La structure motivante du premier chapitre de B. et P. – 2

Les Amis de Flaubert – Année 1981 – Bulletin n° 59 – Page 10

 

 

La structure motivante du premier chapitre

de Bouvard et Pécuchet — 2

Déjà la situation sociale de Bouvard et Pécuchet telle qu’ils la vivent en toute subjectivité traduit de leur part une conscience aiguë de leur différence, de leur sentiment de supériorité, ce qui sera très nettement affirmé chez Pécuchet. La distanciation critique qu’implique le dénigrement de tout ne s’étaye d’aucune raison apparente. Tout le roman ne se constitue donc que par la récolte un à un des matériaux qui valident le ressentiment absolu à l’égard du monde. La patiente enfilade des Études se fonde sur la réduction d’un écart qu’une comparaison initiale aura introduit : à la fin du roman un comme est évincé, et, victimes réelles d’innombrables déboires, de multiples injustices dont la cause leur paraît toujours extérieure, Bouvard et Pécuchet pourront alors, mais alors seulement, dresser un formidable dossier de réquisitions contre l’humanité entière (chap. X). Pourtant, bien qu’exacerbés depuis longtemps (E23) par la bête humaine, c’est quand ils sont au milieu de rêves d’humanisme, de sociologie, et perdus dans un idéal d’utopie sociale (E27ter) que tout Chavignolles se dresse avec fureur contre eux pour les accabler ignominieusement.

La Comparaison (« comme des gens qui ont subi de grands déboires ») portée ici par la voix du narrateur (cf. Weinrich : le présent appartient au monde commenté) n’est jamais innocente ; le mouvement par lequel elle se présente de manière anodine, sécurisante pour le lecteur parce qu’elle ramène le lisible à du déjà connu, est suspect en cela même qu’à prétendre se dissimuler il n’arrive qu’à se trahir. Nous rejoignons ici, à propos de la comparaison, ce qui avait déjà été dit plus haut, à propos de la redingote de Pécuchet. Tout essai de dérobade dans le récit est accès à la découverte du texte.

« Chacun en écoutant l’autre retrouvait des parties de lui-même oubliées ; – et bien qu’ils eussent passé l’âge des émotions naïves, ils éprouvaient un plaisir nouveau, une sorte d’épanouissement, le charme des tendresses à leur début. »

On trouve de la poésie dans Bouvard (51). Elle prélude bien souvent à un épanouissement de la sensibilité, fort vive, des deux amis. La phrase s’allonge, et gagne en harmonie ce qu’elle perd, elliptique, en impact. Classique, la phrase type de Flaubert se termine, rêveuse, en trois temps. « C’est la période ternaire, dont les vrais membres sont souvent rangés dans un ordre de grandeur, soit croissante, soit décroissante » (52).

Mais l’ironie n’est jamais bien loin, vigilante, quel que soit le lyrisme auquel çà et là le texte s’adonne. Bouvard et Pécuchet ne passeront jamais l’âge des émotions naïves puisque ce qui leur fait défaut, c’est précisément la maîtrise de leur sensibilité. Grands enfants, ils n’accèdent jamais à une maturité intellectuelle, à une discipline interne. Ainsi, métaphysiciens, ils ne peuvent s’empêcher de jouer la philosophie et d’exalter la fierté qui en résulte (53).

« Vingt fois ils s’étaient levés, s’étaient rassis et avaient fait la longueur du boulevard depuis l’écluse d’amont jusqu’à l’écluse d’aval, chaque fois voulant s’en aller, n’en ayant pas la force, retenus par une fascination. »

De l’amitié considérée comme une fascination, il y aurait une recherche féconde à faire dans l’œuvre de Flaubert sur les liens affectifs unissant les couples d’amis Jules et Henri, Frédéric et Deslauriers, Spendius et Mâtho, ou sur le thème de la fascination en soi. Emma n’est-elle pas tour à tour fascinée (songeons à I’attrait qu’exerce le vieillard trônant au dîner à la Vaubyessard) et fascinante ?

« Ils se quittaient pourtant, et leurs mains étaient jointes, quand Bouvard dit tout à coup :

— « Ma foi ! si nous dînions ensemble ? »

— « J’en avais l’idée ! » reprit Pécuchet. « Mais je n’osais pas vous le proposer ! »

Et il se laissa conduire en face de l’Hôtel de Ville, dans un petit restaurant où l’on serait bien. »

Le couple est en bonne voie de formation ; Bouvard hardi prenant sur lui, l’initiative des galanteries en sera l’élément mâle, Pécuchet timide, courtisé séduit, I’élément féminin.

À propos de la thématique des repas, l’incipit de Jean-Pierre Richard a sa gloire assurée : « On mange beaucoup dans les romans de Flaubert » (54) Les dîners, comme les scènes de bals, les salons pour d’autres œuvres du XIXe siècle ont comme intérêt majeur celui de réunir de la façon la plus vraisemblable les personnages adéquats aux données de l’intrigue. Ce repas qui scelle l’amitié naissante continue à fournir des indices caractériels. Écho syntaxique : « Quelques-uns, par indifférence, se laissaient emmener sous le porche de l’église où l’on serait plus tranquille. » E26

« Bouvard commanda le menu.

Pécuchet avait peur des épices comme pouvant lui incendier le corps. »

Pécuchet, de nature très enflammable, se méfie à juste titre de la sensualité troublant son corps et obsédant son esprit :

E19 : « Et Bouvard se répandit en descriptions, qui incendièrent l’imagination de Pécuchet, comme des gravures obscènes ».

E24 : « Tant de soins autour de la luxure la développèrent ».

E27 : « Elle (Mélie) ne parut pas troublée, et en souriant leur versa deux bocks. Pécuchet, mal à son aise, quitta vite l’établissement. » (nous soulignons)

De plus, sans l’avoir présenté une seule fois comme poltron, le roman surtout en ce premier chapitre, s’amuse à multiplier des causes d’effroi pour Pécuchet, plus timoré que vraiment craintif.

« Ce fut l’objet d’une discussion médicale. Ensuite, ils glorifièrent les avantages des sciences : que de choses à connaître ! que de recherches – si on avait le temps ! Hélas, le gagne-pain l’absorbait ; et ils levèrent les bras d’étonnement, ils faillirent s’embrasser par-dessus la table en découvrant qu’ils étaient tous les deux copistes, Bouvard dans une maison de commerce, Pécuchet au ministère de la Marine, – ce qui ne l’empêchait pas de consacrer, chaque soir, quelques moments à l’étude. »

Le glissement métonymique, voire synecdochique reprend son rôle de transition entre E9 et E10 (passage de la médecine à l’hygiène).

La médecine occupe une place prépondérante dans le roman car, unique en cela, elle s’éparpille fragmentée à l’intérieur de plusieurs études. Objet de E7 et E9, elle ressurgit lancinante en E22 bis (« et, reprenant avec aplomb l’exercice de la médecine »). Pour l’instant, Bouvard et Pécuchet ne l’envisagent encore que comme sujet de conversation, sans se douter qu’ils se constitueront bientôt juges et praticiens en la matière.

L’enchaînement logique des thèmes se poursuit par emboîtements hiérarchiques successifs jusqu’au niveau ultime, les surplombant tous. Alors éclate la suprême motivation, celle qui conditionne tout le roman : l’aspiration au SAVOIR. Déjà les tourmente la libido sciendi, déjà s’esquisse leur foi positiviste dans les Sciences.

Le premier obstacle qui tranche dans l’infinie perspective de ces désirables études et qui s’oppose douloureusement à un plongeon en elles : le temps. Alibi fourni dont on apprend à le lire, qu’il ne constitue que le verso du seul obstacle véritable et qui est l’argent. Le thème, économique, social et politique de l’argent dévoile le manque, inhérent à la situation matérielle des deux employés. Le travail qui assure leur existence, guère rentable, exclut de la sphère du Savoir ces gagne-petit. Le syntagme avoir le temps suggérant évasion, liberté, auto-gestion se connote avoir (de) l’argent. L’insolubilité de leur état sy noue, manifeste. Freinés, inhibés voire châtrés dans leurs désirs, ils ne vivent que de n’y pouvoir ; obligés de travailler pour exister, ils végètent impuissants à satisfaire leurs désirs.

La quête de l’argent annule la possession de loisirs, de temps libre et la possibilité de connaître qui, à elle seule, exige et temps et argent. On est donc condamné à réduire de si vastes ambitions et à se contenter d’illusions compensatoires : toute espèce de visites aux collections publiques, visites antérieures à l’héritage fabuleux qui les sauve.

On aimerait suggérer une sémiotique du geste dans Bouvard (55). Le terrain en serait fructueux et les comportements ne relèvent pas moins que les paroles de poncifs étonnamment visibles. Les frottages d’yeux, les têtes qui se renversent, les prises de tabac, les éternuements, les arrêts « pour mieux réfléchir » animent tous ces corps romanesques qui nous miment.

L’embrassade entre Bouvard et Pécuchet est plutôt émouvante qui, d’intention ou de fait, conclut une reconnaissance attendrie de leur « emboîtement » harmonieux.

E4 : « Et, dans leur émotion, ils s’embrassèrent ».

E19 : « Et ils s’embrassèrent avec attendrissement ».

E26 : « Ce qui les surprit davantage, ce fut de reconnaître chez l’un comme chez l’autre le penchant à l’amitié, et, charmés de la découverte, ils s’embrassèrent avec attendrissement ».

Jusqu’au choix de leur emploi respectif, Bouvard se place sous le signe de l’échange, du commerce, et le féminin Pécuchet sous le signe de l’eau.

« Il avait noté des fautes dans l’ouvrage de M. Thiers et il parla avec les plus grands respects d’un certain Dumouchel, professeur. »

La supériorité de Pécuchet sur Bouvard, constance du roman, est intellectuelle. Idéaliste, studieux, il tempère rarement par la modestie et l’honnête respect un orgueil qui se targue d’aptitudes et de prouesses d’intelligence.

Le récit introduit en la personne de Dumouchel l’adjuvant le plus important pour les protagonistes. Bien plus que Barberou (lequel se manifeste seulement en E24 et dans la partie inachevée du dixième chapitre), Dumouchel très fidèlement ne cessera d’approvisionner, de la capitale, les autodidactes en mal de livres, conseils et correspondants (par exemple le professeur d’esthétique et Varelot).

« Bouvard l’emportait par d’autres côtés. Sa chaîne de montre en cheveux et la manière dont il battait la rémoulade décelaient le roquentin plein d’expérience ; et il mangeait le coin de la serviette dans l’aisselle, en débitant des choses qui faisaient rire Pécuchet. »

En bonne justice, après l’éloge de Pécuchet, le texte s’enchaîne sur l’étalage des qualités de Bouvard. Comme le note Cento, Bouvard battant la rémoulade évoque de suite Monsieur Arnoux (56).

« C’était un rire particulier, une seule note très basse, toujours la même, poussée à de longs intervalles. Celui de Bouvard était continu, sonore, découvrait ses dents, lui secouait les épaules, et les consommateurs à la porte s’en retournaient. »

Après la démarche et la vestimentation, le rire vient caractériser son individu. La singularité contagieuse de Pécuchet empreint tous ses attributs. Ainsi ce qui particularise son rire, ce n’est pas tant la monotonie que la périodicité, par où s’indexe sa féminité. Ce rire est d’autant plus scandé qu’il s’oppose à la continuité de celui tout extériorisé de Bouvard, de type oral.

« Le repas fini, ils allèrent prendre le café dans un autre établissement. Pécuchet en contemplant les becs de gaz gémit sur le débordement du luxe, puis d’un geste dédaigneux écarta les journaux. Bouvard était plus indulgent à leur endroit. Il aimait tous les écrivains en général, et avait eu dans sa jeunesse des dispositions pour être acteur ! »

 « L’arrêt descriptif se trouve compensé, en quelque sorte (…) par une activation marquée, après la description, par la multiplication des vecteurs parallèles rapprochés (…), activation d’une profusion d’actes. » (57)

La description s’ancre dans la temporalité de l’action. Un second lieu public renouvelle les possibilités d’information sur les héros ; économie de Pécuchet se fortifiant d’idées reçues (le luxe et les journaux figurent au Dictionnaire de Flaubert) et libéralisme de Bouvard.

L’amour pour tous ceux qui impriment doit être étendu aux deux inséparables lecteurs. Les dons théâtraux d’un jeune Bouvard n’ont d’autre effet que de vraisemblabiliser les conseils qu’il prodiguera à son ami, en E16 : « Bouvard plein d’expérience, lui conseilla… ».

Au personnage refoulé, introverti, s’adjoint un compagnon défoulé, extraverti ; les complexes se neutralisent apparemment dans le couple qu’ils forment, encore que les avis de Pécuchet y soient prépondérants.

« Il voulut faire des tours d’équilibre avec une queue de billard et deux boules d’ivoire comme en exécutait Barberou, un de ses amis. Invariablement, elles tombaient, et roulant sur le plancher entre les jambes des personnes allaient se perdre au loin. Le garçon qui se levait toutes les fois pour les chercher à quatre pattes sous les banquettes finit par se plaindre. Pécuchet eut une querelle avec lui ; le limonadier survint, il n’écouta pas ses excuses et même chicana sur la consommation. »

Ce petit épisode est fort curieux. Premièrement, il juxtapose aux côtés de Dumouchel son pendant Barberou. Cento a découvert du reste l’identité de chacun d’eux. Quant aux autres amis de Bouvard, inutiles à l’action — il suffit d’un seul correspondant — le récit ne se soucie de les mentionner.

Ensuite, il situe l’esprit d’imitation de Bouvard en une époque antérieure à la rencontre avec Pécuchet, esprit si prégnant qu’il stimulera Bouvard à se suicider à l’instar de son compagnon, en dépit d’une brouille qui les aura séparés pourtant (E23). Pour une fois, il est heureux que l’échec d’une tentative leur fût salvateur !

Enfin, ce passage symbolise le ratage même des expériences. Voyons cela de plus près. Toutes les expériences, comme nous le savons, échouent car toutes ne sont finalement que des tours d’équilibre. (Lors de la proclamation de Phèdre : « Madame Bordin, immobile, écarquillait les yeux, comme devant les faiseurs de tours. »). Se mesurant au hasard plus qu’à l’adresse, leurs issues relèvent du calcul des probabilités. Les recherches de Bouvard et Pécuchet détournent les objets de leur juste emploi, une hallebarde devient levier, le muséum un catafalque, les débris du verger servent à créer un gymnase dont deux câbles se transforment en potence dans le grenier…

Et que sont toutes les expériences sinon des inadéquations jumelées à des copiages comme la jonglerie de Bouvard qui n’est elle-même que singerie ? À l’image de ces boules qui tombent, les deux protagonistes se fourvoient tout aussi périodiquement. Bouvard déclarait, du reste, « qu’il en perdait la boule » (E23). Chaque mouvement ascensionnel est brisé dans son élan, tout envol est sanctionné par le vertige :

E2 : « Bouvard était continuellement juché sur une haute échelle devant les pyramides. Un jour, il fut pris d’un étourdissement et, n’osant plus descendre, cria pour que Pécuchet vînt à son secours ».

E21 : « (…) pour en avoir un (mât) vertical, ils replantèrent une poutrelle contre des contre-espaliers. Pécuchet gravit jusqu’en haut. Bouvard glissait, retombait toujours, finalement y renonça ».

« Mais Bouvard ayant retiré trop vite son pied d’un trou eut peur et fut pris d’étourdissement ».

Pécuchet arbora des échasses : « il arpentait le jardin, pareil à une gigantesque cigogne qui se fût promenée. Bouvard, à la fenêtre, le vit tituber, puis s’abattre d’un bloc sur les haricots dont les rames, en se fracassant, amortirent sa chute. » (58)

Quand tant de mésaventures les accablent, Bouvard et Pécuchet n’ont d’autre ressource que de se réfugier dans l’oubli. Du reste, s’ils avaient fait preuve de plus de sagesse, ils eussent préféré s’arrêter à temps, et le roman n’eût pu se poursuivre puisqu’ils ne sont, selon le mot de Ricardou, que la « pure et simple commodité d’un recensement encyclopédique. » (59)

Il y a toujours à leurs côtés, quand ils se livrent à une expérience, un préposé de service dont l’obligeance n’a d’égale que l’ingratitude des deux bénéficiaires envers lui. Dumouchel se multipliera pour aider ses amis au point de s’avouer finalement fatigué de les servir. « Dumouchel ne daigna pas même leur répondre » (E21). « Dumouchel, fatigué de les servir, ne leur répondit plus » (E23). Leur demandera-t-il un petit renseignement en échange de ses estimables bienfaits, on l’enverra bel et bien « se promener » ! (E27 bis)

Il ne serait peut-être pas exclu de lire aussi l’épisode à travers une grille freudienne et d’ordonner un symbolisme sexuel épars.

Somme toute il y a fort peu d’érotisme avoué dans Bouvard, si ce n’est en la scène fort belle des paons dont la joute amoureuse transpose les désirs de Bouvard et de Madame Bordin (E25 bis) ; mais cette « abstinence » comme les rares transports décrits doivent assurément être riches en signification.

« Il proposa ensuite de terminer la soirée paisiblement dans son domicile qui était tout près, rue Saint-Martin. »

L’influence communicative de Bouvard, en cette fin de première soirée, agit sur le timide Pécuchet. Celui-ci, incité par son voisin, manifeste une audace qui lui était jusque-là étrangère. L’observation est fort juste qui attribue au personnage d’apparence chétive les colères les plus excessives. Dans un élan affirmation de soi, Pécuchet en vient jusqu’à faire une proposition à Bouvard. Décidément, sa nature autoritaire s’est vite révélée !

E18 : « Mais lequel devait se présenter ? (comme député aux élections) et une lutte de délicatesse s’engagea. Pécuchet préférait à lui-même son ami.

« Non, ça te revient ! Tu as plus de prestance !

— Peut-être, répondait Bouvard, mais toi plus de toupet ! »

Pécuchet et saint Martin. Nous nous sommes plu à rechercher dans La Légende dorée (60), la vie des saints dont Bouvard et Pécuchet portent les prénoms. De saint Martin, Pécuchet aura le tempérament ascétique, porté aux macérations de la chair, aux abstinences (cf. E24). Comme lui, mais en quel contexte trivial, il est prêt à nettoyer les chaussures d’autrui, emporté par un amour passionné et ancillaire (E19).

« À peine entré, il endossa une manière de camisole en indienne et fit les honneurs de son appartement.

Un bureau de sapin placé juste dans le milieu incommodait par ses angles ; et tout autour, sur des planchettes, sur les trois chaises, sur le vieux fauteuil et dans les coins se trouvaient pêle-mêle plusieurs volumes de l’Encyclopédie Roret, le Manuel du magnétiseur, un Fénelon, d’autres bouquins, – avec des tas de paperasses, deux noix de coco, diverses médailles, un bonnet turc – et des coquilles, rapportées du Havre par Dumouchel. Une couche de poussière veloutait les murailles autrefois peintes en jaune. La brosse pour les souliers traînait au bord du lit dont les draps pendaient. On voyait au plafond une grande tache noire, produite par la fumée de la lampe. »

 « Le décor, c’est le milieu, et tout milieu, notamment un intérieur domestique peut être considéré comme l’expérience métonymique ou métaphorique d’un personnage. La maison d’un homme est une extension de cet homme. La décrire, c’est le décrire… » (61) C’est également Danger qui s’est préoccupé de la correspondance intime qui existe entre Bouvard et Pécuchet propriétaires et leurs intérieurs.

Les objets dans la chambre de Pécuchet témoignent « de son idéalisme confus, son travail désordonné et son amour naïf pour les curiosités de toutes sortes. Détaché des choses matérielles, il laisse le désordre s’installer. » (62) Les ouvrages de bibliothèque ne confirment pas seulement l‘intellectualité de Pécuchet mais préfigurent la célèbre bibliothèque de ces messieurs à Chavignolles Du reste chacun des volumes sera ultérieurement consulté selon les besoins culturels des aspirants au savoir. On feuillette l‘Encyclopédie Roret en E12, le Manuel de magnétisme en E22 (« Il prit dans sa bibliothèque le Guide du magnétiseur par Montacavère, le relut attentivement, et initia Bouvard à la théorie. »), Fénelon en E23 et E25. Les deux noix de coco, réduites par inadvertance à une seule en E25 bis (63) orneront la cheminée du muséum (64) A. Cento voit même dans les médailles et les coquilles de Pécuchet les embryons de futures collections (65).

« Bouvard, – à cause de l’odeur sans doute, demanda la permission d’ouvrir la fenêtre.

— « Les papiers s’envoleraient ! » s’écria Pécuchet qui redoutait, en plus, les courants d’air.

Cependant, il haletait dans cette petite chambre chauffée depuis le matin par les ardoises de la toiture. »

La crainte des courants d’air est une de ces idées reçues dont Flaubert se moque mais dont il émaille sa Correspondance, quitte à user de l’italique (66). En E9, l’ébranlement cervical procuré par les lectures médicales leur fait redouter à nouveau principalement les courants d’air.

Cette redondance du caractère peureux de Pécuchet nous livre cet attachement aux paperasses inhérent à la nature des deux copistes :

E12 : « Donc, ils revêtirent leurs blouses, afin de ne pas donner l’éveil, et, sous l’apparence de colporteurs, ils se présentaient dans les maisons, demandant à acheter de vieux papiers. On leur en vendit des tas. C’étaient des cahiers d’école, des factures, d’anciens journaux, rien d’utile »

E23 : « Ayant résolu de se suicider, ils se demandaient quelle impression cela causerait dans l’arrondissement, où iraient ensuite leur bibliothèque, leurs paperasses, leurs collections ».

Copie finale : premier scénario F° 5 (67) : « Ils copient au hasard tout ce (les papiers) qu’ils trouvent — cornets de tabac, vieux journaux, affiches, livres déchirés, etc. »

« Bouvard lui dit : — « À votre place, j’ôterais ma flanelle ! »

— « Comment ! » et Pécuchet baissa la tête, s’effrayant à l’hypothèse de ne plus avoir son gilet de santé. »

La séquence laissée en suspens du déshabillage de Pécuchet se réactive en ce lieu du récit. Pour ce faire, il lui suffit de quelques détails, à la fois motivés (échauffement prolongé de la pièce) et motivant (malaise de Pécuchet). À l’occasion de cette seconde occurrence, Bouvard se propose sans ambages cette fois comme modèle.

Cependant Pécuchet est toujours trop sous l’emprise de ses convictions innées pour oser les enfreindre spontanément. C’est la possibilité même d’une dérogation à ses habitudes et parce qu’elle lui paraît extraordinaire qui alarme le pusillanime employé du Ministère de la Marine.

« Faites-moi la conduite ! » reprit Bouvard. « L’air extérieur vous rafraîchira. »

Enfin Pécuchet repassa ses bottes, en grommelant : « Vous m’ensorcelez, ma parole d’honneur ! » Et malgré la distance, il l’accompagna jusque chez lui au coin de la rue de Béthune, en face le pont de la Tournelle. »

Patient, Bouvard : préfère « changer de tactique » ; son invite sert en fait à prolonger encore l’inépuisable rencontre de l’amitié.

Selon les heures, l’air extérieur est tantôt plus chaud, tantôt plus frais que l’air intérieur ; pour l’inauguration d’un échange de platitudes, ce sont de telles banalités météorologiques qui prévalent ! En vue d’un édifice élevé à la gloire de la science, aux moyens des acquis intellectuels communs, à Bouvard et Pécuchet, le soutènement est assurément plaisant. Quoi d’étonnant si l’ouvrage tout entier pèche ensuite par manque de proportion ! On ne saurait rêver début plus (im)pertinent.

Somme toute, la discrétion commande les notations vestimentaires et I’écho est affaibli qui établit un rapport entre les souliers de castor de Bouvard et les bottes de Pécuchet.

Un crescendo préside à la consolidation de cette amitié qui se charme, se fascine pour finalement s’ensorceler. Fantoches incapables de saisir le grotesque qui les charge et dont un narrateur impitoyablement se raille, Bouvard et Pécuchet s’imaginent déjà transposés en cet univers de merveilles où un coup de baguette magique les gratifia d’un bienveillant compagnon pour une béatitude sans fin. Pour un tel don des cieux, il n’est plus d’obstacle qui tienne…

Dans ce Paris que l’on se garde toujours de nommer, la Seine, que le mot rivière évoqué et abolit, s’offre en spectacle aux regards plongeants de Bouvard. Pourtant, au-delà du ridicule, au-delà du grotesque triste, il y a bien quelque grandeur dans la pathétique aspiration à l’empyrée du Savoir et bien quelque injustice dans l’irrépressible échec qui la sanctionne. De Flaubert : « C’est par là que nous valons quelque chose, l’aspiration. Une âme se mesure à la dimension de son désir, comme l’on juge d’avance des cathédrales à la hauteur de leurs clochers. » (68)

« La chambre de Bouvard, bien cirée, avec des rideaux de percale et des meubles en acajou, jouissait d’un balcon ayant vue sur la rivière. Les deux ornements principaux étaient un porte-liqueurs au milieu de la commode, et le long de la glace des daguerréotypes représentant des amis. Une peinture à l’huile occupait l’alcôve. »

Il est vrai, comme le note Danger, que la chambre de Bouvard s’oppose en tout point à celle de Pécuchet. « Le personnage est plus ordonné, plus jovial. Le balcon donnant sur la rivière suggère des rapports plus aisés avec I’extérieur, une sociabilité que viennent confirmer les objets que nous voyons ensuite » (69). On peut davantage encore opposer les deux intérieurs (la position centrale est occupée chez l’un par le bureau, chez l’autre par le porte-liqueurs) bien qu’on ne puisse que corroborer les remarques de Danger.

« Mon oncle ! » dit Bouvard, et le flambeau qu’il tenait éclaira un monsieur.

Des favoris rouges élargissaient son visage surmonté d’un toupet frisant par la pointe. Sa haute cravate avec le triple col de la chemise, du gilet de velours, et de l’habit noir l’engonçaient. On avait figuré des diamants sur le jabot. Ses yeux étaient bridés aux pommettes, et il souriait d’un petit air narquois.

Pécuchet ne put s’empêcher de dire : — « On le prendrait plutôt pour votre père ! »

— « C’est mon parrain » répliqua Bouvard, négligemment (…) »

Cependant nous voudrions préciser sa lecture du portrait qu’il juxtapose, à l’instar du texte, aux daguerréotypes : « Ainsi Bouvard reçoit chez lui, Il a foi en l’amitié, et est aussi plus artiste sans doute que Pécuchet qui était plus intellectuel : Une peinture à l’huile occupait l’alcôve » (70). La séquence du portrait appartient au code herméneutique, non qu’elle introduise une petite intrigue, au contraire rien n’y semble obscur au lecteur, mais en ce qu’elle contient une mystification d’un personnage, celui pour qui tout est mystère, Pécuchet.

On pourrait croire que le monsieur éclairé est l’oncle de Bouvard. Seulement, s’il s’agit de justifier sa ressemblance avec le neveu, le fait de distancier le rapport de parenté est bien étrange sinon suspect. L’incident eût paru anodin si Bouvard était passé de la prédication du parrain à celle de l’oncle, plus vraisemblable. Mais renverser le lien logique c’était révéler le lien naturel, quel que fût le ton négligent qui l’accompagnait.

Chaque fois que le texte se soucie de renforcer l’insignifiance d’une situation, et conditionner l’inattention du lecteur, elle échoue par cela même qu’elle accuse ce qu’elle défend. Notre vigilance est alertée en proportion inverse du désir textuel d’effacement.

E18 : « Une nuit, Pécuchet fut réveillé par le craquement d’une botte dans le corridor. La veille, comme d’habitude, il avait tiré lui-même tous les verrous, et il appela Bouvard, qui dormait profondément. Ils restèrent immobiles sous leurs couvertures. Le bruit ne recommença pas.

Les servantes interrogées n’avaient rien entendu. Mais en se promenant dans leur jardin, ils remarquèrent au milieu d’une plate-bande, près de la claire-voie, l’empreinte d’une semelle, et deux bâtons de treillage étaient rompus. On l’avait escaladé, évidemment.

Il fallait prévenir le garde champêtre.

Comme il n’était pas à la mairie, Pécuchet se rendit chez l’épicier.

Que vit-il dans l’arrière-boutique, à côté de Placquevent, parmi les buveurs ? Gorju ! Gorju nippé comme un bourgeois et régalant la compagnie. Cette rencontre était insignifiante. »

Insignifiante ! Mais au contraire cette rencontre bien loin de l’être est hautement significative. Pour les petits et grands faits de la vie pratique, quotidienne, Bouvard et Pécuchet restent incroyablement dépourvus de tout esprit de déduction. C’est à croire que, pour eux, il ne peut y avoir de fumée sans feu, et des traces de pas qui ne se soutiendraient d’aucune présence antérieure. Ni à l’achat du bahut, ni à l’endommagement « par une vache » dudit bahut, nos innocents amis n’ont soupçonné les rapports qui liaient Gorju à Mélie, sa maîtresse de cœur, ainsi qu’à Madame Castillon, celle qui l’entretient.

Spectateur caché d’une déclaration d’amour de cette dernière à Gorju, Pécuchet n’ose combler les lacunes de leurs discours, qui sont autant d’allusions à Mélie. Du reste, il est persuadé que la servante, douce et jolie incarnation de son amour, est vierge de cœur et de corps. La métalepse du narrateur fait d’autant plus ressortir l’incompréhension de Pécuchet qu’elle invite, complice, le lecteur à en savoir davantage que le personnage ordinairement focalisé.

Toutefois revenons au portrait de l’oncle qui ressemble à Bouvard ayant comme lui un visage haut en couleur, des yeux bridés et une cravate plus contemporaine que le reste de ses habits, mais aussi, qui ressemble par quelques traits à Pécuchet, d’avoir son crâne élevé, de disparaître dans ses habits. La paternité cependant y est si manifeste qu’en dépit des convenances, Pécuchet s’avance à la reconnaître. Pour les invités du premier dîner à Chavignolles (E4), toute ambiguïté est levée : « Les invités lui trouvèrent une ressemblance avec son fils, et Madame Bordin ajouta, en regardant Bouvard, qu’il avait dû être un fort bel homme ».

L’élément nouveau pour le lecteur consistera alors dans la réaction de la veuve, déjà intérieurement remuée par Bouvard.

« ajoutant qu’il s’appelait de ses noms de baptême François, Denys, Bartholomée. Ceux de Pécuchet étaient Juste, Romain, Cyrille (…) »

La triple prénomination des actants, aussi généreuse qu’elle paraisse, ne les prédique point pour autant. Apparemment ces divers prénoms ne présentent aucune utilité pour le roman, car le narrateur s’en tiendra toujours aux seuls Bouvard et Pécuchet, ceux-ci ne se nommant jamais en s’interpellant et leurs amis ne les désignent sans doute pas autrement que sous leur nom de famille comme en ce seul exemple

E24. « Bouvard, qui l’observait, au bout d’un quart d’heure s’approcha de lui. « Barberou, je crois ?

—  Bouvard ! » s’écria l’homme à la casquette. »

Rares sont les prénoms dans Bouvard. Sur les 62 personnages du roman relevés par l’Intégrale, 47, soit la majorité, sont désignés par le nom de famille. Par contre, onze accèdent au statut civil complet, nom et prénom (mais cinq sont des enfants chavignollais) en regard des huit derniers (dont cinq domestiques) qui ne sont nommés que par leur seul prénom.

Quels sont les ancêtres de François, Denys, Bartholomée, et Juste, Romain, Cyrille ? Ces prénoms n’apparaissent ni dans les scénarios ni dans les plans publiés par A. Cento, s’originent-ils peut-être dans l’hagiographie ? Mais, dans ce cas, seuls les prénoms de Bouvard seraient explicités. De saint François, il garderait la générosité joviale et peut-être l’occupation du négoce dans sa jeunesse. De Denys, le caractère heureux davantage que le penchant pour l’investigation des choses sacrées. Bartholomée se rapproche de Barthélémy, saint qui figure également dans La légende Dorée mais c’est aussi le nom de l’oncle à héritage de Frédéric Moreau et le père de Charles Bovary se prénommait « Charles – Denys – Bartholomé » N’oublions pas que Bouvard et Pécuchet répondent à Frédéric et à Deslauriers. L’un et l’autre livres pourraient s’appeler le « roman d’un héritage » (71).

N’était-ce Cyrille, le philosophe (dont le frère se nomme fort plaisamment Méthode), il nous semble peu pertinent de vérifier la généalogie des artistes, papes ou empereurs nommés Juste et Romain. À notre avis, ces deux paronomases concordent assez avec le caractère austère comme intègre de Pécuchet.

« – et ils avaient le même âge : quarante-sept ans ! Cette coïncidence leur fit plaisir, mais les surprit, chacun ayant cru l’autre beaucoup moins jeune. »

Pour le choix de l’âge, reportons-nous à Cento qui en a tracé l’historique : « Flaubert a beaucoup hésité avant de leur donner le même âge . » (72).

À l’écart extrême inscrit entre les pôles respectifs des prénoms s’oppose une parfaite similitude de l’âge. Les informations sur Bouvard et Pécuchet se brodent sur un même canevas faisant alterner divergences et convergences. Deux branches symétriquement disjointes viennent se nouer en des foyers communs pour aussitôt se disjoindre à nouveau. Ces doubles lignes ondulantes, dont la symétrie en miroir forme une tresse d’ellipses successives, structurent tout le roman, marquant ses moments de dilatation comme ses joints critiques de contraction et d’annulation. Telle est la respiration de ce roman, son rythme uniformément scandé aux mêmes temps, son incessant mouvement de systole et diastole, l’esquisse de la Spirale jamais écrite.

En plus de son efficacité agréable, ce que la concordance de l’âge met en lumière c’est sous une banale idée reçue, un profond trait de caractère. Considérer son interlocuteur comme une personne bien plus âgée qu’elle ne paraît en réalité n’est certes pas un fait extraordinaire. Mais se targuer, à quarante-sept ans, d’une pleine jeunesse c’est peut-être déjà plus inattendu, surtout quand on est copiste depuis plus de dix ans. Une imperceptible recherche stylistique remplace la formule usuelle « plus vieux » par son équivalence « moins jeune » et cela suffit à déclencher aussitôt une essentielle motivation interne : Bouvardet Pécuchet ne se sentent pas encore vieux, pour chacun d’eux l’âge qui est le leur admet encore énergie et enthousiasme. Ils ne sont pas à mi-chemin de leur vie, mais seulement au seuil : la longue pérégrination de Chavignolles les attend, ils s’apprêtent à peine pour leur croisade du vrai.

Que tout cela soit subjectif, nul doute, mais n’oublions pas que la cohérence psychologique des deux bonshommes assure le réalisme du livre (73). Si grotesque il y a, il réside dans l’évidente disjonction entre la conscience du réel (celle que possèdent l’auteur, le lecteur, le narrateur, les autres personnages romanesques même) et la conscience de ces deux esprits assez lucides, médiocres et simples. Dans leur perspective, il est tout à fait essentiel de se considérer jeune à l’approche de la retraite, du reste, ce constat participe de la disproportion thématisant tous les faits et gestes des héros. Souvenons-nous qu’en 1854, alors qu’il atteint la soixantaine, pour Bouvard : « Les enfants qui chantaient des hymnes, les gerbes de lilas, les festons de verdure lui avaient donné comme un sentiment d’une jeunesse impérissable. » (E24)

« Ensuite, ils admirèrent la Providence dont les combinaisons parfois sont merveilleuses. — « Car, enfin, si nous n’étions pas sortis tantôt pour nous promener, nous aurions pu mourir avant de nous connaître ! »

En l’absence de toute cause, la Providence, euphorique ou dysphorique (74), est un palliatif commode qui satisfait l’inquiétude étiologique des bonshommes sans compromettre leur vague déisme ni leur vital « lieu-communisme ».

Flaubert écrivit à George Sand le 30 janvier 1867 : « Accuser la Providence est (…) une manie si commune qu’on doit s’en abstenir, par simple bon ton ».

Au premier chapitre, Bouvard et Pécuchet se présentent tout d’une pièce comme des imbéciles qui n’admirent rien d’autre que des banalités. Leur bovarysme qu’exprime l’inquiétude intellectuelle les agitant ne vise qu’à réduire le champ du réel, à se le fragmenter. Installés en ces portions qui leur paraissent congruantes, ils s’y complaisent, apaisés jusqu’à ce qu’un nouveau coup du sort active leur esprit tourmenté. Des nuances peuvent s’ajouter, une faculté pitoyable et gênante les hausser au grade de porte-parole de l’auteur, Bouvard et Pécuchet irrésistiblement s’étonneront toujours quand la Providence, capricieuse, loin de leur accorder ses faveurs — comme en cette introduction du récit de leurs mésaventures — les accablera de déboires coûteux et incompréhensibles.

Ces anti-héros ne conçoivent pas même l’idée « qu’il faut accepter d’introduire l’aléa comme catégorie dans la production des événements » (75).

Ingrid Spica.

L’article intégral est réparti dans les bulletins N° 58N°59N° 60N° 61N° 62

 

(51) François Fleury « Le style poétique dans Bouvard et Pécuchet, Bulletin des Amis de Flaubert, 42, mai 1973.  pp.10/22.

(52) A. Thibaudet

(53) « Mais la philosophie les grandissait dans leur estime. Ils se rappelaient avec pitié leurs préoccupations d’agriculture, de littérature, de politique »

(54) J.-P. Richard, « La création de la forme chez Flaubert »

(55) Ce souhait, nous en avons retrouvé l’expression également chezCl. Duchet, « Discourssocial et texte italique dans Madame Bovary » In Langages de Flaubert, colloque de London(Canada), 1973, Lettres Modernes, Minard, 1976, p. 169.

(56) A. Cento, Commentaire de Bouvard et Pécuchet, p. 22.

(57) J. Ricardou, « Belligérance du texte  p. 90.

(58) P. Danger, interprète cet épisode à la lumière du thème de la rébellion perpétuelle des objets dans le roman

Voir aussi Jean Levaillant, « Flaubert et la matière », In Colloque Flaubert, Europe, p. 202/209

(59) J.Ricardou, Pour une théorie du Nouveau roman

(60) Jacques de Voragine, La légende dorée, Garnier-Flammarion, 1967, 2volumes.

(61) R. Wellek et A. Warren, p. 309.

(62) P.Danger, p. 171.

(63) « Un jour, il (Victor) dénicha dans la bibliothèque une vieille noix de coco et commençait à la fendre, quand Pécuchet survint… », E25 suite.

(64) « Deux noix de coco (appartenant à Pécuchet depuis sa jeunesse) flanquaient sur la cheminée un tonneau de faïence, que chevauchait un paysan », E13.

(65) A. Cento, Commentaire de Bouvard et Pécuchet, p.23.

(66) Un relevé est fourni en appendice à l‘Édition diplomatique des Trois Manuscrits de Rouen du Dictionnaire des Idées Reçues, édition publiée par LéaCaminiti (Liguori-Napoli, Nizet-Paris, 1966).

(67) Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, édition critique par Alberto Cento, précédée des scénarios inédits, p. 14.

(68) G. Flaubert, Lettres à Louise Colet des 21-22 mai 1853, Correspondance, III

(69) P. Danger

(70) Ibidem

(71) A. Thibaudet

(72) A. Cento

Voir aussi Jean Bruneau. Les débuts littéraires de Gustave Flaubert, 1831-1845, Colin, 1902

Et Jean-Pierre Duquette, Flaubert ou l’architecture du vide

Ainsi que R. Queneau, sur les Deux greffiers dans Bâtons, chiffres et Lettres.

(73) R. Descharmes,Autour de Bouvard et Pécuchet

(74) « Et ils se plaignaient de la providence et de la nature »

(75) M. Foucault. L’ordre du discours