Félicien Marceau et Flaubert

Les Amis de Flaubert – Année 1970 – Bulletin n° 36 – Page 43

 

Félicien Marceau et Flaubert

Pierre Lhoste a interrogé Félicien Marceau. Parmi les questions posées et reproduites dans les Nouvelles Littéraires (20 novembre 1969), nous en reprenons deux qui intéressent Flaubert :

Lorsque vous regardez la totalité de vos ouvrages, pouvez-vous analyser la part de vous-même qui est entrée dans vos personnages ?

— Je crois que c’est à la fois énorme et presque rien. Il y a chez le romancier une sorte de faculté de se mettre dans la peau d’autrui.

Aussi bien dans la peau d’une femme ?

— Honnêtement, un romancier devrait dire comme Flaubert de tous ses personnages : « Madame Bovary, c’est moi. » Puisque nous prenons l’exemple de Flaubert, continuons. Il me paraît certain que Flaubert était Madame Bovary, Monsieur Bovary et aussi Rodolphe et encore tous ses autres personnages. L’imagination est une force extraordinaire qui vous transporte très loin de vous-même et c’est à un tel point que je crois, sérieusement, qu’un romancier parle encore mieux des personnages qu’il n’a pas connus.