Préparer le centenaire de la mort de Flaubert

Les Amis de Flaubert – Année 1978 – Bulletin n° 52 – Page 3

 

Préparer le centenaire de la mort de Flaubert

Éditorial

 

Dans deux ans, en mai 1980, viendra le centenaire de la mort de Gustave Flaubert, survenue brutalement comme chacun sait à cinquante-huit ans, alors qu’il avait Bouvard et Pécuchet en cours et d’autres projets en tête. Naturellement, nous tenons à marquer simplement et dignement, comme il le mérite, ce siècle de disparition. Mais ce sera aussi un autre centenaire, celui de la publication des Soirées de Médan, dans lesquelles Guy de Maupassant fit sa percée véritable dans la littérature, avec sa nouvelle toujours très lue : Boule de Suif, et dans laquelle le fond de l’esprit rouennais est plus qu’apparent. Nous avons rappelé dans notre bulletin que les quotidiens de la ville, toujours prêts à vanter l’un de leurs contemporains, s’étaient magnifiquement tus à le signaler, comme si le fond de cette histoire était pour leur patriotisme local une sorte de gêne et de honte pudique. De ce point de vue, Boule de Suif mérite une réhabilitation rouennaise. Maupassant, malgré son goût d’indépendance littéraire et qui se serait sans doute accrue avec le temps, s’est toujours considéré, avec une ferveur constante, comme le disciple de Flaubert et jalousement son fils spirituel.

Nous nous sommes toujours demandé s’il ne fallait pas célébrer ensemble ces deux événements de portée nationale, mais dont le centre fut la capitale de la Normandie. La société des Amis de Maupassant a disparu sans bruit depuis de nombreuses années, ainsi que son bulletin ronéotypé « Bel Ami ». Nous avons toujours considéré que notre association, en plus de la fidélité à notre titre, devait non seulement s’intéresser à Flaubert mais également à ceux qui, par amitié et ressemblance, ont gravité autour de lui. Nous pensons que notre suggestion devrait être sensible aux Amis de Zola et qu’ils répondront amicalement à notre appel.

Les colloques de tout genre sont devenus nombreux, trop même, ce qui gêne à leur succès élargi. Nous devons chercher à les simplifier. Si bien que nous pensons que ces deux centenaires doivent être tenus en même temps et à Rouen. Nous serions heureux et satisfaits que, parmi nos lecteurs et parmi les chercheurs spécialisés sur ces deux littérateurs, certains nous écrivent leurs suggestions et leurs espérances.

Pour le centenaire de l’Éducation sentimentale, avec la Faculté des Lettres de Rouen – Mont-Saint-Aignan, nous avons organisé un colloque très réussi dont les communications ont été publiées par la revue Europe. C’est sur l’exemple de celui-ci que nous voudrions organiser ce que nous prévoyons pour 1880.

Nous ne pensons pas pouvoir égaler celui qui fut organisé en souvenir de George Sand, dernièrement à Nohant et dans le Berry. Le cycle de manifestations a duré plusieurs semaines. Elles ont été aidées financièrement et largement par la compréhension unanime des membres du Conseil Général du département du Cher, en hommage à leur grand écrivain régional. La préparation et la tenue d’un colloque, quel qu’il soit, nécessite un budget provisionnel important. Nos petites sociétés, qui arrivent difficilement à joindre les deux bouts chaque année, ne le peuvent entièrement par elles-mêmes. Elles ont besoin de trouver des mécènes publics ou particuliers. Peut-être même que nous pourrons lancer, comme d’autres sociétés l’ont fait, une souscription entre nos membres ? Notre but doit donc être modeste et nous devons agir et prévoir selon nos moyens limités. Le centenaire de la mort de Flaubert doit être signalé à l’attention générale, à ce que l’on appelle communément le grand public et parfois éclairé : la ville de Rouen, comme il se doit, et le Conseil Général du département voudront nous accorder l’aide attendue pour la réussite de nos espérances et de nos devoirs.

Parmi les thèmes à choisir, les Soirées de Médan mises à part, il nous semble que l’amitié et la ressemblance devraient nous intéresser. Il y a tant de personnages parmi ceux qui ont correspondu avec Flaubert, ou qui ont vécu dans son entourage, lesquels méritent, pour une meilleure connaissance d’eux-mêmes, d’être tirés de l’oubli où l’ingratitude du temps les a fatalement glissés : leurs noms ne suffisent pas, ils furent vivants des hommes et des femmes actifs et pensants de leur temps : celui de Flaubert. Mais il y a aussi d’autres sujets qui méritent d’être développés.

Nous attendons maintenant vos suggestions, qui ne doivent pas manquer. Nous souhaitons pouvoir donner rendez-vous, en 1980, aux amis de Flaubert, de Maupassant et à tous ceux qui demeurent sensibles et attachés à la riche littérature du XIXe siècle.

André DUBUC