Les tombes de Ry

Les Amis de Flaubert – Année 1983 – Bulletin n° 62 – Page 42

 

Les tombes de Ry

En appropriant le cimetière actuel de Ry, le service municipal a retrouvé la pierre tombale de M. Delamare, officier de santé, décédé en 1849. Nous n’en sommes pas surpris car nous savions que l’ancien cimetière autour de l’église avait été désaffecté à la fin de 1848. M. Delamare a donc été l’un des premiers enterrés dans le nouveau cimetière sur la hauteur. Dans l’ancien cimetière subsiste seulement la tombe de la première femme de Delamare et celle de sa mère née Dubuc. Le monument de la deuxième femme de Delamare, celle qui passe pour avoir été le prototype de Madame Bovary, placée le long du mur de l’église, a depuis longtemps disparu et avant 1914. Depuis longtemps, j’en connais le secret, mais je m’étais promis de le garder pour moi, tant que celui qui me l’avait appris était vivant. Ce monument fort simple comme on en voit encore dans de nombreux cimetières de la région était une pierre plate dressée sur laquelle était placée l’inscription. En 1911 ou 12, au mois de juillet, deux lycéens étaient en vacances après le 14 juillet et leur père, inspecteur primaire qui a laissé un fort bon renom parmi les membres de l’enseignement, les prenait avec lui pour faire ses dernières tournées d’inscription et, se trouvant à Ry, ils allèrent voir le porche et la tombe qui était moins célèbre que maintenant. Elle était retirée de terre et adossée l’inscription contre le mur. L’un d’eux voulut la lire et la pierre se cassa en deux morceaux. Voici toute l’histoire et par la suite, quand on fit quelques réparations au mur du cimetière, on dit qu’elle fut utilisée au remploi, ce qui est probable. Ajoutons que ce jeune homme mourut au front en septembre 1914. Son frère, mort récemment, ancien docteur en médecine, membre de notre société, m’avait raconté cette petite histoire, il y a une vingtaine d’années.

A. D.