Les Amis de Flaubert – Année 1962 – Bulletin n° 21, page 70
La Vie de notre Société
Notre couverture
Nos membres se réjouiront probablement du nouveau format de notre bulletin et de sa couverture. Sa couleur bleue rappellera celle que Flaubert employait de préférence pour sa correspondance.
Nous avons utilisé une partie de l’affiche conçue en 1905 par le dessinateur rouennais Jules Adeline et imprimée par cet ami des lettres et des arts que fut Girieud, dont l’atelier, rue des Carmes, fut totalement sinistré par les bombardements de 1944.
Cette affiche a été éditée pour le rachat du pavillon de Croisset en 1905. Elle est, pourrait-on dire, le bulletin de fondation de notre société. À côté de son caractère artistique indéniable, nous avons cru devoir donner, par son choix, un sentiment temporel et le souvenir d’une génération rouennaise disparue qui, financièrement et intellectuellement, oeuvra pour la conservation de cette relique flaubertienne et pour le développement du rayonnement de l’œuvre littéraire du romancier rouennais.
La présentation de cette couverture a été réalisée avec l’aide gracieuse du dessinateur Delcourt et du photographe Levavasseur, bien connus tous les deux pour leur gentillesse et leur joie d’aider les sociétés littéraires et artistiques. Nous les remercions de leurs suggestions et de leur bienveillant concours, autant que le quotidien Paris-Normandie et son directeur, notre confrère et ami P.-R. Wolf, pour leur apport intellectuel et matériel. Grâce à leur contribution, notre couverture aura fière allure et ce sigle flaubertien rappellera à tous nos membres le pavillon au bord de l’eau, de sa ville natale, auquel songeait Flaubert sur les bords du Nil, avant d’écrire un jour Salammbô.
A Croisset, en mai dernier
Les Amis de Flaubert se sont réunis comme tous les ans au pavillon de Croisset, le dimanche 13 mai 1962. La réunion était présidée par notre ami Alexandre, qui fut à l’École Normale d’Instituteurs de Rouen, le camarade de promotion du romancier Mac-Orlan. Très alerte, ancien professeur au Collège de Normandie, ami de Francis Yard, il est aussi maire de sa commune natale, Mont-Cauvaire, conseiller général du canton de Clères et président de la Commission Départementale. Fin lettré et administrateur dévoué, nous avons toujours trouvé avec M. Alexandre, un avocat dévoué pour l’amélioration des subventions aux sociétés culturelles, auprès de ses collègues du Conseil général. Au cours de son allocution, il rappela avec bonne humeur de vieux souvenirs entendus au cours de sa vie sur Gustave Flaubert. C’était aussi le centenaire de Salammbô écrit à Croisset. Le président rappela ce souvenir dans son discours « Salammbô à son heure rouennaise », repris dans ce numéro sous forme d’article. Ensuite, les membres de la société ont fait en autocar le périple de la boucle, par Sahurs, le château de la Rivière Bourdet, où séjourna Voltaire, Saint-Georges-de-Boscherville et Canteleu.
A LA R. T. F.
Sur les ondes de Paris-Inter, chaque matin, on y donne quelques définitions du Dictionnaire des Idées reçues de Flaubert, cette minute est toujours amusante. Réjouissons-nous de cette heureuse initiative.
Excursion annuelle
Elle a eu lieu le 1er juillet, au début des vacances ; une quarantaine de personnes y ont participé. Le but était la ville de Chartres, où nous sommes arrivés vers midi, après nous être arrêtés à l’église de Conches dont les vitraux rappellent beaucoup ceux de l’église Saint-Patrice de Rouen, et à Verneuilsur-Avre, à la limite de la Normandie. Un souvenir flaubertien, le seul véritable du voyage nous intéressait. C’est dans le cimetière de cette ville que se trouve le tombeau de Louise Colet. Il nous fut difficile de le retrouver : une pierre couchée et moussue, aux caractères peu lisibles où son nom de jeune fille, Revoil, est seulement le plus apparent, à côté de celle analogue du Docteur Bissieu, son gendre, et de sa fille.
Les Amis de Flaubert seraient heureux que la tombe de Louise Colet soit prise en charge par la Municipalité de Verneuil-sur-Avre, et mieux signalée à l’attention des visiteurs. Il leur semble aussi que le dépliant du Syndicat d’Initiatives devrait rappeler la tombe à Verneuil, de celle qui fut, quelques années, l’amie de Flaubert, et de qui nous reste la correspondance publiée. Il apparaît que c’est avec elle, qu’il a le mieux exprimé ses tourments littéraires. Après nous être reposés une demi-heure à Verneuil, avoir vu sa belle église, nous avons traversé cette Beauce chère à Péguy, mais dont les récoltes étaient en retard, sur les années précédentes. A Chartres, quartier libre pour chacun, déjeuner, visite de la Cathédrale, du jardin de l’ancien Evêché et retour pour Rouen, par Dreux, avec arrêt à la chapelle funéraire de la famille d’Orléans. Ensuite, Anet et son château, ancienne demeure de la belle Diane de Poitiers, veuve du Sénéchal de Normandie. Le tombeau de son mari est un des joyaux de la Renaissance à la Cathédrale de Rouen. Il en est question dans Madame Bovary.
Si le temps était couvert le matin, et encore à Chartres, nous eûmes pour la fin du retour, un peu de soleil, ce qui nous permit de voir Anet dans toute sa splendeur.
De cette journée annuelle qui nous permet de mieux nous connaître les uns les autres, sans avoir été véritablement une excursion flaubertienne, nous devrions conserver le souvenir des villes visitées, celui d’avoir vu la tombe de Louise Colet.
Sur la tombe de Flaubert
Le Président ayant dû représenter notre société au cinquantenaire des « Amys du Vieux Dieppe » à Dieppe, le 9 décembre dernier, la manifestation annuelle sur la tombe de Flaubert a été reportée au dimanche 16.
Aux membres de la Société s’étaient joints vingt-cinq étudiants canadiens des provinces de Québec, Montréal, de l’Acadie, poursuivant actuellement leurs études à Paris et résidant à la maison du Canada, pour la plupart. Ces étudiants francophones étaient fortement émus, lorsque Mlle Fortin, une de ces étudiantes, déposa la gerbe traditionnelle sur la tombe de Flaubert, en présence de M. Rambert, adjoint au maire de Rouen.
Ensuite, après la visite de la Cité universitaire de Rouen, les étudiants canadiens ont visité le pavillon de Croisset, qu’ils devaient revoir, une heure après, sur la vedette qui les emmenait à la Bouille. Venus à Rouen, sous l’égide de « Normandie-Canada » et du « Syndicat d’Initiatives », nous sommes heureux de leur venue et de leur passage.
Notre prochain bulletin
Il sera encore basé sur le thème de Salammbô. En tenant compte de nos possibilités financières, il nous était impossible de publier dans ce numéro, tout ce que nous avons reçu et recueilli.
Nous publierons en particulier, une fort longue étude de notre vice-président parisien qui a eu le mérite et la patience de recopier à la Bibliothèque Nationale, tous les articles parus dans les quotidiens et revues de la capitale, en 1862 et 63. Naturellement, nous ne songeons pas à les publier entièrement, mais en donner de larges extraits, afin de mieux faire connaître l’opinion des critiques de cette époque. Nous serions aussi heureux de publier l’opinion des journaux d’expression française, belge, canadienne et suisse, et pour ce, nous faisons appel à nos collègues de ces pays qui, nous en sommes persuadés, se feront un plaisir de répondre à notre appel. Nous désirerions recevoir des échos, ou des fragments de correspondance de cette époque, afin que la petite histoire n’ait point été négligée dans la célébration de ce centenaire. Notre désir aura été que ces deux bulletins soient un large éventail, utile à la fois aux lettrés, aux étudiants et aux professeurs de France et d’Étranger, pour une meilleure connaissance du second roman de Flaubert.
A la bibliothèque Flaubert à la Mairie de Canteleu
Nous tenons à remercier M. Poulain, maire de Canteleu-Croisset qui, tenant compte d’une suggestion orale que nous lui avions formulée, a accepté d’emblée, pour assurer leur conservation, de faire relier en conservant leurs couvertures initiales, les ouvrages brochés adressés à Flaubert. De cette manière, leur avenir sera sauvegardé.
Nos visiteurs
Nous avons été heureux de rencontrer en 1962 notre collègue italien, M. Cento, venu travailler sur les manuscrits de Bouvard et Pécuchet, et M. Ignotus, de Londres, venu se documenter sur Maupassant. Avant, nous avons rencontré Mme Claudine Gothot, qui a travaillé longuement sur les manuscrits de Madame Bovary. Elle vient de publier un article fort intéressant dans la Revue d’histoire littéraire de la France. Il est toujours agréable au bureau de notre société de rencontrer nos collègues français et étrangers venus visiter la ville ou travailler sur les manuscrits de Flaubert. Il nous plaît toujours de les aider. Nous les prions de nous en avertir à l’avance pour faciliter nos démarches.
La table des bulletins
La table alphabétique des noms de personnes et de lieux de nos vingt premiers numéros est terminée sur fiches. Elle a demandé à la personne qui s’en est chargée plus de 400 heures de travail. Nous allons maintenant la faire imprimer sur l’ancien format. Ainsi, nous pourrons faire relier cette première partie de la collection. Comme son prix de revient sera assez élevé, elle sera vendue et non adressée à tous les membres. Il est hors de doute qu’elle rendra de grands services aux chercheurs.