Une lettre de Louis Bouilhet à Pigny

Les Amis de Flaubert – Année 1985 – Bulletin n° 67 – Page 32

 

Une lettre de Louis Bouilhet à Pigny

 

Bouilhet demeurait alors à Mantes. Cette lettre est datée du 22 mai 1860.

En recevant votre lettre, j’ai pensé que vous alliez m’annoncer votre visite pour la Pentecôte, mais c’est bien une autre histoire ! Je vous avoue que nous avons caché au jeune Philippe votre éblouissant programme et toutes les séductions de la sirène normande. Madame Philippe vous remercie mille fois et nous vous dédommagerons de ces contretemps en vous serrant la main le jeudi suivant et en vous mettant sur l’estomac avec une ou deux de ces bonnes truites que vous racontez si bien. Je suis toujours dans une bonne veine de cidre ! et je vais consulter « nos auteurs » pour vous confectionner un rôt digne des Dieux.

Adieu donc et merci encore, ne manquez pas le jeudi en question, nous retrouverons dans vos narrations les événements de la sainte Paterne. Ce sera notre récit de Théramène. Aussi bien, n’arrivons-nous pas aux âges académiques ?

À peine nous sortirons des portes d’Orival, sa main laissait flotter la bride du cheval, ce superbe cheval que l’on envoyait naguères bander si noblement sous le poids des fermières. Je m’arrête ici par respect pour l’inimitable Racine.

Bien à vous.

L. Bouilhet

Il est difficile de faire des commentaires car les idées contenues et exprimées avec malice ne pouvaient guère être comprises que par son destinataire. (Bib. mun. de Rouen, Ms. g. 130).