Lettres de Chéruel et de Le Poittevin à Michelet

Les Amis de Flaubert – Année 1969 – Bulletin n° 35 – Page 44

 

Chéruel et Michelet
L’historien rouennais Chéruel, qui fut professeur au Lycée Corneille, avait été un élève de Michelet à l’École Normale Supérieure et il continuait de correspondre avec lui. Ayant été atteint de maladie cérébrale, il lui écrivait (3 mai 1843) : « Quand il a été question de reprendre mes cours, j’ai consulté de nouveau les médecins qui m’avaient donné des soins et principalement MM. Flaubert et Parchappe ».

Dans une autre lettre (18 mars 1847), il cite M. Hamard, beau-frère de Flaubert et qui vient de tomber veuf : « M. Hamard, que vous connaissez déjà part en ce moment pour l’Angleterre. Il a besoin de distraction après tous les malheurs qui l’ont frappé dans ses plus chères affections. Il désirerait obtenir quelques lettres de recommandation pour des savants anglais… Je suis convaincu que si vous les avez conservées, vous voudrez bien donner quelques moyens à M. Hamard de rendre son voyage utile pour lui-même et pour la science. Vous le connaissez depuis longtemps. C’est un homme encore jeune, plein de zèle et d’ardeur, et qui a besoin de se retremper énergiquement par l’étude ».

Le 11 septembre 1848, il lui annonçait la suppression de l’académie universitaire de Rouen pour « une économie annuelle de 54.000 F ». Ce fut la cause du départ de Rouen de Chéruel, qui partit comme professeur à Strasbourg, dont il devint recteur.

 

Une lettre de Alfred le Poittevin à Michelet
Dans le fonds Michelet à la bibliothèque historique de la ville de Paris (correspondance, tome X, A 4725, lettre 325), on y trouve cette lettre du samedi 3 mai, sans précision d’année, mais avant 1848 (1841 ou 1847, le 3 mai étant un samedi).

« Je suis extrêmement sensible, monsieur et ami, au souvenir que vous voulez bien garder de moi, ce dont ne vous ont point distrait les graves préoccupations du moment. Je n’ai pas besoin de vous dire avec quel plaisir je reçois ces livres que je suis depuis longtemps habitué à admirer ; j’ai regretté de n’avoir aucun recueil où je passe à propos de votre dernière publication, exprimer ma sympathie pour vous et pour vos doctrines, mais il n’y a pas eu moyen de songer au Mémorial (journal ministériel) et Baudry a revendiqué le Journal de Rouen.

Un de mes meilleurs amis, M. Pagnerre, maintenant rédacteur en chef du Journal du Loiret, me fournira bientôt, je l’espère, un moyen de publier quelques comptes rendus, je lui avais promis depuis longtemps une visite, pendant laquelle je m’arrangerai là-dessus avec lui en passant à Paris ; j’aurai l’honneur de me présenter chez vous et de vous remercier d’une bienveillance qui m’est précieuse.

Recevez, monsieur et ami, l’assurance de ma considération la plus distinguée. Samedi 3 mai.

Alfred LE POITTEVIN.