Une poésie de Louis Bouilhet

Les Amis de Flaubert – Année 1981 – Bulletin n° 59 – Page 44

 

Une poésie de Louis Bouilhet

 

      Dans une revue hebdomadaire, qui était seulement vendue aux entractes du Théâtre des Arts de Rouen, nous avons retrouvé cette poésie de Louis Bouilhet, mort en 1869. Elle était alors possédée par un Rouennais, qui la confia à la Cloche d’Argent. Cette revue qui ne dura que quelques années, comme la plupart de ses semblables, porte le nom d’une des cloches de l’ancien beffroi de la ville, au timbre argentin, jouxtant le Gros Horloge, laquelle est encore sonnée tous les jours, le matin à 6 heures, le soir à 21 heures pour le couvre-feu, le matin et le soir des élections pour l’ouverture et la clôture des scrutins. En cas d’occupation par des troupes ennemies, elle n’est point sonnée, ce qui fut le cas pendant l’occupation de 1940-44.

Cette poésie semble inédite. Elle est dédiée à Mlle Marguerita, une danseuse du ballet du Théâtre des Arts pendant plusieurs années et qui semble avoir eu beaucoup d’admirateurs à Rouen autant pour son style que pour sa séduisante morphologie.

Ah ! mignonne, et si touchante
Front qui rêve, voix qui chante.
Longs regards d’amour mouillé,
Sœur des héros ou des anges
Tu ne touches pas à nos fanges
Que de la pointe des pieds.
Et nos craintes sont profondes
De te voir, vers d’autres mondes
T’élancer d’un bond vainqueur
Marquita l’étrangère
Marquita la légère
Qui n’a de poids que ton cœur.

Louis Bouilhet