1970. La vie de notre Société

Les Amis de Flaubert – Année 1970 – Bulletin n° 37  – Page 47

 

La vie de notre Société

En premier lieu, saluons la mémoire de René Senilh, ancien trésorier de notre société jusqu’à ces dernières années, et qui avait longtemps insisté auprès de nous pour lui trouver un remplaçant, sentant ses forces décroître. Les animateurs actuels de notre groupement, savent mieux que tous ce qu’ils lui doivent, pour avoir mené prudemment et avec sûreté notre trésorerie depuis notre reprise en 1948. Il accomplissait sa tâche sans bruit et avec le désir de bien faire. Nous renouvelons à sa veuve l’expression de nos condoléances et nous l’assurons que la mémoire de son mari sera souvent rappelée au cours de nos conversations, comme un bel exemple de dévouement aux sociétés.

Avant lui, était disparu un autre rouennais : M. Macqueron, ancien bâtonnier du barreau de Rouen. Il était le descendant de Jules Sénard, avocat de Flaubert dans le procès de Madame Bovary. Il était également le petit-fils de Frédéric Baudry et le neveu d’Alfred Baudry, autres amis et correspondants de Flaubert. À ce titre, il conservait la correspondance de Flaubert avec eux et qui fut publiée. L’une de nos séances à Croisset fut présidée par lui et il demeurait vivement attaché à notre société.

Nous avons tous été peinés de la disparition tragique, du bon écrivain Jehan Le Pôvremoyne, ancien rédacteur à Paris-Normandie et auteur de plusieurs ouvrages sur la Normandie traditionnelle et en particulier de Ma grand-mère paysanne couronnée du prix Olivier de Serres. Il s’était promis, avec la retraite, de se consacrer à des études sur Maupassant et de nous les donner en articles. Regrettons la disparition tragique de ce Cauchois authentique.

Regrettons aussi la mort subite de Jean-Pierre Khim, à l’âge de 46 ans. Professeur de philosophie à Troyes, s’occupant également d’émissions littéraires à la radio, il avait accompagné il y a deux ans les écrivains de Bourgogne à Rouen et avait parlé en leur nom, au dîner organisé par nos soins. Il était le co-auteur d’un disque : Gustave Flaubert et Nogent-sur-Seine.

Parmi nos membres également disparus, il nous faut signaler celle de Pierre Lambert, considéré comme le Prince des Huysmansiens. Il était né à Tôtes, il y a soixante-dix ans, où son père était notaire et était le petit-fils d’un sculpteur animalier Burel-Tranchard, ancien maire des Grandes-Ventes. C’est à Rouen, chez l’un de ses parents, alors qu’il était élève du Lycée Corneille, qu’ayant lu Là-Bas il s’intéressa à Huysmans et collectionna par la suite tout ce qui pouvait l’intéresser. Il commença des études médicales et dériva vers la littérature, ouvrant à Paris une librairie fort connue des lettrés. Il aimait revenir passer chaque année, quelques mois dans sa maison familiale des Grandes-Ventes. Toujours il avait manifesté une vive sympathie envers notre société.

Un autre deuil, appris par hasard, nous a surpris et frappés : la mort d’Alberto Cento, professeur à l’Université de Naples, disparu dans des conditions pénibles pour sa famille et ses amis. Grand travailleur et chercheur, trop même, il était le meilleur connaisseur de Bouvard et Pécuchet, dont il avait fait sa thèse de doctorat, en publiant notamment l’édition critique. Flaubert l’enthousiasmait. Nous l’avons connu, faisant des recherches à la Bibliothèque de Rouen, plein de vitalité et de projets. Les flaubertistes français ressentent durement sa disparition. Nous venons de recevoir un livre d’hommage consacré à sa mémoire, dans une forme sobre et respectueuse, paru dans la collection Romanica Neapolitana, publié par l’Institut de Philologie Moderne de l’Université de Naples où il professait, sous le titre Studi di Letteratura Francese (Liguori-Napoli, 1970). Ses amis y ont publié plusieurs de ses articles concernant Condorcet, Fauriel, Stendhal, Flaubert, Molière. Les trois études intéressant Flaubert s’intitulent : Le plan primitif d’un cœur simple, Pour une édition critique de Bouvard et Pécuchet, Flaubert et le « cocu triomphant », une scène de Candidat. En tête, le portrait d’Alberto Cento dans une attitude familière nous le rappelle doublement à notre souvenir.

Ses amis napolitains, à l’origine de cette marque de sympathie et d’admiration, peuvent être assurés que les « Amis de Flaubert » ont été sensibles à leur envoi, qui leur rappellera le souvenir attachant de ce grand ami des lettres françaises.

Ainsi vont les années, la mort frappe, dans nos rangs, des hommes que nous aurions voulu conserver parmi nous, nous secondant dans nos efforts et nous encourageant. Leur souvenir demeurera vivace parmi nous et de plus jeunes prendront leurs places et continueront, en souvenir d’eux.

A. D.

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COTISATIONS

Aucun de nos membres ne sera surpris du relèvement de notre cotisation annuelle. Nous devons vivre avec les obligations de notre époque, si nous tenons à publier nos deux bulletins annuels. Toutes les sociétés sont obligées de passer par cette solution, que nous faisons avec regret, mais qui est pour nous une condition vitale. Nous espérons être compris de tous et nous leur demandons de nous trouver de nouveaux membres et en faisant abonner leur université et leur lycée. Si nous pouvions compter sur cinq cents membres, nous serions plus à l’aise. Nous demandons aux membres plus aisés de majorer leurs cotisations, ce supplément nous aide efficacement. La petite équipe dirigeant la société trouve dans une rentrée abondante de fonds une des satisfactions à ses efforts. N’attendez pas la feuille de rappel, mise dans le bulletin, pour régler votre cotisation : allégez les charges de la trésorière.