la littérature française de 1830 à 1848 (1855)

Compare Colomba à Notre-dame de Paris ! – Jugement sur les « parents pauvres » 559

F° 10. — Tables du Moniteur.

24 fév. Proclamation du G. pr. (gouvernement provisoire) à la garde nationale.

25. Le décret qui délie de leur serment les fonct. civils et militaires judiciaires et adminis.

25. On la remercie et tous les citoyens sont appelés à en faire partie.

27. Proclamation solennelle de la Répub. à la colonne de juillet.

mars

7 Décret qui fixe l’époque des élections des officiers et sous-officiers de la garde nationale de Paris et de la banlieue.

11 II sera formé milice pour polonais.

5. décret qui convoque les assemblées électorales à l’ass. nat. pour le 9 avril.

F° 10 v°. — Cartes et appels des votants.

Elles ont été remises au 23 avril.

26 mars. Le ministre de l’Intérieur arrête que le pantalon d’été pour toutes les gardes nationales de la République sera en bufflerie, chaîne et trame coton blanc parfait, conforme au type déposé au ministère de l’Intérieur.

— Les élections générales de la garde nationale fixées au 18 mars, on délivrait des fusils.

— Garde nationale : on parlait de substituer la blouse à la tunique et que les officiers de tout grade recevraient une indemnité.

F° 11. — Préalable de 300 F

1850 :

voyage du Prince Président à Cherbourg.

8 7bre 1850. — Il monte à bord du Friedland.

1851

expédition de Cabylie

crise ministérielle du 4 janv. 1851

Le Prince président vend 21 chevaux (souligné au crayon) au milieu de mars de1851, la vente totale a produit 54.235 f.

— Statue de Guillaume le Conquérant inaugurée à Falaise le 28 octobre 1851.

11 v°. blanc

F° 12. — Réformateurs modernes Reybaud

histoire du communisme Sudre

histoire des doctrines morales et politiques Matter, t. 2 p. 416 bibliographie des régicides.

Fouriérisme : bonaderisme ( ?)  [Comprendre : bayadérisme] mariage. 3 maris

Revue des Deux Mondes ? petit texte ?

12 v°. 13, 13 en blanc

F° 14. — Fouriérisme

pages et pagesses = personnes qui réaliseront dans la phalange « la domesticité indirecte et passionnée ».

— mariage, théorie dans le mouvement 1808 p. 163

une femme peut avoir à la fois 1° un époux, 2° un géniteur, 3° un favori.

Les hommes s’attirent comme les astres qu’on les mette en des conditions convenables d’attraction, et l’harmonie s’établira.

Newton a découvert l’attr.

Metternich, Fourier l’attract passionnée.

F°14 v° — Saint (Beuve) [Saisset] 1er fév. 49

nourry [Maury] (15 sept. 1860  Ren. (an) (1er juillet 1842) (1er sept. 44)

Jusqu’au feuillet 43, nombreuses notes extraites de la religion triomphante et indication d’ouvrages :

Les attentats de l’impiété, par Léonard Alla (1802)  Conférences ecclésiastiques du diocèse de Langres pour les années 1684-1839 –  Manuel du Séminariste ou entretiens etc… –  Tromson 2 vol in 12° t. 1832 – La Ste Bible vengée des attaques de l’incrédulité, l’abbé Duclos  3 vol. 1840 – Instructions familières et dogmatiques sur les vérités dogmatiques et morales de toute la doctrine chrétienne et catholique (Duclos  7 vol. 1776-1802)

L’éducation selon l’esprit du christianisme — Henry 1832.

Cathéchisme français ou principes de philosophie de morale et de politique républicaine à l’image des écoles primaires par La Chabeaussière (an VI de la république)

Principes d’éducation positive (E. Bourdet, préface de Robin, 1847)

Le livre des pères de famille — Gasc. 1843

Hygiène morale ou application de la physiologie à la morale ou à l’éducation (Casimir Brousseaux, 1837) — Conseils d’un ami à un jeune homme studieux — Marcellin 1828 »

Flaubert a dû consulter ses ouvrages pour l’Éducation Sentimentale.

F° 15. — phalanstère = 18 cents personnes, au centre la tour de l’Ordre d’où partiront des signaux chargés de donner des instruct. aux travailleurs disséminés dans la Campagne.

étudier les passions rectrices ou vulcanisantes, préconisantes priment lespassion affectives.

— le phal. s’associeront

utopie l’Océana d’Harrington

— Morelly école de la platitude précision [Comprendre : Code de la nature Précurseur du système décimal.]

F° 17. — La religion triomphante ou attentats de l’impiété, (souligné au crayon) par Léonard Aléa 1802.

c’est une réputation du dict des athées, de Sylvain Maréchal

Discours du gl Bonaparte à Milan en plein synode le 5 juin 1800 : « vous êtes les ministres de cette religion qui certes est aussi la mienne ! Je vous déclare que j’envisagerai comme perturbateurs du repos public et ennemis du bien commun et que je saurai punir comme tels, de la manière la plus vigoureuse et la plus éclatante, et même s’il le faut de la peine de mort, quiconque fera la moindre insulte à notre commune religion, (t. 1° p. 77)

(Écrite au crayon et barré entièrement en croix à l’encre par Flaubert).

F° 18. — Institution de physique de M. du Chatelet ; ch. II « de l’existence de Dieu » ; renferme ce qu’on a dit de mieux là-dessus

Le christianisme dévoilé (souligné au crayon)pourquoi ? [Par qui ?]

Beautés révolutionnaires

Hébert aux Jacobins : « Puisqu’il faut des processions, des cérémonies religieuses à la multitude, que tardons-nous d’en donner aux martyrs de la démocratie ? Marat n’est-il pas plus à sa place dans le ciel que tous les saints que nous en avons bannis pour jamais ? ».

(barré en croix à l’encre par Flaubert).

F° 19. — tombeau de Mirabeau — la cendre de ce fameux tribun Mirabeau « est défendue par un mur contre l’indignation de ses premiers admirateurs » t. 2 p. 311

— la Religion vengée ; poème par le Cte de Bernis paru en 1796

1° chant : l’orgueil et la volupté, au centre de l’irréligion, 2° l’idolâtrie, 3° l’altruisme [Comprendre : l’athéisme] , 4° le matérialisme les anciens grecs renouvelés par 3 princes [Comprendre : par Spinoza], etc.

F° 20. — Conférences ecclésiastiques pour le diocèse de Langres p. les années 1684-1889.

— Le concile de Nantes, de Tolède et de Langres en 1452 engagent les ecclésiastiques, bien qu’ils mangent ensemble à faire quelque lecture spirituelle. Ceux de Astiers [Reims] et de Melun leur défendent les défis et boire

— Mais nos corps et nos membres sont à J. C., la bouche, les mains, les pieds, les yeux, le cœur d’un chrétien sont la bouche, les mains, les pieds, les yeux et le cœur de J. C. Si on était bien pénétré de cette vérité, comment oserait-on donner ou recevoir des baisers impudiques avec la bouche de J. C. ! p. 457. (entièrement barré en croix par Flaubert.)

F° 21. — Saint Paul lui-même qui était plutôt un ange qu’un homme sentait cette loi impérieuse de nos membres. Saint Grégoire de Hazianze et Saint Augustin se plaignent comme Saint Paul d’être tous même dans leur vieillesse d’avoir à soutenir des combats contre cet ennemi domestique » (458)

La chasse défendue aux ecclésiastiques. Le 5e concile de Milan, le synode de Langres en 1404 et 9e le dernier de la 2e, le majeur  [de Mayence] etc. p. 646 (passage barré à l’encre.)

F° 22. — Manuel du Séminariste ou entretiens etc. Tronson, 2 vol. in 12, 1832.

La lecture de l’écriture sainte, c’est la plus douce et la plus délicieuse nourriture de notre âme.

— Il faut éviter dans le séminaire : 1° l’esprit séculier, 2° l’esprit singulier (souligné au crayon).

— nous devons offrir à Dieu notre lever, puisque nous lui devons aussi bien que toutes nos autres actions. Les démons font tout ce qu’ils peuvent pour nous enlever ce premier moment. Jean Lenique [Climaque] dit même qu’il y en a un spécial à cet effet, (barré en croix à l’encre par Flaubert).

F° 23 —« il faut que la modestie, accompagne notre lever (souligné à l’encre) pr éviter toute posture indécente, avoir horreur de la moindre nudité. Car l’homme dit un gd personnage craint ses propres regards, il redoute de voir, il appréhende ses propos génans et nu devant son corps comme un vase sacré qui a l’honneur de renfermer J.C. il le traite avec tout le respect qui est dû à une aussi haute qualité, (t. 1°, 107)

— dans l’état d’innocence, l’homme n’avait point besoin d’habits pr se vêtir. Car un certain rejaillissement de la gloire de dieu qui l’environnant même à l’extérieur lui servait de vêtement, (p. 116)

Page barrée en croix et à l’encre par Flaubert


 

Carnet n° 12

Série lecture Fontainebleau

Carnet vert très foncé avec fermoir ; (75 X 130 mm)

papier 41 feuillets

Etiquette (boulevard du Temple, 35, Dantier Md papetier, Paris).

F° 2. — Recueil ( ?) [Deuil] : des bas de laine, gants de filoselle, tout le reste en draps. crêpe au chapeau

écrit au crayon en dessous : avec en plus chère aux [Comprendre : crêpe au bourgeois]

— bulletin des lois. Place Dauphine, tout ce qui est relatif aux pompes funèbres — (Barré par Flaubert)

(au crayon et barré par Flaubert)

F° 2 v°. — Cahier des charges de l’entrepreneur des pompes funèbres

avec le tarif.

F° 3  Ecusson de M. Dambreuse (encre)

au crayon — Dambreuse : de sable au senestrochère d’or, au poing fermé ganté d’argent — au chef de même à la forme de l’écu. L’écu timbré de (même, barré), la couronne de cte (comte). Devise « Par toutes voies » ou « malgré tout ».

F° 4. — Père Lachaise (encre)

crayon — sur le lit [haut] — ouvrages en verre brillant, et il a, au soleil comme des diamants — contraste avec le bois noir des croix — contraste avec le bois noir des croix — crémation des débris, misère des souvenirs ! couvertures en tôle pr les objets appendus — Carrés [caisses et] cadres de bois noir. roi de Rome (statuette du)

berger = écolier prenant des notes dans un cahier (idéal de l’enfant studieux)

F° 3 v° (suite du f° 4)

tables superbes, blanches, bleues — partent du stèle et allant jusqu’au bas de la grille — comme des boas — paganisme effréné, petits mobiliers — encore assiettes « pr le jour de sa fête ».

F° 4 v°. — Père Lachaise (encre)

(crayon) les gdes allées sont pavées comme des rues — sur des tombes, jardinières en fonte. 2 petites filles en plâtre suspendues par un fil.

F° 5. — Rue de la Roquette (encre)

(au crayon) — boutiques pareilles tout à la fois à des grottes à stalactites et à des magasins de faïence, à cause des ronds qui ressemblent à des fonds d’assiettes.

F° 6 — Boutiques d’objets religieux (encre)

au crayon — Ste Geneviève avec des roses dans son tablier — quenouille sous les bras — petit groupe représentant une religieuse intéressant une petite fille — Scènes de la passion en plâtre coloré — Sculpture religieuse, polychromie nouvelles.

F° 5 v°. — (suite du 6) Boutiques d’objets religieux (encre sur crayon)

cabane = ( ?), paquets de médailles, chapelets à tête de mort et masques tragiques — plâtres, portraits de gloires ecclésiastiques.

F° 6v°. — Montmorency (encre sur crayon)

humait avec délices l’odeur du fumier (récit à l’encre) voulait en rapporter dans son mouchoir de poche.

F° 7 v°. — A droite deuil etc…

ermitage — Homo, restaurateur, vrais chemins de campagne, pépinières, les rosiers — fumiers — St Brice (barré). On descend St Brice

F° 7. — canal — S’amusait à voir les plats bateaux de forme hollandaise. mariés ( ?) — la campagne commence à Epinay — Dès la porte d’Enghien. Montmorency, montée = rue de Paris — vignes, noyers, panache de fumée, locomotive à droite.

F° 7 b. Non numérotée

à gauche, au-delà mamelon = Ecouère

St-Brice = petite ville, pareille d’aspect à Mantes — une voiture tirée par un cheval et un âne.

F° 7b v° — au milieu de la forêt à un carrefour, sur un poteau « astrocs [octroi] de Montmorency » — Dans Montmorency, maisons de campagne éclairées au gaz — maisons avec balustres, çà et là un arbre vert dans les jardins

F° 8 — Dans Ardilly, logement de maraîcher, nourrice, petite cour encaissée, ignoble fumier, charrette. Les champs sont loin de leur demeure, la cour est triste comme un préau, murs de plâtre sans chaperon, crépis à la chaux — paille sous la gde porte = granges à côté, une rue, en pente.

F° 8 v° — à côté « magasins d’épicerie, vins en gros » Marcenay à droite d’Andilly — dans le fond de la vallée (quand on descend d’Andilly — pommiers — un tas de fumier

F° 9 — sur lequel les herbes ont poussé. Les maraîchers n’ont pas de vaches = une chèvre

demander à la Sylphide (encadré)

F° 9 v° — enterrement (à l’encre)

On tend les 6 chapelles jusqu’au couronnement (encre sur crayon)

F° 10 — Chaillot, maison d’accouchement (encre sur crayon)

à l’entrée de la rue du gd poteau « maison de santé et d’accouchement tenu par Mme X, élève de la maternité (et autres titres)

dans la rue sur la porte, il n’y a, à l’enseigne que «  maison de santé tenu par Mme X »

jolie petite maison bourgeoise blanche, volets marrons, rez-de-chaussée 1er  étage et 2e. mansardé.

F° 10 v° — loge du portier à gauche. La maison plonge sur la rue — est située à un angle — petite porte bâtarde.

Salon, table ovale, canapé à médaillon, damas de laine marron — chambres en perse, volets fermés sur la rue (comme dans les bordels) sur les jardins ils sont ouverts — pianos partout — armoires à glaces.

F° 11 — pendules vertueusement bourgeoises — service fait par des bonnes, des femmes de chambre convenables, très propres. La sage-femme = femme entretenue 40 ans, très bonnes manières, du tact, gde maigre, brune, femme du monde.

elle parle de toutes les célébrités médicales qui sont ses amis.

F° 11 v° — La population généralement est composée de filles et de nièces probment [province] engrossées par leur père ou leur oncle. Elles s’ennuient et fréquentent le salon et mangent à la table commune — Les parisiennes qui ont un Monsieur ne se fréquentent pas et mangent dans leur chambre — On entend d’une

F° 12 — chambre à chambre (barré) (au-dessus l’autre) tout ce qui se dit, vu la minceur des cloisons. Aussi ne parle-t-on qu’à voix basse — on se croirait dans une maison de congrégations, on est aux écoutes par curiosité On joue beaucoup sur le piano. Il baccio.

F° 12 v°, 13, 13 v° restés en blanc.

F° 14 — enterrement (encre)

l’argent (franges couronnement) ne figure qu’aux tentures de maisons mortuaires, portail de l’église, corbillard — drap mortuaire et catafalque — Dans l’intérieur de l’église les franges et le couronnement sont en coton, dans le n° 1

F 14 v° — c’est remplacé par l’hermine — tentures = les 6 chapelles sont tendues — le catafalque se met devant le bas des marches du chœur — L’orgue avec la contrebasse ou plutôt, qqfois violoncelle ou ophicléide faisant les parties de basse.

F°15

(qq fois un supplément de musique) on chante des motets — voix d’enfants, ténor, basse baryton.

F° 16 v°, 16, 17, 18, restés en blanc.

F° 19 — Enterrements (encre)

tenture du portail de l’église = 1ère classe, le chiffre, trois fois répété (rapporté) un dessin frustre de Flaubert : 3 pans de tentures surmontés de rectangles, symbolisant les écussons avec chiffres

F° 19 v°, 20, 21, restés en blanc.

F° 21 v° Père Lachaise (encre)

Gl Foy — au bord du plateau : la ville en surplomb, cheminées d’usines, coups de marteau. au 1er plan sous soi sur la pente les têtes des arbres verts.

F° 22 (blanc)

F° 22 v° Madeleine (encre)

au crayon — bénitiers = anges portant l’un un encensoir, l’autre un St-Ciboire — à l’entrée dans 2 niches — 1er mariage de St-Joseph, 2è baptême du christ.

F° 23 — c’est le commissionnaire de l’huissier

 F° 23 v° — engelures (un mot fortement barré.)

Le porteur d’affiches (manchot, scrofuleux, narrine mangée) envoyé par l’huissier, toujours saoûl et demandant des billets de spectacle, les bonnes lui payent des petits verres. Les 4 coins de l’affiche sont déchirés d’avance pr qu’elles puissent être plus facilement enlevées. ça coûte 40 sols.

F° 24 = praticien

2 acolytes : 1° Gringoire, hâve, fils de portier piocheur et envieux

Le second plus jeune faux col de chemise plus élégant, tous deux ignoblement sales — redingottes trop courtes.

F° 24 v° — Saisie mobilière, conservatoire (encre)

huissier poli (carottant) Il (se) charge de la saisie = « donnez-moi ce tableau et je paye tout » — « donnez-moi vos pièces » compliments sur la personne

F° 25 Madeleine (encre)

sur l’autel, une vertu théologale — à chaque angle deux anges. Chœur hémicycle 13 colonnes — à gauche sur les autels latéraux St Vincent de Paul, Ste Vierge, St Augustin, à droite Ste Amélie — Christ — femme ( ?)

F° 25 v° Montmartre (encre) Maison de Regimbard, rue Lepic (encre)

(au crayon) à droite le tournant petite porte, bâtarde, 4 fenêtres et de la rue on voit ce qui se passe dans le rez-de-chaussée — air province — un jardinet avec grilles et plaques de tôle sur les grilles.

F° 26

dessin informe de Flaubert

marqué 1ère classe et 2. Il doit s’agir de tentures à la Madeleine avec festons

F°26 v°

vicaires, des conviés, on règle la classe, offrande, chaises

F° 27 Madeleine (encre)

3 pleins cintres, où sortent à mi hteur, 4 colonnes ioniques ayant au milieu en saillie un petit fronton à 2 colonnes.

ces gds cintres sont flanqués de colonnes corinthiennes — 3 coupoles — le chœur cintré a au fond et à mi-hauteur des colonnes ioniques.

F° 27 bis — Des anciennes routes abandonnées où l’herbe a repoussé — Sables d’Arbonne

F° 28 — Sente de la Reine

2 prix pour p. terre

F° 28 v° — Marlotte : plus gd que Barbison id. mare aux fées — gde flaque d’eau couverte de lentisques au milieu d’une mince futaie mare de la gorge de Lupri.

F° 29 — à noter dans les htes futaies les positions différentes, des longues trouées quelques unes obliques dès le bas — au même lieu des autres tout droits

à de certaines places l’herbe est rase comme un tapis de billard vert râpé — papillons

F° 29 v° — est tellement large qu’il ferme l’horizon à 300 pas, en me retournant, forêt sur les mouvements de terrain.

2e plan (en se tournant vers le plateau) charmant à droite barb. à gauche, rochersbruyères, 2 fougères dont qques unes brûlées, tout comme de l’or.

F° 30 — quand on est dessus petit val ovale formé, bouleaux 2 rochers — pr y monter dessus, beaucoup de bruyères en fleurs — les rochers sont très gros — le plateau (en me tournant vers le côté opposé à celui de mardeur) ( ?)

F° 30 v°

des petits » pins — (dans les tranchées le sable coupé est si fin et si dense qu’il ressemble presque à du pain)

Le bas de la gorge au Loup — rien que des pins — Le long Rocher est à gauche — lande — puis une banque semée de gros rochers.

F° 31  Croix de Montmorin — nous coupons la route de Montereau, de Moret, 1/4 d’heure après nous laissons le Rocher des Princes — à notre gauche, petite futaie.

Croix de gd maître, puis bien que

F° 32 = les batailles de Solférino, Magenta. « à la bonne matelotte, Perier, Gervais, Bertot —

Valoir, à droite le parc du prince Orloff, un peu plus loin, Ségur, on le quitte (et au fond à droite) barré

F° 31 v° — à la route de Bourgogne et on prend à droite les ventes Héron-Sokees croix de guise = petits pins. La petite haie = futaie magnifique autre.

F° 32 v° — Le papier de la salle où je déjeune représente des Chinois — en bas une large plinthe verte mon cocher qui déjeune avec l’hôtesse enfile toute son histoire. Il est de Montauban, voulait se faire postillon, son père n’a pas voulu, est parti de chez lui à 13 ans, a appris le métier de maréchal, puis est devenu soldat au mur de la salle avec les caricatures du genre de Bellangé.

F° 33 — L’aubergiste et ses servants parlent « d’une dame » qui est au premier — « autre dame », une des servantes, blonde, charmante, à traits fins me sert en chapeau de paille.

un autre, tout à l’heure, tirait de l’eau à un puits qui est au bas de la maison de M. Pavie, elle était brune châtain — les cheveux roulés derrière la tête en petites tresses.

F° 34 — La platerie (encre)

que maisons sur la rive gauche de la Seine « à la bonne matelotte ». Bertaut en face : rideau clair d’arbres, prairie, mamelon boisé — à gauche sur l’autre rive : Hericy. Eglise à toit de tuile, bouquet de futaie sur la même rive. Maisons — au loin, une à toit rouge se mire dans l’eau. Au 1er plan la Seine, joncs, nénuphars, bachots, boutiques.

F° 33 v° — à poisson — les baigneurs hommes et femmes 2 ou 3. Filets sur des bâtons dans la salle de l’auberge, caricature de Bellangé, portraits de 1830. Lamennais, Odillon, Barrot.

(La Platerie rappelle à Fr. le voyage de Montereau) Maison de M. Pavie, chalet hollandais avec une porte à toit de chaume — vases de faïence bleue sur les coins.

F° 35 — des chapiteaux évasés — on entend le roucoulement des pigeons ramiers — Fontaine Sanguinède. vue du champ de course de la vallée de la Sole — Folie Dennecourt, nous sommes sur les hteurs de la sole. Mt Chauvet — Pierre qui remue.

F° 34 v° — Cassepot = petites futaies. Fort l’Empereur. pont de la Trémouille = chemin de fer. Orloff — La Madeleine = pente couverte d’une futaie. Pont de Valvin, nous tournons à gauche.

F° 36 — caverne des brigands, redescente : les racines sont plus nombreuses, eau dans les trous du rocher. Bas préau Balbizan — Bas préau — carrefour du Bas Préau, route de Paris, côté de Chailly, Croix du gd Veneur.

F° 35 v° – Les maisons de Fontainebleau (souligné) sont toutes assez basses et blanches avec des toits de vieilles tuiles – sortie par la rue Guérin, route qui monte pr aller au Mt Pierreux,  petite futaie. Le Gros Fouteau (souligné) est sur le  pont Pierreux –  bouquet de l’impératrice, énorme chêne. La futaie de hêtres est très hte (haute), on dirait des colonnes dont les feuillages sont des

F° 36 v° – Aspremont (souligné). On descend en voiture, une belle route,

chênes très élargis du ht (haut).  Puis on va à pied. Le chemin monte entre des pins avec des roches énormes – extrême odeur de résine –   les racines sur le chemin font des veines saillantes –   Plateau : au 1er plan, roches plates, en dessous têtes d’arbres — plaines roussies.

F° 37 — Point de vue des gorges de Franchard, à gauche rochers mêlés aux arbres – à droite, une pente avec de petits arbres espacés  au 1er plan en bas ; un sentier dans la verdure des bruyères serpente vers le fond où se dresse Arbonne, puis tout au-delà un télégraphe –   à Franchard, une double noce.

F° 38 – nous recoupons la route de Fleury, et nous entrons dans la futaie de Franchard – bouquet de Franchard –  qq fois le 1er plan dans l’ombre et les fonds éclairés, entre les pieds des gds arbres, les fougères comme les danseuses avec leur jupe.

F°37 v° –   un seul tronc à trois admirables futs – Franchard — les roches à fleur de terre comme des dalles bombées. Sable si fin qu’il donne envie de le mettre dans un écritoire – petits arbres épineux, fond de la gorge = ovale à droite, roches mêlées à de petits arbres qui sont des genévriers, bouleaux – apparence de tombe –  Arbonne apparaît au fond comme un piton.

F° 39 — Mont Fessas = haute futaie — feuilles de chênes sèches par terre, le soleil y fait des taches d’or sur un tapis brun ;

2 grands arbres dont les troncs se touchent, frères siamois (souligné) 1 silence, deux femmes passent, portant des bourrées sur leur dos, un petit cri d’oiseau très faible, le cheval souffle.

F° 38v°  — la pierre Pharamond  – carrefour du bouquet du roi –  les grandes futaies, écureuil noir mangeant un champignon  – hommes = à vipères avec une boite à grilles Puits du géant – charmes.

F° 39 v° — route de Fleury, route de la Tillaye, la fosse au rateau — Mont Fessas bouquet du roi, remonte

X route = sable, chênes minces, mre de Mertens (barré) endroit où a été tué Mertens.

F° 40 — 1868 ? (au coin) : nr n 4 1.

F° 40 v° — Sari, 23 bd Poissonnière

Labruyère, 22 Lagier

F° 41 — Gustave Flaubert — Sabatier — E Pergolèse —

Achard Dieppe r. Lille 16

Il semble qu’il faudrait lire ce carnet par les feuillets 41, 40, 39, 38,37, 36, 35, 34, 33, 32, 31, 30, 29, 28, 27, 26,

Paraît avoir été écrit en voiture :  39, 38 en partie,37 en partie, 36 v°, 35 v°, 34, 33 v°, 32 v° –

Le numérotage fait par la bibliothèque a dû être fait à l’envers mais Flaubert devait prendre son carnet de temps en temps, écrire sans trop se soucier des pages et le remettre dans sa poche .


Carnet n° 13

Série voyages.

Chagrin bleu foncé, tranches jaspées avec fermoir (75 x 118 mm) 64 feuillets.

Quelques feuilles ont été arrachées. (T.J. et J. Smith’s Metallic Memorandum Books)

Carnet acheté à Londres en juin 1866,

chez J. Limbind — Statione — Printer et Erigraver,

334 stand — opposite. Waterloo Bridge.

F° 5 — Le un rôle se compose de 2 p. recto et verso. suivant la dimension du papier et doit contenir tout — Mtre clerc se tire [se tue] s’il est exact — minuties — surveillance — prend le métier en dégoût. Trop creuser les questions — La procédure est tout ce qu’il faut.

F° 5 v° — un avoué est responsable d’une erreur de forme.

— conclure d’une façon suffisante pr ne pas (masquer les !, mots barrés) se compromettre rester dans les formules assez vagues pr (ne répond, mots barrés) ne compromettre aucun droit.

— gde mémoire

S’abstraire au milieu de les int. [du bruit]

F° 6 — à 10 h. le Me clerc encore au Palais pr surveiller les affaires, chaque jour a un genre spécial — mercredi et samedi, (j. des, barré) audiences, des criées. jeudi, saisie immobilière.

répond aux hérits en même temps — fait un certain prix

[comprendre : répond aux clients, en même temps fait un acte pressé]

F° 6 v° — faire sa caisse

— belle écriture

— ne pas être trop bien avec le client de peur de rendre le patron jaloux. être l’ami de l’avocat et qu’il évite d’imposer son avis —

— activité rejointes [de jambes] être exact après un rendez-vous.

F° 7 v° — Au quai Napoléon

— gd monument neuf caserne derrière l’hôtel de ville — puis église St Paul

F° 8 — les bains Deligny = disposés en Alhambra.

F° 11 — modes de femmes 1843  mars — robes en (papier bleu collés) tuniques en crêpe, vert chou (6 jupes) chaque jupe augmentant la masse [nuance] de telle sorte que la robe vert pâle à commencer du bas devenait vert foncé à la taille, coiffure = nattes

F° 10 v° — vers minuit entra une femme qui effaça toutes les autres. Son visage à demi couvert d’un loup était entouré de belles boucles blondes auxquelles se mêlaient de larges plumes noires et couleur de feu courbées (souligné à l’encre par Flaubert) avec vigueur et se rejetant en arrière comme froissées par le vent — long voile de gaze noire — tunique de cachemire orange ouvrant par devant et laissent voir un jupon de satin blanc découpé à longues dents.

F° 10 — petites dentelles garnissant la manche tombent sur les poignets (robe de mariage)

avril

hommes, reding. (redingote) un rang de boutons, très serré à la taille, chapeau un peu large sur le côté — moustaches et favoris (poignet, barré), manchettes de chemise revenant sur la manche.

Femmes : chapeaux légèrement cambrés — en crêpe, avec une plume seule —

F° 9 v° — Dolorès de Camprière [et Cambruri] aux Variétés — ombrelles, cravache pr amazone, (dessin au crayon)

Mars — mantelet à la vieille comme en 1837— plumes sur les chapeaux de paille — chapeaux cloches = pétases, chapeaux cloches inventés par Alexandrine.

F° 9 — douairière = hte canne au milieu de laquelle est une ombrelle — écharpes.

pr les hommes (mai-juin) pr pantalons et gilets, cravates longues, carreaux — les revers et les collets longs et aplatis, les basques longues et carrés, les gilets longs et descendants en pointes.

F° 8 v° — les pantalons un peu larges du bas

gde variété de robes de barège, barège unis — à carreaux — à raies satinés. mécanisme pr transporter les diligences sur les chemins de fer —

mort de Mme Lenormand, 23 juin —

F° 11 v° (bande de papier bleu collé : on lit à l’encre) Ed — terres

gentilly — montmartre — Picpus — Ivry — Belleville.

on fait le mélange que l’on jette dans un réservoir pr les laver — pr retirer les cailloux — on les tamise — on le dépose dans les bassins pr le sécher

— puis on l’expose sur des moules grillagés —

— sur des moules en plâtre, çà sécherait.

F° 12 — plus vite — Il faut qu’il n’y ait aucun de caillou, aucun vent dans la terre qu’elle soit bien homogène —

Emaux

l’émail se compose de sable, plomb oxidé ou de l’étain, de sel, dans différentes proportions il faut que l’émail et la terre soient composées l’un pr l’autre, on le met vitrifier.

F° 12 v°

dans des creusets ou dans des fours — il est ensuite concassé et broyé dans des moulins — minium est le fondant de l’émail —

tourneur — calibre = estec ( ?) pr donner la forme extérieure — on ne peut se servir de moule à la manque, parce que la terre étant trop grasse, on ne trouve

F° 13 pas de corps non collant — cependant à Choisy le roi — on se sert d’une feuille de caoutchouc. L’ébauche faite on s’occupe du tour en usage [tournassage] sur des tuiles ou dans des gazettes

F° 13 v° — fours superposés d’un globe pr régulariser le tirage et àheures — en Lorraine, on cuit encore à ciel ouvert —

la porcelaine est un caolin = silex broyé avec différents sables = couverte et le vernis est un borax tandis que la faïence est un émail à base

F° 14 — d’étain — on plonge la pièce dans l’émail liquide, puis on la met au four —

cuire en echappade = sur plaques de tuiles, ce qui prend moins de places que les gazettes.

F° 14 v° Avisseau Barbizet Pull —

F° 15 — entre le pont de Charenton à Ivry, route et chaussée — herbes de droite et de gauche — çà et là une maison en plâtre, carreaux déformés et chemin — au loin, murs d’usine à droite un gd parc — Fr. avait eu de la joie à charenton, mais la campagne recommence.

F° 15 v° — dans Ivry on tourne — puis à droite — rue de Paris = la pente, parc qu’on longe plateau [platanes] — maisons de droite et de gauche, fortifications. route d’Ivry, maisons — viron [villas].

F° 16 — en face — à droite dôme du Panthéon

— les arbres = bâtons (au bord de la route) entre des lattes, cabarets ignobles jusqu’au bd de l’hôpital, (écrit en voiture probablement)

F° 17 — bd de l’hôpital descend —

grille du jardin des Plantes — barriques de l’entrepôt, (page écrite en voiture)

F° 16 v° — après le carrefour de Choisy — façade. Murs des maisons peints en jaune avec volets verts — les maisons sont généralement basses et se suivent — affiches Chalbert, enseigne de sage-femme — chantiers de md de bois.

F° 17 v° et 18 en blanc

F° 18 v°, 19, 20 — intéresse Remington (Angleterre) — tuiles (onglet papier bleu collé)

1847

Quotidienne.

16 janvier — réponse de la duchesse de Chambord (Marie-Thérèse) à Chateaubriand qui l’avait félicitée de son mariage. Elle dit qu’elle est française « de cœur et de sentiments ».

19 — l’élite du monde royaliste assistait ce matin dans l’église de l’abbaye aux bois aux obsèques de Mme la Ctesse Charles de Coislin, fille de M. le mquis Anguerrant enlevée si jeune à la vie la plus heureuse et aux affections les plus tendres.

F° 20 v° — Mort de Mme de Grammont, supérieure du Sacré-Cœur, r. de Varennes.

— le 30 janvier — assemblée de charité pr l’œuvre de la Maison du Bon Pasteur à St-Roch, le sermon par l’abbé Colier [Cœur]

— fête de charité à l’hôtel Lambert p. le 4 février.

— C’est M. l’abbé Plantier qui est désigné par l’Archevêque de Paris pr prêcher le Carême en remplacement de l’abbé de Ravignan.

— L’abbé Trébuquet publie (2 sols) la relation du mariage de Henri de France — cette publication populaire est le complément naturel de la vie de Henri de France par Théodore Muret.

— On se plaint de ce que le duc de Nemours (souligné à l’encre par Flaubert) ne veut pas recevoir de pantalons à ses soirées, il exige la culotte courte.

F° 21 v° — une assemblée de charité aura lieu pr le 24e anniversaire de la fondation de l’association des jeunes économes (souligné à l’encre par Fl.) en l’église de St germain, des Prés, le samedi 6 février 47 à midi, sermon de l’abbé Cœur. Les jeunes filles soutenues par l’œuvre seront présentes selon l’usage. — (papier bleu collé)

— La lanterne du Quartier Latin.

22 fev. 1er anniversaire de l’insurrect. de Cracovie (souligné à l’encre par Fl.) service funèbre à St-Roch.

F° 22 — la jeunesse des Ecoles se rendit ensuite au National et à la Réforme. —

— le 25 mars on ferme le cours de Michelet qui n’avait eu que le cours sur la Révolution.

25 avril (souligné à l’encre) M. Damas-Hinard succède à Quinet protégé par les gendarmes tapage (souligné à l’encre), il donne sa démission.

M. Salvandy, à l’occasion de la fête du roi a fait distribuer 100 (ou 700 ?) croix dans le département de l’instruction publique, (souligné à l’encre)

F° 22 v° en blanc — onglet de papier bleu.

F° 23 — Pièges et charlatanisme des 2 Sectes St Simon  Vireu [et Owen] Fourier, 1831. les st S. sont théocrates (souligné à l’encre) veulent ressusciter la main morte — F. (Fourier) avait avant eux, publié l’échelle des progrès sociaux, ils n’osent hasarder un essai de culture sociétaire parce qu’ils seraient obligés d’en puiser le procédé dans ses écrits.

« si j’eusse appelé au secours un philosophe, il m’aurait égaré dans ses routines, la ste égalité, la charité, la souveraineté du peuple et autres fadaises, je n’aurais rien découvert ».

F° 23 v° — en 1804 dans la Décade philosophi. Cadet Devaux vantait la vraie association en culture (souligné à l’encre par Fl.) ou exercice et ménage combinés.

3 classes rétives (souligné à l’encre par Fl.) : 1ère sauvages, 2e riches oisifs, et enfants.

F. (Fourier) s’étonne qu’aucun écrivain n’ait entrepris un livre sur les crimes du commerce (souligné à l’encre) — reproche aux Sts Sim. de vouloir capter les héritages (souligné à l’encre)

Penn (repris à l’encre) fonda sa doctrine sur les bizarreries : 1° le refus d’impôt 2° refus du service militaire 3° manières tudesques, le tutoiement, les vêtements gris, le refus de salut.

F° 24 — à son imitation, Owen (repris à l’encre) prit 3 monstruosités —  abolition du culte et des prêtres — communauté de biens — suppression du mariage.

St Simon. 1° théocratie fardée de sympathie et d’amour, la main morte ressoudée et généralisée — 3° la loi agraire en variation, en mode exécutif.

F° 24 v°en blanc

F° 25œuvres choisies t.3 1859 St Simon (repris à l’encre). opinions littéraires, philosophiques et industrielles 1825 (souligné à l’encre) tout progrès aux mœurs vient du clergé — écoles, beaux-arts — trêve de Dieu — construction de chemins etc (p. 227).

« Le but primitif de la Relig. (souligné à l’encre) Chrétienne a été l’anéantissement de l’esclavage — ce but atteint la religion doit s’en proposer un nouveau qui soit plus avancé que le premier, c’est d’établir une organisation sociale qui assure du travail à tous les prolétaires, une instruction positive à tous les membres de la société et des jouissances qui soient de nature à développer leur intelligence. »

F° 25 v° — « le pouvoir royal est l’institution fondamentale et nécessaire des sociétés actuelles. » (souligné à l’encre) p. 250.

La paix étant le plus gd des biens sociaux « l’existence de la Ste Alliance est donc utile aux Européens » (souligné à l’encre) p. 255.

Une page à la glorification de la Ste Alliance « au moyen de la Ste Alliance, la morale de l’Evangile est devenue prépondérante en Europe » p. 256. 3ème opinion.

F° 26 — Féodalité financière

Toussenel 1847

Tous ceux qui lisent la Bible sont imbus de son esprit, cupides comme les juifs — Anglais, génévois, américains.

Fourier se plaint de l’admission des juifs au droit de cité (introd. p. XI). l’infanticide en France a augmenté depuis 1830 de soixante et onze p. cent. Les juifs veulent la paix, empêchent la guerre.

Le trésor a perdu depuis 18 ans au dire des ministres une perte de 200 millions sur le revenu de l’impôt des sucres.

F° 26 v° — Les tribunaux ne laisseront pas la libre disposition de sa formule aux fils de famille que l’administration comme le gouvernement actuels administre la formule pratique. [la fortune publique]

2° la théorie sur les gouvernements sont les ennemis nés du peuple, la théorie du gouvernement anglais a fait plus de mal à la France que les révolutions. Les économistes alliés naturels de l’Angleterre. Napoléon haïssait les idéologues amis de l’Angl. M. Guizot protestant et de la société de Mme de Staël a rétabli à l’institut la classe des sciences morales.

F° 27 — Voltaire a composé la Pucelle pr flatter l’orgueil de l’aristocratie britannique. « l’état c’est moi — déclaration sublime et que n’ont pas compris ceux qui la calomnient, excuse la St Barth., la révocation de l’édit de Nantes, c’est abominable mais c’était peut-être utile (86)

Le droit au travail formulé par Turgot dans le préambule de l’Edit de 1776 (souligné à l’encre) l’affaiblissement de l’autorité (souligné à l’encre) amène l’abandon du faible, du travailleur — le Capital est alors maître absolu.

F° 27 v° — les gens de finances ont empêché la réunion de la Belgique à la France, Elbeuf, Rouen, Lille y auraient perdu.

— « ce sera bien cher ces députés sans traitement disait Talleyrand à L. 18 (Louis XVIII)

« L’Anglais à Rouen, l’Anglais recevant des ovations publiques et des décorations de la main du ministre du Commerce dans la ville où les Anglais firent brûler la Pucelle ». p. 161 (ce passage a été marqué d’un trait à l’encre dans la marge)

c’est la coalition des juifs qui retardant de 6 semaines le départ de l’expédition a été cause du désastre de Moscou (souligné à l’encre)

F° 28 — Ce qu’on appelle Capacités (souligné à l’encre) en France est une dérision puisqu’ils (avocats, médecins) ont acheté avec de l’argent leur titre de capables (souligné au crayon). Si on les admet, ce sera un malheur, cette adjonction augmentera le nombre des ennemis du pouvoir et celui des amis de la féodalité d’argent.

Il faudrait abolir le notariat (souligné à l’encre) et en faire une fonction administrative à l’instar des recettes d’enregistrement et des conservations des hypothèques.

Toussenel se plaint de ce que la Presse n’est pas organisée (souligné à l’encre)

F° 28 v° — regret des jurandes, entretenait la loyauté (p. 275)

Le peuple n’a gagné à la liberté de l’industrie que la réduction des salaires. Le commerce, fonction administrative devait être exercé par l’Etat, (souligné à l’encre). L’Etat devrait prendre le monopole des assurances (souligné à l’encre). Pour avoir beaucoup d’argent, en cas de nécessité, établir des loteries.

F° 29 à 32 en blanc.

Suit ensuite de 32 à 49 des notes sur une visite à Chartres, (de 48 à 40 — onglet pap. blanc p. 40)

F° 36 — Départ de Fl. en Angleterre — 26 juin 1866) Sur ce carnet écrit au crayon, parfois ensuite souligné à l’encre, Flaubert a collé avec des bandes de papier à lettres aux feuillets II. Tel qu’il est écrit, il semble qu’il l’a employé en diverses occasions.

de 63 à 50 — voyage en Angleterre pap. b. p. 63


Carnet n° 19

Série Lecture.

(Plans — Idées en l’air). Educ. Sent. (172 x 263 mm). Carnet acheté en Angleterre.

Education sentimentale

F° 12. — Debout elle chantait un air au piano — il y avait un mot italien qui revenait et elle faisait à chaque fois un petit mouvement de col comme un oiseau qui se débat dans ses plumes en tournant la tête.

— moires du vernis du piano où se reflètent les lampes.

Vases [Lèvres] un peu épaisses évasées qui inspirent le désir d’un arrachement.

— Une des belles choses de Paris — c’est les soirées intimes — l’éternel thé… petits gâteaux secs, la bonne en tablier blanc. Les fiacres qu’on envoie chercher. Le désir d’avoir un jour.

F° 13. — au crayon Kœnigsmarck.

F° 13 v°. — insister sur la peinture, les tableaux des souverains — la duchesse d’Orléans, Marie Amélie (femme de L.P.) née à Palerme avec ses chapeaux à oiseau de Paradis — M. et Mme la duchesse de Bordeaux (Bretagne) — Un tableau à Bordeaux représentant l’entrée de la duchesse d’Angoulême à Bordeaux.

le genre restauration

Une histoire de l’amour des souverains — notre bon roi — la maîtresse du roi respectée. Isis et Osiris.

— plaques commémoratives MM. les Préfets.

Manière dont on entend les honneurs rendus aux grands hommes — Statistique des statues — généraux de l’Empire.

— prix de certains livres et de certains tableaux — énoncés de toutes les lois sur la propriété (officielle, mot barré remplacé par) littéraire.

« S.A. le prince président demande la différence qu’il y a entre les Beaux-Arts et les arts industriels » à une députation d’ornementation conduite par Séchan, vers 1852 ou 1853 (voy. les journaux de l’époque).

F° 14. — L’art officiel (histoire de) comprendront

A — Un précis de l’art tel que l’entendent la majorité des Français comme preuve : critique de grands succès, puis histoire et exposition de

1° l’art gouvernemental

2° l’art religieux jésuite

3° l’art populaire

4° l’art des gens du monde

Une histoire de l’art jésuitique y rentrerait — celle de l’Académie — de la censure — les discours politiques — les enthousiasmes du Moniteur (tableaux chronologiques).

Réunion des principaux critiques sur le même homme ou les mêmes éléments [œuvres]— l’art socialiste — prêcheur.

B — Une histoire des définitions de l’art, les opinions différentes que l’on a sur son but. Histoire de la moralité de l’art — théorie de l’utile — et de ce qu’elle peut et doit être.

C — Bien montrer partout la bêtise de l’impulsion (soit populaire, soit gouvernementale) comme contraire au génie des créateurs et au sens intime [même] de l’art qui est l’objectivité.

La représentation.

F° 14 v°. — Comme appendice (ou plutôt dessous) bien montrer tout le mal que l’action gouvernementale a produit dans les sciences et l’industrie.

Lâcheté envers les inventeurs — effroi de l’originalité, de l’initiative.

Littérature du barreau ;

Style des procureurs du roi « un monstre vomi des enfers »

Style militaire.

Quand la religion s’en va, l’officiel arrive

Partout que l’on sente les protestations des droits de l’individu contre la masse et le gendarme.

F° 15. — Quel est l’imbécile qui a dit ceci : « Il y a quelqu’un qui a plus d’esprit que Voltaire, c’est tout le monde ?

— Pas du tout ! il y a quelqu’un de plus bête qu’un idiot, c’est tout le monde.

F° 25. — Mme Moreau

Il semble qu’on t’ait dorée

— Esméralda

Andalouse de Barcelone

femmes de Byron

— Violence que doit avoir un amour renforcé par des types littéraires, admirés dans la jeunesse — il y a coïncidence de l’idéal et du réel.

F° 26. — Le serment des amis.

un (industriel, mot barré remplacé par) commerçant opaque faisant une grande fortune —

Couple — un homme de lettres d’abord poète, puis en dégringolant journaliste, devient célèbre.

un vrai poète de plus en plus raffiné et obscur — (au crayon : concret)

médecin

juriste : l’homme de droit, notaire.

couple — avocat républicain devenant ministère public, travail de la famille pour le démoraliser (Ern. Chevalier)

un vrai républicain toutes les utopies successivement (Emm. Vasse

En marge, au crayon : employé dans un bureau. finit sur la guillottine).

F° 30 v°. — Mœurs parisiennes

Mmes de T. et Mme G. amenés aux Provençaux par Mlle S. L. pour que la 1ère enjôle Mr de Joly (20.000 fr. à dépenser). On arrive, comme des femmes du monde, encapuchonnées dans des loups — poses de grandes dames « Mais mon dieu, nous ne sommes plus du tout comme il faut, du tout… que vont penser les garçons… ils vont nous prendre pour des gourgandines ». 3 idiots. Mais un peu pochards à la fin. La des G. sentimentale et regardant par la fenêtre ouverte le jardin du palais royal, aux étoiles — « comme il serait doux de se promener sous ces grands arbres — seule — d’y rêver — que de souvenirs !… Suzanne je crois que je suis amoureuse de M. de Joly » ! — Cancan au piano — le piano particulier du restaurant, avec les touches tachées d’eau sucrée où les gueuses se sont assises — asthmatique comme un cheval de fiacre — épisode de la robe tachée d’huile. Manières très libres dans la voiture — le lendemain 60 robes de chez Delestre à la porte de Mme de Tourbey.

F° 31. — Mlle X ancienne femme de chambre d’une jolie lorette s’établit près d’elle à Auteuil, prend une petite maison de campagne, à côté. Les MM. sortant le soir de chez son ancienne maîtresse vont chez elle et après des exercices de fellation, elle leur adresse en toute humilité, ces paroles « est-ce aussi bien que Madame ? »

F° 35 à l’encre.

Me Moreau (roman)

Le mari, la femme, l’amant, tous s’aimant tous lâches

— traversée sur le bateau de Montereau, un collégien — Mme Sch. Mr Sch. moi.

— développements de l’adolescence — droit — obsession femme vertueuse et raisonnable entourée d’enfants. Le mari, bon, initiant aux sorties… bal, paie chez la Présid. Conf. Paris. Théâtre, champ de courses, adultère mêlé de remords et de farceurs. Il a bien du mari et développement philosophique de l’amour — fin en queue de rat — tous savent leur position réciproque et n’osent se le dire, le sentiment finit de lui-même on se sépare. Fini, on se revoit de temps à autre — puis on meurt.

Au commencement le mari a des soupçons ; épie ; en écoutant derrière la porte (au crayon et au-dessus) (faux bonhomme). Mouvement pour le lecteur. — Mais comme l’amant est très timide et parle de la pluie et du beau temps. Mr Moreau est inébranlablement rassuré — Bien que courant les filles, il aime sa femme et en est jaloux — bon père de famille.

Au-dessus de jaloux, au crayon : étonnement du jeune homme.

Au-dessous (au crayon) : fait sur elle des conférences intimes Fritz en souffre et les demande.

F° 35 v°. — N’osant déclarer son amour, il se replie sur des Lorettes — cynisme cachant la timidité — refus brutal du couchage basé sur le manque de sac, comme l’autre a basé son refus sur la Vertu, les devoirs.

au crayon, au-dessus du couchage

croit que et bon enfant

Colère intérieur de même qu’il n’a pu obtenir ce qui est pr lui la possession de l’idéal

— que cela arrive le même jour. Le mari possède à la fois la lorette et sa femme.

un homme aimé par une femme l’est en même temps par d’autres. puissance du rayonnement

— théorie de l’amour qu’inspirent les actrices.

Il serait plus fort de ne pas faire baiser Mme Moreau qui, chaste d’action, se rongerait d’amour. Elle aurait eu son moment de faiblesse — que l’amant n’aurait pas vu ; dont il n’aurait pas profité.

l’action manque pour toute la seconde partie.

Mr Moreau doit industriel d’art, puis industriel pur.

dans le coin de la page : marchand a un journal d’art et de littérature — tableaux (au crayon) bronzier. produits chimiques, fabriq. de faïence, porcelaine opaque.

F°36. — Mettre en parallèle la demande en mariage et les demandes (barré) pourparlers pour l’entretien — conditions réglées d’avance et puis les deux dépucelages

Au-dessus de mettre : la fille de Mme Moreau (au crayon).

Elle finit folle, hystérique, le mari devenu bon la soigne. La lorette est devenue châtelaine de campagne, vertueuse et religieuse. M. Moreau, au contraire, par l’abus de la vertu a tout renié, esprit sage et rationaliste. Volonté au-delà de ses moyens. Prendre garde au Lys dans la Vallée.

Au-dessus de soigne et au crayon : Fr. les a abandonnés.

Mais s’il y a parallèle entre les deux femmes, l’honnête et l’impure.

A. l’intérêt sera porté sur le jeune homme (ce serait alors une espèce d’Education sentimentale ?) Il faudrait que la lorette fût très au second plan comme repoussoir.

B. tout le livre (c’est alors un autre livre) ne serait que cela, la bourgeoise et la lorette (avec toutes les personnes secondaires de chacun de ces deux mondes et comme lien le mari et l’amant trempant dans les deux sociétés.)

L’amant à la fin s’élèverait (par suite de son progrès) au-dessus des deux.

F° 36 v°. (écrit entièrement au crayon)

1° vue éblouissement

occupe l’adolescence et se mêle à sa floraison

elle dure dans la chambre du bateau à vapeur.

2° vue il la fréquente de temps à autre, timide — rarement — puis plus souvent s’habitue à son désir, l’idée ne lui vient pas qu’il peut la baiser, tranquille de sens, du reste. Car ils ont, par les filles publiques un dérivé naturel et fréquent — tables du café de Paris — il s’efforce à aimer la Prostitution de même qu’à l’exaltation idéale.

en marge : quai Napoléon relative

homme tout d’une pièce

En plus au crayon : laps en province.

3° période intime dans la maison

Mme M. aime ses enfants — voit — elle l’amour de Fréd. elle ne l’aime que lorsque ses enfants commencent à se détacher d’elle — opposition du caractère de la fille — a faute du fils qui devient Saint Cyrien. Alors elle est seule (le mari la néglige de plus en plus, ménage querelleur.) au-dessus : plutôt de la femme que du mari, et il est tout naturel qu’elle remarque qu’il fait attention à elle

confident de la femme et du mari

la peau de la femme.

F° 37 (au crayon)

que le lecteur croit qu’on va se foutre.

Elle accepte un rendez-vous — n’est pas baisée — par sa volonté — d’ailleurs Fr. s’y prend mal (au-dessus et à l’encre) : dans un hôtel de la rue Tronchet.

x alors sa passion — à lui — décroit — et à elle augmente — car tout lui manque.

xx c’est de ce jour-là qu’elle l’aime fortement, mais il n’a pas osé poursuivre le hazard aussi s’en mêle, les faits extérieurs, bref l’occasion est à jamais manquée.

A l’encre : repoussé par elle — Fr. se lance dans les lorettes. Jalousie de Mme Moreau, elle fait des reproches à son mari tout haut, mais ils s’adressent à Fritz. Puis les dépenses, les lettres de son mari l’accablent, l’inquiètent

maison de campagne aux environs de Paris, elle défend son mari

A l’encre : quand on l’attaque sous le rapport de la probité.

Que ne baisant pas, ils ont des transes, lettres anonymes etc. Fr. passe pour son amant.

Lâcheté. Il laisse faire cela.

F 37 v°

Au crayon : Mr Moreau jaloux de Fr. — avant que sa femme ne l’aime, jaloux de la lorette quand Fr. ne l’aime plus.

il va lui, le mari, en progressant dans une voie sentimentale et presque idyllique, d’abord coureur de bordels, puis des lorettes, puis entretient les petites grisettes, il leur achète des fonds de lingerie, devient de moins en temps inconstants, tourne à la bédolle, s’attendrit et aime cependant sa femme et ses enfants.

Au crayon : devient très laid, physiquement, tourne au gâteux.

Deux beaux vases, toute une garnitude de cheminée qui passe de chez Mme Moreau chez la lorette.

Fr. les y retrouve, c’est quelque chose de sa jeunesse.

gradations dans la débine — deux ou trois changements de logement, effet sinistre — tout se rétrécit — le logement est de plus en plus petit — plus qu’une seule bourse — Puis la Province dans un endroit reculé.

ajouté après : la fortune matérielle du ménage a été montant dans les 1ère partie du livre. Elle dégringole dans la seconde.

dernière entrevue : visite de Mme… elle s’offre, mais elle ne l’excite plus et il a peur des dégoûts futurs — ne pas la rendre ridicule — il en a pitié — elle s’en va — il la voit monter en fiacre — et tout fut fini.

F° 38. — Lorettes (secondaires) autour de la principale — ménages et adultères, bourgeois autour du ménage Moreau.

B. Mme Moreau a des ironies là-dessus et blague le sentiment la mort dans le cœur.

Au crayon : Les vilenies de la débauche de son mari l’écartent de l’adultère, elle veut vouloir le mépriser dans sa conscience.

La passion de Fr. foudroyante d’abord puis timide et constante, puis repoussée (car il l’aimait alors tellement qu’il n’a pas compris sa pudeur et s’est retiré) a des intermittences. Elle revient à M. Moreau (barré, au-dessus le reprend, quand son cœur est vide d’autres femmes.

Au crayon : elle va céder peut-être — l’orgueil — l’arrête — et l’idée de son fils plus tard insulté à cause d’elle. Elle le voit blessé, tué en duel, rapporté sur un brancard tableau détaillé — à mesure que les tentations sont plus fortes. Sa vertu devient plus âpre. Quant à l’empêchement de baiser, quand tout est mûr pr cela il n’y a pas que sa vertu qui l’empêche mais une circonstance fortuite, le moment précis est passé psychologiquement

F° 38 v°. — (au crayon) Mr Moreau très doux pour sa femme, jamais ne la brutalise — c’est elle, au contraire, qui est violente.

L’état atroce et de plus en plus nerveux se continue jusqu’au mariage de sa fille. Fritz n’y assiste pas — Il est au mariage de la lorette qui se fait le même jour à la Madeleine — Sa fille l’abandonne tout à coup — Abime elle se trouve seule. On la met dans une maison de santé

Elle en sort

dernière entrevue.

Montrer que le sentimentalisme (son développement depuis 1830 suit la politique et en reproduit les phases.)

F° 39.relatifs à l’Éducation Sentimentale

toutes les dents sont de personnes, une armée muette, chacune a une physionomie.

souffrances de l’expansion arrêtée. Il y a un moment où elles ne vous comprennent plus (c’est quand on cause d’art et de poésie — et même de sentiment) on allait les embrasser et rendre leur âme et l’on se heurte la poitrine cont un mur d’airain hérissé de clous, ceci doit être montré en dialogue).

(dans la 1ère partie Fr. y est moins sensible dans la seconde).

L’impossibilité de tenir un secret quel qu’il soit est le trait des impures.

un défaut radical d’imagination, un goût excessif — trop de sensualité — pas de suite dans les idées — trop de rêves l’ont empêché d’être un artiste.

un cercle de femmes causant de questions graves.

Ce carnet est le plus intéressant pour l’ébauche de l’Éducation Sentimentale. On y trouve f°35 cette phrase : « traversée sur le bateau de Montereau, un collégien — Mme Sch., Mr. Sch., moi ». C’est, il semble, M. Gérard-Gailly, fidèle à Trouville, qui le premier a révélé que Sch. était l’abréviation de Schlesinger.