Structure motivante du 1er chap. de B. et P. – 3

Les Amis de Flaubert – Année 1982 – Bulletin n° 60 – Page 23

 

 

La structure motivante du premier chapitre
de Bouvard et Pécuchet — 3

Sur la force du Destin qui conjugue leur individu et qui confond leurs paroles Thibaudet ajoute :

« Ainsi Bouvard et Pécuchet n’existent que du jour où ils se sont rencontrés, du jour où ils sont deux : schème pur, dans le grotesque, du caractère grégaire qui fait le fond de l’humanité. » (76) Quant au thème du double, Victor Brombert l’étudie à propos de la Première Éducation sentimentale. « À la vision binoculaire analysée par Thibaudet iI faut adjoindre la double exigence artistique et personnelle » (77) à laquelle correspond le dédoublement structurel des personnages : « Bouvard et Pécuchet : ces Frères ennemis font tout de suite reconnaître les parallèles et les antithèses d’où naissent en même temps le plaisir d’un schéma mathématique et la joie d’une prolifération de suggestions poétiques. » (78)

« et s’étant donné l’adresse de leurs patrons, ils se souhaitèrent une bonne nuit.

— »N’allez pas voir les dames ! » cria Bouvard dans l’escalier.

Pécuchet descendit les marches sans répondre à la gaudriole. »

Leur vie d’employés est encore soumise à l’alternance du travail au bureau le jour et du repos au domicile privé la nuit ; dépendance, au métro près, de notre célèbre cycle métro-boulot-dodo qu’abolira bien sûr la retraite anticipée. Bouvard, porté sur les femmes, ne peut s’empêcher d’exercer en toute occasion sa verve gauloise. Le conseil du reste est de prix : la rencontre des copistes scelle leur engagement à ne plus se préoccuper du sexe faible Le serment tacite est réitéré après les déceptions amoureuses en E19. Non sans raison Pécuchet s’abstient de répondre, d’autant plus qu’il abhorre lesfilles publiques. « Pécuchet exprima son horreur des filles publiques » (E25bis).

« Le lendemain, dans la cour de MM. Descambos frères, – tissus d’Alsace, rue Hautefeuille 92, une voix appela : — « Bouvard ! Monsieur Bouvard ! »

Celui-ci passa la tête par les carreaux et reconnut Pécuchet qui articula plus fort :

— »Je ne suis pas malade ! Je l’ai retirée ! »

— »Quoi donc ! »

— »Elle ! » dit Pécuchet, en désignant sa poitrine.

Tous les propos de la journée, avec la température de l’appartement et les labeurs de la digestion l’avaient empêché de dormir, si bien que n’y tenant plus, il avait rejeté loin de lui sa flanelle. – Le matin, il s’était rappelé son action heureusement sans conséquence, et il venait en instruire Bouvard qui, par- là, fut placé dans son estime à une prodigieuse hauteur. »

Après cette longue journée (de six pages) le récit semble sauter par-dessus les quelques heures qui restaient de la nuit, pour s’enchaîner avec naturel au jour suivant. L’omission est fréquente en ce que rien habituellement ne laisse supposer qu’il y ait quelque intérêt particulier à décrire le sommeil romanesque. Or une brève analyse vient corriger en partie l’obscurité usuelle de la nuit afin de la rendre fonctionnelle, elle s’avère narrer une insomnie. Évidemment le récit de Pécuchet presque contemporain des événements rapportés ne se pare d’aucun prestige (songeons plus tard aux célèbres insomnies du remarquable narrateur proustien) même s’il se veut petite mise en scène pour glorifier Bouvard.

Né sous le signe du commerce Bouvard l’est également sous celui de la vestimentation. À l’aisance dont il se vêt, on suppose qu’il travaille avec goût dans une maison de tissus. L’induction est corroborée quand on sait que Descambeaux fut un des surnoms du « Garçon, le mythique et facétieux personnage créé par le jeune écrivain et ses amis » (79), une des sources de Bouvard.

Rares sont les rues que cite le texte (si ce n’est le chemin de la Croix-Verte à Chavignolles, le chemin de Tournebu (E18) et le « Pas-de-la-Vague », endroit désigné pour la plantation des arbres de la liberté (E18) ), elles appartiennent toutes à Paris mais aucune maison ne possède de numéro excepté la maison de commerce où travaille Bouvard. On y reviendra même une seconde fois.

La scène est cocasse où Pécuchet, troublé par l’issue heureuse de sa première expérimentation volontaire désigne sa poitrine en y prédiquant un « elle » incongru. Jouons sur les lettres et ôtons cette tendancieuse féminité de Pécuchet, sa flanelle se réduit alors à un flan(c). Sur ce flanc-droit, dormira désormais Pécuchet (voir fin du premier chapitre).

Bouvard est un devin dont les prédictions ô miracle se sont avérées justes. C’est lui qui, pressentant la chaleur de la chambre de Pécuchet, lui promit qu’un bien-être récompenserait une partielle dénudation. De la part de Bouvard c’était se mesurer à la résistance de Pécuchet, à sa hantise de se découvrir, à sa frayeur maladive d’un refroidissement conséquent ! Reconnaissant, le nouveau « desservant » s’acquitte en toute rigueur de ses devoirs. La position de Bouvard perché à sa fenêtre s’irréalise, support fugitif d’une rhétorique de la polysémie : la hauteur où il se situe, de physique qu’elle était, est devenue morale. Somme toute, jouons à avancer que le gilet de flanelle fut l’hameçon adéquat pour appâter un Pécuchet épaté.

« Il était le fils d’un petit marchand, et n’avait pas connu sa mère, morte très jeune. On l’avait, à quinze ans, retiré de pension pour le mettre chez un huissier. Les gendarmes y survinrent ; et le patron fut envoyé aux galères, histoire farouche qui lui causait encore de l’épouvante. Ensuite, il avait essayé de plusieurs états, maître d’études, élève en pharmacie, comptable sur un des paquebots de la haute Seine. Enfin un chef de division séduit par son écriture, l’avait engagé comme expéditionnaire. Mais la conscience d’une instruction défectueuse, avec les besoins d’esprit qu’elle lui donnait, irritaient son humeur ; et il vivait complètement seul, sans parents, sans maîtresse. Sa distraction était, le dimanche, d’inspecter les travaux publics. »

Des antécédents de Pécuchet et Bouvard.

Pécuchet naît dans la médiocrité. Le manque le caractérise : manque d’affection d’une mère, bientôt suivi par l’absence de conseillers paternels. Retiré de pension à quinze ans, il y reviendra à la cinquantaine, bien loin d’éprouver envers elle le même dégoût qu’elle inspirera plus tard à son auteur (80). De grands événements le frôlent qui l’affectent néanmoins. La situation professionnelle, quant à elle, se ressent d’un défaut prolongé de ligne droite, comme si la seule continuité dans son tempérament était une frayeur qui trouve son origine dans un traumatisme d’adolescence. Pécuchet ne garde rien de ses divers métiers et aucun rappel, même fortuit, ne dément cet oubli peu vraisemblable. Sa solitude absolue ne s’agrémente que de plaisirs austères, périodiques et décents.

Aussi la rencontre avec Bouvard lui permet-elle de combler un peu tous ses manques : il en recevra la fidèle et généreuse amitié ainsi que la possibilité matérielle de réparer son instruction défectueuse en satisfaisant ses curiosités intellectuelles.

« Les plus vieux souvenirs de Bouvard le reportaient sur les bords de la Loire, dans une cour de ferme. Un homme qui était son oncle, l’avait emmené à Paris pour lui apprendre le commerce. À sa majorité, on lui versa quelques mille francs. Alors il avait pris femme et ouvert une boutique de confiseur. Six mois plus tard, son épouse disparaissait, en emportant la caisse. Les amis, la bonne chère, et surtout la paresse avaient promptement achevé sa ruine. Mais il eut l’inspiration d’utiliser sa belle main ; et depuis douze ans, il se tenait dans la même place, MM. Descambos frères, tissus, rue Hautefeuille 92. Quant à son oncle, qui autrefois lui avait expédié comme souvenir le fameux portrait, Bouvard ignorait même sa résidence et n’en attendait plus rien. Quinze cents livres de revenu et ses gages de copiste lui permettaient d’aller, tous les soirs, faire un somme dans un estaminet. »

Bouvard passe jeunesse et vieillesse dans une ferme, Paris ne formant qu’un long intervalle entre deux résidences campagnardes. Pour la première apparition de Paris, aucun lien n’est clairement établi entre la capitale et le lieu de l’énonciation des personnages.

Le récit se veut elliptique et, bien que les détails nécessaires à la caractérisation minime des actants répondent à un objectif de stricte fonctionnalité, ils ne contribuent pas moins à soutenir la trame herméneutique. Les souvenirs filtrent la présence d’un oncle, aussitôt paru aussitôt éclipsé. À nouveau il faut prendre le texte à rebours et comprendre que, Bouvard n’attendant plus rien de son oncle, quelque chose de la part de cet oncle doit surgir. Un héritage, par exemple.

L’argent vient toujours de l’extérieur : patrimoine de sa mère pour Pécuchet (voir infra), versement de milliers de francs pour Bouvard. « L’argent, on peut le noter, n’est pas associé à un travail : il provient des profits de la génération précédente. » (81)

Un second renversement est à opérer dans la narration de Bouvard. Libre à lui de s’imaginer qu’une femme se possède par de l’argent — cela s’inscrit dans le circuit de vénalité drainant tous les personnages féminins de quelque importance dans le roman — Il est clair pour le lecteur que c’est Bouvard qui se fait posséder par les femmes.

Par la sienne premièrement, dans une situation qui, pour dénoter la bourgeoisie n’en est pas pour autant plus honorable, ensuite il se trompera sur le compte de Madame Bordin qui préfère avoir les siens (de comptes) avec le notaire ; enfin il sera par deux fois victime de Mélie.

Soupçonné d’abord par Barberou d’avoir les chancres dont Mélie infectera Pécuchet (E19) (82) il sera ensuite accusé par Gorju, le maire Foureau et le même Barberou d’être le père naturel de l’enfant que Mélie aura eu selon toute probabilité avec Gorju (plan du dixième chapitre). Le projet de mariage qui avorte, l’infidélité de la femme, une paternité étrangère sont déjà programmés dans la jeunesse de Bouvard : « car les passions ne lui avaient pas manqué, s’étant tour à tour épris d’une danseuse de corde, de la belle-sœur d’un architecte, d’une demoiselle de comptoir, enfin d’une petite blanchisseuse, et le mariage allait même se conclure, quand il avait découvert qu’elle était enceinte d’un autre. » (E8)

Remarquons en germe dans ce passage de réminiscence le rôle salvateur offert à l’écriture, celle qui se veut mimétique d’une autre ; quand la ruine absolue menace Bouvard et Pécuchet au terme de leurs désastreuses études, l’unique inspiration heureuse qui advient alors leur conseille un retour à la copie.

Si depuis l’âge de trente-cinq ans Bouvard occupe la même place dans une maison de commerce, et s’il se complaît tous les soirs à somnoler devant son verre, probablement d’anisette (— pose désabusée qui nous rappelle le motif pictural de l’absinthe chez les impressionnistes mais dont le ridicule s’apparente plutôt à celui du jeune Charles Bovary quand il fréquente le cabaret : « S’enfermer chaque soir dans un sale appartement public, pour y taper sur des tables de marbre de petits os de mouton marqués de points noirs, lui semblait un acte précieux de sa liberté, qui le rehaussait d’estime vis-à-vis de lui-même »(83)). Cela indexe cette continuité qui le définit.

« Ainsi leur rencontre avait eu l’importance d’une aventure. Ils s’étaient, tout de suite, accrochés par des fibres secrètes. D’ailleurs, comment expliquer les sympathies ? Pourquoi telle particularité, telle imperfection indifférente ou odieuse dans celui-ci enchante-t-elle dans celui-là ? Ce qu’on appelle le coup de foudre est vrai pour toutes les passions. Avant la fin de la semaine, ils se tutoyèrent. »

Les fibres secrètes, avatars des atomes crochus, entretiennent d’étroits rapports de parenté avec les émissions fluidiques auxquelles les futurs magnétiseurs-guérisseurs ne manqueront pas de croire.

La « discursivité » d’un Narrateur se faisant obligeamment l’Interprète de ses personnages figure la technique même du compte-rendu des discussions agrémentant — parfois avec lourdeur — le schéma des Expériences. L’échantillon du style indirect libre ne comporte, de manière parcimonieuse, que deux réflexions formulées à la voix interrogative : ce moule, quand il sera davantage élaboré, permettra tour à tour aux héros la critique des auteurs afin de se détacher d’un sujet devenu inopportun et à Flaubert de déverser son fiel sur le pignouflisme général. À Madame Roger des Genettes, en novembre 1879, Flaubert écrit à propos des auteurs chrétiens dogmatiques : « Voilà mon opinion. Tous ignorants, tous charlatans, tous idiots, qui ne voient jamais qu’un côté d’un ensemble ».

Très certainement la remarque sur le coup de foudre relève de l’axiomatique de l’auteur, qui par là même « justifie » l’incroyable sympathie unissant Bouvard et Pécuchet pour le meilleur et trop souvent pour le pire. Dans les scénarios, le tutoiement couronnait la première soirée, un souci de vraisemblance déplace ce privilège qui ne va s’octroyer qu’au bout d’une semaine.

« Souvent, ils venaient se chercher à leur comptoir. Dès que l’un paraissait, l’autre fermait son pupitre et ils s’en allaient ensemble dans les rues. Bouvard marchait à grandes enjambées, tandis que Pécuchet, multipliant les pas, avec sa redingote qui lui battait les talons semblait glisser sur des roulettes. De même leurs goûts particuliers s’harmonisaient. Bouvard fumait la pipe, aimait le fromage, prenait régulièrement sa demi-tasse. Pécuchet prisait, ne mangeait au dessert que des confitures et trempait un morceau de sucre dans le café. L’un était confiant, étourdi, généreux ; l’autre discret, méditatif, économe. »

Faut-il encore insister sur la symétrie de construction présidant chaque brève description des deux héros disjoints pour mieux se rejoindre ?

La démarche malaisée de Pécuchet tâchant d’adopter le rythme large et uni de son compagnon dénote toujours sa féminité.

La pipe de Bouvard et la prise de Pécuchet sont des détails qui se maintiennent dans la suite du roman, nous n’en voulons pour seul exemple que la porte aux pipes dans le jardin (E4), invention de Bouvard, et la renonciation aux prises en signe de mortification par Pécuchet se livrant à une religiosité exaltée. Café et confiture seront également repris : l’hygiène pose le pénible problème de la suppression du café et l’époque des confitures sert de couverture aux manigances de Madame Bordin. Mais le fromage, quoique encore mentionné, n’assumera aucune fonction sauf celle d’indiquer un projet agricole avorté ; « les anciens projets agricoles lui revinrent en mémoire, particulièrement la féculerie et un nouveau genre de fromages » (E3).

Bouvard («  l’un ») plaçant en effet toute sa confiance en Pécuchet sera toujours prêt à le seconder dans ses projets (cf. E22 bis : devenir magnétiseur et E24 partir en pèlerinage). Son étourderie, rappelons-le, occasionnera l’éclatement de l’alambic au chapitre de l’économie domestique (E5), et sa générosité sera parfaitement illustrée par la proposition de partager son héritage avec Pécuchet.

Pécuchet («  l’autre ») étant de nature pudique et peu expansive, n’était-ce une occasion fortuite, Bouvard n’aurait jamais dû surprendre la scène de flagellation de son dévot ami enfermé dans sa chambre (E24).

L’intellectuel Pécuchet s’a(ban)donne à la méditation surtout en cette brouille à propos des utopies sociales : « Pécuchet sortit de l’appartement, en faisant claquer la porte. Germaine le héla par toute la maison, et on le découvrit au fond de sa chambre dans une bergère, sans feu ni chandelle et la casquette sur les sourcils. Il n’était pas malade, mais se livrait à ses réflexions. » (E18)

Économe, il se garde d’avouer, sinon en dernière instance, qu’il a arrondi patiemment son patrimoine jusqu’à vingt-trois mille francs (voir infra).

« Pour lui être agréable, Bouvard voulut faire faire à Pécuchet la connaissance de Barberou. C’était un ancien commis-voyageur, actuellement boursier, très bon enfant, patriote, ami des dames, et qui affectait le langage faubourien. Pécuchet le trouva déplaisant et il conduisit Bouvard chez Dumouchel. Cet auteur – (car il avait publié une petite mnémotechnie) donnait des leçons de littérature dans un pensionnat de jeunes personnes, avait des opinions orthodoxes et la tenue sérieuse. Il ennuya Bouvard. »

Couple de héros d’un Narrateur unique, Bouvard et Pécuchet n’en sont pas pour autant en rapport spéculaire ; assemblés ils se ressemblent moins qu’il y paraît, sauf si l’on dédouble leur fonctionnalité de Destinateur-Destinataire réversibles. Leur accouplement, en ce qu’il se compose de congruences et d’ajustements, maintient toutefois le contraste d’une relation bipolarisée, si évanescente fût-elle. Cette résistance à une totale identification à l’autre empêche la résurgence en soi d’une ancienne symbiose. Et ce refus peut traduire en même temps une activité désirante qui tend à se restituer, d’après un modèle antérieur et quant à lui spéculaire, la structure constituante du narcissisme primaire (84).

Les vrais doubles de Bouvard et Pécuchet sont respectivement Barberou et Dumouchel à ceci près qu’ils en sont les doubles réussis. Barberou est l’épanouissement humoral comme Dumouchel figure l’accomplissement cérébral. Ils sont prestigieux, Barberou de réussir dans des tours d’équilibre, Dumouchel d’enseigner et de publier. C’est de n’être pas la caricature, mais au contraire l’idéal incarné de chacun des bonshommes qu’ils déplaisent souverainement au partenaire de leur propre succédané. Ils effrayent la médiocrité où se plaisent au départ Bouvard et Pécuchet, lesquels ressentent avant tout le besoin de s’épancher et de communiquer avec leur prochain. En se constituant couple, ils glisseront insensiblement de l’auto-imitation, à l’aliénation au sens psychanalytique du terme : ouverture à l’Autre, isolement en province, transposition en multiples corps de métier.

La mnémotechnie servira aux autodidactes en E15. Le thème flaubertien par excellence apparaît enfin : l’ennui. Objet de remarquables études dans Madame Bovary, L’Éducation sentimentale, nous avons cru déceler sa fonction structurale dans Bouvard et Pécuchet qui est de contribuer au dépérissement de l’intérêt porté à une étude, ce qui entraîne son rejet final.

« Aucun des deux n’avait caché à l’autre son opinion. Chacun en reconnut la justesse. Leurs habitudes changèrent ; et quittant leur pension bourgeoise, ils finirent par dîner ensemble tous les jours. »

La relation de Bouvard et Pécuchet n’est à ses débuts qu’ « une autre façon de rechercher la certitude ; c’est-à-dire la coïncidence avec soi ; coïncidence avec soi, d’où on prétend, paradoxalement, tirer la communication » (85).

Si ce qui prévaut en chacun des deux bonshommes c’est une même volonté de valorisation de sa propre autonomie réflexive, tout affrontement serait dès lors voué à la neutralisation ou au court-circuitage : identiques ces volontés se préviendraient chacune par les mêmes ruses et les mêmes tactiques, la stratégie élémentaire dicterait une soumission momentanée à l’opinion de celui dont on désire triompher et se faire admirer. S’il ne s’agit que de s’effacer pour s’affirmer, cela s’inverse aussitôt. Car l’autre n’est pas seulement admiré afin qu’il m’admire mais, comme ma franchise me force à le constater, il est vraiment admirable : en lui j’aime (à) me reconnaître, condition d’après laquelle je suis effectivement reconnu. Seulement la compréhension mutuelle des deux amis ne s’embarrasse pas d’une conscience de soi qui chercherait à se penser et à se posséder.

Dans leurs natures déductives ils s’octroient des velléités de savoir écologique, mais aucune causene rivalise avec leur amour instinctif de la conclusion. Quel que soit le propos émis, s’inclût-il ou non dans un raisonnement, toute énonciation, mais aussi bien tout phénomène, est susceptible de recevoir son corrélat. Ainsi la mention que Bouvard et Pécuchet n’ont pas étudié suffisamment dans leur jeunesse, sera suivie par le récit de leurs études, à l’âge de la retraite, et du fait qu’ils se plaisent, résulte celui qu’ils ne se quitteront plus.

En ces mois de suspension avant l’installation à Chavignolles et le début de leurs vraies aventures, Bouvard et Pécuchet se sont unis d’abord pour et par la panse, ensuite pour/par la pensée. Ils s’associeront enfin pour la dépense.

« Ils faisaient des réflexions sur les pièces de théâtre dont on parlait, sur le gouvernement, la cherté des vivres, les fraudes du commerce. De temps à autre l’histoire du collier ou le procès de Fualdès revenait dans leurs discours ; – et puis, ils cherchaient les causes de la Révolution. »

Ce dont ils se dispensent c’est de réfléchir d’une manière complète et méthodique. Ils ne développent pas leurs propos, ne les étayent pas d’arguments, ne pensent pas mais se contentent de se servir des poncifs à la mode, appropriés aux sujets galvaudés qui les occupent. Cependant les sujets que leurs conversations évoquent et sur lesquels la phrase flaubertienne glisse sans insistance sont importants parce que chacun amorce une Expérience. Ces conversations comportent les titres du programme futur d’application :

L’Art, le théâtre et la critique renvoient à E15.

Le gouvernement : la politique intérieure traitée en E18.

La cherté des vivres, les fraudes du commerce : l’économie à vrai dire n’est qu’esquissée (économie politique en E18) encore que le thème de la survie financière obsède Bouvard et Pécuchet : « Que faire ? Et bientôt comment vivre ? » (E23).

Quelques informants temporels mais aussi sociaux-culturels (le code référentiel pour Barthes en S/Z) (AH et amorce d’AL-) s’infiltrent discrètement dans ces premiers échanges d’opinion. La fatuité des protagonistes n’a d’égal que leur ridicule bêtise chaque fois qu’ils prétendent résoudre avec la compétence qu’ils s’estiment les problèmes dont des savants autorisés ont préféré laisser le dossier ouvert.

L’obsession de la cause de la Révolution se manifeste avec une belle intensité et un acharnement tenace, que renforcent encore d’excessives lectures historiques, en E13.

« Ils flânaient le long des boutiques de bric-à-brac. Ils visitèrent le conservatoire des Arts et Métiers, Saint-Denis, les Gobelins, les Invalides, et toutes les collections publiques. »

Ces promenades qui semblent toutes impromptues au gré des hasards ou des caprices de deux passants oisifs, curieux a priori de tout et de n’importe quoi, figurent les allées et venues dans l’Encyclopédie. Tout ce qui est en friche au premier chapitre devra être discipliné, orienté, trié, sélectionné dans les Expériences même si le saut d’une étude à une autre reste toujours capricieux sinon hasardeux.

Evidemment, comme le souligne Bardèche, ce que Flaubert a cherché « ce sont des promeneurs qui le mènent dans des lieux singuliers. C’est du roman picaresque au fond : Flaubert refait Don Quichotte qu’il aimait tant ». (86)

Le bric-à-brac prélude le goût pour l’archéologie (E12).

Les visites se raréfieront par la suite : les déplacements concernent surtout Falaise et Bayeux, mais rappelons également le pèlerinage à Notre-Dame de la Délivrande.

« Quand on demandait leur passeport, ils faisaient mine de l’avoir perdu, se donnant pour deux étrangers, deux Anglais. »

Il fallait bien annoncer avec insistance en ce premier chapitre de mise en abîme formelle et psychologique le thème de l’imitation !

Nous savons qu’à chacune de leur lecture achevée Bouvard et Pécuchet s’imaginent être les professionnels du métier dont ils viennent de parcourir les références bibliographiques

Imitation et auto-suggestion vont de pair et même se confondent alors, car pour eux il n’y aucune distance séparant le signe de son réfèrent, le nom de la chose, et la chose de sa mimique sonore ou gestuelle. Ils croient déjà en ce qu’ils lisent, pourquoi ne croiraient-ils pas en ce qu’ils (en) disent ? Cratyliens malgré eux dans un univers indifférencié. Ils « font profession » de proférer des aliénations diverses pour mieux s’incorporer l’essence de ces états qu’ils se prêtent, convertir leur quiddité en ipséité jusqu’àce que l’autorité, toujours prête à les mettre en garde vienne exercer ses activités de contrôle, censure, sanctions. La multiplication de ces mises en garde au cours du roman signifie le reproche intermittent d’une Conscience (Surmoi) qui les sait non habilités à se lancer dans leurs audacieuses recherches. Cette motivation psychologique d’une nécessité textuelle réfute à l’avance l’argument de Digeon selon lequel « les ruptures de l’action imposent ces changements de rôles (Bouvard et Pécuchet doivent successivement jouer les agriculteurs, les médecins, les hommes de lettres, les pédagogues) où se défait leur cohérence ». (87)

E4 : « Prends garde ! dit Pécuchet, tu vas te lancer dans les réceptions. C’est un gouffre ! »

E12 : « Prenez garde, dit le comte ; vous savez le mot, cher monsieur : un peu de science en éloigne, beaucoup y ramène. »

E13 : « Toutefois qu’ils y prissent garde ! » (Larsoneur à propos de la hache druidique).

E18 : « Bouvard s’interposa.

« Inutile ! reprit le maire. On connaît vos opinions.

— Cependant ?…

— Ah ! prenez garde, je vous en avertis ! Prenez garde. »

E26 : Plaquevent : « Avec cela, ils sont jolis, ceux que vous ramassez sur les grandes routes ; ils iront loin ! Prenez garde ! »

« Dans les galeries du Muséum, ils passèrent avec ébahissement devant les quadrupèdes empaillés, avec plaisir devant les papillons, avec indifférence devant les métaux ; les fossiles les firent rêver, la conchyliologie les ennuya. Ils examinèrent les serres chaudes par les vitres, et frémirent en songeant que tous ces feuillages distillaient des poisons. Ce qu’ils admirèrent du cèdre, c’est qu’on l’eût rapporté dans un chapeau.

Ils s’efforcèrent au Louvre de s’enthousiasmer pour Raphaël. À la grande bibliothèque ils auraient voulu connaître le nombre exact des volumes. Une fois, ils entrèrent au cours d’arabe du Collège de France ; et le professeur fut étonné de voir ces deux inconnus qui tâchaient de prendre des notes. Grâce à Barberou, ils pénétrèrent dans les coulisses d’un petit théâtre. Dumouchel leur procura des billets pour une séance de l’Académie. »

Il n’est pas de spectacle, de lecture, de propos qui ne peuvent laisser indifférents les bonshommes. Leur excessive sensibilité ne cesse de se manifester en exploitant la gamme variée des humeurs possibles mais le plus souvent disproportionnées à la cause qui les aura ébranlées. Aussi le texte qui tire de cette inadéquation des effets de comique assuré propose aux vives exclamations de Bouvard et Pécuchet des objets qui par la suite ne les toucheront guère (sauf à reprendre les cours de zoologie et botanique en E25bis) alors que les métaux qui présentement ne leur disent rien susciteront de leur part un intérêt démesuré (E12). C’est que leur penchant naturel sera sans doute totalement subjugué par les avis péremptoires et impérieux des auteurs : « les personnages de Flaubert subissent plus qu’ils n’éprouvent leurs sentiments et leurs sensations » (88).

Les fossiles passionneront en E12, l’étude de la géologie leur sera conseillée par Dumouchel que l’on suppose collectionneur de coquillages — n’en a-t-il pas offert à Pécuchet ?

Evidemment le récit ne peut s’empêcher d’insérer parmi les éléments qui établissent des correspondances entre ce premier chapitre et les neufs autres, des détails grotesques et des comportements stéréotypés pour ses héros. Bouvard et Pécuchet possèdent le chic des questions oiseuses et malheureusement vont le conserver, ce qui excédera Dumouchel, leur bénévole correspondant. Toutes les études offrent aux héros l’occasion de s’imposer des tâches. Il faudrait relever toutes les occurrences nombreuses de verbes comme : « tâcher de, s’efforcer de », qui dénotent tous le zèle mis à l’application d’une théorie, mais non son efficace.

Nous avons montré ailleurs (89) la continuité de la pratique de l’écriture dans le roman de Bouvard, la copie initiale n’accède à la Copie finale qu’en transitant sur diverses prises de notes échelonnées au cours des Expériences.

L’arabe introduit une discrète touche d’exotisme. Généralement l’appel à l’Orient scandalisera les Chavignollais bien pensants, surtout en E24 :

« — Moi je vais plus loin ! s’écria Pécuchet ; l’Homme descend des poissons ! » Des rires éclatèrent. Mais sans se troubler : « Le Talliamed ! un livre arabe ! » E12. « Le scandale redoubla quand Pécuchet eut déclaré qu’il aimerait autant le bouddhisme. » E24.

Barberou et Dumouchel inaugurent eux aussi, avant le départ de leurs amis à Chavignolles leur rôle de généreux adjuvants.

« Ils s’informaient des découvertes, lisaient les prospectus et par cette curiosité leur intelligence se développa. Au fond d’un horizon plus lointain chaque jour, ils apercevaient des choses à la fois confuses et merveilleuses. »

Tout se passe comme si, avant de s’élancer dans leur fantastique entreprise encyclopédique, Bouvard et Pécuchet avaient à passer des examens préparatoires. Leur curiosité elle-même semble se fixer des objectifs précis, s’adressant à des brochures qui fourniraient des renseignements culturels élémentaires. Il faut qu’ils arrivent à un degré de maturité intellectuelle nécessaire et suffisante pour accéder au stade supérieur, celui des expériences proprement dites. Une fois de plus c’est la suite du récit qui détermine l’écriture du premier chapitre, le choix de ses séquences. L’originalité de ce long prélude consiste en revanche à critiquer ce dont il procède : il ironise à souhait et dégage la morale.

Les bornes éclatent-elles et l’esprit des bonshommes s’ouvre-t-il à la grande Aventure du Savoir ? qu’importe, puisqu’une irréductible subjectivité fabule au lieu de raisonner. La clarté extérieure qu’ils perçoivent parle à leur imagination et non à leur seule ratio. Au seuil du fantastique le monde s’irréalise, risque continuellement de devenir symbole (cf. E14, l’application mnémotechnique), Bouvard et Pécuchet sont toujours prêts à se figurer les choses plutôt qu’à les observer, dans la mesure où ils excellent par nature dans la première attitude, tandis que leurs efforts restent stériles dans la seconde.

E12 : « Bouvard se figura l’Europe engloutie dans un abîme. »

E23 : « Observons ! Et pendant quinze jours après le déjeuner habituellement, ils cherchaient dans leur conscience, au hasard, espérant y faire de grandes découvertes, et n’en firent aucune, ce qui les étonna beaucoup. »

Mais l’imagination, à laquelle trop souvent recours est fait, s’apparente à la rêverie (Flaubert utilise transitivement l’infinitif rêver (90) ), et comme elle, n’est au fond guère plus féconde en ce qu’elle n’est soumise au contrôle d’aucune rigueur scientifique. Bouvard et Pécuchet auraient été plus heureux sans doute au Centre de Recherche sur l’Imaginaire, auprès de notre Circé contemporaine. Ils en auraient reçu du moins quelques conseils méthodologiques !

« En admirant un vieux meuble, ils regrettaient de n’avoir pas vécu à l’époque où il servait, bien qu’ils ignorassent absolument cette époque-là. D’après de certains noms, ils imaginaient des pays d’autant plus beaux qu’ils n’en pouvaient rien préciser. Les ouvrages dont les titres étaient pour eux inintelligibles leur semblaient contenir un mystère. »

Voilà encore une qualité bien bouvardiste et pécuchétienne : l’admiration ! Et cette admiration-là ne se montre jamais autant admirable que lorsqu’elle s’adresse à un éventuel modèle de conduite. C’est que, pour Bouvard et Pécuchet, ils ne sont jamais assez nombreux tous ces êtres qu’il aurait fallu connaître, qu’on aurait pu imiter, auxquels on s’efforce de ressembler à défaut de les trouver ressemblants !

E7 bis : « Que n’avaient-ils connu le fameux Canadien de Beaumont… » (voir p. 89 du livre pour la suite de la citation). (La même curiosité s’attache aux livres bien sûr :

E13 : « Comment se procurer l’Astucieuse Pythonisse (…), anecdotes » v ; page 128.

E16 : « Sans connaître les modèles, ils trouvaient ces peintures ressemblantes et l’illusion était complète »).

Indépendamment de ces résultats peu concluants, l’imagination chez Bouvard et Pécuchet est le centre d’une activité intense et que seul le nom suffit à alimenter.

Nous avons cru déceler à l’origine de l’attachement des héros au Livre, un amour inné du Mot. La création imaginaire de nos héros est à proprement parler e nomine, pure rêverie mimologique, elle évince le Signifié pour écraser le signifiant sur le Référent, Bouvard et Pécuchet eussent été intéressés par les progrès en onymique, cette science des rapports entre le référent et le signe, souhaitée par Ferdinand de Saussure (91).

Ce n’est qu’en 1853 (1860 selon Descharmes), quelque trente-cinq ans après leur rencontre que Bouvard se rend compte qu’ « on prend les idées des choses pour les choses elles-mêmes » (E23). Ces quelques phrases sont essentielles pour une critique psychologique des personnages : au départ nous possédons toutes les données sur le fonctionnement cérébral des héros ou plutôt sur leur dysfonctionnement. Le défaut de méthode est indiqué, le lecteur prévenu : charge satirique contre les fantoches-cloportes, préparation vraisemblabilisante des échecs futurs ? Plus que cela, sans aucun doute.

À propos de la table tournante, à la soirée chez Marescot (E22) le Narrateur écrit : « On l’éprouverait tout à l’heure, et elle avait l’importance des choses qui contiennent un mystère. » « Que signifie ce mot ? » « Défaut de savoir, très bien » (E24). Si ce qui paraît mystérieux est important, quelle ne doit pas être en retour l’importance, qualitative et quantitative, de l’impossibilité où sont Bouvard et Pécuchet de déchiffrer les titres de ces respectables ouvrages !

Ceci suggère que l’apprentissage des héros n’est que décryptage, ils apprennent à lire l’écriture du monde. Leur vocation de copiste ne se dément jamais puisque copier n’est que le déchiffrage d’une écriture antérieure suivie d’une reproduction identique. Copistes, Bouvard et Pécuchet ne cessent de l’être, alternant leurs lectures de tentatives de vérification pratique, d’annotations fiévreuses et d’identifications aux professionnels dont ils miment le métier.

« Et ayant plus d’idées, ils eurent plus de souffrances. »

On pourrait admirer la sagesse émanant de cette phrase qui rappelle l’Ecclésiaste ou la sombre grandeur de Flaubert lui-même. Mais ce qui bouleverse dans cette phrase capitale (92) c’est qu’à elle seule elle résume tout le roman.

Du point de vue structurel, l’équivalence est manifeste : d’avoir une idée, Bouvard et Pécuchet chercheront à l’étoffer par de la documentation appropriée. Leurs lectures les inciteront indubitablement à agir en conformité aux théories, et le résultat s’avérera catastrophique. L’échec pour toute récompense ! Victimes de déboires successifs, les héros risqueraient de sombrer irrémédiablement dans l’abîme du scepticisme, dans l’amertume, n’était-ce pour les en protéger leur éternelle jeunesse de cœur et d’esprit.

D’ailleurs le désespoir culmine en E23 quand Bouvard et Pécuchet essaient de soumettre les systèmes philosophiques à leurs méditations.

Il est vrai que l’apogée de leurs efforts pour s’élever au-dessus du vulgaire triomphe dans l’étude de la métaphysique puisqu’alors Bouvard et Pécuchet développent la faculté gênante « de percevoir la bêtise et de ne plus la tolérer » ce par quoi ils accèdent au statut de porte-parole de l’auteur.

Mais conséquemment, de sceptiques qu’ils étaient Bouvard et Pécuchet finissent par devenir tout à fait nihilistes. Dans un état de profond marasme, d’ataraxie presque, l’idée de la mort les saisit, sanctionnant ce bel orgueil que la compréhension de la transcendance leur avait inspiré. Idée qu’ils se doivent comme toujours de mettre à exécution : la philosophie ne débouche que sur le suicide.

« Quand une malle-poste les croisait dans les rues, ils sentaient le besoin de partir avec elle. Le quai aux Fleurs les faisait soupirer pour la campagne. »

Avant l’octroi miraculeux de l’héritage, le Narrateur s’attache à exacerber les désirs, les prurits de connaissance des bonshommes.

Ces derniers sont minés de l’intérieur par une énergie qu’ils étouffent faute de pouvoir l’exercer. Leur esprit qui se développe attend encore sa pâture, la possibilité de s’épanouir dans le va-et-vient des lectures et des travaux.

« Un dimanche ils se mirent en marche dès le matin ; et passant par Meudon, Bellevue, Suresnes, Auteuil, tout le long du jour ils vagabondèrent entre les vignes, arrachèrent des coquelicots au bord des champs, dormirent sur l’herbe, burent du lait, mangèrent sous les acacias des guinguettes, et rentrèrent fort tard, poudreux, exténués, ravis. Ils renouvelèrent souvent ces promenades. Les lendemains étaient si tristes qu’ils finirent par s’en priver. »

L’envie de quitter Paris s’accroît également mais son intensification est rapidement stoppée par l’interférence de la structure dominante de l’échec.

Ingrid SPICA.

L’article intégral est réparti dans les bulletins N° 58N°59N° 60N° 61N° 62

(76) A. Thibaudet p.160

(77) V- Brombert, La Première Éducation Sentimentale. In Colloque Flaubert, Europe, p. 25

(78) Alison Fairlie, Pellerin et le thème de l’Art dans l’Éducation sentimentale, in Colloque Flaubert, p. 45

(79) A. Cento, Commentaire de « Bouvard et Pécuchet » p. 23

(80) « Ça me dégoûte horriblement. J’ai bien envie de refuser… Une pension ! humiliant !… » G. Flaubert, Correspondance, V, p. 495

(81) Michel Picard, « La prodigalité d’Emma Bovary, Littérature Larousse 10 , mai 1973, p.91

(82) « Barberou y mit du zèle, persuadé qu’elle concernait Bouvard, et l’appela vieux roquentin, tout en le félicitant. » E19

(83) Flaubert, Madame Bovary, édition de Cl. Gothot-Mersch, Classiques Garnier, 1971, p. 11.

(84) Jacques Lacan, « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je » in Ecrits, Seuil, coll. « Le champ freudien », 1966, pp. 93/100

(85) Emmanuel Levinas, « La Substitution », Revue philosophique de Louvain, Tome 66, août 1968, p. 503

(86) M. Bardeche, p.367

(87) Cl. Digeon, Flaubert, p.241

(88) R. Matignon, p.88

(89) I. Spica, p.26

(90) M. Schone, p.47

(91) Jean Oury,  Psychothérapie institutionnelle et sémiotique  in Psychanalyse et Sémiotique, p. 15