Flaubert et les journalistes

Les Amis de Flaubert – Année 1970 – Bulletin n° 36 – Page 8
 

Flaubert et les journalistes

Flaubert et la presse — 3

 
Si, vers 1850, Flaubert n’a pas encore vécu dans le milieu parisien de la presse et des lettres — deux mondes qui se côtoient, et souvent se confondent — il le connaît pourtant, ne serait-ce que par les témoignages de Louise Colet ou de Maxime du Camp. S’il juge la presse, il a d’abord en vue des hommes, qu’il connaît personnellement, ou qu’il devine à travers leurs articles. Avant de s’exercer sur un principe abstrait, l’animosité de Flaubert s’applique à des personnalités dans lesquelles il reconnaît des défauts exécrés. Ce sont des hommes qu’il juge, c’est aussi, pourrait-on dire, une manière de vivre.

Jusque vers 1855-1856, Flaubert mène une vie repliée qui connaît des secousses d’ordre presque exclusivement affectif : la mort de sa sœur, celle d’Alfred Le Poittevin… Dès sa jeunesse, il est habitué à vivre en solitaire : cette existence est pour lui celle du véritable artiste, la seule propice à la création littéraire. Il est frappant de voir combien il compare souvent son mode de vie à celui d’un ours. Ainsi, à Louise Colet, en 1846, il explique :

Il n’y a pas d’ours blanc sur son glaçon du pôle qui vive dans un plus profond oubli de la terre. Ma nature m’y porte démesurément, et en second lieu, pour arriver là, j’y ai mis de l’art (1).

Ses apparentes dérogations à ce mode de vie ne sont que de courte durée. Dans cet Orient qu’il avait tant rêvé, il a la nostalgie de la Normandie, et pense se remettre normalement au travail dès son retour. Au cours de ce voyage, il écrit à Bouilhet une lettre fort révélatrice de son tempérament et de l’origine des dissensions qui l’opposeront plus tard à Du Camp :

Quand je serai de retour (…), je continuerai à vivre comme un ours, me moquant de la patrie, de la critique et de tout le monde. Ces idées révoltent le jeune Du Camp qui en a de toutes opposées, c’est-à-dire qui a des projets très remuants pour son retour et qui veut se lancer dans une activité démoniaque (2).

Il est certain que la maladie nerveuse de Flaubert, dont il subit les premières attaques en octobre 1843, l’a poussé à se tenir à l’écart du monde et de l’agitation sociale. Il faut tenir compte de l’obstacle physique insurmontable qu’elle représente pour lui. Il n’en reste pas moins que tout le porte, par nature, à détester la vaine agitation et à se retirer dans « sa tour d’ivoire », pour y mener une vie tout intérieure. Il élève à la hauteur d’un principe son repliement, jusqu’à écrire à Louise Colet « Il s’est trouvé que mon organisation est un système » (3). Et la lettre adressée à Bouilhet au cours du voyage en Orient est importante en ce qu’elle montre l’opposition de deux tempéraments : celui de Flaubert, le solitaire, et celui de Du Camp, l’ambitieux.

Il n’est pas étonnant qu’il s’oppose d’abord au mode de vie des journalistes. Le premier reproche qu’il fait au milieu de la presse, c’est sa vie soumise à l’agitation, à la précipitation. Que dit-il, en 1854, de Laurent Pichat, et de Du Camp devenu l’un des directeurs de la Revue de Paris ?

Ils sont tous, ces braves gens-là, dans un milieu tellement bruyant qu’il leur est impossible de se recueillir pour écouter (4).

Flaubert constate de l’extérieur qu’il ne saurait vivre comme les journalistes. Mais, le fait de vivre à l’écart, selon d’autres principes, n’est pas nécessairement une condamnation. Or, Flaubert ne s’oppose pas seulement à une manière de vivre qui serait incompatible avec l’art, il attaque le comportement même des journalistes et leurs mobiles.

Pour cette étude, on peut partir de ses rapports avec Du Camp. En 1851, au moment où celui-ci entreprend de restaurer la Revue de Paris, il cherche à entraîner Flaubert dans son sillage, il le pousse à venir à Paris, à publier la première version de la Tentation de Saint-Antoine, en un mot à tenter de se faire un nom dans les lettres. Les conseils de son ami obligent Flaubert à mettre au net ses idées sur les journalistes. Publier ?

J’aurais donc un autre but que l’Art même ? (…). Cet esprit d’audace et de souplesse déguisées de savoir-vivre qu’il faut, l’art de la conduite, tout cela m’est lettre close (5).

Ce n’est encore qu’un refus modéré qui engage seulement sa propre personne, de collaborer à une entreprise qui exige des concessions, des accommodements étrangers à l’Art. D’ailleurs, dans la même lettre à Du Camp, il reconnaît que son refus provient aussi d’un dégoût de l’action, d’une sorte d’indifférence ou d’apathie qui I’empêche de faire des efforts. « Si tu savais tous les invisibles filets d’inaction qui entourent mon corps » lui dit-il encore. Ce n’est pas encore une attaque contre les journalistes dans leur ensemble — du moins pas directement — mais l’insistance de Du Camp l’amène à préciser sa pensée d’une manière éloquente en dépassant son propre cas. Ce qu’il stigmatise chez les journalistes, c’est leur ambition ; ambitieux on pourrait dire qu’il l’est lui-même, mais son but est très élevé et, pense-t-il, inaccessible. L’ambition des journalistes est méprisable car elle porte à faux et n’est que de l’arrivisme. Dans le temps où il se plaint à Louise Colet que le temps change les hommes et Du Camp, en particulier auquel le succès fait tourner la tête, il écrit à celui qui est encore un ami proche :

Je te dirai seulement que tous ces mots, se dépêcher, c’est le moment, il est temps, place prise, se poser, hors-la-loi, sont pour moi un vocabulaire vide de sens (…). Arriver, à quoi ?

À la position de MM. Murger, Feuillet, Monselet. etc., Arsène Houssaye,  Taxile-Delord, Hippolyte Lucas et soixante douze autres avec ? Merci (6).

Flaubert reprend-il des expressions de Du Camp ? Il est probable qu’il stigmatise d une manière générale le vocabulaire de l’arrivisme et le comportement qu’il révèle. Dans d’autres lettres, de la même époque, il emploie les mêmes mots en les rendant dérisoires, il refuse de se pousser (7) et y voit une attitude dégradante. des noms, ceux des journalistes réputés de son siècle, ceux que Du Camp voudrait rejoindre et voilà exprimé le reproche fondamental qu’il adresse aux journalistes à travers Du Camp : leur ambition, leur désir d’arriver à tout prix, leur choix d’un but peu élevé et trop facile, la célébrité par le journalisme.

Les journalistes se trompent d’objet, confondent le secondaire et l’essentiel ; ils prennent le succès pour un but, alors qu’il ne devrait être qu’un résultat, cette confusion d’esprit, il la reproche particulièrement à Du Camp :

Tout se confond dans sa tête, femmes, croix, art, bottes, tout cela tourbillonne, au même niveau, et pourvu que çà le pousse, c est l’important (8).

C’est toute sa génération que Flaubert condamne. Le phénomène que peint Balzac dans plusieurs de ses romans : le jeune ambitieux de province qui arrive démuni à Paris et espère s’y faire une place, Flaubert le reconnaît partout autour de lui. Il y voit aussi un caractère de son époque ; mais, au lieu de tenter de se l’expliquer, il cite seulement Balzac en témoignage et l’accuse même d’avoir exercé une influence pernicieuse ! À Louise Colet. il parle des « héros pervers de Balzac », qui ont « tourné la tête à bien des gens » (9). Il attaque les hommes de sa génération qui ont pris pour modèle les Rubempré, les Rastignac, qui ont été fascinés par Paris et que leurs rêves de gloire et de puissance ont perdus. Jamais il n’observe les conditions sociales qui ont permis la naissance de ce courant. On retrouvera, d’ailleurs, cette référence aux héros balzaciens dans les rêves que font Frédéric et Deslauriers à leur arrivée à Paris. (Éducation Sentimentale).

Flaubert tient donc en piètre estime les arrivistes que sont les journalistes. Il n’envie guère leur succès :

Ce sont les Arsène Houssaye et les Du Camp qui trouvent le moyen de faire parler d’eux (…). Ils ont tant crié, imprimé, réclamé, que le bourgeois les connaît et les achète.

L’ambition est le fait des médiocres (10).

Tout lui est bon pour illustrer cette idée que le journalisme est incompatible avec l’Art, et que ce qui perd Du Camp comme les autres c’est une ambition aveugle qui choisit mal son objet. À partir de cette idée fondamentale chez lui, qui est l’envers de sa dévotion pour l’art, Flaubert stigmatise les effets déplorables de l’ambition chez les journalistes.

Choisir le journalisme, c’est évidemment renoncer à toute création littéraire, c’est abandonner le beau pour le succès immédiat. C’est, sans doute, ce qu’il regrette le plus chez Du Camp, qui a partagé un moment ses goûts littéraires. Il ne cesse d’expliquer à Louise Colet que leur « ami » commun produit des œuvres de plus en plus médiocres :

J’ai lu le Livre Posthume (11) ; est-ce pitoyable, hein ?

(…) Il me semble que notre ami se coule (12)

et il a cette phrase plus révélatrice :

Quelle descente que ce Nil ! Si quelque chose pouvait me raffermir dans mes théories littéraires, ce serait bien lui (13).

Le journaliste, celui que Flaubert juge en la personne de Du Camp, ne peut pas consacrer son énergie à travailler ce qu’il écrit ; il la dilapide en petites intrigues, en rivalités, il cherche à se faire valoir par tous les moyens possibles. Flaubert ne se fait pas faute de rire des « turpitudes » qui ont cours à la Revue de Paris. Il prend plaisir à noter, pour Louise Colet, les dissensions entre les directeurs de la Revue, la rivalité entre Du Camp et Arsène Houssaye, les difficultés de Louis de Cormenin qui s’est mis à travailler pour le Moniteur. Et Flaubert de triompher : « La bande se détraque, à ce qu’il paraît » (14). C’est exactement la « vie passionnée intriguée et intrigante » (15) que Du Camp lui proposait de mener s’il venait à Paris et qu’il a vertement refusée. Flaubert s’amuse aussi à consigner le récit des intrigues politiques qui forment la vie cachée des journaux et expliquent souvent la teneur des articles (16). Toutes ces intrigues sont le fruit de l’ambition des journalistes.

Mais il est un autre trait des journalistes que stigmatise Flaubert, lié aussi à leur ambition. Leur but, c’est le succès certes, mais un succès qui se traduit matériellement non seulement par la célébrité, mais par la richesse. Ils mettent notoriété et argent sur le même plan, l’un étant le complément de l’autre et son reflet. Comme il a été déjà dit, Flaubert peut observer autour de lui nombre d’hommes qui viennent chercher à Paris la consécration. Mais au lieu de s’interroger sur les causes de cette ambition, il fait de l’arrivisme et du goût de l’argent des traits distinctifs et presque génériques du journaliste, comme si le seul fait de choisir — choix dont il n’examine pas les conditions — la voie du journalisme, poussait un individu à toutes les compromissions. Le journaliste, selon Flaubert, est condamné à se vendre. Même s’il est à l’origine un homme de lettres, il ne se soucie plus de la qualité de ses écrits, pourvu qu’il en tire le meilleur prix. Pour gagner de l’argent, il n’hésitera pas à écrire des articles médiocres. Le journaliste est peut-être ce que Flaubert hait au plus haut point : un homme qui vend sa plume. Les preuves abondent de ce dégoût de Flaubert : ainsi, ce qu’il dit à Louise Colet des articles d’Hippolyte Castille dans la Revue de Paris :

Quelle enfilade de turpitudes morales et intellectuelles !

Mais tout cela est payé… (17).

Et quel comble lorsque ces ambitieux, ces habiles, ne réussissent pas même à atteindre leur but ! Flaubert ne recule devant aucun terme pour qualifier l’abjection où tombe le journaliste, charlatan raté :

Quand on fait de sa plume un alambic à ordures pour gagner de l’argent, et qu’on ne gagne même pas d’argent, on n’est en définitive qu’un idiot doublé d’un misérable (18).

Dès qu’il parle des journalistes, Flaubert emploie un vocabulaire violent, impitoyable, souvent grossier. C’est qu’il ne cherche pas à comprendre et prend ses distances.

Le simple examen, dans ses grandes lignes du vocabulaire qu’emploie Flaubert pour qualifier les journalistes est révélateur. Sa violence sans nuances indique seule combien il se met à l’écart du monde de la presse. Mais les mots « idiot doublé d’un misérable », par exemple, ne comportent pas plus qu’un mépris d’homme intelligent pour les sots, même si l’accusation qu’ils portent est virulente. Ce ne sont pas les termes employés les plus couramment par Flaubert. Le mot qui peut-être est le plus fréquent dans ses lettres, c’est celui de canaille qu’il est bon d’analyser plus précisément. Ce terme est presque inséparable de l’accusation de sottise que porte Flaubert contre les journalistes. On pourrait appliquer au milieu de la presse une phrase dans laquelle il indique les deux pôles de ses haines littéraires :

Vois comme tout ce qu’il y a de médiocre par les deux bouts soit le canaille, ou bien le vide, se tourne invariablement vers Béranger ou Lamartine (19).

En effet, les reproches adressés à Béranger, le « bouilli de la poésie moderne » (20) et à Lamartine, auquel « nous devons tous les embêtements bleuâtres du lyrisme poitrinaire » (21) sont exactement, ceux qu’il fait aux journalistes. Vide et abjection : deux vices qui vont de pair, soit. Mais au mot canaille, Flaubert attache une valeur spécifique, qu’il ne précise pas. D’un article d’Hippolyte Castille sur Guizot il dit : « C’est aussi bête que canaille. Quel joli métier ! » (22). Pour voir le sens plein que prend le mot chez Flaubert, il faut d’abord examiner sa signification première. Au sens propre, la canaille est la « vile populace » (Dictionnaire Littré de 1873). Flaubert adopte parfois ce sens, lorsqu’il explique, par exemple, que la bourgeoisie de son temps a tendance à ne plus se distinguer des autres classes sociales : « Elle reste maintenant toute pareille à la canaille d’âme, d’aspect et même d’habit » (23). Mais suivant le glissement de sens du mot (24), Flaubert emploie canaille comme un terme de mépris, qu’il applique surtout aux journalistes. Cet usage est moins révélateur du milieu jugé par Flaubert, que des sentiments que lui inspirent les journalistes. Il n’est pas indiffèrent que canaille ait à l’origine une signification sociale. Flaubert a beau accabler du même mépris les gens sots, de quelque milieu qu’ils soient, on a pourtant l’impression qu’en adressant cette injure précisément aux journalistes, aux hommes qui sont obligés pour vivre de vendre leur plume, il stigmatise une condition sociale qui les oblige à s’avilir, à chercher le succès et l’argent par tous les moyens. Et lui-même se tient à l’écart pour ne pas être confondu avec cette « tourbe ». Est-ce gauchir la position de Flaubert que d’insister sur le sens social de son terme de prédilection ? Il est certain qu’il n’a pas conscience des différences sociales qu’il établit. Et lorsqu’il écrit à Louise Colet en 1853 : « La canaillerie n’empêche pas le crétinisme (…). Eh bien, oui. je deviens aristocrate, aristocrate enragé » (25), c’est par son intelligence et ses goûts qu’il se définit comme un aristocrate. Il reste que cette possibilité de se tenir à l’écart de la mêlée et de mener une vie calme entre les livres et le papier blanc, il la doit à son origine sociale et à ses rentes qui lui assurent l’aisance. Une fois établi le sens premier du mot canaille, on peut examiner la signification que lui accorde Flaubert, quand il en oublie l’origine.

Comment en trouver le sens ? D’abord en voyant à côté de quels autres mots Flaubert l’emploie, canaille représentant la suprême injure, la condamnation sans appel. Ainsi :

« Partout où l’on regarde, on ne voit que pleurs, malheurs, misère, ou bien bêtise, infamie, lâchetés, canailleries ». (26).

Canaille, a à la fois un sens intellectuel et signifie sot, et un sens moral : il est l’équivalent d’abject et désigne un homme qui n’hésite devant aucune bassesse. Si par leur condition dépendante, les journalistes sont amenés à écrire n’importe quelle sottise « pour de l’argent », de plus, ils s’abaissent volontairement au niveau de la médiocrité générale. Encore une fois, l’exemple favori de Flaubert est celui des journalistes de la Revue de Paris :

Ce sont définitivement de plates canailles. La « phalange » (27) est un chenil. Tous ces animaux-là sont encore plus bêtes que féroces. Toi qui aimes le mot « piètre », c’est tout cela qui l’est ! (28).

Bêtes, les journalistes le sont quand ils se font l’écho des lieux communs, des banalités de l’actualité, des idées vagues qui traînent dans le public. Mais ils sont plus : parce qu’ils sont soumis au public, ils se mettent à son niveau au lieu de lui proposer des écrits de valeur. Ainsi, ils influencent aussi le goût de la foule, et ne font que contribuer à abaisser son niveau : « C’est à qui empestera le plus le public », écrit Flaubert à Louise Colet (29). La « canaillerie », c’est tout ce qui ravale au niveau commun : le journaliste fait preuve de bassesse, de lâcheté, d’esprit de vengeance qui « fait saillie en petits articles, en petites calomnies » (30), il exalte la médiocrité aux dépens des grands hommes (31), en faisant de perpétuelles concessions au goût du public il n’est capable que d’avilir ce qui est bon et beau. Ce mot de canaille, que Flaubert réserve de préférence aux journalistes, il l’applique à tout homme qui s’abaisse de la même façon. Malgré la grande admiration qu’il voue à Victor Hugo, il ne l’épargne pas :

Il a fait trop de canailleries pour que je puisse lui exprimer une admiration sans réserve (ses encouragements à des médiocrités, l’Académie, son ambition politique, etc.) (32).

Choisir le journalisme, c’est déjà agir en « canaille ». Mais de toute façon le journalisme ne peut conduire qu’à la « canaillerie ». Flaubert ne ménage pas même ceux qu’il considère, sinon comme des amis, du moins comme des connaissances agréables. Il estime assez le talent de Théophile Gautier et pense que le journalisme a été cause de sa perte pour l’art :

« Mais le journalisme, le courant commun (…), le putinage d’esprit plutôt, car c’est cela, l’ont abaissé souvent au niveau de ses confrères. (33).

« Putinage d’esprit » : le mot, curieux, est créé par Flaubert et l’image est expressive. C’est un nouvel aspect du vocabulaire de Flaubert. Le mot de canaille revient à tout instant dans ses lettres pour qualifier les journalistes ; mais Flaubert use en même temps d’un autre vocabulaire méprisant, celui de la prostitution. Pour Flaubert, les journalistes comme les prostituées, se vendent sans plaisir pour le seul appât du gain. Vendre sa plume est la faute suprême, il compare sans cesse les journalistes à des filles de joie. Il emploie aussi souvent un vocabulaire scatologique extrêmement grossier. Si Flaubert dans l’ensemble, n’est pas précisément délicat dans sa correspondance — et l’on connaît le goût qu’il avait pour les farces grossières et les plaisanteries souvent scatologiques — il paraît réserver aux journalistes sa veine la plus violente et la plus brutale. Le milieu de la presse apparaît comme un monde de fange et d’ordure :

Si je mets un jour les pieds dans cette fange, ce sera comme je faisais dans les rues du Caire pendant qu’il pleuvait, avec des bottes en cuir de Russie qui me monteront jusqu’au ventre (34).

Et quand le dégoût méprisant de Flaubert s’est exhalé en des condamnations abruptes, totales, et souvent imagées, il ne lui reste qu’un silence désabusé qui en dit parfois aussi long sur un dédain que les brutales explosions. Alors, il appelle Du Camp le « jeune Du Camp ». Et lorsqu’il parle du « jeune X » c’est pour dire qu’on ne peut se fier à un tel homme, qu’il est marqué du vice infâme des journalistes. À Bouilhet, il parle du « jeune La Rounat » (35) l’un des directeurs de la Revue de Paris. Ou bien il fait allusion au « bon Gautier » qu’il définit ainsi : « Un gros bonhomme fort pacifique et très putain ». (36). Et il appelle Du Camp : « Ce bon Maxime », au moment où il n’a plus pour lui la moindre affection (37).

Flaubert porte donc le même jugement impitoyable sur tous les journalistes, qu’il les connaisse bien, comme il connaît Du Camp même Gautier, ou qu’il ne leur ait jamais adressé la parole, qu’il s’agisse d’H. Castille, de Villemessant ou de Girardin. Car tout journaliste participe, de par sa condition, à une entreprise d’abêtissement général et n’est de ce fait qu’une « canaille » vendue.

Il faudrait faire une mention particulière des journalistes de province, dont la condition est un peu différente de celle de leurs confrères parisiens. Ceux-là n’ont pas réussi à venir à Paris, ou ils ne l’ont pas désiré : leur arrivisme est moins flagrant que celui des ambitieux qui ont envahi la capitale. C’est avant tout leur bêtise que stigmatise Flaubert en des termes insultants :

Bouilhet va s’occuper des journaux de Rouen. Ce sont des brutes, des ânes, etc. Faire un article sérieux dans une de ces feuilles, c’est du temps perdu, de toute façon. Est-ce qu’on lit à Rouen ? (38).

Sans s’attarder sur le fait que l’expression « article sérieux » semble paradoxale sous la plume de Flaubert, on peut remarquer qu’en ce qui concerne les journalistes de province, l’objet des sarcasmes de Flaubert est assez différent : il vitupère la bêtise des journalistes comme un aspect de la bêtise provinciale. D’ailleurs, dans le reste de cette lettre à Louise Colet, il ne se fait pas faute d’attaquer Rouen et la province en général. Lui qui est un provincial tente de s’affranchir de cette situation, alors même qu’il critique les jeunes gens que Paris fascine, Et cette façon de se mettre à l’écart, de ne participer à aucun courant, de se moquer également des uns et des autres est encore un comportement d’« aristocrate ». Flaubert parle d’ailleurs assez peu des journalistes de province — plus précisément ceux de Rouen — il se contente de noter quelques-unes de leurs gaffes, de leurs erreurs, ou de leurs naïvetés. Ils se comportent comme leurs confrères parisiens, mais à plus petite échelle et peut-être avec plus de candeur. Ils se font, par exemple, l’écho des querelles intestines de la Revue de Paris (39). Ils annoncent de manière inopinée le mariage de Louise Colet (40). Ils démarquent un article que Louise Colet a fait paraître dans sa revue, et qui lui a été inspiré par Flaubert lui-même :

Combien les braves rédacteurs du Journal de Rouen, pillant de droite et de gauche, se doutent peu qu’ils m’envoient mes phrases. (41).

Ils promettent à Flaubert de faire un article favorable à Louise Colet, mais Flaubert se demande si l’on peut se fier à « de semblables mannequins ».

Au total, la haine que Flaubert porte aux journalistes semble s’adresser à une espèce comme celle qu’il ressent contre le bourgeois. Pour lui, les journalistes ne sont que des vandales, des renégats, des canailles. Jamais de l’un d’entre eux il ne dit qu’il est consciencieux, honnête, ou qu’il fait preuve d’intelligence. Tout au plus pourrait-il parler d’habileté et ce n’est pas un compliment sous sa plume. Ce qu’il dit, à la fin de sa vie, résume assez son opinion :

Entre ces messieurs et moi, il y a une antipathie de race profonde (42). Ils ne le savent pas ; moi je le sens bien. En voilà assez sur ces misérables (43).

Ces phrases écrites pourtant en 1876, à une époque où sa révolte pourrait avoir perdu de sa violence, sont révélatrices de l’homme qui se tient à l’écart et qui connaît sa supériorité. Il est clair, encore une fois, que Flaubert a une attitude d’aristocrate : pas de commune mesure entre les journalistes et Flaubert, et lui seul qui se place implicitement au-dessus d’eux, a conscience de cette différence. « Moi je le sens bien » : cette lucidité est pour lui le propre de l’homme supérieur. Et il appelle cette opposition entre lui et les journalistes une « antipathie de race ». Mot qui exclut toute explication d’ordre social. Flaubert ne va pas vraiment au bout de la révolte. Cela se marque aussi dans le manque de cohérence de sa « théorie » sur les journalistes. Il pense qu’être journaliste implique qu’on soit d’un tempérament médiocre, mais il indique aussi que c’est le journalisme même qui oblige ses « suppôts » à s’avilir. C’est peut-être ce qui explique qu’il lui arrive de faire la différence entre « l’homme » et le journaliste. La distinction est en réalité formelle, du moins à l’égard de certaines personnalités, et si Flaubert la fait, c’est peut-être seulement par un souci de politesse. Ainsi, peu avant le procès de Madame Bovary, il se brouille avec la Revue de Paris, car il a refusé de faire dans son livre des coupures qui lui paraissent des concessions au public et une mutilation de son œuvre. Mais il écrit au directeur de la Revue, pour s expliquer :

Je vous remercie d’abord de vous mettre hors de cause, ce n’est donc pas au poète Laurent Pichat que je parle, mais à la Revue, personnage abstrait dont vous êtes l’interprète (…)

II va sans dire que si je me brouille avec la Revue de Paris je n’en reste pas moins l’ami de ses rédacteurs (44).

Sous la formule courtoise perce un peu d’ironie, dans la mesure où Flaubert sait que la Revue ne peut pas vraiment être dissociée de ses rédacteurs et que malgré les nécessités administratives et les risques de la censure, un journaliste aux intentions pures — s’il en existait un — essaierait de passer outre les dangers. Et cela d’autant plus que, souligne Flaubert, la suppression des passages incriminés ne changerait rien à la portée « révolutionnaire » de son livre, qui tient à la conception d’ensemble. Malgré tout il arrive à Flaubert de rester l’ami de journalistes, malgré leur appartenance au corps exécré. « Afin de continuer mes relations avec Lapierre (45), je ne lis pas le Nouvelliste » écrit-il à Maupassant en 1876 (46). Mais s’il fait, rarement, la part du tempérament personnel et de l’influence pernicieuse du journalisme, Flaubert n’a en général que haine et dégoût pour le corps constitué qu’est la presse.

La conséquence logique de cette attitude de Flaubert à l’égard des journalistes est qu’il renforce sa propre manière de vivre. Au comportement médiocre et vil des journalistes, il oppose le sien, celui du véritable artiste. C’est lorsqu’il parle de sa propre vie qu’il apparaît — et se peint consciemment — le plus comme un aristocrate. Bien sûr, il refuse véhémentement d’être lui-même journaliste : il se tient à l’écart, par dégoût de la presse et aussi parce qu’il refuse d’appartenir à aucun corps constitué (47). Il veut se consacrer exclusivement à l’Art ; pendant longtemps, il refuse même de venir de temps en temps à Paris : « Je peux fort bien me passer de Paris et de tout ce qui s’y brasse » (48), écrit-il à Louise Colet, en 1852. Il refuse en effet d’être confondu avec la foule des ambitieux de province, et ne veut pas descendre dans l’arène et se soumettre au jugement du public. Les compromissions, les « petites affaires » — dont il parle à Louise Colet — lui répugnent. Il veut garder son indépendance sereine et dédaigneuse, au-dessus des passions humaines. Cette idée de la « tour d’ivoire » de l’artiste qui dédaigne le succès, il l’a exprimée très tôt à Ernest Chevalier :

Est-ce que j’ai de l’ambition comme les décrotteurs qui aspirent à être bottiers, les cochers à devenir palefreniers (…).

Nous, demeurons chez nous ; du haut de notre balcon, regardons passer le public (49).

Cette idée, il la formule à vingt ans, mais il la garde comme un principe, toute sa vie, et surtout aux époques de création littéraire. Dès l’âge où pourtant il serait excusable sinon normal, qu’il souhaite la gloire, et le succès, il envisage de ne pas publier, comme si l’œuvre, soumise à un public méprisé, risquait de ce fait de perdre un peu de sa valeur. C’est au point que refusant pour lui-même la publication, il est gêné au moment où Louis Bouilhet fait imprimer Mélaenis :

L’arrivée des exemplaires de Melaenis m’a fait un effet de tristesse (…). Ça nous causait une impression de prostitution, d’abandon, d’adieu (50).

Flaubert semble étendre à la publication des livres le dégoût qu’il éprouve pour les articles des journalistes. Publier, c’est bon gré mal gré, se soumettre aux jugements et aux caprices du public, c’est vouloir plaire, comme font les journalistes, et oublier l’Art qui doit être le but unique. Cette idée explique peut-être sa déception devant les pages de Madame Bovary, publiées dans la Revue de Paris. « La vue de mon œuvre imprimée a achevé de m’abrutir. Elle m’a paru des plus plates. Je n’y vois que du noir » (51). Ce qui plaît à Flaubert, c’est alors d’écrire pour lui seul, dans la solitude et le silence, avec le seul désir « gratuit » de faire bien. Il refuse de se soumettre à l’idée reçue qu’on doit publier et se faire connaître :

Vouloir plaire, c’est déroger. Du moment qu’on publie, on descend de son œuvre. La pensée de rester toute ma vie complètement inconnu n’a rien qui m’attriste (52).

Flaubert là encore, emploie un vocabulaire social : déroger c’est bien manquer à sa dignité, s’abaisser socialement. Aussi s’indigne-t-il, lorsque le Constitutionnel l’accuse d’écrire en vue de l’argent : ce serait, selon ses principes, la pire déchéance. De même il blâme Leconte de Lisle de s’abaisser à la vanité sociale, d’être poseur et de se produire dans les salons (53) : là aussi, c’est s’exclure de la caste privilégiée que forment les artistes aux yeux de Flaubert.

Ainsi, Flaubert, au contraire des journalistes, refuse pour lui-même l’ambition vulgaire. Il va jusqu’à mépriser la gloire :

La gloire ! La gloire ! Mais qu’est-ce que c’est que la gloire ? Ce n’est rien. C’est le bruit extérieur du plaisir que l’Art nous donne (54).

Et pour un but que, de sang-froid, il reconnaît comme plus noble que l’arrivisme vulgaire qu’il stigmatise chez les journalistes, il en arrive à employer paradoxalement les mêmes tournures exclamatives et indignées.

Le sonnet que Louise Colet écrit en 1854, la Gloire, lui semble inspiré, par Flaubert lui-même — d’autant qu’il n’est guère en accord avec le comportement de la « muse »… — :

Je ne te cherche plus gloire contemporaine

Blême prostituée aux baisers du hasard,

Qui tends tes bras à tous et, sein nu, dans l’arène

Prodigues ton étreinte aux bateleurs de l’Art.

Flaubert ne veut pas de cette gloire, qui décore les journalistes eux-mêmes et que le public accorde à n’importe qui.

Flaubert méprise donc les journalistes « bateleurs de l’Art » qui vendent leur plume pour obtenir succès et argent. Son tempérament exaspéré par la bêtise et la « canaillerie », explique en partie sa haine destructrice. Mais il érige cette réaction passionnelle en principe que l’on pourrait appeler moral : pour lui, en effet, l’art est moral parce qu’il réside dans la conviction du créateur. Et Flaubert condamne sans merci, fondamentalement, les journalistes parce que leur intention n’est ni pure, ni convaincue. Il en fait une question de nature, de « race » et se peint lui-même comme un aristocrate supérieur à la foule médiocre des ambitieux. Mais il juge en individualiste ; et parce que lui-même n’est pas « un pauvre bougre » — comme il l’écrit à son frère Achille au moment du procès de Madame Bovary, mais au contraire possède des rentes et une position sociale, il ne comprend pas bien les journalistes : négligeant une explication d’ordre sociologique, il se réfugie dans une théorie de l’espèce qui se voudrait rationnelle et qui tente de masquer sa réaction instinctive.

Mais si, jugeant des hommes, Flaubert est parfois obligé de faire la part des tempéraments individuels, et s’il condamne malgré tout les journalistes dans leur ensemble, c’est qu’il les juge selon ce qu’on pourrait appeler une théorie générale de la presse, de ses productions et de son principe.

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L’ensemble de l’étude est réparti ainsi  : Flaubert et la presseLa haine de Flaubert pour les journaux Les journalistes – La presse par opposition à l’art – Flaubert contre la presseLa critique journalistiqueL’influence directe de la presse sur FlaubertInformation et documentation L’intérêt de Flaubert pour l’actualitéPublication et vie sociale 1Publication et vie sociale 2L’influence a contrario de la presse sur Flaubert : la création littéraireLes personnages romanesques et la presseLa presse dans L’Éducation sentimentaleConclusion

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(1) À Louise Colet, 26 août 1846, C. I, p. 268.
Pour la « comparaison de l’ours », voir aussi, entre autres :

à Ernest Chevalier, 26 mai 1845, C. I, p. 181 ; 13 août 1845, C. I, p. 187 ;

à Alfred Le Poittevin, 13 mai 1845, C. I, p. 101.

(2) À Louis Bouilhet, 4 juin 1850, C. II, p. 201.

(3) À Louise Colet, 1er février 1852, C. II, p. 364.

(4) À la même, 19 mars 1854, C. IV, p. 38.

(5) À Du Camp, 21 octobre 1851, C. II, p. 322.

(6) À Du Camp, 26 juin 1852, C. II, p. 442,

(7) Cf. lettre à sa mère  3 février 1850, C. II, P 161-162.

(8) À Louise Colet, 17 janvier 1852, C. II, p. 351.

(9) À Louise Colet, 26 septembre 1853, C. III, P 353.

(10) À la même, 20 juin 1853, C. III, p. 242.

(11) Paru dans la Revue de Paris.

(12) À Louise Colet, 9 décembre 1852, C. III, P 56.

(13) À la même, 12 octobre 1853, C. III, p. 365.

(14) À Louise Colet, 17 mai 1853, C. III, p. 197.

(15) À Du Camp, lettre citée du 21 octobre 1851.

(16) Voir par exemple, à propos d’un article de Castille dans la Revue de Paris : « Un coup de patte en passant à Jouffroy, parce que Jouffroy est mal vu du Constitutionnel, pour avoir été bien vu de Mignet, lequel l’est mal du gouvernement. C’est charmant, cette série de ricochets ! » À Louise Colet, 2 juillet 1853, C. III, p. 259.

(17) À Louise Colet, 3-4 mai 1853, C. III, p. 192.

(18) À Louise Colet, 26 septembre 1853, C. III, p. 353.

(19) À Louise Colet, 1er mai 1853, C. III, p. 186.

(20) « Tout le monde peut en manger et trouve ça bon » à la même fin décembre 1847, C. II, p. 79.

(21) À la même, 6 avril 1853, C. III, p. 158.

(22) Ibid, p. 157.

(23) À Louise Colet, 29 janvier 1854, C. IV, p. 21.

(24) Le sens figuré de canaille existe déjà au XVIII siècle : cf. Voltaire parlant de la « canaille littéraire ».

(25) À Louise Colet, 26-27 mai 1853, C. III, p. 209.

(26) À Louise Colet, 5-6 mars 1853, C. III, p. 108.

(27) Flaubert emploie par dérision le titre que se donne dans un prospectus l’équipe de la Revue de Paris : « La phalange décidée à vaincre », cf. à la même3-4 mai 1853, C. III, p. 192.

(28) À Louis Bouilhet, 23 août 1853, C. III, p. 318. Flaubert parle d’un article de J. Verdun désobligeant sur Leconte de Lisle.

(29) À Louise Colet, 2-3 mars 1854, C. IV, p. 32.

(30) À la même, 20 juin 1853, C. III, p. 241.

(31) Cette exaltation du médiocre au détriment du beau est une préoccupation constante de Flaubert. L’un des chapitres de son recueil de citations (dossiers de la Bibliothèque de Rouen) y est consacré sous le titre : « Exaltation du bas ».

(32) À Louise Colet, 1er juin 1853, C. III, p. 211.

(33) À Louise Colet, 24 avril 1852, C. II, p. 398.

(34) À Louise Colet, 19 septembre 1852, C. III, p. 267.

(35) « Tu feras bien de ne pas perdre de vue le jeune La Rounat. Tu sais comme les hommes se métamorphosent dans les changements de fortune ».  À Louis Bouilhet, début d’août 1856, C. IV, p. 109.

(36) À Louise Colet, 12 octobre 1853, C. III, p. 365.

(37) « Pour lui, ce bon Maxime, je suis maintenant incapable à son endroit d’un sentiment quelconque ». À Louise Colet, 5-6 mars 1853, C. III, p. 109.

(38) À Louise Colet, 1er septembre 1852, C. III, p. 9.

(39) Cf. lettre à Louise Colet, 16 février 1852, C. II, p. 368.

(40) À la même, 8-9 mai 1852, C. II, p. 406.

(41) À la même, 19 février 1854, C. IV, p. 24.

(42) C’est moi qui souligne.

(43) À Guy de Maupassant, août 1876, C. VII, p. 332.

(44) À Laurent Pichat, entre le 1er et le 15 décembre 1856, C. IV, p. 136.

(45) Lapierre, Rédacteur du Nouvelliste de Rouen, avec lequel Flaubert entretient des relations amicales à la fin de sa vie.

(46) Lettre citée d’août 1876, C. VII, p. 332.

(47) Cf. « Je ne veux faire partie de rien, n’être membre d’aucune académie, d’aucune corporation ni association quelconque », au moment où Louise Colet lui propose d’entrer dans la revue qu’elle veut fonder. À Louise Colet, janvier 1854, C. IV, p. 16.

(48) 30 mai 1852, C. II, p. 421.

(49) 22 juillet 1842, C. I, p. 110.

(50) À Louise Colet, début novembre 1851, C. II, p. 328.

(51) À Louis Bouilhet, 5 octobre 1856, C. IV, p. 130.

(52) À Louise Colet, 3 avril 1852, C. II, p. 384.

(53) À la même, 7 avril 1854, C. IV, p. 54.

(54) À la même, sans date (1847), C. II, p. 64.