Lettres à Madame Brainne (5)

 

Les Amis de Flaubert – Année 1956 – Bulletin n° 8 – Page 60

 

Lettres à Madame Brainne (5)

 

Les lettres à Léonie Brainne ont paru dans les bulletins :

n° 4 : 1871-1872 — n° 5 : 1872-1876 — n° 6 : 1876-1877 — n° 7 : 1877-1878

— n° 8 : 1878 — n° 9 : 1879 — n° 10 : 1879-1880

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Ma chère belle,

Zola vous a fait inscrire pour une loge — la 1re qui devait avoir lieu samedi est remise à lundi — notre voyage de Chenonceau a été inutilement retardé de 48 heures. — Donc, je n’irai pas à la 1re.

Je suis brisé de fatigue, mes pauvres yeux n’en peuvent plus à force de lire. Il est temps que je m’en retourne dans ma cabane.

À bientôt, et tout à vous, ange que vous êtes !

Votre Vieux

Polycarpe.

(Paris), Jeudi soir (2 Mai 1878).

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(Croisset), lundi matin 17 Juin (1878).

Pauvre chère amie,

Comment allez-vous ? Vous m’avez paru affaissée, bien triste l’autre dimanche quand vous avez eu la gentillesse de venir me dire adieu avec la ravissante Alice.

Votre sœur, chez qui j’ai dîné vendredi m’a dit que vous attendiez l’opinion de Hardy pour savoir que faire cet été ; à quoi vous décidez-vous ? Elle m’a annoncé la visite de Henry pour un des jours de cette semaine.

J’ai repris ma vie d’autrefois, dans mon vieux Croisset, que j’avais quitté au mois de septembre, aux trois quarts mort de découragement. Les choses ne sont pas encore superbes, loin de là ! Mais enfin, elles sont devenues tolérables. Je me suis remonté ! La sacro-sainte littérature a recommencé à me plaire, et j’espère en une assez longue période de tranquillité. Il n’en faut pas demander plus aux Dieux !

Mais quel dommage de ne pas se voir plus souvent. C’est bête, puisque nous nous aimons ! D’ailleurs la contemplation de votre jolie mine me fait du bien — me cause toutes sortes d’impressions « intempestives » ou non, mais toujours charmantes.

Que je voudrais faire quelque chose qui vous fût agréable, utile, pauvre chère amie ! Quand ce ne serait que de vous servir à vous désennuyer !

Voilà le beau temps ! Le soleil brille et les petits oiseaux roucoulent

comme des amoureux. La nature n’est pas comme nous. Elle reste jeune ! Cette réflexion n’est pas neuve et peu consolante.

Avant de partir pour Marienbad ou les Pyrénées, vous viendrez me voir dans ma solitude, n’est-ce pas ? Nous n’avons pas eu cet hiver une heure de tête à tête ! À qui la faute ? À tout !

Votre vieux

Père Loulou

vous embrasse bien tendrement.

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Croisset, mardi soir ou mercredi (9 ou 10 Juillet 1878).

Polycarpe s’ennuie de n’avoir pas de nouvelle de sa chère belle amie. Comment va cette santé et la mine et l’humeur ? et le jeune homme ? Quels sont vos projets ? etc… etc…

Moi je mène une vie si plate que je n’ai pas la plus petite anecdote à vous narrer. Je continue mon « pénible labeur » — c’est-à-dire mon abominable bouquin. En de certains jours, je me sens éreinté comme un vieux cheval de fiacre, mais je continue, et ça se passe, une fatigue chassant l’autre ; à la fin de ce mois, j’espère être à la moitié de la dite œuvre. Pensez-vous ce que c’est que de travailler sur la même idée pendant cinq ou six ans ! Le pire, l’horrible, c’est qu’on doute de soi, les trois quarts du temps ; chienne d’occupation, qu’on chérit et qui vous torture.

Mon disciple Guy m’a écrit une lettre lamentable. Il a toutes sortes d’embêtements — mais vous êtes « sa seule consolation » (sic), c’est-à-dire la seule personne dont la société lui fasse du bien — ce qui ne m’étonne pas car vous êtes belle et bonne. Rien qu’à vous regarder, on se sent mieux.

Que vous dirais-je ? J’ai voulu lire le roman du bon Claudin. Mais je me suis arrêté au bout de quelques pages. Je reprendrai cette lecture, mais franchement, j’en ai tant d’autres à faire que j’abandonne celle-là pour le quart d’heure — mes yeux parfois n’en peuvent plus — et j’ai passé l’âge où on lit  des nouveautés.

Que devient Georges ? Je lui ai demandé par lettre s’il était vrai qu’on lui destinait la chaire de Claude Bernard. Pas de réponse.

Et la forte Alice ? ne devait-elle pas orner nos bords, aller jouer à Dieppe ? Voilà longtemps que je n’ai vu le second Ange. Ma nièce s’est présentée hier chez elle. Mr et Mme étaient à Gisors pour une 1re communion.

Un sot été, n’est-ce pas ? du froid et de la pluie. Je voulais faire le triton dans la Seine, mais la température s’y oppose.

Je ne sais rien de ce qui se passe dans le Monde, par la raison que le Bien Public étant crevé, je ne reçois plus aucune feuille — oui, Madame, pas un organe.

Pourquoi l’ex-préfet Lizot se promène-t-il en voiture aux alentours de nos guérets ? Mystère.

Autre mystère, expliquez-moi pourquoi ma haine contre le 16 Mai et les soutiens d’icelui, ne s’est pas calmée et même ne fait que s’accroître. Je me le demande et n’en puis trouver la cause. Je suis un très mince républicain et cependant le renforcement que le grand parti de l’ordre a encore éprouvé hier me fait plaisir. Plus on tape sur la crête du bourgeois plus je suis content. Au fond, je n’ai pas d’autre opinion. Il n’y a qu’un crime au monde, c’est la Bêtise. Il faut donc la haïr violemment et d’ailleurs ne suis-je pas

l’excessif

qui voudrait bien vous

embrasser excessivement.

 

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Nuit du Mercredi 1er Août (1878).

Expliquez-moi votre conduite, chère belle, mais d’abord où êtes-vous ? J’ai peur que cette lettre ne reste chez votre portier, en plan, indéfiniment ?

Je m’attendais la semaine dernière à vous voir — depuis mardi jusqu’à dimanche — aucune révélation, de vous, ni de Lapierre ! Hier, je me suis présenté au Nouvelliste, où l’on m’a dit que le patron et « sa dame » étaient en voyage pour 15 jours.

J’ai à vous remercier pour votre dernière lettre qui était si simplement adorable, voilà le mot, que je m’étais retenu pour ne pas la baiser. Ma parole d’honneur, c’est vrai ! Elle m’avait charmé et attendri jusqu’aux moëlles.

Je n’ai absolument rien à vous dire que cela, et puis qu’il m’ennuie de vous ! Quand vous verrais-je ? Que faites-vous cet été ?

Moi je ne bouge d’ici. Peut-être à la fin de septembre, irais-je quelques jours chez la Princesse. Mais ce n’est qu’un peut-être.

« Je travaille beaucoup et redoute le monde. Ce n’est point dans les bals que l’avenir se fonde ! » comme dit notre grand poète Camille Doucet.

Ma distraction la plus grande, depuis quelques temps, a été l’affaire du sieur Barré ! quel monsieur ! et je rêve au cautère de la mère Gilet ! Le Président faisant de la morale à ces deux coquins me paraît d’une riche architecture. Il mérite, pour sa bêtise, d’être guillotiné avec eux.

Et fait de criminels (d’un ordre inférieur), j’ai eu la visite d’Houzeau — de plus en plus gandin, et celle de mon voisin et confrère Deslys, pas gandin, celui-là, mais brave homme, simple et aimable.

Votre Polycarpe étudie maintenant toujours pour son affreux livre — la Politique ! Ma table est couverte de bouquins assommants — et relatifs au suffrage universel, à la propriété, à la question du travail, Madame ! Eh bien, on était plus inepte en 48 qu’aujourd’hui — et cependant j’ai pour cette époque-là une grande indulgence. L’année 1848 a été la plus belle de ma vie. J’avais un fière gaîté, je vous jure, et un joli tempérament ! C’est alors que… je n’étais pas intempestif.

Quand je me compare à ce que j’étais jadis, je me trouve une ruine — et je regrette mon bras si dodu, ma jambe bien faite — mais je n’achève pas la citation puisqu’il y a trente ans, la petitesse de votre âge vous eût mis à l’abri de mes atteintes.

On ne choisit pas sa vie, d’ailleurs — on la subit — pauvres marionnettes que nous sommes !

Non, je ne « tritonne » pas dans la Seine. Je me suis baigné deux fois — et là encore, j’ai senti une grande décadence ! Je soufflais comme un cachalot, sans en avoir la vigousse. Je n’ai pas recommencé depuis. Du reste, l’eau est trop froide.

Je pense qu’il serait bien agréable de se baigner avec vous… dans quelqu’onde solitaire, là-dessus rêverie, tableaux poétiques, désirs, regrets et finalement tristesse.

Adieu, chère belle, pensez un peu à moi.

Je baise vos beaux yeux sur leurs paupières.

À vous Gve.

N. B. Que n’ai-je pas parlé du 16 Mai !

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Croisset (1878)

Jeudi 15 Août — Fête de la Vierge

(avec laquelle je n’ai aucun rapport).

Il fait de l’orage, je suis éreinté, j’ai mal à la tête. Mais l’écriture de la chère belle amie est là, devant moi. Je songe à la Personne qui s’embête là-bas dans sa chambre d’hôtel — et je me mets à lui écrire pour qu’elle ait quelques minutes de distraction. Ce qui m’en a causé le plus, cet été, c’est l’Histoire de Mme veuve Cremieux. « Quelle gente vieille » et quels jolis jeunes gens, quelle société ! et quels personnages que ceux de l’arrière-plan, comme le Bavarois ! enfin, ce sont de ces histoires qui rafraîchissent. J’aurais voulu voir l’orgie finale avec le Malaga ! Malaga, un nom romantique. Pauvre vieille ! devait-elle jouir ! et eux aussi ! Oh ! humanité. Je doute que Mme Michelet, votre compagne, comprenne la grandeur de cette histoire ? Vous avez peut-être raison ? Elle doit avoir « des regrets peu éthérés » (c’est bien naturel, après tout). Son mari a fait un livre sur « L’Oiseau » ; mais il n’était peut-être pas suffisamment Rempailleur ? Suis-je assez ignoble — hein ? cependant le fond n’est pas gai. Je me sens vieillir (physiquement) et par moments, : mon affreux bouquin m’écrase. J’étudie maintenant la politique — quelle mine d’imbécillités ! Aussi mon mépris pour ceux qui s’y livrent augmenta-t-il de jour en jour. Elle devrait être la science des sciences — et elle se trouve livrée à l’intérêt et à la Passion. Du reste, on était plus bête en 1848 qu’aujourd’hui. Les Socialistes et les Bourgeois se valent. Ou plutôt, il n’y a rien que des Bourgeois.

J’ai été hier à Rouen pour remettre des livres à la Bibliothèque ; c’est là ce qui m’a dévissé. Non, jamais je n’ai tant sué de ma vie. Il y avait de quoi crever — abject, abject ! trois fois horreur — et que lisais-je en m’ingurgitant la sale boisson nommé bierre ? Le Figaro ! Voilà à quel point de dégradation m’entraîne un séjour de 3 heures — dans ma patrie.

J’ai écrit au jeune Guy pour lui « remonter le moral ». Pas de réponse, jusqu’à présent, je crois que mon ami est légèrement caleux ? S’il travaillait plus, il s’ennuierait moins. La vie est quelque chose de si abominable qu’il faut la déguiser pour l’avaler. Si on ne la sucre pas avec une drogue extraordinaire, le cœur vous manque ! Pourquoi extraordinaire ? Il y a des jours où le bonheur semble bien facile… Et cependant n’avez-vous pas déjà remarqué que sans la conception du Bonheur, l’existence serait plus tolérable. Nous exigeons des choses plus qu’elles ne peuvent donner.

Il y a des jours comme aujourd’hui où je m’enfonce dans une mélancolie noire ; et puis ma Pauvreté m’embête. Les « affaires » ne se remontent pas. Laissez-moi finir par un tableau agréable.

Je me figure (puisque vous êtes aux bains), je me figure une grande salle de bains — voûtée, à la moresque — avec une vasque au milieu — vous apparaissez sur le bord vêtue d’une grande chemise de soie jaune, et du bout de votre pied nu, vous tâtez l’eau. Crac, plus de chemise, nous nageons côte à côte, pas longtemps, car il y a dans un coin un bon divan où la chère belle se couche, et au bruit du jet d’eau… votre Polycarpe et son amie passent un joli quart d’heure, Eh bien, pourquoi ces choses-là ne se font-elles pas, sacré nom de Dieu ! Pourquoi ? Parce qu’il y a tout un empêchement.

J’ai passé hier au Nouvelliste. Les Lapierre reviennent du 20 au 25 ? Commanville est aux Eaux-Bonnes et doit voir votre fils ? Aucune nouvelle du citoyen Georges… ni d’aucun ami d’ailleurs, et vous quand revenez-vous ?

Mille tendresses de votre

G

qui voudrait faire des petites caresses.

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Si de temps à autres je n’avais indirectement de vos nouvelles, je me demanderais « vit-elle encore ? »

Décidément, la chère belle m’oublie, et ce n’est pas bien. Pensez-vous quelquefois au noir d’ébène où vit plongé votre Polycarpe ?

Voyons, envoyez-lui à ce pauvre bonhomme un peu de soleil sous forme épistolaire. Il n’a rien à vous dire si ce n’est qu’il pense à vous dans ses lassitudes, ce qui signifie : souvent.

Je sais que vous avez été en Touraine, que Georges a dîné chez vous je crois, samedi dernier, et que mon Disciple rêve une pièce de vous en votre honneur. Quant à la santé, on ne m’en parle pas. Donc elle est bonne.

Je n’ornerai pas Paris de ma présence, avant le milieu de février, d’abord parce que je n’ai pas le sol, et deuxièmement pour avancer plus vite dans mon abominable livre. — « Quel labeur », comme on dit en style noble, et le résultat sera peut-être pitoyable ! C’est une chose d’une belle audace que je peux m’y casser les reins, complètement. Voilà quatre ans que je suis dessus. J’en ai encore pour deux ! enfin je reste tout à fait dans ce que le Docteur Trelat appelle « La folie lucide » ou manie, laquelle peut se terminer, suivant les menaces de Purgon « in fine phrenasie ou fureur ».

Eh bien oui, je suis frénétique ! et je me précipite sur vous avec fureur — en vous déclarant que je suis, belle dame,

Votre très chaudement affectionné Gve Flaubert.

Jeudi, Croisset (Octobre 1878).

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(Croisset), nuit de Mardi (10-11 Décembre 1878).

C’était par tendresse pour vous, ma chère belle, que je ne vous écrivais pas. Je ne voulais point vous affliger par le détail de mes misères, ou plutôt de ma misère — vous n’y pouvez rien — et d’ailleurs, en parler me fait souffrir. Sachez donc que nous sommes maintenant au fond de l’abîme — et il est sans espoir — la scierie de Comm. va se vendre d’une façon déplorable ! et puis après, Dieu sait ce que nous deviendrons ! Peut-être que je m’exagère les choses ? Comm. gagnera de l’argent d’une façon ou d’une autre ! N’importe quoi qu’il advienne, ce ne sera pas gai. J’en ai gros sur le cœur, je vous jure ! et ce n’est pas le manque d’argent, les privations qui en sont la suite et l’absence complète de liberté où je suis contraint. Non ce n’est pas tout cela qui m’enrage. Mais je me sens souillé dans mon esprit par ces préoccupations basses par ces dialogues commerciaux. Il me semble que je deviens un épicier. Figurez-vous une honnête femme prostituée de force dans un mauvais lieu, quelqu’un, ayant des habitudes de propreté et qu’on roule dans un tombereau d’ordures. Voilà ma situation. L’ironie est forte et la Providence, maintenant, dure pour moi. Non ! pas de succès, pas de chance, je voulais tirer quelques sols d’un manuscrit de Féerie (œuvre que je trouve très remarquable quoi qu’on dise). Dalloz n’a même pas daigné me répondre et m’a fait dire par son secrétaire que « ça ne rentrait pas dans le cadre de la Revue », mais que du reste (illisible) était à moi « autre histoire » : Charpentier, après m’avoir promis, pendant deux ans, et repromis au mois de septembre dernier, qu’il ferait pour les étrennes de 1879 une édition de luxe de mon St Julien, lâche ma littérature pour celle de Sarah Bernhardt, n’ose pas m’écrire, mais sa femme me prévient dans une lettre très aimable « qu’il est trop tard » et qu’elle admire St Antoine ! Ne trouvez-vous pas cela magnifique.

Quant à une place, à une fonction, ma chère amie, jamais ! jamais ! jamais ; j’en ai refusé que m’offrait mon ami Bardoux. C’est comme la croix d’officier dont il voulait mêmement me faire cadeau. En mettant les choses au pire, on peut vivre dans une auberge de campagne avec 15 cents francs par an. C’est ce que je ferai, plutôt que de toucher un centime du budget. Ignorez-vous cette maxime (qui est de moi) : « Les honneurs déshonorent, le titre dégrade, la fonction abrutit » — et d’ailleurs, est-ce que je suis capable de remplir une place, quelle qu’elle soit ! Dès le lendemain, je me ferais flanquer à la porte, pour insolence et insubordination. Le malheur ne me tourne pas à la souplesse, au contraire ! Je suis plus que jamais d’un idéalisme frénétique et résolu à crever de faim et de rage, plutôt que de faire la moindre concession.

J’ai été bien avachi pendant quelques jours — mais je me remonte et je travaille. C’est l’important, après tout.

Votre bonne volonté à mon endroit m’a attendri, ma pauvre chère belle, mais je vous en prie, n’y pensez plus. N’importe, je vous remercie de la proposition comme d’un présent.

Et ne regrettez rien ! vous auriez eu un piètre Monsieur ! N’étant pas fait pour la vie, creusez cette parole qui est profonde. Je me connais — et moi seul connaît la quantité de larmes que cette vérité m’a fait répandre.

Je vous apprécie, allez, je vous aime et du fond de mon vieux cœur saccagé, ma tendresse monte vers vous.

Tantôt votre sœur est venue me voir, par la neige, ce que j’ai trouvé héroïque. Le bon Houzeau voulait que nous allions dîner chez lui cette semaine. Le retour en fiacre, le soir, me navre et d’ailleurs, maintenant, plus je suis seul, mieux je me trouve. Du moment que j’ai quitté ma table verte, le cœur me tourne.

Coûte que coûte, j’irai cet hiver passer trois mois à Paris. Quand sera-ce, je l’ignore. L’incertitude « des affaires » sera finie vers le milieu de janvier.

Savez-vous que demain votre Polycarpe aura 57 ans. Je voudrais vous en offrir 25 ! avec un tilbury, « 50 mille livres de rente et le titre de vicomte ». Mais pour moi, que n’en ai-ie 80 ! La fin serait plus prochaine ! N’importe, je désire cracher encore des cuves de bile sur la tête des bourgeois et baiser la vôtre.

Continuez à m’aimer. Écrivez-moi et croyez à toute la tendresse de

 Votre

Gve.