À la Bibliothèque Flaubert de Croisset

Les Amis de Flaubert – Année 1960 – Bulletin n° 17 – Page 69

 

À la Bibliothèque Flaubert de Croisset

La Bibliothèque Flaubert, actuellement déposée dans la grande salle de la Mairie de Croisset et donnée à la Société des Amis de Flaubert et à la Municipalité de Canteleu-Croisset, contient encore 1250 volumes.

Dans un article paru au Figaro Littéraire du samedi 31 octobre 1959, M. André Billy évoque cette précieuse Bibliothèque (ou plutôt ce qu’il en reste !) en signalant, non sans ironie, que les manuscrits de Gustave Flaubert n’avaient été portés à l’inventaire après décès (prisée du 21 mai 1880) que… pour mémoire !

Quatre-vingt après le décès, on peut affirmer dans l’ombre du Maître de Croisset, que cette évaluation plutôt mince, voire même dédaigneuse, ne manquait point de saveur.

Et André Billy ajoute les précisions suivantes :

Le mobilier de Croisset, y compris les livres, avait été estimé à la mort du grand écrivain 6.925 francs, les manuscrits n’étant portés sur l’inventaire que pour mémoire. On ne donnera qu’un exemple de la prisée du 21 mai 1880 : 80 volumes reliés de George Sand, 6 volumes de Shakespeare, 3 de l’Archéologie de Muller (collection Roret), 9 en latin, de Tacite, Plaute et Horace, 3 de la Bibliographie universelle, l’édition originale de Salammbô, celle de l’Éducation, dédicacée à la « chère Caro », la nièce, celle, en deux volumes, de Madame Bovary, celle des Trois Contes dédicacée à la même, 12 volumes de Zola, avec dédicaces, 10 de Daudet, 1 de Jules Breton, 1 de Mendès, 25 de Plutarque, 12 de Michelet, 19 de Théophile Gautier, 20 des Goncourt, le Dictionnaire de l’Académie en 2 volumes et le Littré en 4 furent estimés par le notaire 245 francs. Par quel coefficient faudrait-il multiplier cette somme ridicule, même à l’époque pour l’égaler à celle que ces livres vaudraient aujourd’hui ? Je livre ce problème à la méditation de nos bibliophiles et de nos bibliopoles.